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Tout commence par un peintre en train de travailler sur une plage de la Côte d’Azur, au soleil… C’est midi, le soleil brille… mais nous sommes en juin 1942… En très peu de temps nous faisons la connaissance de Catherine, Gance, Xavier…
Cette mise en bouche ne peut pas tout expliquer et il va falloir plonger dans le passé pour comprendre comment nous en sommes arrivés là…
C’est en Allemagne, en 1932 que toute cette histoire commence pour le meilleur et le pire, enfin, le pire, c’est certain…
Trois jeunes hommes, Martin, Gunther et Karl, étudient dans la même classe de prépa. Martin est le plus sensible, le plus doux, le plus timide aussi avec les femmes, le plus littéraire car il est curieux de tout, grand lecteur devant l’Eternel… Mais dans cette Allemagne des années trente, il y a aussi la crise et la montée en puissance des Nazis.
Martin va voir son père et son oncle Gustav devenir électeurs de Hitler, à défaut d’être convaincus à 100% des thèses nazies. Et cela au moment où Katarina, fille d’un médecin juif, s’installe dans la même rue, juste en face de chez lui… Les Mahner en face des Braun… Tout est réuni pour qu’un drame puisse se produire… Mais les choses ne se feront pas de façon simple.
En effet, la première force de cette bande dessinée est de montrer que l’arrivée des Nazis au pouvoir est due à une crise forte au cœur du peuple allemand, que les Nazis fondamentaux n’étaient pas très nombreux, mais que les opportunistes, les faibles et les imbéciles, eux, l’étaient. C’est ce délicat mécanisme qui nous saute aux yeux et nous donne une angoisse profonde : et si une telle chose nous arrivait, aujourd’hui, en France, en Europe… Pourrions-nous encore tomber dans le panneau ? Oui, cette bande dessinée, à travers une belle histoire d’amours complexes et ambiguës, nous offre un questionnement beaucoup plus politique et philosophique sur la nature humaine…
Ce premier album raconte cette arrivée au pouvoir des Nazis, l’incendie du Reichstag et les premiers mouvements de foule contre les juifs allemands bien installés comme ce bon docteur Braun, le père de Katarina…
Martin, confronté à cette barbarie, saura-t-il se comporter en homme libre et indépendant, en individu courageux et cultivé ? Saura-t-il risquer sa vie pour garder sa nature humaine ? Ce premier épisode, à travers un très beau récit de Beuriot et Richelle, nous met sur le chemin des réponses, sans nous offrir les solutions… Et ce dernier printemps de bonheur, d’inconscience, d’insouciance, sera suivi de périodes moins plaisantes, c’est sûr !
La narration graphique est d’une douceur fantastique qui contraste avec la violence de certaines scènes décrites, évoquées et vécues par ces jeunes que nous aurions pu tous être… Le scénario de Philippe Richelle est d’une qualité, d’une précision, d’une maturité que l’on ne rencontre pas souvent en bande dessinée. Rappelons qu’il est aussi le scénariste, entre autre, de l’étonnant album Wagon rouge et des séries « Saga anglaise » et « Les coulisses du pouvoir ». Le dessin de Jean-Michel Beuriot est classique, simple, doux et expressif. Les couleurs de Scarlett Smulkowski sont parfaitement adaptées au ton de cette histoire et le tout fait de cet album une petite merveille, un petit joyau dont tous les critiques ont dit du bien, les uns après les autres…
On peut, en résumé, dire qu’il s’agit d’une « éducation sentimentale » dans une période de l’histoire qui a « offert » aux jeunes gens une accélération des initiations… Une tranche de vie qui transformait les enfants en adultes responsables, en quelques instants, en quelques souffrances, en quelques crimes, en quelques oublis d’humanité…
A suivre !

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  Le dernier printemps [Texte imprimé] dessin, Jean-Michel Beuriot scénario, Philippe Richelle...

  de Beuriot, Jean-Michel (Illustrateur) Richelle, Philippe (Scénariste)
  Casterman / Un Monde (Bruxelles)
  ISBN : 9782203388963 ; 15,00 € ; 22/09/1997 ; 88 p. ; Cartonné

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