Une vie divine de Philippe Sollers

Une vie divine de Philippe Sollers

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 25 février 2006 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 945ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 8 373  (depuis Novembre 2007)

Nietzsche en toile de fond

Premier Sollers que j’arrive à terminer, mais la partie fut rude ! La façon aguichante dont j’en avais entendu parler m’avait laissé croire que j’allais à la fois m’amuser et en apprendre davantage sur un monstre sacré de la philosophie avec « Une vie divine » : un prof de philo s’offre une aventure avec une étudiante et développe par ailleurs la biographie de Nietzsche. Je me demande si la chroniqueuse à l’origine de ce résumé et moi avons lu le même livre…

Le narrateur est bien prof de philo. Il entretient une liaison « officielle » avec une certaine Ludi et aura même un enfant avec elle. Il ne donne apparemment pas de cours mais se consacre à ses recherches. Et dans ce contexte, nous avons droit à toute une série de considérations sur Nietzsche et sa pensée. Ceux qui connaissent déjà le personnage n’apprendront rien. Les autres n’en tireront pas grand-chose car nombre d’allusions ne sont compréhensibles que si l’on est déjà familier du moustachu himself. Par ailleurs, le narrateur batifole avec une jeunette, Nelly. Lors de ces « séances » (sic), c’est la lecture de textes sérieux et moralisateurs pendant l’acte qui mène à la jouissance. Mais rien ne sera décrit, ce n’est même pas érotique…

Voilà, j’ai à peu près tout dit du livre. Et Sollers nous en fait 525 pages. Avec un certain brio, il faut l’avouer… Avec certains passages fort bien écrits, je le reconnais également. Roman, « une vie divine » ? Je ne trouve pas. Pas de récit à proprement parler, plutôt des bribes, des flashes, des considérations disparates, tout ça présenté de façon éclatée. Que l’on commence la lecture par la page 1 ou 119 ne doit pas changer grand-chose.

Et pour terminer en saluant quand même le talent de Sollers, deux citations.
« (…) quant à l’épithète « Goncourt », tout le monde sait qu’elle ne recouvre plus qu’une marchandise littéraire le plus souvent avariée. »
« Rapidité de l’histoire : on est passé des matrones aux madones, des madones aux bobonnes, et enfin des bobonnes aux matonnes. Sécurité renforcée. »

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Nietzschéenne de vie

9 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 21 janvier 2015

Des flashes de la vie de Nietzsche (M.N.dans le roman) superposés à des éclairs de celle du narrateur-prof de philo : on s'attend presque à ce que le hasard les fasse se rencontrer dans une de ces nombreuses villes qu'ils ont fréquentées, il est vrai à un siècle d'écart.
Mieux, on ne perçoit plus qui du philosophe ou du prof raconte l'autre, tellement ça part dans tous les sens, tellement c'est déjanté. Et puis au milieu de ce tourbillon d'idées, de temps en temps une vérité assénée , sortant d'on ne sait où, mais que l'on n'imaginerait même pas commencer à tenter de mettre en doute.
Ajoutons qu'il s'agit d'une période particulière de la vie de Nietzsche qui est évoquée ici, celle où il n'avait déjà plus tous ses bois, ce qui donne des raisonnements souvent à l'emporte-pièce qui ont leur saveur.
Et puis, le narrateur nous parle si bien de Ludi et de Nelly. L'"officielle" qui le traite de philosophe fou avant, pendant et après l'acte du don de soi.
Et l'étudiante en philo qui lui lit à haute voix et nue les plus grands auteurs, lors de leurs "séances".....Divine de vie !

Salutaire

9 étoiles

Critique de Gryphon (Mexico DF, Inscrit le 22 juillet 2004, 59 ans) - 8 mars 2009

Est-ce que c'est moi, ou pourquoi ai-je l'impression qu'il m'est difficile ces derniers temps d'ouvrir un livre et de ne PAS tomber sur Nietzsche? Qui, on le sait maintenant, est le grand gagnant catégorie "philosophes" de ce début du 21e siècle, tandis que Platon fait figure de perdant irrécupérable.

Le Nietzsche vu par Sollers, donc. Sollers n'en est pas à sa première évocation du philosophe, ni à sa derniere sans doute. "La vie divine" en tout cas, est une bonne, voire une excellente surprise. J'avais été agacé par les précédentes publications de l'auteur, "Passion fixe", "Illuminations", des livres que j'ai trouvés inutiles, des collages de citations comme une rengaine post-situationniste et j'en concluais que Sollers, c'était fini.

Du tout. Dans "La vie divine", je retrouve ce style rapide, incisif, digressif, celui de "Le Coeur absolu" ou "La Fête à Venise". La trame? Pas grand chose en apparence: un philosophe ressasse la vie de Nietzsche, tout en ayant une relation avec deux femmes, quelques voyages, quelques isolements, quelques mondanités, et c'est tout. En profondeur, c'est autre chose: Et si j'avais été Nietzsche à son époque, et si Nietzsche était moi à la mienne? Superposition des biographies, éternel retour d'une pensée actualisée et triturée sans cesse - tout ceci n'est faisable (et acceptable) que dans un roman, mieux: par le style d'un roman. La notion de salut, sur quoi s'achève ce roman et que Sollers emprunte au catholicisme, n'a donc rien de métaphysique; le roman laisse au contraire entrevoir qu'une vie divine est possible, vivable, en se consacrant au beau. Ce qui par les temps qui courent est extrêmement subversif.

Crachez, éructez, goûtez...

8 étoiles

Critique de Vik (, Inscrit le 15 mars 2006, 63 ans) - 16 mars 2006

Prétexte, arrogance, humour dérision, la dernière vérité révélée de Sollers : Une vie divine. Y croit-il ? Voyage au pays de Nietzsche dans l'ère du Salut... Oh la la ! Aride, barbant, sombre ? Non, pas du tout : léger, virevoltant, ludique, joyeux, érotique. De l'art du conditionnement Sollers : essai, biographie, un doigt de roman et de sensualité, de femmes, il en parle très bien, entre citations érudites en situation. Une oeuvre, une biographie, une vie qui nous est commentée par les textes avec des annotations en contrepoint sur l'actualité. Continuité, cyclicité éternel retour... Entrez dans l'ère du Salut sans crainte, posez le livre, sautez, respirez, goûtez, crachez, éructez, goûtez. Il y a matière. Un vrai régal ! Plus sur : http://pileface.com/sollers/article.php3/… « Le vent, toujours le vent, depuis une semaine, l’assommant et violent vent du nord venant de là-haut. [...]Le vent empêche de penser, c’est l’ennemi du cerveau, son lavage à sec. Plein vent, tête vide. Un oiseau doit savoir ça, mais, lui, ça ne le dérange pas. Moi, si. ». Et Ludi, « qui se déshabille vite, s’offre, n’en pense pas moins [...]se baigne, l’excite, boude, disparaît [...] revient, se déshabille, le viole, fait la tête… » Une vie divine, Sollers.

Un peu de poudre aux yeux, mais ...

9 étoiles

Critique de Macréon (la hulpe, Inscrit le 7 mars 2001, 90 ans) - 1 mars 2006

Je n'ai pas encore terminé le livre, mais j'avoue que je suis captivé.

C'est vrai que Sollers multiplie les citations de Nietzsche, mais pour qui ce grand philosophe reste une énigme, c'est une excellente manière d'approfondir sa connaissance et de percevoir la magie du style de l'auteur de Zarathoustra.

Sollers est certainement très influencé par M.N., comme il l'appelle, c'est à coup sûr sa grande admiration.

Le livre a un côté époustouflant, la patte de l'écrivain est là . Remarquons les pincées d'érotisme qui allègent le livre. ( Sollers n'est pas un modeste)

Les critiques en France sur ce livre sont en général très positives : c'est mérité. A conseiller à ceux qui ne connaissent ni Sollers ni Nietzsche et qui souhaitent élargir leur horizon.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Sollers et Nietzsche, pour Macréon 13 Saint-Germain-des-Prés 7 mars 2006 @ 20:47

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