Le voile noir de Anny Duperey
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Enfance coupée en deux
Après la terrible disparition de ses parents alors qu’elle n’avait que 8 ans, Anny Duperey s’est forgée une carapace autoprotectrice en se mutilant de sa mémoire d’Avant. Trente-cinq années durant, elle s’est coupée de tous les liens qui pouvaient la rattacher à ce passé, celui de sa petite enfance. Elle a ainsi jeté un voile noir, opaque sur sa mémoire.
“Toutes mes forces ramassées, je courais hors de mon enfance, aveugle, sourde, le plus vite et le plus loin possible.”
Dans cette inébranlable réaction de refus, elle a pourtant conservé dans un tiroir de ce qu’elle appelait sa commode-sarcophage, tous les négatifs des photos prises par son père, dont c’était le métier. Tiroir qu’elle s’est bien gardée d’ouvrir pendant plus de trois décennies.
Jusqu’au moment où ce lancinant besoin d’écrire qui sourdait en elle l’a poussé à sortir les clichés de leur “sarcophage”. Là, s’étalent les parties manquantes du puzzle de son enfance.
Ces photos lui permettent de “forcer la porte close de sa mémoire sur laquelle elle avait jeté son voile noir” et ACCEPTER enfin la mort de ses parents dans un parcours introspectif.
Loin d’être auto-complaisante, Anny Duperey nous livre un ouvrage poignant, d’une vraie profondeur et pourtant très pudique sur le traumatisme de sa vie coupée en deux. Elle nous offre en plus nombre de ces magnifiques photos noir et blanc qui lui tiennent lieu de mémoire.
“Je n’ai pas envie de raconter ma vie dans le détail. J’y répugne et là n’est pas mon propos. Je m’amuse à brosser d’une manière quelque peu parodique, […] les périodes qui furent de véritables charnières pour moi.”
Une écriture intense, limpide et très juste que je découvre avec bonheur.
Les éditions
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Le voile noir [Texte imprimé] Anny Duperey photogr. de Lucien Legras
de Duperey, Anny Legras, Lucien (Illustrateur)
Seuil / Biographie
ISBN : 9782020147460 ; 26,40 € ; 08/04/1992 ; 235 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Quoi, Anny DUPEREY, c'est pas une actrice, "ça" ?
Critique de Lindy (Toulouse, Inscrite le 28 mai 2006, 46 ans) - 21 janvier 2008
Une intrusion dans ses pensées qu'elle semble parfois découvrir au moment même où elle écrit, voilà ce qu'elle nous propose. Et aussi, des photos, prises par son père pour la plupart, faisant office de témoin d'une réelle existence, d'eux, et d'elle avec eux, avant leur mort.
On y découvre aussi que la réaction face à la mort d'un proche n'est pas forcément cohérente par rapport à celle attendue et donc parfois incomprise, qu'un vécu n'en vaut pas nécessairement un autre mais que dans tous les cas, le mensonge et les non-dits de l'entourage sur ce sujet ne sont jamais bénéfiques.
Un beau roman émouvant et simple.
Rouvrir le sarcophage
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 27 août 2006
Pour arriver à vivre normalement après le deuil, elle a voulu oublier, ne plus y repenser, enfouir son passé antérieur au drame, presque le renier comme elle l'avoue elle-même, ce qui est déjà bouleversant et très touchant, par la manière dont cela est décrit.
Elle connaît l'existence de ces photos et leur emplacement, dans ce qu'elle appelle la "commode-sarcophage". Et c'est à partir de l'analyse de ces images, reproduites dans le livre qu'est effectué l'effort de mémoire, qui demeure partiel, en raison de nombreux points qui n'arrivent pas à ressurgir.
Ce livre est écrit de la manière la plus naturelle qui soit, comme s'il s'agissait de retranscriptions quasi-exactes de pensées telles qu'elles viennent, ou d'une conversation à un(e) bon(ne) ami(e) ; et ayant vu l'émission Petites confidences entre amis qui lui est consacré avant de le lire, cela me le confirme.
Il en résulte que l'auteur se livre telle quelle, avec un mélange subtil de forces et de faiblesses, les unes comblant les autres. Le choix de la sincérité poussée à l'extrême est tout aussi désarmant que les aveux qui y sont faits. Cette personnalité tout autant forte que touchante ne manque pas de charme intérerieur, en sus de celui de l'apparence dont elle est parée.
Dans l'émission sus-indiquée, où Ariane Massenet opère à distance en maîtresse de cérémonie, l'invitée, comme le principe l'exige, attend dans une suite d'un grand hôtel parisie, les proches connus venus l'interroger. Et, face à Bernard Le Coq, Mme Fugain, Pierre Mondy et Claude Sarraute, l'on retrouve point à point les mêmes caractéristiques.
Cette dame grave, douce, simple, sincère et pudique m'a beaucoup ému.
un voile de pudeur
Critique de Hilda (, Inscrite le 9 mai 2006, 46 ans) - 22 mai 2006
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