Casimir mène la grande vie de Jean d' Ormesson

Casimir mène la grande vie de Jean d' Ormesson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Réaliste-romantique, le 19 février 2006 (Inscrit le 10 mars 2005, - ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 316ème position).
Visites : 13 374  (depuis Novembre 2007)

Une aventure qui occulte la réflexion

Casimir, orphelin, est élevé par son grand-père. Casimir aime bien cet être charmant, irascible, gueulard, râleur et indigné. Leur cohabitation se déroule très bien, car Casimir n'est pas non plus à sa place dans la société :

" De temps en temps, à la maison, un imbécile bénévole me demandait ce que je voulais faire lorsque je serai grand. J'étais déjà assez grand : j'avais un mètre quatre-vingt-neuf. Je le regardais avec fureur. Ce que je voulais faire? Rien du tout, tête de lard. J'avais plutôt envie de mourir. Et, à défaut, de baiser. Baiser est la plus jolie des façons de mourir.
Mon avenir me faisait horreur. Il tourmentait mon grand-père."

Malgré cet extrait, il ne faut pas croire que le livre tourne en récit de débauche. Certains amis : un membre de l'Académie, Éric, un jeune trotskiste, et sa compagne Leila, se joignent régulièrement à l'irascible vieillard et à Casimir lors de soirées de discussions animées. Le groupe est indigné de l'injustice qui prévaut dans la société, et décide de fonder... le Groupe, dans le but de combattre les iniquités. Leur action se limite d'abord à quelques protestations, mais elle évolue en coups d'éclat de casseurs socialement responsables, jusqu'à se transformer en activités d'une petite armée organisée. Le Groupe cherche toujours à faire triompher la justice et la vérité, sans s'affilier à aucune politique, quitte à réparer leurs erreurs lorsqu'ils commettent des bourdes. Sur son lit de mort, l'irascible vieillard exprime sa dernière volonté à Casimir :

" - Tu l'écriras, me dit d'une voix basse l'implacable vieillard. Tu emmerderas tout le monde et tu écriras l'histoire du Groupe. Ce sera un succès énorme. La vérité et la justice en sortiront renforcées et je saurai, d'où je serai, que je n'ai pas vécu pour rien."

" - Et une fois que je les ai écrites, grand-père, qu'est-ce que je fais de mes deux cent pages?
- Tu les envoies à un connard. À un confrère du Membre [de l'Académie, tel Jean d'Ormesson]. À un de ces penseurs qui font les mariolles dans la littérature. N'importe lequel fera l'affaire."

Le début du livre me captivait, j'aimais la complicité entre les deux êtres rebelles que deux générations séparent, une sorte de "La vie devant soi" destroy. Toutefois, après la fondation du Groupe, le livre se transforme en roman d'aventure rocambolesque. Il y a toujours discussions sur les injustices du monde, mais l'intrigue se concentre sur la planification des prochaines actions. On assiste au glissement d'un groupuscule intellectuel en bande de casseurs, puis en armée de mercenaires, mais la réflexion sur ce sujet est bien dissimulée dans le récit des actions du groupe. Le ton demeure satirique, de nombreux passages font sourire et réfléchir, mais l'aventure me semblait occulter le second degré.

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Les éditions

  • Casimir mène la grande vie [Texte imprimé], roman Jean d'Ormesson,...
    de Ormesson, Jean d'
    Gallimard / Blanche
    ISBN : 9782070748488 ; 5,51 € ; 04/02/1997 ; 209 p. ; Reliure inconnue
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sans doute pas le meilleur d'Ormesson

4 étoiles

Critique de Paul Martin (, Inscrit le 27 janvier 2021, 57 ans) - 28 janvier 2021

C'est le seul livre que j'ai lu de Jean d'Ormesson, auteur que je voulais enfin lire après l'avoir tellement écouté dans les médias.

Récit léger, fable rocambolesque totalement dépourvue de réalisme mais empreinte d’un esprit mondain qui ressemble bien à l’auteur.
Ouvrage d’accès très facile – expurgé de ses gauloiseries, il pourrait même compter parmi ceux de la Bibliothèque verte –, sans profondeur, qui n’inspire aucune réflexion et qui n’enseigne rien (sauf sur le Filioque)…
Les personnages sont une équipe de Robins des bois d’opérette aux actions aussi grandioses que peu détaillées.

L’écriture est fluide et plaisante mais sans le grand style qu’on s’attend à trouver chez un académicien de 72 ans grand amateur de Chateaubriand. Il semble que d’Ormesson ait surtout voulu se faire plaisir et peut-être casser son image austère.

Après avoir lu ces 200 pages, j’ai quand même l’impression d’être allé dans un beau restaurant et de n’avoir pu y trouver qu’une mise en bouche.

Hormis la Trinité, cela ne vole pas très haut ...

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 8 janvier 2018

Casimir, dont les parents sont décédés dans un accident de voiture, est élevé par son grand-père. Avec le concours de deux jeunes amis de vingt ans et d’un autre vieillard, ils vont détrousser des capitalistes voyous et ainsi aider ceux qui en ont vraiment besoin.
Mouais, tout cela ne vole pas très haut mais on trouve tout de même dans ce livre (mineur) de Jean d’O quelques notes intéressantes. Par exemple, sur le filioque, ce long débat entre chrétiens d’Orient et d’Occident à propos de la Trinité et débouchant sur ce dogme des catholiques : le Saint-Esprit procède du Père et du Fils. Dont acte !

Extraits :

- Il se souvenait de la définition de l’acte de surréaliste le plus simple : descendre dans la rue avec une mitraillette et tirer au hasard sur les passants.

- (…) chez les écrivains contemporains épouvantés par les ombres gigantesques de leurs prédécesseurs.
- Toujours fidèle à ma conduite
Et sans trop nuire à ma santé
Je tire encore deux coups de suite
L’un en hiver, l’autre en été.

- Il faut être économe de son mépris, étant donné le grand nombre de nécessiteux.

Pas vraiment convaincue

5 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 23 octobre 2012

Vouloir révolutionner le monde, c'est bien. Si en plus on le fait avec humour, c'est mieux. Mais point trop n'en faut et c'est peut-être ici que ça coince quelque peu. Le sentiment que d'Ormesson veut trop en faire, veut être drôle, veut convaincre de la crédibilité de ses personnages en en faisant des tonnes. Certes, de ci de là, des pointes de finesse et d'ironie sont là pour apporter un charme indéniable au récit mais cela ne suffit pas, le rythme est inégal tout comme la qualité de la plume. Dommage, car d'Ormesson écrit bien mais sans doute se perd-il ici dans un registre plus léger dans lequel il n'est pas trop à l'aise et ça se sent, il n'arrive pas à se lâcher complètement, ça ne sonne pas naturel.
L'histoire tient pourtant la route - jusqu'à un certain point mais l'adéquation ne fonctionne pas, à mes yeux, entre la manière de raconter les aventures de ce groupe de justiciers de la société qui débloque et ce que ce groupe effectue réellement. Dommage.

Il se noit dans sa mare aussi

2 étoiles

Critique de Antihuman (Paris, Inscrit le 5 octobre 2011, 41 ans) - 14 octobre 2012

Cuistre, ronflant, très apprêté, le fil de l'écriture de ce livre - par ailleurs très confus - devient pratiquement illisible passé le second chapitre. Je le perçois: il faut sans doute apprécier l'académicien bien connu pour découvrir une telle daube de dinosaure. Si encore on était dans l'absurde à la Ionesco ou alors dans le Beckett, mais absolument pas l'ensemble fait plus ou moins dans le quotidien d'une sorte de croquant du XVIème arrondissement (et employé d'un grand journal ?) Parfois la provocation gratuite fonctionne ça arrive mais en ce cas on a l'impression d'être devant un de ces almanachs un peu lourdingues et dotés d'un zeste de graveleux, à destination des mémères québècoises confortablement assises entre elles au restaurant La Durée...ou sur leur île bien sûr. Je ne doute pas que les bonnes adresses nommées dans ce roman intéressent un grand nombre de personnes même si peu de gens ont les moyens de se les offrir à la base, cependant on pourrait d'abord penser qu'il existe de bien meilleurs supports pour une telle oeuvre. Et surtout la vulgarité à toutes les pages de ce vieux monsieur (qui pourtant ne nous tape pas sur le ventre que je sache !) estomaque et ne donne pas du tout envie d'acheter le Figaro.

Il n'y a même pas de sujet enfin je mets quand même la note de 1 pour la citation de la page de garde; concernant ce grand théâtre inchangé de la vie et de toute évidence digne d'un homme cultivé, sinon bien sûr d'un "journaliste"-chroniqueur du rang du haut. Mais pas d'un écrivain, non.

Un d'Ormesson en petite forme

6 étoiles

Critique de Hervé28 (Chartres, Inscrit(e) le 4 septembre 2011, 55 ans) - 9 septembre 2011

Ce roman reste, pour moi, étrangement, un livre mineur de Jean d'Ormesson.Même ses livres de jeunesse "un amour pour rien" ou encore "les illusions de la mer" voire "l'amour est un plaisir" m'avaient beaucoup plus marqués que le présent opus.

Pourtant, je suis un grand lecteur de Jean d'Omesson (j'ai depuis des années toujours un livre de l'académicien sur ma table de chevet), un grand admirateur de son oeuvre mais cet opus, contrairement aux autres, je ne l'ai guère relu.
Alors que nombres de critiques littéraires, et l'intéressé lui-même, indiquaient que ce roman était celui qui permettait au lecteur de rentrer le plus facilement dans le monde de celui que l'on a surnommé "l'écrivain du bonheur".
Et bien, moi, ce roman m'a laissé un peu de marbre car un peu trop éloigné de l'univers de Jean d'O, de ses citations et de ses répétitions , parfois rébarbatives mais si intelligentes et pertinentes.
Le roman est certes drôle, faisant référence à des évènements actuels à l’époque (en particulier à l'histoire de Bob Denard avec ses coups d'états manqués) mais c'est sans doute là que le bât blesse, c'est que, pour une fois, Jean d'Ormesson s'est inscrit dans une époque précise et s'est affranchi du côté intemporel de ses romans.
Reste pour moi, la découverte de pages magnifiques, celles où Jean d'O cite l'Ecclésiaste ....
Bref, un roman où Jean d'Ormesson a voulu, à mon avis, trop coller à son époque, ce qui m'avait un peu déçu.

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