Un week-end dans le Michigan de Richard Ford
(The Sportswriter)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Carte postale d'une vie
Il est des livres dont, dès les premières pages, on sait avoir commencé un très bon, voire un grand, roman. « Un week end dans le Michigan » est de ceux là. Le premier chapitre pourrait être, à lui tout seul, une nouvelle tant c’est superbement écrit, bien amené et achevé. Mais bien sûr, on a vite envie de connaître la suite.
Franck Bascombe est un journaliste sportif qui a publié, il y a quelques années, un recueil de nouvelles avant de renoncer à l’écriture, autre que journalistique, parce qu’il dit avoir perdu le sentiment de l’attente, de l’anticipation, « cette douce souffrance qu’on ressent en attendant ce qui va suivre ». Franck vit dans l’instant et son métier de journaliste lui va bien. Il habite la grande banlieue « aisée » de New York, seul. Sa femme, que nous ne connaîtrons que sous l’initiale de X, l’a quitté, avec leurs deux enfants. Quelque temps auparavant, ils avaient vécu le drame de la perte d’un garçon. Le premier chapitre raconte le rituel de l’anniversaire de cette mort célébré par Franck et X. On verra que le rituel est important dans la vie, sorte de dernier repère quand on a perdu tous les autres. Tout ceci explique pourquoi Franck vit au jour le jour, dans l’instant, sans ce sentiment d’attente qu’il avait autrefois et pour lui « notre plus fort désir c’est de réussir à ce que le passé n’explique plus rien de nous et à pouvoir vivre ainsi. » Mais est-ce possible ?
Alors la vie continue et, après ce rituel respecté, il doit partir dans le Michigan interviewer un ancien footballeur, occasion dont il profite pour emmener avec lui, Vicky, sa petite amie. Et ce qui s’annonçait une fête tourne au désastre. Pourquoi, comment ? Oh simplement des petits riens qui enrayent la machine de la vie, des souvenirs qui remontent trop cruellement, des maladresses qui gâchent tout.
Les personnages de Richard Ford sont souvent des êtres au bord de la noyade, au bord d’une faille dont la béance s’élargit dangereusement, l’irrésolu de la vie. Ces incidents minimes – un cambriolage banal qui révèle une vie cachée, un sac fouillé à la recherche d’une cigarette qui détruit la confiance, une visite inopportune qui ne justifie ni n’empêche un suicide – créent des drames inexorables dont on passe ensuite la plus grande partie de sa vie à les réparer, les effacer, les oublier ou croire qu’on les a oubliés.
Richard Ford est un géographe, sorte de poète des paysages. Paysage humain bien sûr car c’est un excellent psychologue. Paysage des lieux qu’il décrit avec minutie car ils sont l’explication physique et parfois sensuelle de ce que vivent ses personnages. « Je considère ma propre histoire comme une carte postale : d’un côté des paysages et de l’autre aucun message significatif ou mémorable ».
Il est aussi le peintre d’une Amérique, celle des années 80, de sa population et de ses particularismes comme ce club des célibataires divorcés auquel Franck appartient et dont un autre membre, Walter, va connaître un destin tragique, contrepoint au devenir chaotique mais « volontaire » de notre héros.
Car Franck Bascombe est fondamentalement américain et le positif l’emporte toujours. Il refuse le regret, l’apitoiement sur soi « cette tristesse de la vie fugace entr’aperçue et injustement perdue, suivie par une bagarre de chaque instant avec l’amertume des faits ».
J’ai beaucoup aimé ce livre car le personnage principal est attachant. Mais au delà, la composition de l’histoire, sa variété et parfois son suspens, les autres personnages qui sont les témoins d’un milieu ou les victimes d’une autre souffrance en font un roman captivant, la carte postale d’une vie à découvrir.
Les éditions
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Un week-end dans le Michigan de Richard Ford
de Ford, Richard
Seuil
ISBN : 9782020564892 ; 1,77 € ; 21/09/2002 ; 490 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Un week end dans ... l'ennui.
Critique de Pats60 (, Inscrit le 22 juillet 2011, 64 ans) - 25 février 2015
Je me réjouissais pourtant de découvrir cet auteur, et le résumé semblait intéressant.
Peut-être que ce n'est pas le meilleur Ford, les critiques en général étaient assez bonnes pour ce livre,... et bien il me tardait vivement d'arriver au bout, évidemment je ne poursuivrai pas la lecture de cette trilogie.
Franck Bascombe... et moi!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 22 août 2013
Je comprends bien sûr que M. FORD, ait voulu faire ici une peinture acerbe des Etats-Unis des années 80 sous la présidence de M. Ronald REAGAN. Une critique du milieu universitaire et journalistique et de ces années-là …
Un portrait d’une Amérique triomphante et se croyant le maître du monde… et en cela l’auteur ne manque certes pas de talent…
Mais pour le reste… pour le fond de ce roman… Il n’y a de mon point de vue pas grand-chose à sauver dans ce livre. Un personnage principal insipide, des rencontres sans fin avec des personnages secondaires insignifiants et que l’on ne retrouvera plus dans le livre, des dialogues, sans tête et sans queue et dont on se demande quelle en est l’utilité exacte… Des descriptions à n’en plus finir des rues et des noms des rues que l’auteur emprunte avec sa voiture etc etc… Des petites phrases "philosophiques" parsemées un peu partout dans le livre…
Au bout de 200 pages je n'étais toujours pas entré dans le livre, et l'action était toujours au point mort!...
L'histoire tourne en rond, manque de souffle, d'amplitude, et à la fin on se demande le pourquoi de tout cela puisque on en revient quasiment au point de départ, c'est à dire à pas grand chose!...
Je n'ai pas du tout réussi à comprendre l'idée du romancier, là où il voulait en veir, quel était son projet, sa finalité en écrivant ce livre!...
Je n’ai, entre autres, jamais réussi à m’identifier, de près ou de loin, ou à éprouver la moindre sympathie pour le personnage principal, sorte d’égoïste cynique et imbu de lui-même, solitaire désabusé qui n’attend plus rien de la vie, qui jette un regard quasiment *clinique" sur tout et tous ceux qui l'entourent, et qui ne considère les femmes que sous l’angle du plaisir sexuel qu’elles pourraient éventuellement lui apporter...
Un "je m'enfoutiste" de tout et de tout le monde…
Sa dépression chronique exposée tout au long des pages à même failli me contaminer!...
Au final je dirais que ce livre était beau, mais long, beau mais lent, beau, mais long, lent… Il paraît que c’est là le « style » de l’auteur… Je me demande si cela est vrai, car j’ai lu d’autres livres de M. FORD et je ne me suis pourtant jamais ennuyé comme dans celui-ci !
150 pages de moins ne se remarqueraient même pas dans le livre, je dois d’ailleurs avouer que j’ai dû me « faire violence » pour arriver jusqu’à la fin de roman (ce qui m’arrive très, très rarement…). Je ne comprends absolument pas cette «mode» des beaucoup d’auteurs américains actuels (Richard FORD donc, mais aussi des écrivains comme John IRVING, Louise ERDRICH…) de nous "pondre" des livres en faisant des « briques » de 600 pages minimum, quitte à littéralement «empiler» des mots et des mots, pour des histoires qui se trainent encore et encore en longueur pour parfois ne pas raconter grand-chose!...
Je voulais enchaîner directement avec « Indépendance » du même auteur (la suite de ce livre), afin de « rester dans le bain » et de connaître la suite des aventures de Franck Bascombe, mais après une telle déception… je crois que cela attendra sans problèmes l’année prochaine !...
Un regard désenchanté
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 26 mars 2010
J’ai apprécié le regard désenchanté que jette Richard Ford ( lui, cet auteur reconnu…) sur l’ écrivain en le montrant comme proposant à ses lecteurs ce que ceux-ci n’ont guère envie de connaître, ou comme impuissant à révéler la vérité d’un être ; une entreprise de démythification qui culmine lorsqu’il écrit : « L’humanité ne perd rien lorsqu’un écrivain décide de se taire . Quand un arbre tombe dans la forêt, qui s’en préoccupe, sinon les singes »
Son regard caustique se porte aussi sur les universitaires ( qu’il connaît bien…) « Le vrai mystère - qui constitue la seule raison de lire (et sans doute d’écrire) un livre – était pour eux une chose à démanteler, distiller, excaver, réduire en gravats exploitables, assimilables par leurs piètres explications d’autant plus arrogantes, bref les livres deviennent des monuments à leur propre gloire »
Mais j’ai aussi particulièrement goûté l’art qu’a Richard Ford de construire des dialogues parfois incongrus dans lesquels l’indifférence ou l’absence de jugement sont masqués par des propos feignant l’intérêt .
Un roman dans lequel la gravité s’allie à la légèreté grâce à une forme d’humour désabusé qui ne cède jamais au désespoir .
Je préfère la fin de la trilogie ... mais bon quand même !
Critique de NQuint (Charbonnieres les Bains, Inscrit le 8 septembre 2009, 52 ans) - 8 septembre 2009
Ayant commencé par la fin, j'ai décidé de reprendre au début et de lire le premier roman de cette trilogie. J'ai été moins intéressé par les tourments du Franck trentenaire (vie sentimentale plutôt foireuse, écrivain raté, job de journaliste sportif sans passion pour le sport mais satisfaisant quand même, solitude relative mais pas si mal vécue, ...) que par ceux du même quinqua (cancer de la prostate, premiers bilans de vie - d'où le titre, déboires sentimentaux aussi mais un détachement certain également).
Mais enfin la patte de Ford est là, l'écriture à la pointe acérée, un léger parfum de cynisme, une ironie et un désespoir affleurant dans une bonne humeur relative et un détachement absolu.
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