Du cercle noir à la renaissance d'un loup désorienté

J'ai fini par apprécier ce livre que j'ai commencé à trouver glauquissime ! Quel espoir ! Cette renaissance me donne envie de sourire, et est assez vitaminante, ... paradoxalement !

Le gros problème de la vie de Guillaume Depardieu, comme on peut s'en douter, c'est son père. Son absence constante et le fait qu'il n'ait jamais été éduqué par lui l'a ouvert à vif, et complètement désorienté. Il a ruiné son enfance et son adolescence, dans tous les sens du terme. Cela n'est pas volontaire, mais j'ai ressenti cela comme une forme d'inconséquence impénitente de la part de Gérard Depardieu. Même sa fille Julie, comme le dit son frère qui en a été très surpris, s'est laissée aller à des cercles vicieux.

Et voilà ce personnage, mi pantin, mi loup qui se consume, qui se détruit, se fait du mal et fait souffrir les autres. C'est là que son cercle vicieux commence : il fait souffrir sans s'en rendre compte, et , quand il comprend, cela l'écorche encore plus, ce que rajoute une couche de "cicatrices", comme le dit Marc-Olivier Fogiel.
Et cela le conduit dans les plus bas fond : il emprunte la spirale infernale de la drogue et un peu celle de l'alcool, ce qui le conduit à la case prison, où le mènent également vols et violences. On peut difficilement tomber plus bas. "Au secours", me suis-je dit ! Je vais abandonner ce bouquin !" Il a passé dix-huit mois derrière les barreaux.

Heureusement, ma persévérance m'a sauvé : c'est un livre à lire jusqu'au bout, comme certains films de Pedro Almodovar, qui semblent toujours aller trop loin, et qui sont souvent des chefs-d'oeuvre.
Il s'agit d'un entretien ; le style oral rend l'écrit plus cru, alors que le fond est déjà une plaie ouverte et béante, c'est le cas de le dire. Les expressions familières, vore argotiques, m'ont troublé : on glisse encore plus vite vers le bas.
Les tuiles s'accumulent, dès que Guillaume se relève. Sa peine de prison se transforme en liberté conditionnelle, pour pouvoir tourner et jouer ses pièces. En 1995, tout s'arrange, mais arrive le gros coup d'enclume : son accident de moto. Il subit opérations sur opérations, qui plantent. Son genou est trop curé : c'est la jambe raide à vie ou l'amputation. Ce handicap complique le tournage de Pola X, de Leos Carax, en 1999, ce qui a été une difficulté majeure pour les monteurs pour effacer les scories de ses boîtements.
Il choisit l'amputation, et s'en est incroyablement remis !

Et c'est là que commence sa rédemption, sa renaissance, quasiment au même âge que Jésus et Mozart sont morts. Sa fille, Louise - comme Louise Michel - l'y a beaucoup aidé : c'est la première personne qu'il semble vraiment aimer.
Et c'est là que s'opère la boucle avec le tout début du livre : Guillaume Depardieu y annonce qu'il vient d'entamer une nouvelle vie, sa vie tout simplement, en tout cas une vie à peu près normale.

Alors, je vous sens venir, en face de ce "loup désorienté", il y a le "grand méchant loup", la hyène des Guignols de l'info. Arrêtons avec les caricatures dont l'origine est maintenant antédiluvienne.
S'il est très direct et fait peu de concessions, on sent Marc-Olivier Fogiel touché, tout en restant stoïque : il a dû falloir du cran, vu qu'il a vécu tous ces aveux en direct. Et c'est ce double aspect que j'apprécie chez ce personnage : l'alliage de la rigueur analytique et de la sensibilité, donnant des impressions chamarrées non déplaisantes.

Ce livre vaut la peine.

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  Tout donner [Texte imprimé] Guillaume Depardieu avec Marc-Olivier Fogiel

  de Depardieu, Guillaume Fogiel, Marc-Olivier
  Pocket / Presses pocket (Paris)
  ISBN : 9782266148504 ; 3,00 € ; 01/01/2005 ; 277 p. ; Poche

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