Un livre des plus instructifs sur un roi un rien mystérieux

Je dois bien l’avouer, sans devoir faire l’interview de l'auteur, il ne me serait jamais venu à l'idée d’acheter et de lire ce livre !… J'aurais vraiment raté quelque chose d’intéressant…
Qu'est ce que je connaissais de Baudouin ? Un peu ce que tout le monde pouvait en savoir. Un homme à l'allure distinguée, qui semblait indiscutablement gentil, soucieux des soucis de son peuple et de son environnement, ayant du accepter le trône dans des conditions difficile. Ce n’était pas un orateur, ni un communicateur, et il était sûrement très croyant (mais je ne soupçonnais pas que c'était à ce point). Pour le reste, nous savions tous que ses pouvoirs de roi constitutionnel étaient très limités.
José-Alain Fralon commence par nous donner, en résumé, la vie et la carrière de nos rois précédents. Même si nous la connaissions un peu, cela s'avère très enrichissant.
Cette première partie nous apprend pas mal de choses quant aux personnalités de ces hommes. C'est ainsi que nous découvrons que le côté très catholique de Baudouin est une grande première chez nos souverains. Léopold Ier était protestant, Léopold II plutôt un catholique de convenance et de devoir, Albert pour le moins un catholique tiède, ainsi que Léopold III.
Pourquoi ce virage chez Baudouin ? Probablement un ensemble de choses. A commencer par le décès de sa mère alors qu’il était tout jeune. Il avait le culte de la Vierge Marie. Ce côté très catholique lui fera commettre des erreurs importantes, comme pour le Rwanda. En effet, il soutiendra les Hutus contre les Tutsis, surtout parce que leur chef était dans la mouvance charismatique.
Il est aussi étonnant de voir qu'il a pu commettre des erreurs politiques flagrantes, comme son père, notamment en rencontrant à deux reprises le général Franco en Espagne.
Baudouin nous apparaît au court de ce livre comme un homme plein de contrastes. A la fois n'aimant pas toujours son rôle de roi, mais étant quand-même fortement attaché au prestige attaché à la fonction. C'était un homme profondément bon, mais coupé de son peuple et des réalités qu’il ne connaissait que peu. Il semble aussi assez têtu, rancunier et surtout passionné par les voitures et les moteurs (une caractéristique de famille).
Jeune, il était surtout un homme seul. Albert II était bien plus sociable, drôle avec ses amis et aimant la vie. Il se marie facilement et avec une femme belle au point qu'il est envié par beaucoup. Alors que Baudouin ne voit vraiment pas comment s’y prendre. Il n’a aucun ami à qui parler, il n'ose parler de cela avec son père, ni avec la Princesse Liliane qui a un peu remplacé sa mère. Alors ?. C’est vers Suenens qu’il va se tourner et celui-ci le mettra en rapport avec une soeur irlandaise, fondatrice d'ordres de Marie en Europe. C’est elle qui sera chargée de trouver l'épouse possible et elle proposera Fabiola qui, elle aussi, était « fille de Marie »

Il mourra en ayant écrit ces dernières lignes, émouvantes, le jour même de sa mort : « Je me sens sec et fatigué. Maman, c'est à toi que je vais sans trop d'efforts, je tâcherai, dans la foi, de me mettre à tes pieds, collé à toi. … »
Un homme privé de mère, adorant son père et obligé de prendre sa place.
Un livre à lire pour ceux qui veulent tenter de cerner l’homme qu'était Baudouin Ier roi des Belges. Un homme de contrastes, foncièrement bon, mais parfois maladroit et rigide.

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  Baudouin [Texte imprimé], l'homme qui ne voulait pas être roi José-Alain Fralon

  de Fralon, José Alain
  Fayard
  ISBN : 9782213605784 ; 18,47 € ; 16/05/2001 ; 400 p. ; Broché

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