Entre les oreilles de David Foenkinos

Entre les oreilles de David Foenkinos

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Voni, le 24 janvier 2006 (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 697ème position).
Visites : 5 230  (depuis Novembre 2007)

Tricoteurs de mère en fils

L’histoire nous fait pénétrer un monde farfelu, déjanté mais somme toute pas si improbable qu’il voudrait en avoir l’air.
Totalement isolé du monde extérieur jusqu’à l’âge de 6 ans, Jean, l’antihéros de ce roman loufoque, tricote l’histoire de sa vie en neuf mailles (neuf chapitres).
“Mieux, la vie était un tricot aux mailles identiques. Toujours les mêmes noms, toujours les mêmes délaissements. Nous ne pouvions rien faire d’autre que ce que nous avions été ; je ne pouvais être que le fils d’une tricoteuse monomaniaque.”
Séquestré par les comportements obsessionnels d’une mère surprotectrice, Jean est incapable de nouer une relation durable avec une femme qu’il quitte souvent pour des raisons toujours un peu barges. Au début du roman, d’ailleurs, il se sépare de sa dernière conquête en date pour une absurde histoire d’oreille qui ne le fait plus fantasmer… Et sept ans de psychanalyse n’ont pas suffi à l’affranchir du poids sclérosant de l’unique femme de sa vie, sa mère. Comme elle, il vit (plutôt, il survit) d’obsessions allant jusqu’à s’éprendre des jambes d’un inconnu qu’il n’aura de cesse de poursuivre.
Toute sa vie est orchestrée par sa mère, même à titre posthume puisqu’elle a commandité sur son lit de mort, son mariage avec Éléonore, riche héritière moustachue, vraiment laide et aux joues rouges.
De satisfactions en désillusions, Jean finit effectivement tricoteur monomaniaque comme sa mère.

Une histoire de dingues, vraiment, au style aussi saugrenu que le contenu est dément ! Les contraintes de l’écriture romanesque conventionnelle sont ici bien éludées. Pourtant, derrière ces apparences de folie indécise, ce sac de nœuds extravagant, se dissimule une forme de pudeur qui aborde un contexte, en fin de compte assez tragique, de non-conformité et d’incompréhension.
Un récit qui s’essouffle et languit pourtant dès que de nouvelles trouvailles tardent à venir et c’est tout le problème de ce genre d’écriture. Il n’a pas, selon moi, ce rythme accrocheur que peut avoir cet autre livre de l’auteur “le potentiel érotique de ma femme”.
Il s’agit d’un genre de livre qui se doit probablement de tomber dans les mains de son lecteur au bon moment, ce qui n'est pas toujours le cas. Là, ce ne devait pas être tout à fait le mien…
Et puis surtout, il faut apprécier un tant soit peu l’absurde, la circonvolution et le vaporeux.

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Les éditions

  • Entre les oreilles [Texte imprimé], roman David Foenkinos
    de Foenkinos, David
    Gallimard / Blanche
    ISBN : 9782070766765 ; 16,90 € ; 31/07/2002 ; 194 p. ; Broché
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Inégal

6 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 21 août 2010

L'inventaire à la Prévert des causes de ruptures du narrateur est succulent et donne le ton: il y a de l'humour dans cet ouvrage. De l'humour, de l'ironie, pas mal de grincements de dents et qui sait, quelque part bien cachée, peut-être une forme d'autodérision de l'auteur qui a sans doute mis un peu de lui dans le récit. Mais cela ne fait pas tout...

Le psychanalyste de notre narrateur lui rappelle pourquoi sa vie sentimentale est un échec et pourquoi la thérapie doit s'arrêter là, faute d'évolution et de volonté. Le médecin est las, le héros se retrouve largué, lui qui joue volontiers le rôle de largueur.
L'occasion pour lui d'expliquer au lecteur, avec toute la mauvaise foi nécessaire, pourquoi chacune de ses histoires d'amour s'est lamentablement brisée contre les récifs de l'existence.
Il reconnaît volontiers aimer rompre pour le simple plaisir de retrouver sa mère, omniprésente dans sa vie, rempart contre l'indifférence et prétexte à se convaincre soi-même qu'on n'a jamais tort.
Mais laisser tomber Mireille parce qu'on n'aime plus son oreille ou Christine parce qu'elle boit son café sans sucre relève de la prouesse. Une prouesse toute narcissique que l'auteur va décliner au fil des pages, de manière tantôt vive tantôt plus essoufflée. Si le rythme du roman marque par sa linéarité (pas toujours un bien), la qualité de celui-ci est teintée d'une inégalité dans la vivacité que je trouve dommageable au récit, car elle fait ressortir l'effet répétitif du procédé employé: le catalogue des amours déçues et le nombrilisme exacerbé. Plaisant au début, puis le sourire diminue avant de sombrer dans une certaine banalité.
Dommage car la plume de Foenkinos est tout de même plus qu'agréable à lire et le talent de l'auteur n'est plus à démontrer. Mais le trait par moments forcé de ce roman et cet aspect trop lisse dans le rythme ne m'ont pas totalement convaincue cette fois.

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