Le Passé supplémentaire de Pascal Sevran

Le Passé supplémentaire de Pascal Sevran

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Montgomery, le 11 janvier 2006 (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 3 565  (depuis Novembre 2007)

La mythomanie comme art de vivre et la schizophrénie comme alibi ?

Premier roman remarqué de Pascal Sevran, le Passé supplémentaire se présente comme le journal de bord d’un jeune homme, mythomane et narcissique, élevé par un grand-père fantasque, membre de l’Action Française. Ce fils de bonne famille, rentier avant que d’avoir travailler, s’invente une vie peuplée de personnages, écrivains et hommes politique, ayant marqué la période de l’entre-deux-guerres.

C’est d’abord un roman désenchanté que nous propose Pascal Sevran. Ce dernier installe un subtil décalage entre le mensonge, assumé ( par courtoisie paraît-il) et revendiqué par son personnage, et le peu d’enthousiasme que suscite apparemment chez celui-ci la fréquentation des plus grands écrivains et poètes du XXème siècle ( Cocteau, Drieu pour ne citer qu’eux).

La personnalité du narrateur vaut plus que ce personnage désabusé, qui se décrit comme un parfait cynique dont « les idées sont plus larges que le cœur ». Il ne faut rien en croire : notre pseudo misanthrope prend fait et cause pour les prostituées malmenées à la libération pour avoir accordé leurs faveurs indifféremment aux deux camps. Et que dire des sentiments qu’il éprouve pour sa grand-mère, Valentine, en fait la jeune veuve de son grand-père.

La duplicité du narrateur, cette différence qui existe entre l’apparence et ce qui relève de la vraie personnalité de chacun, constitue en réalité la clef de ce roman. Pascal Sevran fait de cette distorsion intime une règle pour se dresser en pourfendeur du manichéisme contemporain. Si les hommes paraissent versatiles, opportunistes, au regard notamment de leur rôle dans l’Histoire, cela ne signifie pas qu’ils sont mauvais et de facto condamnables. A travers le personnage de François ( le choix de ce prénom ne semble pas anodin quand on connaît les amitiés de Sevran), le cousin de gauche qui se ralliera en toute sincérité au maréchal Pétain après la déroute de l’armée française, Sevran tente de relativiser les certitudes de notre époque moralisatrice.

Les phrases de Pascal Sevran, péremptoires, ignorant les transitions, comme celles de Drieu naguère, assènent des convictions, souvent iconoclastes, que l’on peut juger contestables. Mais c’est là la liberté d’un écrivain dont le message, au-delà des petites provocations que l’on sait désormais coutumières, mérite qu’on s’y attarde.

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