Correspondance de Yasunari Kawabata, Yukio Mishima

Correspondance de Yasunari Kawabata, Yukio Mishima
( Ohfuku shokan)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Saule, le 5 juin 2001 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 208ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 7 347  (depuis Novembre 2007)

La correspondance des maîtres

Quel plaisir de lire cette correspondance entre Kawabata et Mishima, les deux géants de la littérature japonaise du vingtième siècle.
Le style des deux auteurs est pour beaucoup dans notre plaisir. Leur humour également, et puis j'adore ces formules de politesses typiquement japonaise, comme les marques de dévotions du jeune Mishima débutant des premières lettres, pour le maitre confirmé qu'est déjà Kawabata; "Emporté par l'émotion je ne fais qu'aligner des phrases creuses et déplacées, je vous demande de ne pas y accorder d'importance.". Il y a aussi les échanges de cadeaux, comme le veut la tradition, les références à la nature, au temps qu'il fait et la manière dont Mishima termine chacune de ses lettres avec une recommandation dans le style "A l'approche des premières chaleurs, surtout prenez bien soin de votre santé".
Le livre est aussi une vraie mine d'informations, nos deux amis discutent beaucoup entre eux littérature (auteurs japonais et étrangers) et la traductrice ne manque pas d'ajouter chaque fois une note très claire et informative sur l'auteur ou le roman dont il est question. On voudrait avoir le temps de lire tous les livres cités et qualifiés chaque fois de chef-d'oeuvre par la traductrice. Finalement les lettres font naitre un courant de sympathie pour les deux personnages, dont on se rend compte qu'ils étaient très proches et complices.
Soulignons aussi l'excellente préface de Diane de Margerie, avec une comparaison intéressante du caractère des deux hommes. Une seule réserve, son interprétation personnelle du suicide de Mishima.

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Déception prévisible

7 étoiles

Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 1 novembre 2004

Entre deux monstres sacrés…

Forcément pour ceux qui adorent ces deux auteurs, en ouvrant ce livre, l’attente est immense. Au-delà de leurs œuvres, les vies de Mishima et de Kawabata apparaissent comme des romans. De l’échange de ces deux monstres, que retient-on ?
- Des auteurs solidement ancrés dans leur époque et dans la création littéraire japonaise.
- D’un rapport entre maître et élève parfois émouvant souvent trop déférent.
Et puis l’attente était tellement immense que la déception était prévisible. Les commentaires sur leurs ouvrages respectifs sont trop rares, presque inexistants. Ils existent par ailleurs, dans des préfaces notamment. Dans ce livre de correspondance, ils manquent. C’est pas grave, on pardonne car ce livre a l’immense mérite, si besoin en était, d’inviter à poursuivre la découverte de ces fabuleux auteurs dans leurs œuvres un peu moins connues. Et puis, il existe ce sentiment toujours un peu étrange lorsqu’on lit une correspondance de frôler l’interdit, de pénétrer une intimité qui ne nous concerne pas. Et quand cette intimité est celle de deux génies littéraires, l’émotion est tout de même là !

Mitigé

6 étoiles

Critique de Platonov (Vernon, Inscrit le 7 septembre 2001, 41 ans) - 3 avril 2002

J'avoue n’avoir encore lu aucun des livres des deux auteurs - même si cela ne serait tarder. Aussi sûrement suis-je mal placé pour avoir un avis sur la valeur de ces deux écrivains en lisant uniquement leur correspondance. Cependant je trouve que, en général, les lettres sont insipides, sans grand intérêt. Certes, certaines analyses et commentaires d'un auteur vis-à-vis des écrits de l'autre et quelques autocritiques sont intéressante et présentent dans quel état d’esprit ces écrivains composent leurs œuvres et comment ils les trouvent. A ce propos, j’ai noté que la plupart du temps, pour ne pas dire à chaque fois, que ce soit Mishima ou Kawabata, ils dénigraient et avaient presque honte de ce qu’ils écrivaient. Mishima demandant même à Kawabata de l'excuser de l’avoir invité à la représentation de ses pièces de théâtre, craignant que celui-ci ne ce soit trop ennuyé. Véritable humilité ou fausse modestie ? Et ce rabaissement continue même dans les lettres elles-mêmes ; en effet il est récurrent de voir Mishima s’excuser de la platitude, de la vacuité de ses propos.
Signe du grand respect et de la profonde admiration mutuelle réciproque de ces deux auteurs. De même, les excuses constances, soit concernant le retard de la réponse, soit tout simplement de la visite chez l’un (une fois, Mishima s’est excusé d’avoir « oser » aller jusqu'au palier de la maison de Kawabata – alors qu’il n'est même pas rentré !!).

Moi aussi j'ai trouvé assez amusant cette habitude qu'a pris Mishima à prier Kawabata de prendre bien soin de lui, que ce soit en hiver, en été ou au printemps. Comme si un véritable amour filial les unissait.

Certes, on apprend des choses sur la façon dont vivaient ces deux auteurs, leurs occupations, leurs goûts littéraires et artistiques, leur mode de vie, leur défaut (Kawabata et son « éternelle paresse » qui le faisait se lever à six heures du soir !). On s’aperçoit ainsi que Mishima semble plus ordonné, sage et rigoureux que son chaperon littéraire.
On voit également les pérégrinations incessantes des deux auteurs, soit avec le Pen Club (un club littéraire japonais qui faisait des « tournées » dans le monde), soit pour voir leurs traducteurs (Mishima au Brésil, Argentine, Etats-Unis…), soit au Japon même, où ils voyagent beaucoup pour leurs documentations de leurs prochains livres.

Mais dans l’ensemble, je reste quand même déçu. Je m'attendais à mieux. A plus d'humour, d'esprit, comme j'ai pu le trouver dans la Correspondance entre Marie Bashkirtseff et Guy de Maupassant.
Mais heureusement, je ne suis pas (encore ?) dégoûté de ces auteurs ; les précieuses notes à la fin du livre ont réussi à porter mon intérêt sur certaines de leurs oeuvres (notamment « La Musique », « Le Pavillon d’Or », « La Mer de la Fertilité » de Mishima, « Pays de Neige » de Kawabata. Mais aussi d'autres auteurs japonais dont il est question dans ces notes, dont Tanizaki.) Et la lecture des critiques faites sur ce site n'a fait que confirmer mon avis et accentuer mon désir de les lire ; dès que j’en aurais le temps.
Et il est vrai également que la préface est très bien ; elle donne une distinction claire -pour les néophytes comme moi concernant ces deux auteurs- de la personnalité et du style littéraire de ceux-ci. A la lecture de celle-ci, j'ai ainsi pu ressentir de l’aversion pour la moralité de Mishima - et cela c’est confirmé par la suite dans ses lettres- avec son penchant homosexuel morbide (« C'est le Moi qui veut devenir Autre » en parlant d’un autre garçon) et qui fait l'objet de plusieurs de ces livres. Je ne crie pas haro sur les auteurs parlant de l’homosexualité, mais bon, j'ai trouvé la façon dont il le faisait assez déplacée.
Par contre, si quelqu’un pouvait m'expliquer clairement le concept de « Romantisme mécanique » de Mishima, cela me ferait plaisir.

Je doute fort que mon avis négatif concernant cette correspondance soit pris en compte au milieu de toutes les éloges qui ont été faites jusqu’ici. Mais « c’est mon avis et je le partage », comme disait je ne sais plus qui….

"Surtout prenez bien soin de votre santé"

8 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 22 mars 2002

Une admiration réciproque lie ces deux immenses écrivains qui choisiront tous deux d’abréger leur existence. Jamais l'ombre d'un jugement négatif sur les agissements de l’un ou l’autre, même quand le plus fougueux des deux commettra des excès.
Peu à peu Kawabata, qui est l’aîné de 26 ans, est victime d’ennuis de santé qui l’invalident gravement et il loue l’énergie de son cadet tandis qu'il se reproche sa propre paresse.
On ne trouve aucune révélation, confidence intime sur la vie privée des deux correspondants, et peu de considérations littéraires développées.
Quand, en octobre 58, Kawabata doit être hospitalisé, Mishima lui envoie la liste des articles, dont il aura besoin dans cette circonstance, qui tient en trois pages contenant 3 sections : « A. literie et lingerie B. articles de toilette et affaires personnelles C. ustensiles de cuisine et articles pour la garde-malade et les visiteurs ».
Régulièrement l’auteur de « Confession d'un masque » invite son aîné à la représentation de ses pièces de théâtre.

Vers la fin de la correspondance, on voit que Kawabata offre à son cadet des cadeaux plus personnels : parfum, « magnifique chemise très chic , agréable au toucher »… dans le même temps où il envisage de « cultiver son corps » à l’instar de l’expert en arts martiaux et en body-building qu’est devenu Mishima.
Les notes en fin de volume sont très complètes et font état , comme l'a écrit Saule, de la vie littéraire japonaise entre 1945 et 1970. Je rejoins Saule aussi quand il fait remarquer la permanence des recommandations de Mishima à son aîné de ne pas prendre froid, de veiller sur sa santé.
Quel que soit par ailleurs le temps qu’il fait ou va faire (grandes chaleurs, premiers froids, changement de saison...) la formule d’attention est quasi la même : Prenez bien soin de votre santé ! A signaler que ce livre est désormais disponible dans la collection Biblio du Livre de Poche!

Grandiose !

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 22 juin 2001

Ce livre est superbe et, au fil des pages, nous découvrons deux géants de la littérature japonaise et mondiale. Très différents l'un de l'autre quant au caractère, mais tellement attachants par leurs sensibilités. Une correspondance profonde, fine et d'une rare élévation.

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  kawabata, le grand geant 4 Mirette 6 juillet 2009 @ 21:07

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