Le secret de lady Audley de Mary Elizabeth Braddon
(Lady Audley's secret)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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A qui profite le crime ?
Contemporaine (et très appréciée) de Stevenson ou Wilkie Collins, Mary Elizabeth Braddon versa, dans le milieu du XIXe siècle, dans le genre prisé et populaire du roman d’intrigue. Paru en épisodes, « Le secret de Lady Audley » a ce charme désuet et vieillot des « suspenses » de l’époque.
Arrivée sans prévenir dans un petit village de L’Essex, Miss Lucy Graham a tout pour plaire. Engagée comme institutrice chez le médecin local, elle s’attire la bienveillance des habitants. Et c’est en peu de temps qu’elle devient l’épouse du richissime châtelain de la région, Lord Audley. D’apparence irréprochable, cette jeune et jolie femme suscite néanmoins la méfiance de sa belle-fille et aussi, plus important, celle du neveu de son mari, Robert Audley, venu faire sa connaissance en compagnie de son ami George Talboys. Ce dernier, déprimé par le décès de sa femme survenu peu de temps avant son retour d’Australie où il était parti courir la fortune, disparaît dans de mystérieuses circonstances et Robert ne pourra s’empêcher d’observer d’étranges comportements et éléments autour de cette chère Lady Audley.
Entre légèreté et matérialisme féminin, entre nonchalance et brouillard britannique, ce roman nous balade gentiment parmi les thèmes typiques de ce cher XIXe. Il n’a peut-être pas bien vieilli, mais il se lit avec la tendresse et le plaisir qu’on prend à regarder de vieilles photos. Et Robert Audley en Colombo gentleman, il faut le reconnaître, a un certain charme !
Les éditions
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Le secret de lady Audley [Texte imprimé], roman Mary Elizabeth Braddon trad. de l'anglais par Madeleine Jodel
de Braddon, Mary Elizabeth Jodel, Madeleine (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages poche. Bibliothèque étrangère.
ISBN : 9782743607937 ; 10,65 € ; 16/05/2001 ; 477 p. ; Poche
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Un palpitant jeu de masques!
Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 16 novembre 2012
Le roman commence par une description du manoir d’Audley et par la présentation de ses habitants. Sir Michael Audley, baron riche mais vieillissant, est éperdument amoureux de sa jeune épouse, Lucy. Grâce à la générosité de son mari, celle-ci vit dans l’opulence, ayant pour seules occupations la toilette, les promenades et les divertissements. Il faut dire que, de l’avis général, lady Audley est la plus belle femme du comté. Avec ses boucles dorées et son regard d’azur, on la croirait tout droit sortie d’un tableau préraphaélite. Seule Alicia, la fille de Sir Michael, sait résister au pouvoir de fascination de sa belle-mère : cette femme frivole et matérialiste ne lui plaît décidément pas.
Tandis que la vie suit paisiblement son cours à Audley, George Talboys, parti faire fortune en Australie, s’apprête à débarquer en Angleterre pour retrouver sa femme et son fils. Malgré les richesses qu’il rapporte de son voyage, Talboys est tourmenté par l’incertitude : quel accueil lui réservera celle qu’il a délaissée trois ans auparavant ? A peine débarqué à Londres, il tombe par hasard sur un vieil ami, Robert Audley, qui n’est autre que le neveu de Sir Michael !
C’est ainsi que les destins s’entrecroisent et que l’intrigue prend forme pour notre plus grand bonheur. On suivra ces personnages pendant près de 500 pages avec un intérêt croissant. C’est qu’ils ont pour la plupart de terribles secrets à cacher. Lady Audley, qui ressemble au début du roman à une héroïne en règle, n’est pas tout à fait celle que l’on croit. Sa personnalité, ses manigances se révèlent au fil des pages ; ils constituent même le cœur du récit. Pour démasquer cette femme fatale et faire la lumière sur un meurtre, Robert Audley endosse le rôle du détective. Je dois dire que j’ai adoré ce personnage : son flegme, son excentricité et même son mauvais tabac le rendent à la fois attachant et atypique. L’affaire Audley est d’ailleurs, pour ce « doux parasite », l’occasion de révéler ses nombreux talents. Par amour, par amitié et par dévouement filial, l’avocat oisif se transforme en homme d’action terriblement perspicace.
Publié en feuilleton en 1862, ce roman a rencontré un immense succès, non seulement auprès du public, mais aussi auprès d’écrivains célèbres comme Thomas Hardy ou Stevenson. « Lady Audley » est le point de départ d’une belle carrière littéraire, puisque par la suite, Mary Elizabeth Braddon écrira plus d’une soixantaine de romans, ainsi que de nombreuses nouvelles.
Si vous êtes sensible au charme des atmosphères victoriennes et à la qualité de l’écriture, si vous appréciez le suspense, les rebondissements et les intrigues bien ficelées, alors ce livre est fait pour vous. A sa manière, c’est un chef d’œuvre, un vrai bon roman auquel je n’ai trouvé aucun défaut !
Tromperies et vieilles dentelles
Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 18 janvier 2011
Robert, lui, est bien navré pour son ami, mais qu’y peut-il ? Le temps efface bien des douleurs, pense-t-il, et George est trop jeune pour refuser de profiter de la vie. Robert n’est pas un très grand sentimental. C’est un oisif, aimé de sa ravissante cousine Alicia, et de son oncle, Lord Michael Audley, presque un père pour lui. Et qu’apprend-il ? Que cet oncle vient de se marier à une gouvernante qu’on dit d’une grande beauté. Pourquoi ne pas passer les vacances dans la demeure familiale et faire la connaissance de cette nouvelle épouse ? Et pourquoi ne pas amener George qui, de toute façon, n’a pas l’air d’être forcément contre cette idée ?
Oui mais voilà, à Audley Court ils ne sont pas les bienvenus, et George disparaît…
Je rejoins presque en tous points l’excellente critique de Blue et cette judicieuse remarque : Robert Audley est un Columbo de l’époque victorienne. Oui, parce que Robert sait. Il joue avec les nerfs des personnages, force les choses, influence… Peut-être pas au début mais l’amitié qu’il porte à son ami va le faire se secouer les puces et avancer dans la vie. Au fur et à mesure de son enquête, l’étau de ressert, la machination se dévoile… Et Robert comprend qu’il ne veut pas se laisser vivre comme le futur Lord Audley, dans le confort et l’inertie. Face à la cruauté, aux manigances, forcé de lutter pour la vérité, il se découvre des valeurs, du courage, des sentiments, des passions…
Ce livre a mal vieilli, dit Blue. Je ne trouve pas. Il m’a paru moins emphatique que certains Wilkie Collins, et bien habile. La version anglaise est très accessible. A lire sans modération, c'est un régal !
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