Itinéraire sentimental

Ce livre de jeunesse de Jean d'Ormesson commence comme "Vacances romaines", se poursuit en frôlant, modestement, "Les liaisons dangereuses", pour s'achever en élégant mélodrame doux-amer.

Philippe ne fait pas grand chose, un roman peut-être, si ce n'est s'amuser ce qui est, après tout, un des privilèges de la jeunesse. Il plait aux femmes et va de l'une à l'autre par jeu, insouciance, inconstance et surtout parce que "j'aime beaucoup être aimé". Hélène, Françoise, en attendant Béatrice avec qui il découvre Rome et l'Italie. C'est "Vacances romaines"à la fin des années cinquante, illuminées de soleil et de joie de vivre.

Mais aime-t-il vraiment Béatrice? Ce serait trop bête de se faire piéger, d'autant que Françoise, belle manipulatrice, veille; d'autant que l'argent vient à manquer et que Roselyne est une solution; et surtout, surtout, Philippe est un personnage égoïste, un peu veule, "immédiat" dans ses plaisirs et ses jeux. Béatrice est ravalée au rang d'une parmi les autres. C'est une version minimaliste des "Laisons dangereuses", Ormesson ayant d'ailleurs écrit son roman au moment où Vadim faisait une adaptation cinématographique, très libre, du livre de Choderlos de Laclos.

Mais bien sûr, Béatrice n'était pas comme les autres et Philippe va apprendre à souffrir. "Le malheur dans l'amour nait du hasard et de l'indifférence". Philippe essaie de reconquérir Béatrice qui, indifférente...

Le début est un assez joli roman, un peu daté certes. Malheureusement, les affres du moi de Philippe sont beaucoup trop détaillées, analysées, soupesées et détruisent le charme du début. Philippe n'est pas un très grand personnage de roman et son égo démesuré devient insupportable.

Reste le style. C'est très bien écrit avec quelques jolies formules poétiques telles "Mais nous marchions comme on chante" dans la joyeuse partie romaine ou encore "Octobre est un peu triste. C'est le lundi de l'année" dans le triste épisode parisien.

Jacques Chardonne, que j'aime énormément, a dit "Quand un écrivain a du style, ce qu'il dit a peu d'importance" mais je prends celà pour une boutade et "Un amour pour rien" s'il est très bien écrit n'en reste pas moins un roman mineur.

Et finalement, en parlerait-on encore s'il n'avait pas été écrit par Jean d'Ormesson?

Enfin, c'est simplement mon avis.

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  Un Amour pour rien [Texte imprimé] Jean d'Ormesson,...

  de Ormesson, Jean d'
  Gallimard / Collection Folio
  ISBN : 9782070370344 ; 5,94 € ; 04/07/1978 ; 216 p. ; Poche

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