Femme alcoolique et adultère

Dans la foulée de Mai 1968 et du Printemps de Prague, le Québec a vécu ses velléités de changement qui se sont évanouies en 1970 avec l’enlèvement de deux personnages politiques. Dans ce contexte troublé, baptisé la Crise d’octobre, Martine a quitté Montréal pour créer un comptoir alimentaire dans un village acadien près de Bathurst, une initiative subventionnée par le Gouvernement canadien.

Appuyée surtout par des femmes, elle tente de réaliser son projet malgré le climat de suspicions qu’elle soulève à cause de son origine montréalaise. Considérée comme une communiste et membre du Front de libération du Québec, elle paiera chèrement son apport à l’émancipation d’un petit village façonné à l’esprit de l’Inquisition. On épie ses moindres gestes pour la lyncher à la première occasion. Engagée socialement, elle est aussi affligée par un passé douloureux qu’elle noie dans l’alcool. Elle compte sur l’amour pour se libérer de son mal à l’âme. Malheureusement, son mari est un professeur qui la néglige, et son amant est un homme faible, incapable d’affronter l’intolérance des villageois.

Le roman porte le sceau de l’exclusion, celle d’une étrangère, adultère de surcroît, mais aussi celle de God Comeau, l’idiot du village, qui considère l’héroïne comme sa « fiancée ». L’auteure illustre en fait la petitesse d’esprit qui exige que tous résultent d’un modèle marqué à l’effigie de la rectitude. La démonstration est un peu trop succincte. L’intérêt se maintient à coup de rebondissements, qui accroissent les malheurs de Martine sans remonter suffisamment vers l’amont. Heureusement, le roman est entouré d’une aura poétique qui fait écho à l’œuvre de Gaston Miron, un poète mort récemment.

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  La Fiancée de God de Nicole Houde

  de Houde, Nicole
  La Pleine Lune
  ISBN : 9782890241664 ; EUR 23,50 ; 01/09/2005 ; 140 p. ; Reliure inconnue

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