Le chagrin des Belges de Hugo Claus
( Het verdriet van België)
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Petit pays, petits esprits
1939-1947 : huit années de la vie du jeune Louis Seyneave dans une petite ville flamande, ou le passage à l'adolescence d'un enfant intelligent, précoce et dévoreur de livres.
Après sa dernière année de pensionnat chez les religieuses, Louis entre chez les jésuites au moment où éclate la guerre. Frustré de vivre dans le mensonge et le non-dit, il va commencer lui-même à mentir pour défendre ses propres intérêts. Obligé de quitter une fraternité fondée sur une petite société secrète et gentiment blasphématoire, il va être attiré par la rigueur et la discipline des mouvements de jeunesses hitlériennes.
A travers le regard d'une grande lucidité de cet adolescent, le lecteur découvre une famille haute en couleurs: son père, Staf, écrasé par son propre père-patriarche, militant acharné de la cause flamande et tenté par la collaboration; sa mère, Constance, retrouvant une joie de vivre en s'investissant dans son nouveau travail d'assistante dans l'administration de l'occupant; ses nombreux oncles et tantes, aux caractères bien trempés et très finement décrits à travers une multitude de petits dialogues du quotidien.
C'est aussi l'histoire d'une population culturellement opprimée dans un petit pays, attirée par la grandeur du pangermanisme que lui propose Hitler. Puis la perte des illusions après la défaite allemande et la prise de conscience des horreurs du régime nazi.
Ce livre se compose d'une succession de petits tableaux mélant réalisme cru, imagination débridée et dialogues en langue populaire, le tout bourré d'allusions culturelles, religieuses et même franc-maçonnes. On ressent souvent l'influence de Louis Paul Boon ( http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=9092 ) dans l'écriture de Claus, mais sans en atteindre l'audace ni la petite pointe de génie. Hugo Claus l'avoue lui-même dans la préface de la "Route de la Chapelle" de Boon: "aucun jeune écrivain qui a lu Boon ne peut plus écrire comme on le faisait auparavant". Mais avec sa maitrise parfaite de la langue intellectuelle, poétique et populaire, Claus reste néanmoins un des plus grands écrivains contemporains régulièrement en course pour le prix Nobel.
Les éditions
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Le chagrin des Belges [Texte imprimé], roman Hugo Claus trad. du néerlandais et préf. par Alain Van Crugten
de Claus, Hugo Van Crugten, Alain (Traducteur)
Seuil / Points (Paris)
ISBN : 9782020579261 ; 6,70 € ; 14/02/2003 ; 864 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (8)
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Les Belges sont tristes mais vivants
Critique de Mario-Le-Sot (, Inscrite le 19 janvier 2013, 52 ans) - 19 janvier 2013
Moi-même ne suis pas Belge, et pourtant je l'ai apprécié plus que beaucoup d'autres, le relisant même plusieurs années plus tard avec un plus grand plaisir encore! C'est un livre universel, parce que Hugo Claus y a trouvé le "local sans les murs". C'est un grand livre parce qu'il ne peut laisser personne indifférent.
La preuve.
Par devoir patriotique
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 30 mai 2012
Quand est arrivée la guerre, certains ont cru que leur salut serait dans l’adhésion de la Flandre au pangermanisme dont rêvait Hitler. Et il leur était bien difficile d’être patriotes dans une Belgique qui, selon eux, ne les aimait pas.
C’est un peu ça l’histoire du livre, qui s’appelle le Chagrin des Belges mais qui, selon moi, aurait dû s’appeler le Chagrin des Flamands. (Pour ne pas dire, Le Chagrin du Lecteur).
Je crois que l’ambition de Hugo Claus était d’écrire l’Histoire de la souffrance de son peuple, à travers une grande saga de sa propre famille, un peu à la manière des romans russes qui racontent l’Histoire d’une époque à partir de l’histoire d’une famille emblématique.
Mais, à mon avis, le résultat n’est pas à la hauteur de ses ambitions. Il a procédé d’une manière très particulière et son livre ressemble plus à un roman du terroir qu’à un grand roman sur fond d’Histoire : tout le livre est constitué d’une succession d’anecdotes, parfois amusantes, parfois scabreuses ou spirituelles mais, la plupart du temps, sans queue ni tête ou incompréhensibles. Des tas de personnages de l’histoire ou du folklore flamand interviennent ; ou alors ce sont des célébrités locales, des sportifs, des personnages fictifs ou des héros de légende. Si bien que le lecteur qui n’est pas Flamand, et qui n’est pas sensé connaître tout ça, ne s’y retrouve pas très bien.
La lecture de ce livre m’a paru longue et par moment, vraiment pénible mais je voulais le terminer par devoir patriotique ! Je voulais en savoir plus sur ces mystérieux Flamands qui, après tout, sont nos frères, puisque « Flamand et Wallon sont nos prénoms, et Belge est notre nom de famille ».
Mais quand je me souviens que ce roman a porté les espoirs de tout un peuple pour l’obtention d’un prix Nobel, j’en tombe à la renverse !
Il faut dire que Hugo Claus est, pour les Flamands, « le » génie universel de la littérature et, pour eux, s’il n’a pas remporté le prix Nobel, c’est qu’il a été victime d’un obscur complot contre la mère Flandre.
Plus de 600 pages d’une lecture à ce point éprouvante, par devoir patriotique ! C’est bon pour une fois, on ne m’y reprendra plus…
Un chagrin inaccessible?
Critique de Etienne85 (, Inscrit le 15 octobre 2010, 39 ans) - 15 octobre 2010
Il bien sûr inévitable qu'un roman autobiographique soit rempli de références. Mais pour le lecteur d'aujourd'hui, cela demande un effort important, et vu la longueur du livre, j'ai pensé plusieurs fois arrêter la lecture.
J'ai pu le terminer en me faisant une fiche des personnages des deux familles (sans parvenir toutefois à tout résoudre : qui est Omer? L'un des 5 enfants vivants de Mérèke Bossuyt?) et en me constituant un lexique (Brigade Noire, Brigade Blanche, Dinaso, Verdinaso, VNV, Volk en Staat, De Vlag, van Ostaijen,...).
La spontanéité de la lecture était moindre, mais c'était le seul moyen pour moi de m'y retrouver!
J'ai été aussi gêné par la galerie impressionnante de personnages, il n'est pas toujours simple de savoir qui est qui, entre Holst, Mme Laura, Sale Sef, Marnix de Puydt, Djeedie, etc.
Enfin, le changement de narration constant (parfois Louis, parfois un narrateur extérieur) et l'enchevêtrement d'épisodes réels et de rêves n'arrange rien!
Donc en ce qui me concerne, un tableau pas très positif, je suis content d'avoir tenu jusqu'au bout, mais je trouve que c'est un livre compliqué à lire. Peut-être est-il plus accessible en flamand.
le chagrin flamand
Critique de Printemps (, Inscrite le 30 avril 2005, 66 ans) - 31 octobre 2008
Hommage à un grand écrivain
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 19 mars 2008
Parler de l’engagement dans les mouvements nazis, du désir d’appartenir à la grande communauté germanophone réunie et de dire son mal être dans un pays bicéphale n’était pas chose très facile même en 1983. En France, l’histoire n’avait pas encore rattrapé Papon ni Bousquet.
J’ai aimé ce livre pour le courage de l’auteur, la justesse des personnages et le ton si vivant que Claus a su donner à son récit. Il écrit des scènes d’une vérité qui, vu de loin, nous semblent d’une grande crédibilité et d’une grande justesse, plus vraies que vécues. J’ai reçu ce livre comme un véritable témoignage et j’en garde un excellent souvenir bien que je l’aie lu il y a une bonne dizaine d’années déjà.
Hugo, même s’ils ne t’ont pas donné le Nobel, tu as ta place réservée au panthéon des écrivains.
Des relents d'encens et de sperme
Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 4 janvier 2006
Ce livre est annoncé comme un chef-d'oeuvre pourtant je me suis souvent ennuyé en le lisant. Il est très long et même si on éprouve beaucoup de sympathie pour le personnage et à travers lui pour l'auteur (car je suppose que le livre est largement autobiographique) le récit n'est guère passionnant. Je suis probablement passé aussi à côté de certaines références culturelles et religieuses qui soit m'échappaient soit me laissaient indifférent. Bref de ce livre il me reste principalement la sensation d'être passé à côté d'un chef-d'oeuvre.
Et le bonheur des lecteurs
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 5 décembre 2005
En une autre occasion, Hugo Claus a dit: "Quand on traite d'amour et de mort, il faut être à la hauteur de cette intensité."
Je ne peux que vous conseiller de lire "le chagrin des Belges" pour votre bonheur. Et peut-être qu'après, vous ferez comme moi et aimerez "La chasse aux canards" qui est aussi excellent.
Oui, un très bon livre
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 5 décembre 2005
Bien sûr, les différents portraits, finement fait par Claus, peuvent s'adapter à bien d'autres endroits que la Flandre ou la Belgique et il en va de même pour des situations.
Il n'empêche qu'à l'époque de sa lecture, ce livre m'a fait remonter mon enfance au coeur aussi fortement que le fait l'odeur de la carbonnade flamande préparée par ma mère...
Merci Mieke Maaike pour cette remontée de souvenirs et j'avoue que je ne peux pas retourner à Gand sans y faire, à chaque fois, toute une série de pèlerinages. En langage courant, cela s'appelle vieillir...
Le marché du Vendredi, le château des comtes, Saint-Bavon, la porte de l'Institut de Gand, le cheval Bayard, le parc de tous nos jeux, la place d'Armes et son kiosque.
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Faut-il vraiment être flamand pour apprécier ? | 7 | Mieke Maaike | 5 décembre 2005 @ 17:51 |