Miss Mamma Aimée de Erskine Caldwell
( Miss Mamma Aimée)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Les passions humaines sont réveillées...
Erskine Caldwell est, avec Faulkner, un des meilleurs auteurs à décrire le Sud américain profond, ainsi que les rapports entre les noirs et les « petits blancs ».
Ici, on ne peut pas vraiment parler de « petits blancs », puisque Aimée Mangrum (Miss Mamma Aimée), veuve de son mari Ralph, possède encore environ cinq cents hectares de terres, sur quatre mille, au moment du début de cette histoire. Mais le domaine ne cesse de fondre.
Ils faut dire qu’ils sont nombreux à vivre chez elle en parasite ! Il y a son jeune fils Graham qui n'a jamais travaillé de sa vie et qui est débile mental, son beau-frère, Russel Mangrum, et son épouse, éternellement mécontente et qui n'a jamais supporté que son mari la touche, sa fille de vingt-cinq ans, mariée à un certain Woody Woodruff qui joue de la guitare et « composerait ». Aimée Mangrum a encore une fille qui est « call girl » à Savannah.
Comme chacun refuse l’idée qu’il pourrait travailler et que plus aucun noir n’accepterait de travailler sur la plantation, chaque année on vend des terres pour vivre.
Au début de l’histoire, l’avocat de la famille, Caton Boykin, est convoqué chez Miss Aimée. Il est persuadé qu'il s’agit à nouveau de vendre des terres…
Non !… Là n’est pas le sujet !. Miss Aimée Mangrum, encore sous l’emprise de la chair, est tombée amoureuse d’un pasteur de passage, un certain Raley Purdy…
Vous allez voir la ruche s'affoler et tenter de se sortir au mieux de ce bourbier. Les caractères sont tous très bien dépeints, ainsi que le mental de ces grandes familles du Sud qui mirent tant d'années à comprendre et à s’adapter à l’évolution du monde.
Comme chez Faulkner dans « le Bruit et la Fureur », le fils Graham risquerait d'être interné mais « c'est seulement à une petite noire qu'il a fait du mal, et c’est pour cela qu'ils ne l’ont pas interné »… Mais, au moment du livre, nous sommes après l'assassinat de Martin Luther King et les choses se passeraient différemment !
Mamma Aimée veut son pasteur à la maison et dans son lit, les autres ont peur des conséquences financières des chaleurs de Mamma Aimée, et l'argent fond.
Tout est réuni pour faire un excellent livre d'observation de l’âme humaine !
Les éditions
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Miss Mamma Aimée [Texte imprimé], roman Erskine Caldwell trad. de l'américain par Marie Tadié
de Caldwell, Erskine Tadié, Marie (Traducteur)
Albin Michel / Bibliothèque Albin Michel.
ISBN : 9782226032126 ; 6,30 € ; 19/10/1988 ; 250 p. ; Poche
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Chaude, devant !
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 10 février 2018
S’il y eût un enfer sur terre (en fait il y en eût (a) beaucoup) pour les Noirs, le sud des Etats-Unis peut postuler, même si ce roman-ci d’Erskine Caldwell n’est pas le plus caractéristique en la matière (« Bagarre de juillet », dans le genre l’est davantage). En fait, ce que nous décrivent dans leurs romans successifs William Faulkner, Erskine Caldwell et Ernest Gaines, c’est que les Etats du Sud américain sont des Etats de dingues. Le genre d’Etats qui éliraient aisément un Donald Trump par exemple ! (et même ils ont fini par le faire !).
Ecrit par Erskine Caldwell en 1967, « Miss Mamma Aimée » est un de ses derniers romans. Ce n’est pas tant la condition abominable des Noirs qu’il décrit - même si celle-ci est effleurée via le personnage de Marthe, mulâtre bonne de la famille Mangrum - ni même celle des « petits blancs » déshérités, comme dans « La toute au tabac ». Non c’est plutôt la fin d’une époque, de dynasties familiales qui n’ont pas su prendre le tournant de la modernité dont il est question.
Miss Mamma Aimée est un surnom donnée à Aimée Mangrum, l’héritière de la dynastie Mangrum, grande famille bourgeoise de Georgie.
« Lorsque Caton commença à monter le long escalier, il vit Aimée qui l’attendait sur le palier. Son corps charnu aux larges hanches était vêtu, comme toujours, d’une de ces robes vagues, flasques, à grands ramages qu’elle faisait elle-même ; et ses cheveux châtains qui commençaient à grisonner, surmontaient, flous et bouclés, son visage rond et rose. Elle gesticulait avec agitation, en direction de Caton, avec des mouvements de main saccadés.
Aimée était plus proche de sa soixantième que de sa cinquantième année, comme le savait Caton, qui était son conseil depuis que son mari, Ralph, était mort d’une crise cardiaque, dix ans plus tôt. Mais après sa quarante-neuvième année elle n’avait jamais avoué son âge et s’offensait de la moindre allusion à ce sujet tabou. »
Pas triste la dame Aimée. C’est elle qui règne en maitresse sur ce qui reste de la demeure et du domaine familial (500 hectares sur les 4000 initiaux). Et elle est entourée par une galerie de numéros tous aussi déjantés les uns que les autres. C’est elle d’ailleurs qui insiste pour entretenir tous ces parasites qui vivent là, ne font rien et dilapident la richesse ancestrale. Comme personne ne travaille et qu’il faut bien nourrir tout ce beau monde, elle vend, via Caton Boykin, l’avocat de la famille, hectares après hectares, les terres familiales.
Le beau monde ? Russell Mangrum, son beau-frère, affligé de Katie, éternelle insatisfaite et refusant tout contact avec son mari. Velma, sa fille, entichée d’un parasite traduisant tous ses sentiments en folk-songs, Woody Woodruff, détesté par Aimée. Graham, le fils, présenté par Aimée comme « différent », en fait débile dangereux et violent. Connie, la fille qui a quitté la maison et vit comme « hôtesse d’accueil » à Savannah, est de passage également quand commence le roman. Et, cerise sur le gâteau, un prêcheur, l’auto proclamé pasteur Raley Purdy qui a créé dans la misère son « Eglise », « L’Eglise de l’Etre Suprême », beau garçon de son état qui a tapé dans l’œil d’Aimée, Aimée qui se propose ni plus ni moins de s’occuper de lui « comme une femme devrait le faire ».
La nef des fous. Le sud des Etats-Unis. L’enfer des Noirs et petites gens. L’envers du décor américain.
Erskine Caldwell va dérouler la tragédie sur quelques jours. Pas long mais … tragique. Comment en aurait-il pu être autrement ?
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