«Diego et Frida» est la biographie romancée des peintres mexicains Diego RIVERA (1886 – 1957) et Frida KAHLO (1907 – 1954). Ce n’est bien entendu pas la première du genre, - pour aucun des deux peintres d’ailleurs -, puisque tout ou presque, a été déjà dit sur ce couple «unique», - ou bien peut-être que je devrais dire «mythique» -, dans les annales de l’histoire de l’art.

Lui, Diego RIVERA, le porte-drapeau du mouvement Muraliste du Mexique. «L’éléphant», séducteur invétéré aux nombreuses conquêtes féminines, «ogre» dans tous les sens du mot, travailleur infatigable, grande gueule, gouailleur, mythomane, menteur compulsif… Militant communiste convaincu, mais n’hésitant pas à peindre pour les plus grands magnats capitalistes… Divorcé deux fois, avec plusieurs enfants, il a 21 ans de plus que Frida au moment de leur mariage…
Elle, Frida KAHLO la «Colombe», peintre hors-normes, fascinante jeune fille portant toujours des bijoux, très belle, toujours élégante, meurtrie par la maladie et les accidents de la vie, aimant par-dessus tout la vie, la solitude, l’art, la politique, le féminisme, le sexe… Elle aime les études, la liberté, les voyages, boire, jurer, draguer et surtout… peindre!..

M. Le CLÉZIO, nous raconte donc tout simplement l’histoire commune de ces deux êtres complémentaires, de leur première rencontre – alors que Frida a 15 ans et que lui est déjà au faîte de sa gloire -, à la mort de celle-ci, en passant par leurs voyages, la peinture, leurs engagements politiques, et bien sûr leur divorce et leur remariage… Une vie de couple d’artistes, avec ses hauts et ses bas…

Attention toutefois, cette biographie n’est pas un livre sur l’art! On ne trouvera donc pas ici de descriptions «artistiques» des fresques et tableaux des deux artistes, pas de reproduction, pas d’interprétation des œuvres. Non, ce livre est avant tout une biographie du couple que constituent Diego et Frida. L’auteur analyse surtout leur relation. Comment ils s’influencèrent mutuellement l’un l’autre, comment l’une était la muse de l’autre, et comment l’autre était le «moteur» artistique de l’autre, comment ils était fusionnels au point de vue «artistique» du moins, comment même quand il n’y avait absolument plus rien entre eux, ils avaient besoin l’un de l’autre pour vivre…

Que dire de plus? Je n’ai qu’une chose à dire: Quelle écriture, mais alors quelle écriture! Que c’est bien écrit, non, que c’est très très bien écrit! Un style unique, une écriture précise, belle, fine, stylisée, choisie. Pas un mot qui dénote par rapport aux autres, pas une phrase qui détonne par rapport à une autre… Tout est travaillé, avec beaucoup de soins, avec une précision chirurgicale! Franchement, pour un lecteur c'est vraiment un plaisir de passer quelques heures à lire une si belle écriture!

Et aussi, gardez bien auprès de vous votre Wiki. En effet, malheureusement pour nous, M. Le CLÉZIO oublie un peu trop vite que nous sommes pas tous spécialistes de l’histoire du Mexique, et que donc beaucoup de noms - dont il nous abreuve, littéralement - nous sont totalement inconnus! P. ex. vous savez vous qui était Juan Rufino TAMAYO (1899 - 1991)? Ou bien encore José Clemente OROZCO (1883 - 1949)? Il ne faut donc pas hésiter une seconde à aller regarder exactement qui est qui et quel est son rôle dans l’histoire du Mexique!

Alors, est-ce un livre «parfait»?
Non bien sûr! Mais, nous n’en sommes pas loin… Disons p.ex. que «bizarrement» certains détails de la vie de Frida sont à peine évoqués comme p. ex. sa liaison avec Léon TROTSKI (1879 – 1940), minimisés, comme p. ex. ses amours saphiques, ou carrément passés sous silence comme p. ex. sa liaison avec Jacqueline LAMBA (1910 – 1993).
Il y a aussi le fait que les derniers chapitres se traînent un peu en longueur. J’ai l’impression que l’auteur ne savait plus trop quoi dire. Cela tourne un peu en rond, il y a plusieurs redites, et l’on sent poindre un peu l’ennui… En fait, à partir du moment où Diego et Frida se remarient (en décembre 1940), et qu’ils deviennent un couple tout à fait «ordinaire», c’est comme si l’auteur n’avait plus rien à dire sur leur vie…
Mais, quand on pèse le pour et le contre, franchement on se dit que ces «détails» ne sont absolument rien, face à la beauté du texte et du livre…

Pour finir, est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui, oui et oui-oui! Ne fût-ce que pour «apprécier», la magnifique écriture de M. Le CLÉZIO. J’ai été ébloui par son style unique. J’avais déjà lu ce livre dans une «autre vie», bien avant mon arrivée sur CL et je me rappelle que j’avais déjà aimé passionnément ce livre, mais là, je dois dire que je l’ai aimé «À la folie»!

Rappelons que M. Jean-Marie Gustave Le CLÉZIO, a obtenu le Prix Prince-Pierre-de-Monaco en 1998 et le Prix Nobel de Littérature en 2008.