Canardo (Une enquête de l'inspecteur), tome 06 : La Cadillac blanche de Sokal
Catégorie(s) : Bande dessinée => Aventures, policiers et thrillers
Visites : 4 679 (depuis Novembre 2007)
Belle auto...
Prenons le temps de parler, ne serait-ce qu’un peu, de Benoît Sokal. C’est toujours facile de dire d’un auteur qu’il est bon, qu’il est potentiellement un des meilleurs de sa génération, qu’on n'a pas fini d’en entendre parler, qu’il est étonnant, qu’il est surprenant, remarquable et que sais-je encore… Mais, je suis bien obligé de reconnaître que Benoît Sokal est un peu tout cela d’une façon ou d’une autre…
Ce belge – oui, la bande dessinée est souvent réalisée par des Belges et le terme de Franco-Belge est bien souvent une réalité même si de nos jours l’ouverture est réelle aussi – est né à Bruxelles, en 1954. Il va faire son apprentissage à l’Institut Saint-Luc, difficile certainement quand on lit ce qu’il dit de cette école dans L’affaire belge. C’est en 1978 qu’il entre dans l’équipe de (A suivre) pour créer Canardo, cet inspecteur privé, alcoolique et toujours fatigué, au moins autant anti-héros que le lieutenant Colombo avec qui il partage le vieil imperméable gris… Il est important de préciser que les personnages de cette série sont dotés de têtes d’animaux, ce qui n’en fait pas pour autant une lecture pour enfants… Mais Benoît Sokal n’est pas seulement l’auteur de Canardo, encore que ça justifierait pleinement sa réputation, son talent… non, il est aussi ce génial raconteur qui un jour a écrit ce qui est, pour moi, un chef d’œuvre, Le vieil Homme qui n’écrivait plus, dont je vous parlerai certainement un jour… En attendant revenons à ce Canardo, objet de notre critique aujourd’hui…
Canardo est un privé très particulier et nous le retrouvons, cette fois-ci, doté d’une magnifique Cadillac blanche, qu’il n’a pas fini de payer, soit dit en passant… Mais ce n’est pas là le cœur de l’intrigue. Canardo doit retrouver la fille d’un paysan, un producteur de blé, un homme peu scrupuleux qui ne veut pas voir la police se mêler de ses affaires… Canardo part donc à la recherche d’Elodie, et pour cela, il devra affronter le No Man’s Land, un pays où le blé ne pousse pas, qui est toujours en guerre, qui fait peur, où personne ne veut s’aventurer…
Canardo sera accompagné – plus qu’aidé – par un grand journaliste local, le grand Klapov, un homme efficace, de conviction et à l’éthique parfaite, enfin presque…
La guerre décrite, celle qui ravage le No Man’s Land, est assez surprenante, mais le milieu journalistique qui la couvre m’a rappelé bien des réalités que j’ai connues en Arabie Saoudite, au Kosovo et ailleurs… Le seul personnage que je n’ai pas pu reconnaître c’est le grand Ballingway car Hemingway était parti depuis longtemps pour un reportage au paradis quand je suis arrivé sur certains champs de bataille… Mais Benoît Sokal s’amuse bien avec ces personnages qui n’apportent pas grand chose à l’histoire et qui font que cette série n’est pas seulement policière, en fait c’est une histoire psychologique, humaine, burlesque, qui se déguise, s’habille en intrigue policière… Et c’est très réussi…
Comme la guerre est comme un grand fantasme, Sokal n’hésite pas à convier d’autres personnages des aventures de Canardo, même si certains ne jouent strictement aucun rôle, Clara, Raspoutine, Carmen…
Tout se finira bien, Elodie pourra rentrer chez elle – qui s’en réjouira ? – la guerre pourra continuer paisiblement dans le No Man’s Land, Ballingway alignera ses verres vides devant une piscine en plein conflit, et le rédacteur en chef de L’écho des labours sera bien obligé de compter avec son grand reporter Klapov… Allez, une petite bière ? C’est Canardo qui paye sa tournée !
Bel album pour ceux qui n’ont pas peur de sortir des clichés classiques…
Les éditions
Les livres liés
Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Forums: Canardo (Une enquête de l'inspecteur), tome 06 : La Cadillac blanche
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Canardo (Une enquête de l'inspecteur), tome 06 : La Cadillac blanche".