Du côté de chez Jean de Jean d' Ormesson
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Ma vie. Ma vie. Ma vie.
C'était au temps où la planète comptait 2.795 milliards d'habitants, où on prenait la nationale 7 pour aller dans le Midi. C'était en 1957-1958 et Jean d'Ormesson se demandait déjà que faire de sa vie. C'était hier et c'est si loin pourtant.
Bien sûr, comme toujours chez lui, c'est magnifiquement écrit et, comme toujours, il parle de lui. En une quinzaine de chapitres qui sont autant de courts essais, il galope du désordre à l'indépendance, du refus de système à l'argent, de sa bêtise (supposée) à sa paresse (réelle?), du soleil aux jeunes femmes, de l'ennui à l'ambition.
d'Ormesson cultive joliment le paradoxe en le mâtinant d'autocrique mais jamais de dérision. Seul l'instant présent compte puisqu'il est capable de promouvoir, sans aucune gêne, aujourd'hui le contraire des idées qu'il défendait hier.
J'ai trouvé ce livre très inégal. S'il est plein de phrases qui sont autant de formules - "J'ai l'amour triste comme d'autres ont le vin gai" est une des plus jolies - et de futures citations pour dissertations lycéennes, il est aussi parfois ennuyeux car, à ne parler, fût-ce brillamment, que de lui, il en oublie ou lasse le lecteur.
Bien sûr, déjà apparait le grand écrivain qui, en deux phrases, scelle son destin: "Je passe - et je suis, sans doute- léger, gai, superficiel" suivi de "Ce qui me travaille...c'est bien simple, c'est moi. Je ne sais pas que faire de moi."
Evidemment, il saura quoi faire de lui et la suite le prouvera mais il ne rejoindra jamais - par légèreté? par gaiété? par superficialité?- ces génies qu'il admire tant.
Enfin, c'est simplement mon avis.
Les éditions
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Du côté de chez Jean [Texte imprimé] Jean d'Ormesson,...
de Ormesson, Jean d'
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070370658 ; 6,90 € ; 03/11/1978 ; 214 p. ; Poche
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Un bijou dans le genre
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 13 mai 2018
Un bijou dans le genre !
Extraits :
- Ma stupidité m’atterre. Je m’en consolerais aisément si j’étais très beau ou très riche. Mais, d’une allure médiocre et d’une fortune moyenne, je m’inquiète de me sentir en outre, incapable d’être Dante, Aristote ou saint Paul. Ce n’est pas que j’attache une importance particulière à fonder des religions ou à écrire des métaphysiques. Se promener en yacht ou ne rien faire me semble infiniment plus plaisant. Mais il faut bien tenter, d’une façon ou d’une autre, de se distinguer de ses pareils. Rien de plus ennuyeux que l’anonymat lorsqu’il n’est pas volontaire ; mener la vie de tout le monde est évidemment insupportable.
- Que deviennent les problèmes quand on les ignore ? Ils disparaissent. Ah ! que voilà une jolie méthode pour résoudre la quadrature du cercle et les scrupules de la conscience.
- (…) cette putain saoule qu’est la pensée.
- « Fais ce que tu veux ». Chaque instant est séparé des autres. Je suis seul au monde. Les actes n’ont pas d’avenir. Le passé est fini. Demain est un autre jour. Rien n’a d’importance. Fais ce que tu veux. Sans doute, tout cela est faux. Mais qu’importe ? Je ne suis qu’un fantoche qui va au gré des vents.
- Quand je regarde le soleil dans un ciel sans nuages, je ne me pose plus de questions. Dans ma vie sociale, l’amour du soleil joue un rôle, somme toute assez curieux. De me faire passer de temps en temps pour un parfait imbécile. Car, le temps qu’il fait occupe naturellement mon esprit sensiblement plus souvent qu’il ne convient à une intelligence normalement constituée. La place qu’il tient dans mes conversations paraît d’abord monstrueuse à l’individu que j’entretiens. Il se dit : « C’est un fou », puis : « C’est un crétin ».
- Les femmes m’ennuient vite. Cela m’enchante. Je méprise assez ceux qui leur parlent pendant des heures. Même celles que j’aime parviennent aisément à me lasser. Elles ne m’intéressent guère que pour coucher avec elles et pour savoir - en gros- ce qu’elles pensent de leur mari, de leur père, de l’existence de Dieu et des plaisirs interdits.
- L’ennui me vient rarement de moi-même ; il jaillit des autres, comme d’une ville assiégée, pour se précipiter sur moi. Je ne m’ennuie guère quand je suis seul : je lis, je rêve, je dors surtout, il m’arrive même de me promener. Mais quand les autres surgissent, ils veulent m’expliquer ce qu’ils pensent ou raconter ce qu’ils font. Alors, l’ennui me saccage.
- A force de tout bousculer, tout est tombé en miettes. Il ne reste plus grand-chose debout. Et ce qu’on a voulu reconstruire ne nous paraît pas plus solide que les débris à terre. Une fois l’alexandrin brisé, le vers libre n’a pas été long, si j’ose dire, à nous casser les pieds.
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En bonus, Jean d’Ormesson invité de l’émission « Hep taxi ! » de la Rtbf :
https://rtbf.be/auvio/detail_hep-taxi/…
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