L'orage rompu de Jacqueline Harpman
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un train manqué
Deux vies bien réglées se rencontrent par hasard. Dans un train, durant deux heures, elles se révèlent en douceur.
Des simples banalités, elles passent progressivement aux souvenirs intimes. Au diable la pudeur ! La tension monte, le désir aussi de part et d'autre de la table du wagon-restaurant. L’homme fait voler en éclat son confortable
train-train quotidien marital, tandis qu’en face, une femme tangue entre passion et fuite. Pourquoi chercher les ennuis quand on a ses petites habitudes et que, jusqu’à cette rencontre, on les appréciait. Le malaise va crescendo comme lorsque deux corps vont faire l’amour. L'excitation monte, ils se découvrent, appréhendent et désirent en même temps ce moment. Le contrôle va leur échapper d'un instant à l’autre et ils s'imaginent déjà dans d'autres contrées. Mais au point de non-retour, Jacqueline Harpman les ramène brutalement à la réalité. C'était trop beau pour être vrai, cette vision d’Eden dans laquelle elle les a, et nous a aussi, embarqués. Nous avions beau résister vaillamment à ce délire passionné, nous allions presque y croire, y succomber.
Mais que faire contre la peur de l’inconnu, la crainte de souffrir ? Apparemment, fuir.
Ainsi vont les vies, ainsi fonctionnent les êtres. Des centaines de rouages se croisent dans leurs cerveaux tour à tour raisonnables et passionnés. Jacqueline Harpman n'a pas son pareil pour mettre à plat leurs mécanismes, qui à peu de choses près se ressemblent tous dans les têtes des faibles et contradictoires créatures que nous sommes.
Les éditions
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L'orage rompu [Texte imprimé], roman Jacqueline Harpman
de Harpman, Jacqueline
B. Grasset
ISBN : 9782246563914 ; 17,90 € ; 04/03/1998 ; 217 p. ; Format Kindle
Les livres liés
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Les critiques éclairs (7)
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Creation sublimante
Critique de Antoine Cailliau (Louvain-la-Neuve, Inscrit le 13 avril 2004, 37 ans) - 29 mai 2004
Mon avis sur le livre est clair, elle nous donne l'impression d'être son personnage. L'homme s'est toujours éprit de savoir ce qui siégait exactement en lui, le bien le mal, l'homme la femme... Sujet qui parfois mène à la morosité et s'englue dans un style un peu lourdet... Heureusement, harpman est là et elle relève la tête de ce thème parfois barbant. Bravo à elle.
Accueil mitigé
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 28 avril 2004
Cette histoire, c'est celle d'un huis-clos entre un homme et une femme, sur la ligne TEE (qui deviendra Thalys) Paris-Bruxelles. Trois heures de voyage, elle souhaite manger, il reste une seule place au wagon-restaurant en face de cet homme, elle s'installe. Cornélie revient des funérailles de son ex-mari, un homme qu'elle pensait ne plus aimer et dont les traces refont douloureusement surface. En face d'elle, Henri Guérin, un homme d'affaires à la vie bien rangée, homme tranquille à l'allure distinguée.
La conversation s'engage, Cornélie se livre comme jamais, elle raconte ses souvenirs et ses fantasmes, ses histoires les plus intimes, comme sa première expérience sexuelle (une artériole qui se rompt, l'effusion de sang, une première fois qui sera la dernière avec ce garçon, Jacques), ses uniques émois lesbiens, son mariage, ses enfants, ses doutes, tout ce qu'elle conserve enfoui en elle depuis tant d'années. Le Clos-Vougeot aide à ces confidences, mais il n'y a pas que ça. Entre Cornélie et Henri, c'est l'alchimie, la fusion, la révélation des sens. En trois heures de voyage et de conversations, ils tombent en amour l'un pour l'autre, Henri lui propose de le suivre, de vivre leur folie toute entière, comme des amants s'il le faut, davantage encore si elle le souhaite. Mais voilà, Cornélie est une éternelle angoissée, apeurée à l'idée de prendre la moindre décision, malheureuse lors de son premier mariage et morte de peur à l'idée de souffrir à nouveau. Cornélie n'aime pas faire des choix, encore moins avancer vers l'inconnu. Elle a ainsi acquis de petites manies, comme choisir le premier plat qui lui plaît sur la carte, afin de ne jamais avoir à hésiter, consciente que ce sera une souffrance intolérable. Toute sa vie est bâtie sur ce mode. Il n'y a qu'avec les chiffres qu'elle s'entend (elle est statisticienne), car avec eux, tout marche droit.
Trois heures de discussion, la naissance d'une passion dévorante, la question de tout quitter pour vivre cette folie et la réponse, tant attendue, tellement courue depuis les premières lignes. Comment Cornélie qui a peur de tout pourrait-elle partir ? Léger agacement devant cette fin inévitable, j'aurais espéré davantage.
Ce roman ne m'a pas emballée. Il rassemble pourtant tous les éléments chers à Jacqueline Harpman, la narration à la première personne, l'impression grandissante quil s'agit d'une autobiographie, le portrait d'une femme tourmentée, l'aternance entre assurance et fragilité, une remise en question, un bouleversement final qui jamais ne se produit... Oui, tout était là mais la magie n'a pas opéré, trop plat pour moi. Un sourire cependant, l'évocation par deux fois de la ville belge dans laquelle je réside la moitié du temps, petite ville perdue sur une carte, dont jamais personne ne parle. Ce fut sans doute mon pincement au coeur, le reste m'a paru trop pesant.
"Les yeux (...) sont les fenêtres de l'âme"
Critique de Cendrine (, Inscrite le 12 février 2004, 44 ans) - 8 avril 2004
C’est vrai que nos yeux reflètent notre âme, ce qu’il y a au plus profond de nous… Parfois ils brillent, parfois il scintillent… Il arrive qu’ils s’assombrissent pour ensuite s’éteindre doucement et s’embrumer… Les yeux parlent et dévoilent la vérité…
"Cornélie n’a pas d’amant, c’est pour ça qu’elle est si triste".
... parce qu’encore une fois l’indécision est le propre de l’Homme… On se questionne, on se pose quelques instants… On réfléchit… On se décide… On regrette…
Remords - Regrets
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 12 mars 2002
« De nos jours, la plupart des gens meurent d'une espèce de bon sens rampant et découvrent trop tard qu'il n'y a que les erreurs qu'on ne regrette jamais. » Oscar Wilde – Aphorismes
« Le regret est un amplificateur du désir. » Marcel Proust & Albertine Disparue
« Quand on connaît les femmes, il faut bien avouer qu'elles ont plus de regret de n'avoir pas commis une mauvaise action profitable, que de remords de l'avoir faite. » Mme de Rémusat – Essai sur l'éducation des femmes
« Ceux qui connaissent les hommes savent que le regret de n'avoir pas fait une mauvaise action profitable est bien plus commun que le remords. » Duc de Lévis (maréchal de France) & Maximes et réflexions
« La seule liberté que nous concède la vie, c'est de choisir nos remords. » Jean Rostand
« Pour ma part, je préfère de loin les remords… au moins, je n’ai pas de regret ! » Pascal Wattie – Pensées giratoires
Il y a l'art et la manière, J.H possède les deux !
Critique de Thémis (Ligny, Inscrite le 17 avril 2001, 54 ans) - 10 mars 2002
Cette histoire aurait pu paraître insignifiante à première vue, mais c’était sans compter sur le talent de Jacqueline pour en faire quelque chose de spéciale.
Des personnages qui en apprennent tant sur eux-mêmes pendant ce simple repas au wagon-restaurant qu'ils seraient prêts à se remettre en question et changer le cours de leur vie !
Vaut-il mieux vivre avec des remords ou des regrets...?
Quelle plume, quelle finesse...
Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 70 ans) - 15 septembre 2001
Dans l'orage rompu, Cornélie revient de Paris où elle a enterré son ex-mari sans émotion. Dans le wagon-restaurant du regretté TEE vers Bruxelles, elle dîne et entame la conversation avec son voisin de table, un quadragénaire banal et distingué. La conversation prend une tournure de confidences, de plus en plus intimes et le pauvre quadra en est déstabilisé, voire séduit et bouleversé. Les sentiments gagnent du terrain entre ces deux inconnus , dans un crescendo maîtrisé avec art et finesse. Mais le surmoi n’a pas dit son dernier mot...
Comment fait-elle?
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 31 juillet 2001
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