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Je comprends la critique de Vince92 sur ce livre qu'il estime vieilli. C'est une opinion que je partage, mais il me paraît nécesaire de la nuancer. Ce livre écrit il y a 50 ans comporte inévitablement des manques par rapport à la situation actuelle et on peut contester certaines analyses. Par contre il reste un "manuel" de base concernant la manière de traiter l'histoire. Qui donc est capable aujourd'hui de nous fournir une histoire du monde aussi riche, documentée, remarquablement mise en perspective et encore largement explicative de l'actualité?
Je signale dans cet esprit un numéro spécial de "Le Monde - La Vie" intitulé "L'atlas des minorités" extrêmement intéressant par sa démarche et son caractère historique et exhaustif. Il comporte en sous-titre: "comprendre le présent à la lumière du passé".
Ce qui me fait dire que Braudel a finalement bien travaillé.
Je signale dans cet esprit un numéro spécial de "Le Monde - La Vie" intitulé "L'atlas des minorités" extrêmement intéressant par sa démarche et son caractère historique et exhaustif. Il comporte en sous-titre: "comprendre le présent à la lumière du passé".
Ce qui me fait dire que Braudel a finalement bien travaillé.
Plus que les évolutions qui ont marqué l'histoire des civilisations et qui font du livre de Braudel un document daté, ce que je lui "reproche" est une simplification à outrance de la typologie qu'il retient de ces civilisations. Le plus caricatural étant à mon sens le regroupement en une seule civilisation des sous-ensembles islamiques.
Le format de l'étude (un manuel d'histoire destiné aux terminales) commandait sans doute les raccourcis et simplifications et l'étude générale reste valide.
Cependant, cette simplification entraîne et a entraîné des raccourcis dangereux dans l'analyse des événements actuels et à venir.
Je pense notamment au célébrissime Choc des civilisations de S.Huntington qui prend pour point de départ l'ouvrage de Braudel. Comment parler d'un conflit Islam-Occident alors qu'il y a une multitude d'Islam qui sont principalement en lutte entre-eux (ça n'enlève rien au fait que l'Islam en tant que religion est entré en lutte contre d'autres religions ou idéologies de façon systématique depuis des décennies déjà), je prends par exemple la guerre civilie en gestation en Irak entre Sunnites et Chiites...
Le format de l'étude (un manuel d'histoire destiné aux terminales) commandait sans doute les raccourcis et simplifications et l'étude générale reste valide.
Cependant, cette simplification entraîne et a entraîné des raccourcis dangereux dans l'analyse des événements actuels et à venir.
Je pense notamment au célébrissime Choc des civilisations de S.Huntington qui prend pour point de départ l'ouvrage de Braudel. Comment parler d'un conflit Islam-Occident alors qu'il y a une multitude d'Islam qui sont principalement en lutte entre-eux (ça n'enlève rien au fait que l'Islam en tant que religion est entré en lutte contre d'autres religions ou idéologies de façon systématique depuis des décennies déjà), je prends par exemple la guerre civilie en gestation en Irak entre Sunnites et Chiites...
Vince92: à la suite de ton commentaire j'ai relu la partie de "la grammaire" consacrée à l'Islam et je suis désolé mais je n'y trouve pas les réserves que tu formules. Je ne rencontre pas l'amorce d'un conflit Islam-Occident, mais, interne à l'Islam, d'un conflit modernisation-tradition. Si Huntington (que je n'ai pas lu) se réclame de Braudel, je ne vois pas comment il peut faire émerger de ce livre nuancé et mesuré la source d'une théorie de l'affrontement. Par contre, on trouve chez Braudel suffisamment d'attention aux déchirements internes du monde musulman pour nourrir la vision d'un monde islamique éclaté et divisé, encore que uni par une sorte de socle commun. Ceci dit, si je reconnais la nécessité d'actualiser la vision de Braudel, je ne vois pas en quoi il faut remettre en cause sa conception de l'histoire qui, au delà des limites de l'ouvrage, reste une grande leçon de philosophie historique.
Ce livre reste utile pour ce que l'auteur appelle l'histoire ancienne, des temps longs, et reste, effectivement, à actualiser pour la période à partir de 1966, date de la réédition avec post-scriptum par chapitre. En plus, cela intervient en pleine guerre froide. Mais l'étude de civilisations ne se comprend justement qu'à partir de sa genèse et ses fondements, et une telle découverte et la réflexion qui s'ensuit nécessitent bien de se pencher sur les temps longs, les tendances lourdes.
Après, sur le chapitrage, trop général et globalisant, il est partiellement dû au volume initial donné à l'auteur, qui devait justement écrire un manuel, de surcroît pour l'enseignement secondaire. Il est délicat, me semble-t-il, d'aller plus loin : il est déjà très dense.
Il est certes dommage de regrouper des choses qui pourraient être, au moins partiellement, distinctes. Mais, là encore, il faut déjà commencer par maîtriser les grands ensembles, avant de raffiner. Cela vaut pour le monde islamique comme pour l'Amérique latine et les pays de langue anglaise.
Ce livre reste, me semble-t-il, une base de référence, certes à compléter, en raison de sa date de parution.
Après, sur le chapitrage, trop général et globalisant, il est partiellement dû au volume initial donné à l'auteur, qui devait justement écrire un manuel, de surcroît pour l'enseignement secondaire. Il est délicat, me semble-t-il, d'aller plus loin : il est déjà très dense.
Il est certes dommage de regrouper des choses qui pourraient être, au moins partiellement, distinctes. Mais, là encore, il faut déjà commencer par maîtriser les grands ensembles, avant de raffiner. Cela vaut pour le monde islamique comme pour l'Amérique latine et les pays de langue anglaise.
Ce livre reste, me semble-t-il, une base de référence, certes à compléter, en raison de sa date de parution.
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