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Effectivement, il ne faut pas préjuger du caractère historique de l'oeuvre.
Un historien sérieux, Alexandre Skirda, spécialiste de l'Ukraine du début du XXeme siècle, a publié "Makhno, le cosaque libertaire". Cette étude très documenté montre la fausseté des allégations distillées dans le Kessel.
Alors quoi? Faut-il critiquer vertement les écrivains lorsqu'ils inscrivent leurs récits dans un cadre historique? Faut-il s'insurger seulement lorsqu'ils mettent en scène des personnages réels sans égard pour la vérité historique? Ne faut-il pas accepter une interprétation personnelle de l'écrivain?
Nombres de romans font vivre des personnages historiques. Or il s'agit de roman et pas de livres d'histoires. Si l'exposition des faits et la méthodologie sont en histoire, sources de polémiques entre spécialistes, l'interprétation des faits, le sens, l'analyse proposée sont encore plus délicats. Mais la dispute universitaire est la règle du jeu et le cadre étant posé, il est possible de porter un jugement critique.
Dans le cadre des romans ce devrait être plus aisé encore puisque l'auteur ne produit justement qu'un roman. Mais voilà, le roman mobilise des affects avec plus d'efficace que l'ouvrage historique. Il est parfois plus populaire et marque la culture d'une empreinte parfois plus profonde.
Comment juger alors? Sans doute faut-il pondérer la réussite littéraire par la prétention historique du romancier et, en comparant avec le travail des historiens, décider dans quelle mesure le romancier a fait preuve de complaisance ou de trucage idéologique. Après tout c'est sa crédibilité qui est en jeu, pas son talent d'écrivain.
Kessel est-il détestable dans son ouvrage sur Makhno car le sérieux de son ton n'a d'égal que l'outrancière fausseté de son portrait de Makhno et de son équipe.
Il semble bien que Makhno ait été le contraire d'un brigand, et qu'il permis en plus, avec l'ensemble du peuple ukrainien, de procéder à des distinctions essentielles sur le plan de la pensée politique et de l'organisation. Ainsi est-il possible de faire une critique libertaire du communisme bolchévique, ainsi est-il possible de voir un peuple devenir, sans aucune prédisposition objective (au sens des conditions historiques de la révolution définies par les marxistes orthodoxes) le fer de lance de l'organisation autonome.
Bref, que dirait-on si un grand écrivain faisait avec sérieux de Jean Moulin un fasciste ou de Bush un humaniste et un génie de la physique des particules?
Comme quoi, le film de Tarantino (fort critiqué sur cet aspect), par son caractère ouvertement bouffon, semble moins détestable que l'entreprise de Kessel.
Un historien sérieux, Alexandre Skirda, spécialiste de l'Ukraine du début du XXeme siècle, a publié "Makhno, le cosaque libertaire". Cette étude très documenté montre la fausseté des allégations distillées dans le Kessel.
Alors quoi? Faut-il critiquer vertement les écrivains lorsqu'ils inscrivent leurs récits dans un cadre historique? Faut-il s'insurger seulement lorsqu'ils mettent en scène des personnages réels sans égard pour la vérité historique? Ne faut-il pas accepter une interprétation personnelle de l'écrivain?
Nombres de romans font vivre des personnages historiques. Or il s'agit de roman et pas de livres d'histoires. Si l'exposition des faits et la méthodologie sont en histoire, sources de polémiques entre spécialistes, l'interprétation des faits, le sens, l'analyse proposée sont encore plus délicats. Mais la dispute universitaire est la règle du jeu et le cadre étant posé, il est possible de porter un jugement critique.
Dans le cadre des romans ce devrait être plus aisé encore puisque l'auteur ne produit justement qu'un roman. Mais voilà, le roman mobilise des affects avec plus d'efficace que l'ouvrage historique. Il est parfois plus populaire et marque la culture d'une empreinte parfois plus profonde.
Comment juger alors? Sans doute faut-il pondérer la réussite littéraire par la prétention historique du romancier et, en comparant avec le travail des historiens, décider dans quelle mesure le romancier a fait preuve de complaisance ou de trucage idéologique. Après tout c'est sa crédibilité qui est en jeu, pas son talent d'écrivain.
Kessel est-il détestable dans son ouvrage sur Makhno car le sérieux de son ton n'a d'égal que l'outrancière fausseté de son portrait de Makhno et de son équipe.
Il semble bien que Makhno ait été le contraire d'un brigand, et qu'il permis en plus, avec l'ensemble du peuple ukrainien, de procéder à des distinctions essentielles sur le plan de la pensée politique et de l'organisation. Ainsi est-il possible de faire une critique libertaire du communisme bolchévique, ainsi est-il possible de voir un peuple devenir, sans aucune prédisposition objective (au sens des conditions historiques de la révolution définies par les marxistes orthodoxes) le fer de lance de l'organisation autonome.
Bref, que dirait-on si un grand écrivain faisait avec sérieux de Jean Moulin un fasciste ou de Bush un humaniste et un génie de la physique des particules?
Comme quoi, le film de Tarantino (fort critiqué sur cet aspect), par son caractère ouvertement bouffon, semble moins détestable que l'entreprise de Kessel.
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