DE GOUGE
avatar 14/12/2011 @ 19:42:35
Certains d'entre vous ont-ils vécu cette expérience ?
Je fais un bout de ce chemin pendant 15 jours, chaque année : sans aucune notion religieuse (je suis athée, total), mais quelle expérience ...! On s'y épuise physiquement, mais on a l'impression de se nettoyer le corps et la tête. On y fait des rencontres géniales et internationales ! Dirlandaise, à chaque fois, j'ai la plaisir de croiser plein de tes compatriotes, avec leur si joli accent !
On baragouine un mauvais anglais et du coup, on se comprend (sauf avec les Anglais pur jus...) et quand on parle espagnol, ça aide !
Le fait de partager les mêmes galères : épuisement + ou va-t'on dormir ? ou va-t'on diner ? et même pour nous les femmes, ou va-t'on pisser ? donne une étonnante capacité à échanger du plus trivial au devenir de l'humanité ....Et que de fous rires !
Peu de cathos (il ne font, le plus souvent, que les 250 derniers Km, pour avoir le fameux tampon dont les autres se moquent).
Alix de Saint André a fait un super livre sur le sujet 'En avant, route"
Si vous connaissez le chemin, ça me ferait plaisir d'avoir votre point de vue !

Saule

avatar 14/12/2011 @ 20:13:43
Je l'ai fait en 2004, avec le support de critiqueslibres qui me suivait au fil de mes étapes, ce qui m'avait bien aidé. En particulier Tistou et Lucien, qui y connaissent un bout en bobo physique, m'avaient drôlement bien aidé. J'avais un fil sur lequel je donnais des nouvelles, ce qui fait que je me sentais "poussé' par les gens :-)

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

C'est un super souvenir. Je trouve que le GR 25 qui va du Puy jusqu'au Pyrénée est incroyablement beau, les paysages changent tout les quelques jours : montagnes pelées dans l'Aubrac, puis forêts de chataigniers, puis la vallée du Lot et chaque village qui s'auto-proclame "plus beau village de France" (mention pour Estaing ou on est super bien accueilli), un passage très aride dans une région ou les chênes restent tout petit, puis le choc dans les Landes, quand on voit les Pyrénées avec ses sommets enneigés scintillés dans le lointain, 200 km avant d'y être. Le Gers, c'est superbe aussi, avec des petites cathédrales dans chaque village, et des grands Cèdres du Liban. D'un point de vue humain, c'est surtout la première partie, ou j'étais seul sur la route qui m'a marquée : comme je ne rencontrais personne, j'étais devenu beaucoup plus social quand j'étais hébergé quelque part.

Ou es-tu arrivée ? As-tu déjà dépassé Burgos ? L'avantage de le faire par petit bout, c'est qu'on prolonge le plaisir !

DE GOUGE
avatar 14/12/2011 @ 21:17:42
Comme je traine un ancien cancer du genou et ses séquelles, j'ai eu peur de faire les pyrénées, stupide ! La suite est tout aussi rude !
Je suis partie de Pampelune jusqu'à Burgos (1er voyage). Pour le second, redépart de Pamplune : avec une amie et ma fille :ça avait été trop beau, il fallait partager ! Ma fille a 22 ans - mèche rouge, piercing, homo, pas très "classique chemin" et sportive, ça a fasciné et fait envie aux "pélerins" ce voyage mère-fille ! La "sportive" s'est fait une tendinite donc on a du abandonner au bout d'une semaine et demi ... Las !
Je repars avec elle en mai : l'amour du Chemin et la tendresse des échanges mère-fille, c'est du bonheur ! On va repartir de Logroño.
Notre objectif, c'est d'aller peu à peu jusqu'au Finis terrae.
Puis, on jouira des pyrénées, jusqu'à Pampelune !A l'envers, tant pis ! Maintenant, je sais que physiquement, je peux assurer.

Que du bonheur en perspective : des paysages superbes et des rencontres étonnantes.
Je vais me faire un plaisir de lire ton récit de voyage !
Le chemin, ce n'est pas un GR, il s'y passe autre chose et je suis contente de connaitre le vécu des autres.

Saint Jean-Baptiste 16/12/2011 @ 17:00:00
De Gouge, je pense que le chemin de Compostelle n’est ni seulement une épreuve physique, ni seulement une occasion de rencontres, comme dans un camp de vacances.
Contrairement à ce que tu dis, je crois qu’il y a énormément de chrétiens, ou d’ex-chrétiens, ou des gens en recherche, qui marchent comme des pèlerins, pour se ressourcer, se remettre en question, retrouver un sens à leur vie.
Bien sûr, il y en a qui font du tourisme et rien de plus, et c’est déjà bien. Mais je crois que la marche à pied, sur un chemin de pèlerinage, devrait pousser, d’abord, à la méditation.

Je ne l’ai malheureusement jamais fait, c’est un des grands regrets de ma vie, mais je connais beaucoup de gens qui l’ont fait et qui ont témoigné ; beaucoup disent que ça a changé leur vie, ils ne sont plus les mêmes depuis cette expérience, parce qu’ils l’ont voulue spirituelle.

Ce serait dommage, je trouve, de partir avec l’à priori : je suis athée, tout ça ne m’intéresse pas ! Je crois que ce serait perdre la dimension spirituelle de l’expérience.

Ceci dit, bonne route, bon vent, et prompt rétablissement à ta fille !
Tu devrais faire comme Saule, nous donner un compte-rendu au fur et à mesure…

DE GOUGE
avatar 16/12/2011 @ 20:05:50
Je te rejoins entièrement sur une chose SBJ, lorsque j'ai spécifié, le Chemin ce n'est pas un GR, c'est à cette dimension de reflexion sur soi même et les autres, à laquelle je faisais allusion !

Quand on marche jusqu'à l'épuisement, chaque jour, on évacue tout ce qui n'est pas essentiel et on se retrouve, dans sa tête, dans une autre dimension.... Et sans pouvoir échapper à soi même !
Pour moi, elle n'est pas spirituelle, cette dimension, elle s'assimile à une formidable introspection. J'aurais du effectivement mettre plus en avant cet aspect essentiel du Chemin, ça me paraissait un peu personnel c'est pourquoi je n'ai développé, dans un premier temps, que l'aspect extérieur !

Rassure toi, le genre Club Med, ce n'est pas mon truc, et si je veux retourner sur le Chemin, c'est pour mon corps, les rencontres et les échanges étonnants qui en découlent, mais aussi et beaucoup, pour fuir un monde ou tout va tellement vite qu'on s'y oublie (s'y perd) et ou, trop souvent, on oublie l'Autre.
Le Chemin est ma "cure" de reprise en mains de moi même.
Dans l'intervalle, je prends un grand plaisir aux écrits de Saule ...

DE GOUGE
avatar 16/12/2011 @ 23:44:31
Pour les non initiés ; quand on fait le Chemin, si on veut trouver ou dormir, ça veut dire : se lever tôt : entre 6 et 7 H, voire avant, et on doit trouver une auberge avant 14 H (sinon , ça craint, dernier délais)
Il reste une 1/2 journée : ou on va dormir ++++ ? La douche (le bonheur), la lessive, un premier repos et et le repas du soir, celui qu'on peut partager, si on veut, , et la découverte du local.
C'est très clair ; le Chemin permet la survie de beaucoup de villages espagnols : "2 à 300 pélerins" par jour,coté français seulement, ça aide !

Vivre un plus de beaux moments, et savoir qu'on aide une économie locale , c"est encore mieux !

SBJ; je te tiendrai au courant............de mes aventures en mai quand je repartirai

Pieronnelle

avatar 17/12/2011 @ 01:53:24
DE GOUGE ta démarche me plait et je la comprends dans le sens où pour moi la marche a toujours été associée à une introspection où les pensées galopent avec ses mises au point ou ses bilans de vie. Mais si elle n'est pas vraiment spirituelle pourquoi Compostelle, pourquoi pas une autre marche vers des lieux inconnus et aussi à découvrir? Pourquoi avec autant de gens? Est-ce dans le même esprit qu'un marathon pour aller jusqu'au bout de soi-même mais parmi les autres? De toutes façons c'est courageux, bravo!

DE GOUGE
avatar 17/12/2011 @ 14:32:39
Pourquoi, Compostelle ?

- Parce que l'itinéraire est super bien fléché ....et moi, sans ça, je me perds, n'ayant absolument aucun sens de l'orientation !
- Parce que l'on trouve un peu partout des auberges et repas à destination des marcheurs, à des prix défiant toute concurrence ... c'est terre à terre, mais ça compte !
- Parce que c'est la notoriété du lieu qui attire ce public si cosmopolite et avec lequel on peut échanger
- Parce qu'on sait qu'on va découvrir des paysages somptueux !
- Parce que ces règles de lever, de ne pas rester 2 nuits de suite dans la même aubrge obligent à rentrer dans un rythme, partagé avec tous. Comme je suis flemmarde, je sais que je me laisserais parfois aller si on pouvait demeurer de temps en temps sur place.

Voila

Palorel

avatar 17/12/2011 @ 14:49:17
Quand on marche jusqu'à l'épuisement, chaque jour, on évacue tout ce qui n'est pas essentiel et on se retrouve, dans sa tête, dans une autre dimension.... Et sans pouvoir échapper à soi même !
Pour moi, elle n'est pas spirituelle, cette dimension, elle s'assimile à une formidable introspection.


Je confirme. J'ai le souvenir d'étapes du GR20 en solitaire et c'est une expérience formidable. Très souvent, sans trop savoir pourquoi et sans être particulièrement triste, il m'arrivait de pleurer lors la dernière heure de l'étape. C'est très étrange.

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