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Ce qui parut évident aux témoins de l'époque a été depuis repensé, à la lumière de deux arguments essentiels :
- la psychologie de l'homme Primo Levi : si attaché à témoigner par tous les moyens de ce qu'il avait vécu, toute son existence d'ingénieur chimiste solidement ancré au monde concret, ses talents multiformes de conteur, d'incorrigible optimiste "malgré tout", de tendre ironiste (toute son oeuvre ne tourne pas seulement autour des camps), la chaleureuse et amicale complicité dont il bénéficia auprès de tous (journalistes, écrivains, critiques, étudiants, gens ordinaires, collègues...), lui faisaient une manière de rempart contre le découragement et l'envie d'en finir ; ceci malgré des difficultés d'ordre familial, responsable qu'il était d'une vieille mère que le très grand âge rendait difficile à vivre. Donc, le personnage ne correspond aucunement à la fin qu'il s'était apparemment infligé. Il "en" avait vu d'autres, comme on dit.
- L'examen des lieux du drame (l'appartement, hérité de ses parents, qu'il habitait depuis toujours dans un vieil immeuble bourgeois d'une grande artère de Turin) a fait apparaître une cause possible sinon probable de ce qui n'aurait été qu'un accident stupide. La rampe d'escalier qui entourait celui-ci, y compris au niveau des paliers, est ridiculement basse par rapport à ce qu'on est en droit d'attendre de ce genre d'équipement. Primo Levi, s'étant dangereusement penché par-dessus la dite rampe, sans doute dans l'attente de quelqu'un ou accompagnant du regard un visiteur prenant congé, aurait alors basculé dans le vide.
Je tire ces renseignements d'un article paru dans "La Stampa" quotidien italien, il y a quelques années, sous la plume d'un journaliste (ou écrivain) américain qui avait examiné attentivement les lieux, à la lumière de tout ce qui précède.
Primo Levi avait encore tant et tant de projets, d'écrits en jachère, d'espérance vivante, que cette hypothèse me paraît infiniment plus plausible... mais la vérité est désormais hors d'atteinte.
- la psychologie de l'homme Primo Levi : si attaché à témoigner par tous les moyens de ce qu'il avait vécu, toute son existence d'ingénieur chimiste solidement ancré au monde concret, ses talents multiformes de conteur, d'incorrigible optimiste "malgré tout", de tendre ironiste (toute son oeuvre ne tourne pas seulement autour des camps), la chaleureuse et amicale complicité dont il bénéficia auprès de tous (journalistes, écrivains, critiques, étudiants, gens ordinaires, collègues...), lui faisaient une manière de rempart contre le découragement et l'envie d'en finir ; ceci malgré des difficultés d'ordre familial, responsable qu'il était d'une vieille mère que le très grand âge rendait difficile à vivre. Donc, le personnage ne correspond aucunement à la fin qu'il s'était apparemment infligé. Il "en" avait vu d'autres, comme on dit.
- L'examen des lieux du drame (l'appartement, hérité de ses parents, qu'il habitait depuis toujours dans un vieil immeuble bourgeois d'une grande artère de Turin) a fait apparaître une cause possible sinon probable de ce qui n'aurait été qu'un accident stupide. La rampe d'escalier qui entourait celui-ci, y compris au niveau des paliers, est ridiculement basse par rapport à ce qu'on est en droit d'attendre de ce genre d'équipement. Primo Levi, s'étant dangereusement penché par-dessus la dite rampe, sans doute dans l'attente de quelqu'un ou accompagnant du regard un visiteur prenant congé, aurait alors basculé dans le vide.
Je tire ces renseignements d'un article paru dans "La Stampa" quotidien italien, il y a quelques années, sous la plume d'un journaliste (ou écrivain) américain qui avait examiné attentivement les lieux, à la lumière de tout ce qui précède.
Primo Levi avait encore tant et tant de projets, d'écrits en jachère, d'espérance vivante, que cette hypothèse me paraît infiniment plus plausible... mais la vérité est désormais hors d'atteinte.
Ca changerait au moins la légende de l'auteur et peut-être aussi une certaine perception de son oeuvre.
Dbz, tu crois vraiment que ça changerait la perception de son oeuvre ?
Nombreux sont les survivants des camps qui, après une vie bien remplie, pas forcément des écrivains, ont choisi la mort.
Il me semble que Bruno Bettelheim, grand psychiatre pour enfants, s'est étouffé avec un sac plastique. Beaucoup ont choisi ce type de suicide et l'on a dit que c'était directement lié à l'horreur des chambres à gaz.
Nombreux sont les survivants des camps qui, après une vie bien remplie, pas forcément des écrivains, ont choisi la mort.
Il me semble que Bruno Bettelheim, grand psychiatre pour enfants, s'est étouffé avec un sac plastique. Beaucoup ont choisi ce type de suicide et l'on a dit que c'était directement lié à l'horreur des chambres à gaz.
Dbz, tu crois vraiment que ça changerait la perception de son oeuvre ?
Je pense que ça changerait la perception que j'ai de Primo Levi devant l'horreur qu'il a vécue. la modification de la conclusion de sa vie changerait sa vie comme la modification de la conclusion d'un livre peut changer l'histoire que le livre raconte ou le message qu'il cherche à faire passer.
Primo Levi était de ceux qui avaient choisi de ne pas subir, de ne pas donner in fine raison aux bourreaux, de ne pas capituler, ne serait-ce qu'en se remémorant la "Divina Commedia" afin de la transmettre à d'autres. C'était un battant qui n'a pas hésité à traquer dans leurs bonnes ou mauvaises consciences tous les Allemands qu'il a volontairement rencontrés après la guerre, soit pour son travail, soit pour ses écrits. Ce petit bonhomme qui n'en imposait pas physiquement avait une conviction d'acier. Mais personne n'était dans le secret de son âme... nous garderons nos incertitudes avec, ouvertes, toutes les hypothèses.
Dans la préface d'un petit livre de Conversations avec Primo Levi, Ferdinando Camon écrit ceci:
"Ce long entretien avec Primo Levi eut lieu au cours de plusieurs rencontres et le texte en fut entièrement relu par lui en 1986, un dimanche de mai. Ce jour-là, nous décidâmes ensemble d'en extraire une dizaine de pages , à paraître dans l'hebdomadaire Panorama pour accompagner la sortie de l'essai Les naufragés et les rescapés, son dernier livre, ainsi qu'il apparut plus tard. Levi choisit des passages contenus ici dans les chapitres " Le diable dans l'Histoire" et " La faute d'être nés". L'échange de conversations au téléphone et, plus rarement, de lettres, continua jusqu'à la semaine même de sa mort- sa dernière lettre( datée du 8 avril 1987) me parvint même deux ou trois jours après celle-ci, et elle était tellement pleine de projets, de souhaits et d'attentes, qu'elle semble inconciliable avec une intention quelconque de disparaitre et d'en finir. Cette lettre m'a laissé la conviction que la mort de Primo Levi fut un accident, ou que, si elle fut voulue, cette volonté n'entrait en aucune façon dans un système , et n'avait pas la forme d'un projet: elle restait, elle aussi, un accident, et rien de plus. D'ailleurs, dans nos conversations, nous nous étions trouvés plus d'une fois devant le problème de la névrose et de la dépression, et Levi avait toujours cru pouvoir dire qu'en général, il n'en était pas affecté."
"Ce long entretien avec Primo Levi eut lieu au cours de plusieurs rencontres et le texte en fut entièrement relu par lui en 1986, un dimanche de mai. Ce jour-là, nous décidâmes ensemble d'en extraire une dizaine de pages , à paraître dans l'hebdomadaire Panorama pour accompagner la sortie de l'essai Les naufragés et les rescapés, son dernier livre, ainsi qu'il apparut plus tard. Levi choisit des passages contenus ici dans les chapitres " Le diable dans l'Histoire" et " La faute d'être nés". L'échange de conversations au téléphone et, plus rarement, de lettres, continua jusqu'à la semaine même de sa mort- sa dernière lettre( datée du 8 avril 1987) me parvint même deux ou trois jours après celle-ci, et elle était tellement pleine de projets, de souhaits et d'attentes, qu'elle semble inconciliable avec une intention quelconque de disparaitre et d'en finir. Cette lettre m'a laissé la conviction que la mort de Primo Levi fut un accident, ou que, si elle fut voulue, cette volonté n'entrait en aucune façon dans un système , et n'avait pas la forme d'un projet: elle restait, elle aussi, un accident, et rien de plus. D'ailleurs, dans nos conversations, nous nous étions trouvés plus d'une fois devant le problème de la névrose et de la dépression, et Levi avait toujours cru pouvoir dire qu'en général, il n'en était pas affecté."
Merci, Radetsky et Paofaia, pour vos informations. Ce qui est dommage, c'est que l'éditeur semble, en 4ème de couverture, jouer de ce suicide comme d'une accroche pour, d'un ton péremptoire, dramatiser encore davantage la vie et l'œuvre de Primo Lévi.
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