Bolcho
avatar 31/12/2003 @ 14:28:26
« poser ses pions tant bien que mal pour ne cerner que du vide »
C’est superbe ! Peut-être cela manque-t-il un peu d’optimisme à l’entame d’une année nouvelle, mais on ne peut pas non plus tout sacrifier aux conventions du jour…
Bravo Lucien pour la jolie critique et la remise à l’honneur du jeu de go. Je retourne de ce pas à mon Go Ban abandonné depuis des années et à Shan Sa et à Kawabata pour vous en parler. Mais je regrette une chose, c’est que Perec et ses copains aient commis l’immense platitude consistant à dire du mal des échecs, « jeu féodal, fondé sur l’Exaltation du Tournoi et de l’inégalité sociale ». C’est réduire ce jeu à son apparence (des pièces nobles et d’autres « roturières ») et en négliger la réalité stratégique : tout vrai joueur d’échecs vous dira que les pièces les plus roturières, justement, sont l’ossature du jeu (même un vieux bolchévique n’en est pas choqué, c’est dire…) et que les parties se gagnent ou se perdent non avec les dames ou les tours (ça, c’est pour les « pousseurs de bois » qui laissent leurs pièces en prise parce qu’une mouche est passée) mais avec les humbles pions, « doublés » ou non, reliés ou non, du moins si l’on parle des aspects stratégiques du jeu. Et puis, les échecs, c’est aussi la mise en scène de la vie, mais d’une autre manière que le go. Un grand maître également psychiatre, Reuben Fine, en a parlé de manière passionnante à travers une analyse « psy » de tous les champions du monde. Mais je ne sais pas si c’est traduit en français : « Psychology of the chess player » que ça s’appelle je crois.

Lucien
avatar 04/01/2004 @ 17:48:33
Salut Bolcho. Et merci de relancer la balle. Pour être tout à fait juste, il faut dire que Perec énumère une dizaine de griefs qu'il adresse aux échecs dont celui portant sur le caractère "féodal" du jeu, et que le dernier reproche est touchant de mauvaise foi : "Nous ne savons pas jouer aux échecs"!
Perec a pourtant donné une place aux échecs dans "La Vie mode d'emploi" (on y trouve même la visualisation d'une partie).
Puisque tu parles du go dans la littérature, on pourrait évoquer aussi les échecs. Je pense d'abord au "joueur d'échecs" de Zweig ou au "tableau du maître flamand" de Perez(et non Perec)-Reverte. Mais il doit y en avoir des tonnes d'autres.

« poser ses pions tant bien que mal pour ne cerner que du vide »
C’est superbe ! Peut-être cela manque-t-il un peu d’optimisme à l’entame d’une année nouvelle, mais on ne peut pas non plus tout sacrifier aux conventions du jour…
Bravo Lucien pour la jolie critique et la remise à l’honneur du jeu de go. Je retourne de ce pas à mon Go Ban abandonné depuis des années et à Shan Sa et à Kawabata pour vous en parler. Mais je regrette une chose, c’est que Perec et ses copains aient commis l’immense platitude consistant à dire du mal des échecs, « jeu féodal, fondé sur l’Exaltation du Tournoi et de l’inégalité sociale ». C’est réduire ce jeu à son apparence (des pièces nobles et d’autres « roturières ») et en négliger la réalité stratégique : tout vrai joueur d’échecs vous dira que les pièces les plus roturières, justement, sont l’ossature du jeu (même un vieux bolchévique n’en est pas choqué, c’est dire…) et que les parties se gagnent ou se perdent non avec les dames ou les tours (ça, c’est pour les « pousseurs de bois » qui laissent leurs pièces en prise parce qu’une mouche est passée) mais avec les humbles pions, « doublés » ou non, reliés ou non, du moins si l’on parle des aspects stratégiques du jeu. Et puis, les échecs, c’est aussi la mise en scène de la vie, mais d’une autre manière que le go. Un grand maître également psychiatre, Reuben Fine, en a parlé de manière passionnante à travers une analyse « psy » de tous les champions du monde. Mais je ne sais pas si c’est traduit en français : « Psychology of the chess player » que ça s’appelle je crois.

Bolcho
avatar 05/01/2004 @ 13:07:46
Bonjour Lucien.
J'ai lu "La vie mode d'emploi" il y a presque vingt ans. Je me souviens de mon plaisir, du lieu (les Pyrénées), de la maison, quasiment du fauteuil, mais pas des échecs. Petite tête quoi.
Pour ce qui est de la littérature et des échecs, Zweig et Perez-Reverte me venaient aussi à l'esprit. Je peux y ajouter Arrabal, littéralement obsédé par ce jeu, mais l'a-t-il utilisé explicitement dans une de ses oeuvres, je ne sais pas ? Edgar Poe bien sûr ("Le joueur d'échecs de Maelzel") encore que ce soit surtout un commentaire sur l'écart entre l'humain et l'automate (amusant à relire de nos jours: les automates ont repris du poil de la bête). Nabokov enfin ("La défense Loujine" mais je ne l'ai pas lu).
Cela dit, j'en ai trouvé près de 200 autres sur internet, parmi lesquels Faulkner ("Le gambit du cavalier") qui dit 'Les échecs sont un jeu où se reflètent et où s'avèrent toutes les passions de l'homme, sa folie et son espoir"), Shakespeare, Jules Verne.
Rien à dire, c'est avec internet qu'on étale le mieux sa confiture.

Salut Bolcho. Et merci de relancer la balle. Pour être tout à fait juste, il faut dire que Perec énumère une dizaine de griefs qu'il adresse aux échecs dont celui portant sur le caractère "féodal" du jeu, et que le dernier reproche est touchant de mauvaise foi : "Nous ne savons pas jouer aux échecs"!
Perec a pourtant donné une place aux échecs dans "La Vie mode d'emploi" (on y trouve même la visualisation d'une partie).
Puisque tu parles du go dans la littérature, on pourrait évoquer aussi les échecs. Je pense d'abord au "joueur d'échecs" de Zweig ou au "tableau du maître flamand" de Perez(et non Perec)-Reverte. Mais il doit y en avoir des tonnes d'autres.

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