Jules
23/06/2004 @ 16:57:50
A propos du sexe à Rome tu écris que "le sexe faisait partie de la vie quotidienne..." J'espère bien que tel est toujours le cas !...

Mais il est certain, comme tu en ébauche l'idée à la fin de ta critique, que nous ne sommes pas nécessairement en progrès dans le domaine et certainement bien moins libéraux sous le couvert d'une certaine libéralisation.

Mais nous portons 2000 ans de christianisme sur les épaules avec tous les tabous et interdits inventés et créés par son église. Ce carcan est là et encore bien là !... Tout au moins chez beaucoup d'entre-nous. C'est la religion qui està mes yeux, la principales responsable aussi d'une bonne partie de l'hypocrisie dans le domaine. On fait et on ne dit pas...

Sido

avatar 23/06/2004 @ 17:53:31
Le carcan est bien là, tu l'as dit. Que de culpabilité on nous a inoculée, et enfoncée dans le crâne , pendant des siècles. Et notre peau ne l'oubliera jamais. quel gâchis !

Sahkti
avatar 23/06/2004 @ 18:30:56
D'accord pour le rôle de la religion, c'est indéniable qu'elle n'a pas arrangé les choses.

Je voudrais préciser à propos de ce livre que ce qui m'a également intéressée, c'est que c'est à Rome que ça se passe. Berceau de l'art, de la pensée (la Grèce aussi, c'est pareil, mais bon, le bouquin parle de Rome), souvent citée comme référence historique et départ de beaucoup de choses. Pas un modèle, il ne faut pas exagérer, mais un repère important.
Or cette Rome si précieuse, que s'y passe-t-il dans les alcôves de l'empire? Toutes sortes de galipettes dont certaines seraient aujourd'hui passibles de perpétuité (et je ne veux ici faire aucun mauvais jeu de mot, au vu de l'actu douloureuse).
Comme quoi libéralisation sexuelle et avancées intellectuelles et/ou technologiques peuvent faire bon ménage et les "dépravés" ne sont pas toujours là où on le croit.

Echemane
avatar 23/06/2004 @ 18:42:53
Globalement d'accord avec la critique de Sahkti et entièrement d'accord avec Jules pour dire que le christianisme (ou du moins l'Eglise) porte une lourde responabilité dans nos interdits actuels.
Si je peux nuancer toutefois, il faut bien avouer que nos portons collectivement notre histoire quoi que nos en pensions, et qu'il faut faire avec. On ne retrouvera jamais, probablement, les moeurs romaines. Tu prétends, Sahtki, que les revendications actuelles ne sont que des prétendues avancées sociales, ce que je trouve étrange (ou est-ce que je m'égare totalement sur le fond de ta pensée?). Sans forcément présumer des revendications auxquelles tu fais allusion, ne peut-on pas dire qu'il est possible de reconstruire un modèle de société à partir de ce qui existe aujourd'hui? Affirmer son identité (terme que je n'aime pas) aurait été un non-sens il y a 2000 ans, je pense qu'il y a une utilité à cela "hic et nunc". Justement parce que nous avons entre nous et les romains deux millénaires qu'on n'effacera pas.

Sahkti
avatar 23/06/2004 @ 18:58:05
Trouves-tu normal qu'il faille organiser des gay pride et autres défilés parfois grotesques (désolée, mais c'est mon avis personnel) pour faire accepter et/ou revendiquer le droit à la différence et à l'homosexualité? Tu trouves que c'est une avancée sociale ces lois prises n'importe comment pour assurer des droits à toutes les communautés? Peut-on qualifier d'avancée le fait d'arrêter de reculer et de sortir un peu de l'ombre?

Affirmer son identité il y a 2000 ans aurait tout à fait été un non-sens dans la mesure où il n'y avait pas, comme aujourd'hui, besoin de le faire. Il n'y avait pas ces doigts pointés vers tout ce qui est différent. Il n'y avait pas ces opportunistes genre Mamère prêts à récupérer tout événement pour faire parler d'eux et revendiquer des avancées sociales qui ne sont en fait que des droits virtuels.
Tout cela était naturel, "normal" (je n'aime pas ce mot, car il est subjectif).

Ces pseudos-avancées, et pas uniquement dans le domaine sexuel, m'agacent. Je sais que, par exemple, le jour où les Noirs ont eu le droit de prendre le bus en même temps que les Blancs, il s'agissait d'une grande avancée sociale. Dont il fallait se réjouir. Mais c'est grave! D'en arriver à se réjouir d'installer une situation "normale"! Pareil pour les différences sexuelles. Finalement, ça deviendrait presque une mode ces revendications, ça fausse le jeu.

Benoit
avatar 23/06/2004 @ 19:15:32
T'as raison Sahkti mais tu as l'air d'oublier la connerie humaine qui fait que pour certaines personnes (parfois une majorité), il n'était (pour certains, on peut utiliser le présent) pas normal que des Noirs s'assiéent à côté de Blancs!
Il est bien beau de dire qu'"il est normal que..." mais, dans la réalité, on en est loin! Donc tout ce qui peut faire progresser vers cet état "normal" est, quoi qu'on en dise, une avancée, un progrès.

Monique 23/06/2004 @ 19:41:23
les débatteurs sont devenus stériles...

Saint Jean-Baptiste 24/06/2004 @ 00:45:17
Il est bien exact que la sexualité s'exersait sans tabou ni transgression, mais chacun faisait-il ce qu'il voulait avec qui il voulait ? (comme le dit Sankhi)
L'amant d'une nuit de la femme de César a eu la tête coupée... "La femme de César ne pouvait être soupçonnée"

Fee carabine 24/06/2004 @ 03:21:24
Comme Saint Jean-Baptiste, je suis un peu sceptique quant au fait que les Romains faisaient ce qu'ils voulaient avec qui ils voulaient... Ou plus précisément, je suis sceptique quant à la liberté dont jouissaient les Romaines! N'attendait-on pas des matrones romaines qu'elles soient fidèles à leur époux, qu'elles leur donnent des enfants légitimes et qu'elles se suicident lorsqu'elles avaient eu le malheur de se faire violer afin de préserver leur honneur et (surtout) celui de leur famille. C'est d'ailleurs St Augustin qui s'insurgea le premier contre cette coutume barbare...

Si vous vous intéressez à l'évolution de la perception de la sexualité par notre société occidentale (de l'antiquité à l'après mai 68), je ne peux que vous conseiller de lire "La Tyrannie du Plaisir" de Jean-Claude Guillebaud (paru dans la collection Point). Vous y lirez que si l'Eglise a une lourde responsabilité dans l'hypocrisie et dans le sentiment de culpabilité qui enveloppent la sexualité, elle a aussi quelques bienfaits à son actif (c'est quand même l'Eglise qui mit l'accent sur le consentement mutuel des époux au moment du mariage, n'y voyant pas seulement un contrat entre 2 familles qui ne se souciaient pas nécessairement de demander l'avis des principaux intéressés...). Vous y verrez aussi que le pouvoir temporel fut parfois bien plus sévère dans sa répression des "déviances" (L'Eglise médiévale condamnait un homosexuel "récidiviste" à quelques semaines au pain sec et à l'eau, dans un passé pas si lointain, l'Angleterre bien pensante fit croupir Oscar Wilde en prison pendant des mois pour la même "faute"). Et enfin, la révolution de mai 68 n'a pas eu que des bons cotés: le plaisir en est-il encore un lorsqu'il devient une obligation...

"La tyrannie du plaisir" a les qualités et les défauts habituels aux livres de Jean-Claude Guillebaud (qui fut d'abord journaliste avant de se lancer dans l'écriture d'essais traitant de "questions de société"). Ce livre donne en effet une bonne vue d'ensemble (plutot nuancée) d'un vaste sujet, mais il en survole certains aspects de façon un peu superficielle (mais si le sujet vous passionne vraiment, vous pouvez toujours vous reporter aux références bibliographiques pour l'approfondir).

Jules
24/06/2004 @ 09:11:02
Bien sûr que le pouvoir politique s'est bien longtemps retranché derrière l'église pour en rajouter des couches ! En effet, cela lui donnait un support pour asseoir son pouvoir à lui avec un semblant de légitimité. Mais comme cela allait aussi dans le sens de l'église, celle-ci ne s'en plaignait pas.

On dit que c'est l'église qui a exigé le consentement des époux, mais elle savait pertinement bien que ce consentement, surtout de la part de la femme, était des plus aléatoire et que les mariés ne faisaient bien souvent qu'obéir. Ne mariait-elle pas des êtres qui n'étaient que des enfants ?... Hypocrisie...

Mai 68 et l'obligation du plaisir: c'est assez vrai ! Une réaction à une très longue période de sécheresse et de rigidité. C'est Lobo Antunès qui divorce de sa femme, qu'il aimera toute sa vie, au lendemain de la révolution des oeillets sous prétextes que la liberté était un must à ce moment sous tous ses aspects. Au temps de la dictature le simple baiser entre deux adolescent était sévèrement punis et ils étaient tous surveillés par une police politique des plus présente et des plus sévère.

Oui à Sahkti quant à la lassitude de toutes ces lois qui interviennent pour dire ce qui est bien ou non ! Maintenant c'est au tour de l'homophobie. Même si la volonté de bien faire est là, ces interventions constantes sont lassantes. Et elles dérivent de plus en plus vers le politiquement correct et vers le seul droit à la pensée unique !...

Un merveilleux exemple de la dérive du religieux vers le politique, de l'utilisation de ce religieux par le politique, nous est donné par l'Amérique de Bush. Mollah en Iran et autres Mollah à Washington.

Bien sûr nous connaissons tous les orgies romaines. Le tout est de savoir qui y participait. Les femmes présentent étaient-elles des femmes légitimes ou des courtisanes ou plus simplement encore de simples femmes dites "légères" comme il en a toujours existé. La cour du régent était également spécialisée dans le domaine, mais qui y était ? Etait-ce la liberté totale pour tous ?... Moins convaincu !

Pour en revenir aux Grecs et aux Romains, pour ne parler que des dieux, j'ai toujours trouvé les dieux grecs bien plus attirants. J'ai toujours eu le sentiment que les Romains les ont rigidifiés, disciplinés.

Fini le côté paillard d'un Zeus se transformant en n'importe quoi juste pour faire l'amour avec une "terrienne" et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Vénus n'était plus Aphrodite qui facilitait les amours de Pâris et Hélène. A mes yeux, Rome a mis de l'ordre dans l'Olympe comme elle mettait de l'ordre dans son empire. L'obsession des Romains a toujours été le droit et l'administration, c'étaient de grands administrateurs et nous savons à quel point ces gens là sont bien moins souples que d'autres.

Saule

avatar 24/06/2004 @ 11:14:24
Je suis dubitatif aussi quant aux bienfaits de la sexualité débridée des romains. Ils faisaient aussi des orgies couchés sur des divans et s'essuyaient les mains dans les cheveux de leurs esclaves... Maintenant ça existe encore, mais comme il n'y a plus d'esclaves les adeptes vont en Thaïlande.

C'est vraie qu'une déviance de la doctrine catholique a été de culpabiliser les gens. Les choses ont évoluées je crois même si l'église condamne toujours la sexualité hors mariage (ce n'est pas la même chose qu'interdire la sexualité dans la vie quotidienne) et condamne aussi l'homosexualité. Je pense que le but était de promouvoir la famille. Ceci dit déjà avant le christianisme l'adultère était condamné, puisque dans l'ancien testament on interdit de convoiter la femme de son prochain.

Je me pose des questions sur ce sentiment de culpabilité dont nous parlons ici. L'église est-elle responsable de ce sentiment de culpabilité ? Pourtant Il est sur qu'on n'échappe pas à la voix de sa conscience, qu'on soit croyant ou pas. Certaines personnes croient pouvoir fuir et faire taire cette vois intérieure dans une sexualité débridée, d'autre dans une recherche du plaisir, du pouvoir ou de l'argent,... mais bien peu parviennent à faire taire cette voix intérieure.

Quant à l'homosexualité je regrette que l'église catholique la condamne (je ne sais pas vraiment sur quelle base) mais je remarque que souvent les gens non croyants sont beaucoup moins tolérants sur le sujet.

Saint Jean-Baptiste 24/06/2004 @ 15:38:30
Merci à la Fée Carabosse, heu pardon ! Carabine, de nous renseigner ce Guillebaut, je vais l'inscrire sur ma liste de livre à acheter et j'espère qu'il ne restera pas trop longtemps sur ma pile de livres à lire !
En réalité, je crois que nous avons très peu de témoignages sur le comportement sexuel dans l'Antiquité. Le poète Virgile nous a parlé d'une sexualité empreinte de poésie et de spiritualité. Quand Ovide a écrit son Art d'aimer, il a été exilé jusqu'à la fin de ses jours par Auguste et il n'a dû d'avoir la vie sauve qu'à son extrême popularité à Rome. Pourtant son Art d'aimer serait aujourd'hui un bon petit manuel pour les enfants des écoles !
Jules César qui avait été soupçonné, bien à tort à en croire les meilleurs historiens, d'avoir pratiqué l'homosexualité avec le Roi Mithridate, était l'objet des quolibets et des railleries de ses soldats, ce qui tenterait à prouver que les homosexuels étaient soit ridiculisés, soit marginalisés. (Du moins à Rome. On sait qu'à Athènes, il en allait autrement).
Finalement les témoignages les plus intéressants nous viennent du célébrissime Satiricon et de Pompéï, mais ce ne sont jamais que des témoignages très particuliers.
Quant à élaborer des théories à partir des objets et des statues, c'est extrêmement hasardeux. Imaginons que dans 2000 ans on reconstitue la vie quotidienne du XX ème siècle à partir de nos statues et autres objets de décoration, on serait largement "à côté" de la réalité !
Le meilleur moyen pour l' Historiens de connaître la vie des populations des temps anciens, c'est la correspondance, les lettres entre particuliers. Mais comme l'écriture ne s'est généralisée que depuis la Grande Guerre et encore, seulement dans nos régions, l'exercice est rendu très difficile sinon impossible
A mon avis, (mais je suis loin d'être connaisseur en la matière) une société où les mœurs, l'amour et les comportements sexuels, se pratiqueraient sans contraintes, ni tabous, ni interdits, c'est une chimère
Ca a peut-être existé, au Paradis terrestre, avant la pomme ?

Benoit
avatar 24/06/2004 @ 15:57:33
Sauf qu'avant la pomme, ils n'étaient que deux : un homme et une femme. Ca limite les possibilités. Remarque, il y avait les animaux...

Ce qui serait intéressant de savoir aussi, ce seraient les moeurs dans les sociétés non-chrétiennes, avant que notre civilisation chrétienne n'entre en contact avec, je pense au Japon. Je sais pas mais je vois mal d'ici les samouraïs, avec leur code d'honneur, participaient à des parties de jambe en l'air avec un peu tout le monde... Quels é´taient les tabous dans ces sociétés? Les mêmes que chez nous??

Jules
24/06/2004 @ 16:43:09
Saule, nous avions, je crois, bien compris que l'église ne condamnait pas la sexualité dans la vie quotidienne... A défaut nous ne serions pas là pour en parler...

Mais elle entend bien "dans le mariage", pas avant et plus après avec une autre bien sûr...

Voilà qui rétrécit fortement l'horizon ! Et le "pas avant" l'amène logiquement à défendre la contraception, ce qui rend tout ô combien plus compliqué et risqué !

Dans sa logique, je peux comprendre que l'avortement soit un gros problème, mais le spermatozoïde paumé dans un préservatif ne me semble pas encore étre un "humain", une personne.

Quant au "plus après avec une autre" elle estime sans doute qu'il y a là une rupture du serment de fidélité. Mais je connais bien des cas où cette violation est acceptée et pratiquée par les deux parties du couple. C'est leur problème après tout ! Et bien des couples de ce type tiennent quand-même. La sexualité n'est pas toujours, ni pour tous, liée aux sentiments. A nouveau c'est une question purement personnelle.

Jules
24/06/2004 @ 16:45:33
je n'ai pu m'empêcher de rire à l'intervention de Benoit "...il y a encore les animaux..."

Elle est bonne et bravo pour l'humour...

Saule

avatar 24/06/2004 @ 17:18:08
je n'ai pu m'empêcher de rire à l'intervention de Benoit "...il y a encore les animaux..."

Elle est bonne et bravo pour l'humour...


C'est de l'humour mais ce n'est pas vraiment faut, l'homme n'est jamais qu'un animal qui évolue.

Le mythe de la genèse raconte justement cela, le moment ou l'homme accède à la conscience et dépasse le stade animal. Le moment ou il acquiert une conscience qui lui permet de juger du bien et du mal, avec tout les tourments que ça lui apporte.

Malheureusement on n'est plus des animaux, bien sur certains tentent de vivre comme si ce n'étaient pas le cas, mais je crois quand même qu'un jour ou l'autre leur conscience se rappelle à eux.

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