Folfaerie 20/06/2004 @ 22:49:25
Cette journée internationale de solidarité se déroulera le samedi 26 juin 2004. Pour ceux qui ne se sentent pas concernés, il y a quand même la possibilité de simplement venir écouter l'acteur amérindien, Georges Aguilar (Bagdad Café) qui fera une lecture des "écrits de prison".

De 15h à 18h, un rassemblement aura lieu devant le Consulat des Etats-Unis
Place de la Concorde (angle Rue de Rivoli/Jardin des Tuileries) pour Leonard Peltier.

Avec des interventions de Bobby Castillo (Apache/Xicano, porte parole international de Leonard Peltier) Bob Robideau (indien Anishinabe, membre de l'AIM et co-accusé de Peltier), Julia Wright (COSIMAPP), ainsi que des chants et danses traditionels des indiens des plaines par Wiley (indien Stoney)

Le soir, à partir de 20h, au CICP
21 ter, rue Voltaire, Paris 11e

Projection du film documentaire Incident à Oglala, sur l'affaire Peltier (réalisé par Michael APted et Robert Redford, 1991, 86 minutes), suivi d'un débat avec les représentants amérindiens Bobby Castillo et Bob Robideau.

Infos:01 43 73 05 80

Jules
21/06/2004 @ 10:13:12
Cette histoire de Leonar Peltier est un véritable scandale et une honte pour l'Amérique qui, en lui, détient un des prisonniers politiques qui a connu la plus longue détention. Tout cela pour avoir refusé de se soumettre à l'interdiction de célébrer ses ancêtres massacrés à Wounded Knee et avoir été tenu pour responsable des bagarres qui s'y sont déroulées alors avec les représentants des autorités.

Je ne connais pas tous les détails, mais je n'arrive pas à comprendre comment autant de présidents américains ne se sont pas préoccupés de ce problème depuis !

Esther 21/06/2004 @ 10:33:57
Salut,
Je suis Trygée, l'ami d'Esther...

Ancien membre de Nitassinan, il y a quelques années, d'ailleurs si tu es une membre de Nita, je suis Laurent, la "jeune-cigogne" les mains pleines de Teeshirt, selon Bobby Castillo. J'aimerais bien savoir si l'association existe toujours, a t-elle un site ? Sinon comment as tu obtenu les renseignements ?
Merci d'avance :)

Folfaerie 21/06/2004 @ 10:39:44
Hello Jules,
Je ne saurai remplacer la lecture des "écrits de prison" ou même la longue critique d'Heyrike, mais j'aimerai juste apporter quelques précisions. Il faut bien garder à l'esprit que le problème indien aux USA dans les années 70 et 80 avait une ampleur considérable. Version "chasse aux sorcières". Un véritable climat de paranoia, de délation, des violences commises, un racisme exacerbé... la totale. Il ne faisait pas bon être rouge en ces années funestes.

Le dossier politique lié à l'emprisonnement de Leonard est une véritable poudrière, c'est pourquoi aucun président ne veut prendre le risque de le libérer. Le gouvernement craint deux choses : d'abord reconnaître implicitement que le procès fut une mascarade et que la mise en cause de Peltier ne servit qu'à masquer les ignobles procédés des membres du gouvernement pour régler la question indienne, et d'autre part, le fait de libérer Leonard pourrait amener un regain d'intérêt à la cause indienne, et les américains craignent tout bonnement qu'il ne devienne le fer de lance d'une nouvelle génération décidée à revendiquer son identité culturelle.

John Trudell, ami de Peltier à l'époque des faits de Pine Ridge, membre de l'AIM, poète et musicien, a été victime lui aussi de cette haine de la part du gouvernement. N'oublie pas que sa famille a péri dans un incendie criminel, à Pine Ridge.
Quand l'écrivain Louis Owens s'est suicidé, il y a deux ans, c'est sans doute dû également à une crise d'identité et un mal-être pernicieux dont il souffrait depuis longtemps. Ce sont en tout cas les opinions d'autres écrivains amérindiens. Les choses ne s'améliorent guère pour eux...

Folfaerie 21/06/2004 @ 10:46:46
Bonjour Trygée,

Non je ne suis pas membre de Nitassinan, mais je relais parfois leurs infos parce que ce thème m'intéresse depuis toujours. Je suis directement en contact avec une asso américaine, c'est plus facile de se tenir au courant quand on a des contacts sur place.
Oui, le CSIA a un site internet (je te mettrai le lien à l'occasion, là je ne sais plus trop...).

Dis-moi, tu connais Bobby Castillo ?

Salut,
Je suis Trygée, l'ami d'Esther...

Ancien membre de Nitassinan, il y a quelques années, d'ailleurs si tu es une membre de Nita, je suis Laurent, la "jeune-cigogne" les mains pleines de Teeshirt, selon Bobby Castillo. J'aimerais bien savoir si l'association existe toujours, a t-elle un site ? Sinon comment as tu obtenu les renseignements ?
Merci d'avance :)

Heyrike
avatar 21/06/2004 @ 10:58:10
Pour Folfaerie

C'est Bob Robineau (pas Rodineau) :)

Oui le site existe toujours : http://www.csia-nitassinan.org/

Heyrike
avatar 21/06/2004 @ 11:07:11
L'accès à l'article de Libération (qui pour une fois porte bien son nom) étant désormais payant, je le copie ici.

Un article affligeant qui se fait le relais d'une politique scandaleuse vis à vis des Amérindiens. Comme quoi le sort des Indiens est loin d'être solutionner ! .


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Règlements de comptes à Wounded Knee
Qui a tué Anna Mae Pictou Aquash en 1975, en plein conflit pour les droits civiques? Dans la réserve de Pine Ridge, certains savaient mais aucun n'a brisé la loi du silence. Trente ans plus tard, la vérité éclate : elle a été assassinée par des Sioux. La cause indienne est salie, ses chefs sont impliqués.
Par Philippe GRANGEREAU

mercredi 03 mars 2004
Rapid City (Dakota-du-Sud) envoyé spécial

Le vent impétueux qui balaie les grandes plaines gelées du Dakota lâche de violentes bourrasques au-dessus des tombes crevassées. Dans le petit cimetière perdu au milieu de la réserve indienne de Pine Ridge, sous l'un des monticules de terre brune, gît Anna Mae Pictou Aquash, une militante du Mouvement des Indiens américains (AIM), abattue d'une balle dans la tête en décembre 1975, à l'âge de 30 ans. Une tombe abandonnée pour un meurtre mystérieux que les Sioux Lakotas auraient voulu oublier pour toujours. «Sur les terres indiennes, il n'y a pas de secret, dit Denise Pictou, la fille d'Anna. Quelques années après le meurtre de ma mère, les Indiens de la réserve savaient déjà qu'elle avait été tuée par des gens de l'AIM. Mais il y avait cette loi du silence chez les Sioux, qui veut qu'on ne livre jamais un Indien à la justice des Blancs.»
Les dirigeants de l'AIM, une organisation militante violente créée à Minneapolis en 1968 pour défendre les droits des peuples indigènes, étaient les premiers à faire respecter cette omerta. A l'instar de l'un des leurs, Vernon Bellecourt, qui soutient que les agents du FBI ou des Indiens «collaborateurs» à la solde du gouvernement sont coupables du meurtre.
Mais l'affaire rebondit fin 2003 : deux Sioux Lakotas, membres de l'AIM au moment des faits, sont inculpés par un tribunal de Rapid City pour l'assassinat d'Anna Pictou. Le premier suspect, Arlo Looking Cloud, est reconnu coupable de complicité de meurtre le 6 février, principalement sur la base de ses aveux. Sa condamnation doit être prononcée le 23 avril. Le second, John Boy Graham, est en liberté sous caution au Canada où il s'est réfugié, mais son extradition est en cours. Selon Cloud, c'est lui qui aurait pressé la détente. Le mobile : des dirigeants de l'AIM suspectaient Anna Mae d'être une informatrice du FBI. «Pourtant, la vraie question, objecte Denise Pictou, qui vit au Canada, est bien sûr de savoir qui, au sein de l'AIM, a ordonné à Graham et à Cloud le meurtre de ma mère.» «Ce procès est le premier d'une longue série», assure Paul De Main, le rédacteur en chef d'un journal indien, News from Indian Country, qui enquête depuis 1992 sur cette affaire explosive. Elle risque fort, selon lui, d'impliquer plusieurs fondateurs de l'AIM, et notamment sa figure la plus connue, Leonard Peltier.

Injustices envers les Indiens
Tout re-commence à Wounded Knee, où la cavalerie américaine, dans la dernière de ses guerres indiennes, massacra en 1890 près de trois cents hommes, femmes et enfants lakotas. Dans les années 1970, c'est une véritable guerre civile qui se joue entre les forces de l'ordre et l'AIM au coeur de la réserve de Pine Ridge. Deux cents militants armés de l'AIM occupent Wounded Knee soixante et onze jours en 1973. Ils réclament les droits civiques pour les Indiens et la reconnaissance des promesses faites par Washington dans les traités signés au XIXe siècle. C'est à cette époque qu'Anna Pictou, une Indienne de la tribu des Micmac du Canada, rejoint l'AIM. L'opération se termine par une trêve avec les forces de l'ordre qui les encerclent ­ et deux tués côté rebelles. Mais, dans les mois suivants, les Guardians of Oglala Nations (milice de supplétifs indiens financés par le gouvernement fédéral), véritables escadrons de la mort, pourchassent les activistes de l'AIM. Les trois années qui suivent sont marquées par le meurtre de deux agents du FBI et par une soixantaine de meurtres d'Indiens non élucidés, dont celui d'Anna Pictou.
Considéré comme le symbole des injustices que Washington continue d'infliger aux Indiens d'Amérique, Leonard Peltier est condamné pour le meurtre, qu'il nie, des deux agents du FBI à Pine Ridge, le 26 juin 1975. Il purge depuis avril 1977 deux peines de prison à vie. Une pléthore de personnalités ­ de Nelson Mandela à Jean Paul II, en passant par Desmond Tutu et le dalaï-lama ­ ainsi que des organisations telles qu'Amnesty International sont intervenues pour demander la révision de son procès. Un film de fiction a été consacré au sort de ce Sioux devenu une cause célèbre, ainsi que deux documentaires, dont Incident à Oglala, de Michael Apted, financé par Robert Redford. Le film démonte les stratagèmes ­ pressions sur un témoin, manipulation de pièces à conviction ­ auxquels le FBI a recouru pour obtenir l'extradition de Peltier du Canada, et le faire condamner.
C'est à la sortie de ce film, en 1992, raconte Paul De Main, qu'«avec d'autres journalistes, nous avons décidé que, pour faire libérer Peltier, il nous fallait refaire toute l'enquête en repartant de zéro. Mon objectif était de démonter complètement les magouilles de la police fédérale. Parallèlement, pour en avoir le coeur net, et les deux affaires étant liées, j'enquêtais sur le meurtre d'Anna Pictou. Mais plus j'avançais, plus je me rendais compte que les témoignages me menaient dans la direction opposée. Malgré tout, j'ai continué dans mon journal de militer pour la libération de Peltier jusqu'en 2001. Jusqu'au jour où j'ai compris la réalité des choses à l'issue d'entretiens avec de nouveaux témoins. Là, je me suis effondré et j'ai pleuré... Rendez-vous compte, des millions de gens, dont j'étais, avaient prié pour la libération de Peltier !»
Au bout de toutes ces années d'enquête, Paul De Main se dit convaincu que «le FBI, parce qu'il ne parvenait pas à faire parler les témoins indiens, a bien fabriqué certaines preuves pour faire condamner Peltier», mais que celui-ci, «malgré les manipulations du FBI, est bel et bien coupable». Il pense que «Peltier a tiré le premier pour échapper aux deux agents, puis les a achevés sous le coup de la colère, alors qu'ils n'étaient que blessés». Dans News from Indian Country, De Main écrit : «Certains témoins sont désormais prêts à parler, et si Peltier devait être rejugé aujourd'hui, je pense qu'il serait condamné à nouveau.» Peltier l'a attaqué en diffamation.

Soupçonnée d'être une indic
Anna Pictou en savait peut-être trop sur le rôle de Leonard Peltier dans le meurtre des deux agents. C'est ce qui semble ressortir de la déposition faite le 4 février par Ka-Mook Nichols, lors du procès d'Arlo Looking Cloud. Un témoignage qui a d'autant plus de poids qu'elle était aux premières loges de l'AIM en tant qu'épouse de Dennis Banks, cofondateur du mouvement, dont elle a divorcé depuis. Tenant une plume d'aigle à la main (symbole de sincérité chez les Sioux), Nichols a expliqué au tribunal qu'alors qu'elle fuyait la police dans un motor-home rempli d'armes fin 1975 en compagnie de Dennis Banks, Anna Pictou et Leonard Peltier, ce dernier avait relaté le meurtre des deux agents : «Peltier a imité un pistolet avec sa main [...] il a dit "ces enculés me suppliaient de les épargner, mais je les ai quand même descendus".» Témoin protégé par le FBI, Nichols ne peut révéler son lieu de résidence. Libération l'a toutefois jointe par téléphone. «Ce n'était pas la première fois que Peltier se vantait d'avoir tué les deux policiers», raconte-t-elle. Agent de casting pour le cinéma depuis quatorze ans, elle confesse avoir jusqu'alors voulu tout oublier de cette époque trouble. «Puis, en 2000, je me suis retrouvée dans le Dakota pour un casting et j'ai renoué avec de vieilles connaissances, qui m'ont fait des confidences. J'ai appris que Looking Cloud, John Graham et Theda Clark ­ une Indienne âgée de 80 ans qui n'a pas (encore) été inculpée ­ avaient tué Anna. Je n'ignorais pas que des gens de l'AIM étaient derrière sa mort. Mais en apprenant que les meurtriers étaient ces trois personnes qu'Anna avait considérées comme ses amis, j'ai été révoltée. Je suis alors allée à la police. Les inspecteurs m'ont dit qu'eux aussi savaient, mais qu'ils ne parvenaient toujours pas à convaincre les Indiens de témoigner.»
Nichols décide alors de collaborer avec le FBI. En portant un micro servant à enregistrer les conversations, elle fait parler les témoins. «Quand j'ai demandé à Cloud s'ils avaient violé Anna avant de la tuer, il s'est mis à pleurer... je sais qu'ils l'ont fait», dit-elle. Devant le tribunal, elle a relaté un autre épisode gênant pour Peltier. En juin 1975, celui-ci aurait placé un revolver sur la tempe d'Anna Pictou pour la sommer d'avouer être un mouchard. Celle-ci aurait répondu en le défiant : «Si tu le penses vraiment, alors vas-y, tire !» L'avocat de Peltier, Barry Bachrach, a réagi à sa déposition : «Je ne sais pas qui a convaincu Nichols de dire ça, mais c'est totalement faux. Ce procès n'a pour but que de salir Peltier ainsi que d'autres personnes de l'AIM... et de réécrire l'histoire.»

Un mouvement miné par les rivalités
Dans sa maison aux murs rafistolés de Pine Ridge, Russell Means, l'un des fondateurs de l'AIM, s'accroche au temps passé. «J'espère, dit-il, que c'est bien Peltier qui a tué les deux agents du FBI. A sa place, je l'aurais fait, car chacun à droit à la légitime défense.» Ce coléreux militant de la cause indienne, acteur à ses heures, constate que l'AIM a vécu miné par les rivalités de personnes dont il se fait lui-même l'écho. «Anna Pictou a été tuée par John Graham, sur l'ordre de Vernon Bellecourt et d'un autre membre de l'AIM que je ne veux pas nommer», accuse-t-il, peut-être pour se dédouaner lui-même. Les arguments confus volent aussi bas que les buses dans les grandes prairies : Bellecourt, ajoute-t-il, «était depuis le début un agent du FBI», «ce qui n'est pas étonnant car il n'a qu'un huitième de sang indien dans ses veines». Le même Bellecourt qualifie Means d'«indic de la CIA»...
Aujourd'hui, constate Paul De Main, «l'AIM n'est plus géré que par Vernon Bellecourt depuis son salon via l'Internet, pour son propre profit». Peut-être plus pour très longtemps. «Si le meurtre d'Anna Pictou est un jour entièrement résolu, je suis convaincu qu'il finira par l'impliquer ainsi que Dennis Banks et certains autres dirigeants de l'AIM de l'époque. Sans oublier Peltier, qui était persuadé à tort qu'Anna Pictou était une indic, et qui a influencé leurs décisions à cet égard.» Denise Pictou repense à la seule lettre que Leonard Peltier lui a envoyée en 2000 depuis la prison : «J'ai été abasourdi par la mort de votre mère, qui était une amie très proche [...] mais tous ceux qui enquêtent sur sa mort sont des gens dont le seul objectif est de voir d'autres Indiens inculpés et jetés en prison.»

Folfaerie 21/06/2004 @ 11:13:09
Merci Heyrike pour ces précisions (voilà ce que c'est quand on fait un copier-coller ;-)).
Quant à Libé, je leur ai envoyé un e-mail pour rectifier certaines choses, le journaliste ne m'a pas répondu. Et apparemment, ils n'ont pas encore décidé d'accorder un droit de réponse à Nitassinan, malgré leur demande.
Les médias ne sont pas à l'abri de la connerie, la preuve...

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