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Pour l'instant je suis plongé dans des entretiens accordés par Lobo Antunès.
Il y dit vraiment beaucoup de choses et dévoile beaucoup de facettes de lui-même.
Quant aux biographies d'écrivains, il se dit très sceptique ! Pour lui, ces gens sont des gens comme les autres et il reproche qu'on s'attend toujours de leur part à des propos intelligents et cohérents. Or ils ne le sont pas plus que les autres.
Pour lui, les artistes en général sont rarement des intellectuels et ils ne convient donc pas d'attendre d'eux ce qu'ils ne sont pas.
A ses yeux c'est une erreur que de percer leurs vies personnelles, cela ne peut que mener à une certaine déception.
Par exemple il dit qu'un intellectuel en littérature cela donne un Sartre, mais Sartre n'est pas un artiste selon lui. Il dit de Nabokov qu'il est trop intelligent que pour faire un véritable artiste, même s'il écrit bien.
Il pense qu'il y a peu d'exceptions à cela et une d'elle serait Goethe.
Il trouve que l'on veut trop faire parler les écrivains alors qu'ils sont fait pour écrire et non pour parler et, ce faisant, ils déçoivent les gens.
Des exemples ? En voici certains auxquels je pense et pour lesquels cette idée me semble assez juste.
On vient de beaucoup parler de la correspondance de Yourcenar en disant qu'elle y dévoile pas mal de mesquineries. En plus, c'était une grande intellectuelle et beaucoup n'aiment pas ces livres, trouvant qu'elle est trop froide. Etait-ce une artiste ? Ce n'est pas ainsi que je la définirais...
Pas la peine d'évoquer ce que l'on dit de Céline dans une biographie ! Il est aussi vrai qu'il a montré beaucoup de faiblesses de jugement au cours de sa vie ainsi qu'un caractère assez épouvantable. Un très grand écrivains quand-même !
Hemingway était loin d'être facile et assez imbus de sa personne. Solidement alcoolique aussi ! Artiste, oui, mais sûrement pas un intellectuel et pas très crédible dans ses opinions générales.
Jim Harrison, sûrement un artiste mais certainement pas un intellectuel !
Pourquoi attendons-nous plus des artistes ?
Picasso était un homme impossible et peu clairvoyant quant à ses opinions générales.
Et les exemples sont encore très nombreux !
Lobo Antunès demande qu'on lise les écrivains mais qu'on n'attende pas plus d'eux que leurs oeuvres. Ils ne sont que des écrivains, des hommes qui font un métier comme un autre, alors qu'on attend d'eux beaucoup plus et surtout qu'ils disent toujours des choses intelligentes. Pour lui, ils ne sont pas là pour cela et ne sont pas adaptés à cette demande d'où ne peuvent venir que des déceptions !
Bon, pas facile d'exprimer clairement tout cela en vitesse sur un forum en ayant aussi d'autres choses à faire. Mais la critique faite par Yali du bouquin sur Brautigan, alors que j'ai lu cette partie du livre d'Antunès hier soir m'a donné envie d'en parler.
Un sujet sans doute à approfondir...
Les vraies biographies d'artistes sont-elles utiles ou n'entraînent-elles pas une déception ?
Il y dit vraiment beaucoup de choses et dévoile beaucoup de facettes de lui-même.
Quant aux biographies d'écrivains, il se dit très sceptique ! Pour lui, ces gens sont des gens comme les autres et il reproche qu'on s'attend toujours de leur part à des propos intelligents et cohérents. Or ils ne le sont pas plus que les autres.
Pour lui, les artistes en général sont rarement des intellectuels et ils ne convient donc pas d'attendre d'eux ce qu'ils ne sont pas.
A ses yeux c'est une erreur que de percer leurs vies personnelles, cela ne peut que mener à une certaine déception.
Par exemple il dit qu'un intellectuel en littérature cela donne un Sartre, mais Sartre n'est pas un artiste selon lui. Il dit de Nabokov qu'il est trop intelligent que pour faire un véritable artiste, même s'il écrit bien.
Il pense qu'il y a peu d'exceptions à cela et une d'elle serait Goethe.
Il trouve que l'on veut trop faire parler les écrivains alors qu'ils sont fait pour écrire et non pour parler et, ce faisant, ils déçoivent les gens.
Des exemples ? En voici certains auxquels je pense et pour lesquels cette idée me semble assez juste.
On vient de beaucoup parler de la correspondance de Yourcenar en disant qu'elle y dévoile pas mal de mesquineries. En plus, c'était une grande intellectuelle et beaucoup n'aiment pas ces livres, trouvant qu'elle est trop froide. Etait-ce une artiste ? Ce n'est pas ainsi que je la définirais...
Pas la peine d'évoquer ce que l'on dit de Céline dans une biographie ! Il est aussi vrai qu'il a montré beaucoup de faiblesses de jugement au cours de sa vie ainsi qu'un caractère assez épouvantable. Un très grand écrivains quand-même !
Hemingway était loin d'être facile et assez imbus de sa personne. Solidement alcoolique aussi ! Artiste, oui, mais sûrement pas un intellectuel et pas très crédible dans ses opinions générales.
Jim Harrison, sûrement un artiste mais certainement pas un intellectuel !
Pourquoi attendons-nous plus des artistes ?
Picasso était un homme impossible et peu clairvoyant quant à ses opinions générales.
Et les exemples sont encore très nombreux !
Lobo Antunès demande qu'on lise les écrivains mais qu'on n'attende pas plus d'eux que leurs oeuvres. Ils ne sont que des écrivains, des hommes qui font un métier comme un autre, alors qu'on attend d'eux beaucoup plus et surtout qu'ils disent toujours des choses intelligentes. Pour lui, ils ne sont pas là pour cela et ne sont pas adaptés à cette demande d'où ne peuvent venir que des déceptions !
Bon, pas facile d'exprimer clairement tout cela en vitesse sur un forum en ayant aussi d'autres choses à faire. Mais la critique faite par Yali du bouquin sur Brautigan, alors que j'ai lu cette partie du livre d'Antunès hier soir m'a donné envie d'en parler.
Un sujet sans doute à approfondir...
Les vraies biographies d'artistes sont-elles utiles ou n'entraînent-elles pas une déception ?
Je crois que tu as raison, Jules, une biographie restera toujours une irrévérence faite à l’artiste. Après tout, pourquoi dire ce qu’une œuvre littéraire à pris soin de taire tout du long.
Je ne suis pas fan des biographies et cette expérience me conforte dans l’idée qui vaut cent fois mieux passer par l’auteur que par ses admirateurs, ou ses détracteurs.
Maintenant, je m’interroge sur ce que je cherchais au juste en lisant une « Bio », et bien obligé de l’admettre après réflexion, je suis pas fier mais je l’admets, je cherchais à savoir ce que tout le monde cherche à savoir sur Brautigan : « Mémoires sauvés du vent » est-il un roman autobiographique ? À-t-il été en partie ou tout à fait ce petit garçon ? C’est-à-dire que la démarche est viciée, voire malsaine, car je sais que cela ne changera en rien mon opinion sur le bouquin. Bref, très peopple tout ça.
Mais il est vrai qu’une biographie peut aider à saisir un concept intellectuel, une philosophie, dans le cas de Sartre, par exemple.
Ce que raconte Lobo Antunès me semble juste, à savoir : distinguer les artistes des intellectuels. Sauf qu’il nous faudrait une technique élaborée pour s’y retrouver, car dans certain cas, la frontière séparant les deux « castes » reste quelquefois très imprécise. Camus était-il un intellectuel ou un artiste ?
Je ne suis pas fan des biographies et cette expérience me conforte dans l’idée qui vaut cent fois mieux passer par l’auteur que par ses admirateurs, ou ses détracteurs.
Maintenant, je m’interroge sur ce que je cherchais au juste en lisant une « Bio », et bien obligé de l’admettre après réflexion, je suis pas fier mais je l’admets, je cherchais à savoir ce que tout le monde cherche à savoir sur Brautigan : « Mémoires sauvés du vent » est-il un roman autobiographique ? À-t-il été en partie ou tout à fait ce petit garçon ? C’est-à-dire que la démarche est viciée, voire malsaine, car je sais que cela ne changera en rien mon opinion sur le bouquin. Bref, très peopple tout ça.
Mais il est vrai qu’une biographie peut aider à saisir un concept intellectuel, une philosophie, dans le cas de Sartre, par exemple.
Ce que raconte Lobo Antunès me semble juste, à savoir : distinguer les artistes des intellectuels. Sauf qu’il nous faudrait une technique élaborée pour s’y retrouver, car dans certain cas, la frontière séparant les deux « castes » reste quelquefois très imprécise. Camus était-il un intellectuel ou un artiste ?
A mes yeux, vraiment un intellectuel et un vrai ! Il n'est pas interdit aux intellectuels d'être capable d'écrire, mais il me semble évident, surtout dans le cas de Sartre et de Camus que ce sont davantage des intellectuels que des artistes. Ils mettent bien souvent leurs oeuvres au service de leur philosophie. C'est très clair dans le cas de ces deux auteurs ! Camus passe mieux le temps, bien que moins bon philosophe que Sartre, parce qu'il a été plus pragmatique, moins idéologue aveuglé et bien plus ouvert au monde de tout le monde. sa passion pour la beauté, pour la nature, la vie en général est bien plus présente dans beaucoup de ses oeuvres.
Mais le classement est parfois plus difficile !
Bien sûr les vrais écrivains émettent et véhiculent des idées mais selon leurs intuitions et l'évolution de leurs oeuvres. Par contre, Antunès dit que le véritable artiste écrivain ne dirige pas totalement, loin de là, son oeuvre. Il est emporté par ses personnages, l'écriture, les mots. Les idées découlent plus de cela que de sa volonté.
Quant à l'aspect autobiographique d'une oeuvre, lui prétend qu'il est toujours présent. Tout au moins dans son cas. Il prétend que dans le cerveau (et il était médecin spécialisé en psychiatrie) tout est dominé par la mémoire. L'imagination, selon lui, n'est qu'une mémoire ordonnée d'une certaine manière.
Il en veut pour preuve qu'il dit que des études médicales montrent bien qu'il n'est pas d'imagination sans mémoire. Selon lui, la mémoire n'est pas valable que pour le passé, elle l'est aussi pour le présent et le futur et cela me semble tout à fait vrai.
Si l'on devait enlever des bibliothèques les livres sans aucun aspect autobiographique, il me semble qu'elles deviendraient très vides !
Je crois que n'y resteraient en grande partie que des livres d'intellectuels ! Bien construits et maîtrisés selon la volonté de ce que leurs auteurs voulaient dire. Mais la spontanéité là-dedans, le côté "artiste" justement ?
Soyons aussi conscients de ce que veut dire "autobiographique"... Une autobiographie n'est jamais que ce que son auteur a retenu de sa vie, de la façon dont il l'a retenu, de la façon dont, à l'époque, il a interprété les choses qu'il raconte. Nous savons tous que notre mémoire n'est en grande partie qu'une sélection et interprétation que nous avons enregistrée des événements que nous avons vécu. Une autobiographie ne peut jamais correspondre tout à fait à la réalité ! Il y a aussi ce que l'esprit occulte, refuse de voir ou que l'impossibilité à la totale objectivité permet d'enregistrer et de rendre. Nos cerveaux sont bourrés de freins, conscients ou non, mais bien souvent inconscients...
Mais le classement est parfois plus difficile !
Bien sûr les vrais écrivains émettent et véhiculent des idées mais selon leurs intuitions et l'évolution de leurs oeuvres. Par contre, Antunès dit que le véritable artiste écrivain ne dirige pas totalement, loin de là, son oeuvre. Il est emporté par ses personnages, l'écriture, les mots. Les idées découlent plus de cela que de sa volonté.
Quant à l'aspect autobiographique d'une oeuvre, lui prétend qu'il est toujours présent. Tout au moins dans son cas. Il prétend que dans le cerveau (et il était médecin spécialisé en psychiatrie) tout est dominé par la mémoire. L'imagination, selon lui, n'est qu'une mémoire ordonnée d'une certaine manière.
Il en veut pour preuve qu'il dit que des études médicales montrent bien qu'il n'est pas d'imagination sans mémoire. Selon lui, la mémoire n'est pas valable que pour le passé, elle l'est aussi pour le présent et le futur et cela me semble tout à fait vrai.
Si l'on devait enlever des bibliothèques les livres sans aucun aspect autobiographique, il me semble qu'elles deviendraient très vides !
Je crois que n'y resteraient en grande partie que des livres d'intellectuels ! Bien construits et maîtrisés selon la volonté de ce que leurs auteurs voulaient dire. Mais la spontanéité là-dedans, le côté "artiste" justement ?
Soyons aussi conscients de ce que veut dire "autobiographique"... Une autobiographie n'est jamais que ce que son auteur a retenu de sa vie, de la façon dont il l'a retenu, de la façon dont, à l'époque, il a interprété les choses qu'il raconte. Nous savons tous que notre mémoire n'est en grande partie qu'une sélection et interprétation que nous avons enregistrée des événements que nous avons vécu. Une autobiographie ne peut jamais correspondre tout à fait à la réalité ! Il y a aussi ce que l'esprit occulte, refuse de voir ou que l'impossibilité à la totale objectivité permet d'enregistrer et de rendre. Nos cerveaux sont bourrés de freins, conscients ou non, mais bien souvent inconscients...
Je te rejoins sur la classification, s’il en est une à faire, pour Camus. Effectivement, je l’aurai collé dans la corbeille des intellectuels. Cependant, n’oublions pas que pour la majorité Camus n’est « que » l’auteur de l’Etranger et/ou de la Peste. Qui a lu l’Homme révolté, La chute, Le mythe de Sysiphe, qui aurait, de fait, modifié son appréhension de l’Étranger ou de La peste et les aurait relus pour vérifier, comprendre, et ce, autant de fois que nécessaire. Car, tout comme moi, c’est bien ce que tu as fait Jules ?
Jules 2 ??
T’as le don d’ubiquité ???
Oui, l’œuvre de Camus vieillit, et, je suppose, vieillira mieux que celle de Sartre, mais il n’a pas la charge d’une philosophie déclarée comme telle. Sartre, paye, payera le tribut de son engagement philosophique et politique, celui du droit à se tromper. Certes il en a usé, souvent abusé, mais reconnaissons lui le courage de la volonté, et celui d’avoir assumer son époque, celui de s’être impliqué dans une société et celui d’avoir voulu qu’elle change.
Et puis, le combat est inégale car la mémoire commune retient chez Sartre les ouvrages difficiles, et chez Camus, c’est l’inverse.
Education Nationale, habitudes ?
Pour ma part, je mets l’un et l’autre au même niveau, mais sur la balance je dépose côté plateau Sartre, le courage qui manquait à Camus, ou comme tu dis : le pragmatisme. Ce qui ne change pas grand chose, si ce n’est inverser l’ordre des deux grands penseurs français du XXème.
Je ne te rejoins pas sur un point Jules, Sarte n’est pas en reste quand il s’agit de parler de beauté, de la nature, des gens en général : de la vie. Souviens-toi du Mur », d’ Erostrate : « Les hommes, il faut les voir d'en haut. J'éteignais la lumière et je me mettais à la fenêtre : ils ne soupçonnaient même pas qu'on put les observer d'en dessus… »
Le « Mur », à mon sens, est le plus beau recueil de nouvelles de la première moitié du 20ème siècle, et ce, avec ou sans Camus.
Quelqu’un m’en proposerait-il un autre ?
Mais au fait, je n’étais pas venu là pour ça, pas pour parler de Sartre ou de Camus, je désirais juste réagir à l’une de tes réflexions :
Si l'on devait enlever des bibliothèques les livres sans aucun aspect autobiographique, il me semble qu'elles deviendraient très vides !
Sans aucun doute. Et ce qui est curieux, c’est qu’elles deviendraient vides de sens, alors que, s’aligneraient: les ouvrages philosophiques, les biographies, les atlas… Bref que des ouvrages qui traitent précisément du sens.
Jules 2 ??
T’as le don d’ubiquité ???
Oui, l’œuvre de Camus vieillit, et, je suppose, vieillira mieux que celle de Sartre, mais il n’a pas la charge d’une philosophie déclarée comme telle. Sartre, paye, payera le tribut de son engagement philosophique et politique, celui du droit à se tromper. Certes il en a usé, souvent abusé, mais reconnaissons lui le courage de la volonté, et celui d’avoir assumer son époque, celui de s’être impliqué dans une société et celui d’avoir voulu qu’elle change.
Et puis, le combat est inégale car la mémoire commune retient chez Sartre les ouvrages difficiles, et chez Camus, c’est l’inverse.
Education Nationale, habitudes ?
Pour ma part, je mets l’un et l’autre au même niveau, mais sur la balance je dépose côté plateau Sartre, le courage qui manquait à Camus, ou comme tu dis : le pragmatisme. Ce qui ne change pas grand chose, si ce n’est inverser l’ordre des deux grands penseurs français du XXème.
Je ne te rejoins pas sur un point Jules, Sarte n’est pas en reste quand il s’agit de parler de beauté, de la nature, des gens en général : de la vie. Souviens-toi du Mur », d’ Erostrate : « Les hommes, il faut les voir d'en haut. J'éteignais la lumière et je me mettais à la fenêtre : ils ne soupçonnaient même pas qu'on put les observer d'en dessus… »
Le « Mur », à mon sens, est le plus beau recueil de nouvelles de la première moitié du 20ème siècle, et ce, avec ou sans Camus.
Quelqu’un m’en proposerait-il un autre ?
Mais au fait, je n’étais pas venu là pour ça, pas pour parler de Sartre ou de Camus, je désirais juste réagir à l’une de tes réflexions :
Si l'on devait enlever des bibliothèques les livres sans aucun aspect autobiographique, il me semble qu'elles deviendraient très vides !
Sans aucun doute. Et ce qui est curieux, c’est qu’elles deviendraient vides de sens, alors que, s’aligneraient: les ouvrages philosophiques, les biographies, les atlas… Bref que des ouvrages qui traitent précisément du sens.
Jules ou Jules 2 sont la même personne. J'ai un jour du changer parce que j'avais changé d'adresse mail et depuis lors plus rien ne va ! Je dis plus rien ne va car cela ne m'intéresse pas d'avoir deux comptes et deux pseudos ! Pour le moment, il n'y a que Jules 2 qui veut bien me donner accès au site, ce qui ne m'arrange pas du tout aussi je ne fais plus de critiques.
Revenons au sujet: Camus et Sartre. Pas tout à fait d'accord avec toi. Sartre n'a jamais écrit "Noces" et "L'envers et l'endroit" !
Pour moi, Camus viellit très bien. Evidemment il n'a pas écrit "L'être et le néant" ! C'est vrai que Camus est plus facile à comprendre mais la difficulté ne me semble pas un critère suffisant. Sartre est marqué par son manque de pragmatisme et, surtout, son aveuglement. Camus n'était pas aveugle et me semble, à moi, beaucoup plus humain.
Quant au recueil "Le mur" je l'aime vraiment beaucoup ! Mais il s'agit à nouveau de nouvelles à objectif clairement philosophique.
Les meilleurs nouvelles se trouvent, à mes yeux, chez Tchékov et chez Hemingway et je ne parle pas ici de philosophie.
Revenons au sujet: Camus et Sartre. Pas tout à fait d'accord avec toi. Sartre n'a jamais écrit "Noces" et "L'envers et l'endroit" !
Pour moi, Camus viellit très bien. Evidemment il n'a pas écrit "L'être et le néant" ! C'est vrai que Camus est plus facile à comprendre mais la difficulté ne me semble pas un critère suffisant. Sartre est marqué par son manque de pragmatisme et, surtout, son aveuglement. Camus n'était pas aveugle et me semble, à moi, beaucoup plus humain.
Quant au recueil "Le mur" je l'aime vraiment beaucoup ! Mais il s'agit à nouveau de nouvelles à objectif clairement philosophique.
Les meilleurs nouvelles se trouvent, à mes yeux, chez Tchékov et chez Hemingway et je ne parle pas ici de philosophie.
Vous vous contredisez en ce qui concerne le pragmatisme de l'un et de l'autre. Je ne ciomprends pas.
En effet, à mes yeux le pragmatique est avant tout Camus qui n'a jamais voulu adhérer à un parti ni fermer les yeux sur ce que des idéologies dont il se sentait proche étaient capables de faire en pratique. Et cela aux moments où Sartre défendait toujours bec et ongle le stalinisme même quand Khrouhtchev l'a condamné pour ses crimes plus gigantesques que ceux d'Hitler. Sartre a aussi tenté de justifier l'invasion de la Hongrie par les soviets, le mur de Berlin et même encore l'écrasement par les soviets du "printemps de Prague"... Fallait-il être aveugle !...
C'est après que Camus ait écrit "L'homme révolté" dans lequel il compare le stalinisme au nazisme que Sartre n'a plus jamais voulu lui parler, ainsi qu'à Raymond Aron non plus d'ailleurs. On sait aujourd'hui lequel se mettait la main sur la face pour ne pas voir !...
C'est après que Camus ait écrit "L'homme révolté" dans lequel il compare le stalinisme au nazisme que Sartre n'a plus jamais voulu lui parler, ainsi qu'à Raymond Aron non plus d'ailleurs. On sait aujourd'hui lequel se mettait la main sur la face pour ne pas voir !...
Merci pour ton point de vue.
Le pragmatisme de Sartre? merci d'avance Yali.
Yali,
J’ai poursuivi sur ton « Mémoires sauvé du vent » en critique éclair, mais, puisque tu en parles, je voulais te dire que dans ce livre, la seule chose que je ne comprenne pas du tout, c’est la citation de Djian en quatrième de couverture. Qu’est ce qu’il a bien pu vouloir dire ? Les vingt mille vies de qui ?
J’ai poursuivi sur ton « Mémoires sauvé du vent » en critique éclair, mais, puisque tu en parles, je voulais te dire que dans ce livre, la seule chose que je ne comprenne pas du tout, c’est la citation de Djian en quatrième de couverture. Qu’est ce qu’il a bien pu vouloir dire ? Les vingt mille vies de qui ?
OUPS! Excusez-moi, encore une fausse manip. Prière de ne pas tenir compte du texte ci-dessus qui va ailleurs.
Ici, le vrai texte est:
Bonjour Yali,
As-tu lu « Un rêveur à Babylone « de Keith Abott ? As-tu lu le Marc Chenetier (Brautigan sauvé du vent » ?
Qu’en penses-tu ?
Moi, le livre de Séchan, je l’ai feuilleté, et même en face de lui, car c’était à un salon du livre où il le dédicaçait ; mais je ne l’ai pas pris. J’ai tout de suite été étonnée du faible nombre de pages sur un sujet si vaste, et un rapide survol m’a convaincue que je n’y trouverai rien d’intéressant. Je pouvais avoir une jolie dédicace…mais non. Ca ne m’a pas intéressée.
Je partage donc semble-t-il ton avis, mais sans la dépense.
C'est complqué l'informatique.
Ici, le vrai texte est:
Bonjour Yali,
As-tu lu « Un rêveur à Babylone « de Keith Abott ? As-tu lu le Marc Chenetier (Brautigan sauvé du vent » ?
Qu’en penses-tu ?
Moi, le livre de Séchan, je l’ai feuilleté, et même en face de lui, car c’était à un salon du livre où il le dédicaçait ; mais je ne l’ai pas pris. J’ai tout de suite été étonnée du faible nombre de pages sur un sujet si vaste, et un rapide survol m’a convaincue que je n’y trouverai rien d’intéressant. Je pouvais avoir une jolie dédicace…mais non. Ca ne m’a pas intéressée.
Je partage donc semble-t-il ton avis, mais sans la dépense.
C'est complqué l'informatique.
Tout ce que raconte Jules est rigoureusement exact, Sartre s’est fourvoyé de mille façons et milles fois. Et encore, Jules à la gentillesse de ne pas évoquer le pire de Sartre, ou si peu.
Je m’en occupe.
Le pragmatisme de Sartre.
Sartre considérait l’engagement politique et citoyen comme nécessaire à l’évolution d’une société, quitte à se tromper, à commettre des erreurs, à le regretter, ce qu’il a fait, à s’en excuser, ce qu’il a fait, mal mais il l’a fait. Et tandis que Sartre éprouvait l’outil, et se coupait les doigts, Camus observait, réservait sa réflexion, attendait que l’outil soit émoussé, ou cassé, ou pourquoi pas qu’il fonctionne, mais en tout cas qu’il enseigne avant que l’on s’en serve ou qu’on le modifie. L’efficacité passait par le test chez Sartre, par l’observation du test chez Camus. Des engagements différents, respectables l’un l’autre. Enfin, respectable jusqu’à ce que Sartre nie l’évidence. Ce qui m’amène à formuler une hypothèse : Il est vrai que c’est après l’Homme révolté que Sartre refusa de parler à Camus, mais à mon humble avis, ce n’est pas parce que Camus compare le régime de Staline à celui d’Hitler, (Sartre sait déjà s’être planté) mais parce que Sartre se rend compte qu’il n’est plus un seul brillant penseur en France, mais bien deux, et que désormais, il faudra compter sur l’Autre, et quel autre.
Et pour ce qui est du recueil de Nouvelles, Jules, j’entendais recueil en langue Française. Sinon, je suis de ton avis pour Tchékov et Hemingway.
Je m’en occupe.
Le pragmatisme de Sartre.
Sartre considérait l’engagement politique et citoyen comme nécessaire à l’évolution d’une société, quitte à se tromper, à commettre des erreurs, à le regretter, ce qu’il a fait, à s’en excuser, ce qu’il a fait, mal mais il l’a fait. Et tandis que Sartre éprouvait l’outil, et se coupait les doigts, Camus observait, réservait sa réflexion, attendait que l’outil soit émoussé, ou cassé, ou pourquoi pas qu’il fonctionne, mais en tout cas qu’il enseigne avant que l’on s’en serve ou qu’on le modifie. L’efficacité passait par le test chez Sartre, par l’observation du test chez Camus. Des engagements différents, respectables l’un l’autre. Enfin, respectable jusqu’à ce que Sartre nie l’évidence. Ce qui m’amène à formuler une hypothèse : Il est vrai que c’est après l’Homme révolté que Sartre refusa de parler à Camus, mais à mon humble avis, ce n’est pas parce que Camus compare le régime de Staline à celui d’Hitler, (Sartre sait déjà s’être planté) mais parce que Sartre se rend compte qu’il n’est plus un seul brillant penseur en France, mais bien deux, et que désormais, il faudra compter sur l’Autre, et quel autre.
Et pour ce qui est du recueil de Nouvelles, Jules, j’entendais recueil en langue Française. Sinon, je suis de ton avis pour Tchékov et Hemingway.
Pardon Sybilline, je ne t’avais pas lu tant j’étais à mon sujet. Oui, j’ai lu un rêveur à Babylone et je l’ai trouvé décevant, bien qu’écrit pas un proche, il semble très lointain. Le titre est déjà un mauvais choix, un privé à Babylone n’est pas ce que Brautigan a fait de mieux. Et puis, pour être tout à fait honnête ce ne devrait pas être permis d’écrire aussi mal, même pour une biographie. Paraît que Keith Abott est également romancier, ça ne donne pas envie de tenter l’aventure. Quant a Chenetier, hé bien c’est le seul auquel je trouve quelques qualités, l’une d’elles étant de ne jamais faire passer ses propres sentiments, sa réception de l’œuvre de Brautigan avant l’histoire. Bref, objectif, intègre, et, ce qui ne gâte rien ; il a la plume aisée.
Yali, tu as un peu l'air de décrire Camus comme un spectateur attentif de Sartre et attendant qu'il se plante en restant, lui, bien planqué.
Je ne suis cependant pas fort d'accord avec cette théorie !
Camus reste constant avec lui-même quand il écrit "L'homme révolté" car sa philosophie est basée sur la révolte et le fait que l'homme ne peut pas accepter n'importe quoi.
Or, à l'époque de la chute du nazisme, on découvre que le n'importe quoi c'était non seulement le nazisme mais aussi, et surtout, le stalinisme. La patrie de la révolution est en fait celle de la pire dictature ! Voilà où a mené la fameuse révolution du "tout par le peuple et tout pour le peuple"...
En bon pragmatique, Camus, homme pourtant à gauche, admet cette réalité et la combat.
Je ne vois pas où Sartre serait un pragmatique en continuant à défendre cette utopie au point d'accepter ses pires méfaits ! Au contraire, j'appelle cela de l'aveuglement idéologique.
Camus poursuit sa lutte pour tenter de modifier la société vers plus de social mais sans admettre les réalités.
Arrive la guerre d'Algérie. Il est vrai que, là, Camus se sent mal. Déchiré qu'il est entre l'amour de l'Algérie où il est né et l'attachement à son pays qui est la France.
Ce déchirement va l'amener à tenter de trouver des compromis entre les deux positions et à chercher des formules qui pourraient être des solutions.
Mais il n'admettra pas les attentats commis par le FLN en France et contre des civils. Chose que Sartre va défendre avec acharnement et même encourager !
Comme il n'admettra pas davantage la pratique de la torture par les Français.
Sartre, au nom de ses fameuses "révolutions" va encourager et traiter Camus de "petit intellectuel qui veut garder les mains propres"...
A nouveau, la révolution justifie tout ! C'est une position à mes yeux idéologique pas bien loin de celles de Robespierre. Avec de tels raisonnements, je comprends qu'il ait pu accepter le stalinisme !... Tout en ne voulant pas voir ce qu'était devenu sa révolution !...
Et tous les réalistes ou pragmatiques étaient excommuniés par lui, ainsi Aron et Camus.
Il est vraiment dommage qu'un grand intellectuel comme lui ait voulu s'engager avec autant d'aveuglément dans de mauvais combats.
Puis, des années plus tard, le voir pitoyable et repoussé par tous, tentant de distribuer des tracts dont quasiment personne ne voulait, devant la régie Renault, à Boulogne-Billancourt, debout sur un grand bidon.
Personne, et surtout pas les ouvriers, ne se retrouvait en cet intellectuel paumé ! Les ouvriers ne voulaient pas la révolution mais bien plus de pouvoir d'achat et les étudiants voulaient surtout secouer une société par trop figée.
la révolution de Sartre était une utopie !
Puis, tout aussi prenant et triste, ce vieillard qui fini par avoir une lueur lors de l'épisode des "boat people" et qui découvre qu'une fois de plus sa révolution est un leure.
Il accepte de serrer à nouveau la main d'Aron "le pragmatique" pour se rendre avec lui supplier Giscard d'Estaing de vouloir bien intervenir pour aider ces gens chassés par un régime dictatorial.
Déjà quasiment aveugle, il a enfin vu !...
Une grande personnalité française de son siècle mais qui a contribué à fourvoyer quelques générations...
Je ne suis cependant pas fort d'accord avec cette théorie !
Camus reste constant avec lui-même quand il écrit "L'homme révolté" car sa philosophie est basée sur la révolte et le fait que l'homme ne peut pas accepter n'importe quoi.
Or, à l'époque de la chute du nazisme, on découvre que le n'importe quoi c'était non seulement le nazisme mais aussi, et surtout, le stalinisme. La patrie de la révolution est en fait celle de la pire dictature ! Voilà où a mené la fameuse révolution du "tout par le peuple et tout pour le peuple"...
En bon pragmatique, Camus, homme pourtant à gauche, admet cette réalité et la combat.
Je ne vois pas où Sartre serait un pragmatique en continuant à défendre cette utopie au point d'accepter ses pires méfaits ! Au contraire, j'appelle cela de l'aveuglement idéologique.
Camus poursuit sa lutte pour tenter de modifier la société vers plus de social mais sans admettre les réalités.
Arrive la guerre d'Algérie. Il est vrai que, là, Camus se sent mal. Déchiré qu'il est entre l'amour de l'Algérie où il est né et l'attachement à son pays qui est la France.
Ce déchirement va l'amener à tenter de trouver des compromis entre les deux positions et à chercher des formules qui pourraient être des solutions.
Mais il n'admettra pas les attentats commis par le FLN en France et contre des civils. Chose que Sartre va défendre avec acharnement et même encourager !
Comme il n'admettra pas davantage la pratique de la torture par les Français.
Sartre, au nom de ses fameuses "révolutions" va encourager et traiter Camus de "petit intellectuel qui veut garder les mains propres"...
A nouveau, la révolution justifie tout ! C'est une position à mes yeux idéologique pas bien loin de celles de Robespierre. Avec de tels raisonnements, je comprends qu'il ait pu accepter le stalinisme !... Tout en ne voulant pas voir ce qu'était devenu sa révolution !...
Et tous les réalistes ou pragmatiques étaient excommuniés par lui, ainsi Aron et Camus.
Il est vraiment dommage qu'un grand intellectuel comme lui ait voulu s'engager avec autant d'aveuglément dans de mauvais combats.
Puis, des années plus tard, le voir pitoyable et repoussé par tous, tentant de distribuer des tracts dont quasiment personne ne voulait, devant la régie Renault, à Boulogne-Billancourt, debout sur un grand bidon.
Personne, et surtout pas les ouvriers, ne se retrouvait en cet intellectuel paumé ! Les ouvriers ne voulaient pas la révolution mais bien plus de pouvoir d'achat et les étudiants voulaient surtout secouer une société par trop figée.
la révolution de Sartre était une utopie !
Puis, tout aussi prenant et triste, ce vieillard qui fini par avoir une lueur lors de l'épisode des "boat people" et qui découvre qu'une fois de plus sa révolution est un leure.
Il accepte de serrer à nouveau la main d'Aron "le pragmatique" pour se rendre avec lui supplier Giscard d'Estaing de vouloir bien intervenir pour aider ces gens chassés par un régime dictatorial.
Déjà quasiment aveugle, il a enfin vu !...
Une grande personnalité française de son siècle mais qui a contribué à fourvoyer quelques générations...
Jules ou Jules 2 sont la même personne.
Et moi qui croyait que Jules I était devenu Jules II en hommage au grand Seigneur de la Renaissance, Prince des lettres et des arts, protecteur et ami des artistes, arbitre des élégances et des élites, accessoirement Père de l'Eglise !...
Revenons au sujet: Camus et Sartre. Pas tout à fait d'accord avec toi. Sartre n'a jamais écrit "Noces" et "L'envers et l'endroit" !
Pour moi, Camus viellit très bien. Evidemment il n'a pas écrit "L'être et le néant" ! C'est vrai que Camus est plus facile à comprendre mais la difficulté ne me semble pas un critère suffisant. Sartre est marqué par son manque de pragmatisme et, surtout, son aveuglement. Camus n'était pas aveugle et me semble, à moi, beaucoup plus humain.
Quant au recueil "Le mur" je l'aime vraiment beaucoup ! Mais il s'agit à nouveau de nouvelles à objectif clairement philosophique.
Les meilleurs nouvelles se trouvent, à mes yeux, chez Tchékov et chez Hemingway et je ne parle pas ici de philosophie.
Jules, je suis d’accord sur ton analyse de Sartre, d’accord aussi sur celle que tu fais de Camus, disons que je me fais l’avocat du diable, car bien sûr que Sartre s’est trompé. J’aurais préféré qu’il en soit autrement pour quantité de raisons, mais, c’est sûr, Sartre s’est trompé et pas qu’une seule fois. En réalité Sartre a systématiquement fait les mauvais choix. C’était un peu, chez lui, une seconde nature.
Je ne décris pas Camus comme un observateur passif (enfin, il ne me semble pas), mais je ne le dirais pas non plus qu’il était «pragmatique». Le pragmatisme inclus l’efficacité, l’application, le bouger, le faire et le faire savoir ! Camus s’impliquait peu et lorsqu’il le faisait, cela passait par des écrits, des interviews, non par « l’action ».
Disons que Camus réservait une œuvre tandis que Sartre projetait une œuvre.
Mais étrangement, c’est en tout cas c’est là mon ressenti, on ne peut dissocier l’une de l’autre. Leurs démarches sont certes très différentes, mais d’une complémentarité évidente. Il me semble à moi que l’une ne vivrait pas, ne résonnerait pas sans l’autre.
Je ne décris pas Camus comme un observateur passif (enfin, il ne me semble pas), mais je ne le dirais pas non plus qu’il était «pragmatique». Le pragmatisme inclus l’efficacité, l’application, le bouger, le faire et le faire savoir ! Camus s’impliquait peu et lorsqu’il le faisait, cela passait par des écrits, des interviews, non par « l’action ».
Disons que Camus réservait une œuvre tandis que Sartre projetait une œuvre.
Mais étrangement, c’est en tout cas c’est là mon ressenti, on ne peut dissocier l’une de l’autre. Leurs démarches sont certes très différentes, mais d’une complémentarité évidente. Il me semble à moi que l’une ne vivrait pas, ne résonnerait pas sans l’autre.
Le pragmatisme peut être vu bien différemment selon les uns et les autres. Il est aussi bien difficile d'avoir une définition exacte mis à part son sens grec. Mot piège, et piège le pragmatisme qui peut devenir dangereux.
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