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Bonjour, j'aimerais entamer ici une discussion autour d'un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps : est qu'un livre qui va nous "faire mal" est à éviter ou à rechercher ? Que recherchez-vous quand vous ouvrez un livre ? Du délassement ? Une remise en question ? Je me suis pas mal pris le bec avec des amis l'année dernière à propos de "La route", certains me disant "non merci, je ne lis pas pour me donner la nausée" (ce qui est paradoxal, car "La route" est avant tout un livre d'espoir, même si, certes, le chemin est douloureux.) Tout ça pour dire que je ressent exactement la même chose vis à vis de ce livre, Purulence, qui passe pour l'instant totalement inaperçu... ce qui me surprend vraiment compte tenu de la force incroyable du bouquin. Les mêmes amis, me disent "oui, d'accord, mais je ne sais pas vraiment si j'ai envie de me taper ça...". Personnellement, je ne comprends pas ce genre de réactions. Moi je cherche un grand moment quand j'ouvre un livre, quelque chose qui me remue. Alors si on s'arrête à la simple perspective de ne pas passer un moment agréable... Je faisais plus haut le parallèle avec "La route", et oui, "Purulence", qui raconte les 12 premières années d'une enfant dans une secte effroyable, les Enfants de dieu, est un récit de survivante, d'une énergie folle. C'est un livre qui met en colère et qui impressionne, c'est un livre qui nous aspire et qui ne nous lâche plus. C'est un choc. Alors oui, est ce que l'on cherche des chocs quand on lit, ou non ?
Je trouve la question intéressante Michel, le débat est complexe, entre d'abord ce qui est livre, au sens littérature, et ce qui ne l'est pas. "Purulence", dont je suis allée voir la critique, est, si j'ai bien lu, un témoignage, comme il en existe en nombre : "j'avais douze ans", "jamais sans ma fille", "journal d'une prostituée", etc.
Ces livres-là, quand on les ouvre, nous remuent nécessairement, sont-ils pour autant littérature? Ces témoignages ont fleuri sur les étagères des librairies (notez que je n'ai rien contre ces livres, j'en ai lu aussi!), certains sont fort bien écrits, mais j'avoue ne pas toujours saisir la motivation de leurs auteurs : confession exutoire, prévenir, mettre en garde, je peux le comprendre quand il s'agit d'expériences telles que celles-ci, quand on se tourne vers les témoignages type "la vie sexuelle de Catherine M." ben là, je vois pas... cela dit je m'écarte de ta question et des livres dont tu parles.
Les attentes d'une lecture sont, me semble-t-il, multiples pour ne pas dire infinies. Elles vont dépendre et du lecteur, de ses goûts, de son humeur aussi, du moment... je choisis un bon Desproges pour me détendre et rire, je plonge dans l'heroic-fantasy pour rêver, dans un Dostoïevski, un James, un tout plein d'autres pour..pour quoi, tiens d'ailleurs? Dois-je le savoir, avant de tourner les pages? Est-ce que, si je choisis d'abord un met bien connu pour n'être pas déçue, je ne risque pas de passer à côté de goûts, de saveurs nouvelles?
Bien sûr que je veux être "remuée" quand je parcours, puis ferme la dernière page, mais la colère, l'indignation, le choc ne sont pas les seuls à pouvoir le faire : la beauté aussi, me bouleverse.
Et là, je ne suis pas sûre de t'avoir répondu...?
Ces livres-là, quand on les ouvre, nous remuent nécessairement, sont-ils pour autant littérature? Ces témoignages ont fleuri sur les étagères des librairies (notez que je n'ai rien contre ces livres, j'en ai lu aussi!), certains sont fort bien écrits, mais j'avoue ne pas toujours saisir la motivation de leurs auteurs : confession exutoire, prévenir, mettre en garde, je peux le comprendre quand il s'agit d'expériences telles que celles-ci, quand on se tourne vers les témoignages type "la vie sexuelle de Catherine M." ben là, je vois pas... cela dit je m'écarte de ta question et des livres dont tu parles.
Les attentes d'une lecture sont, me semble-t-il, multiples pour ne pas dire infinies. Elles vont dépendre et du lecteur, de ses goûts, de son humeur aussi, du moment... je choisis un bon Desproges pour me détendre et rire, je plonge dans l'heroic-fantasy pour rêver, dans un Dostoïevski, un James, un tout plein d'autres pour..pour quoi, tiens d'ailleurs? Dois-je le savoir, avant de tourner les pages? Est-ce que, si je choisis d'abord un met bien connu pour n'être pas déçue, je ne risque pas de passer à côté de goûts, de saveurs nouvelles?
Bien sûr que je veux être "remuée" quand je parcours, puis ferme la dernière page, mais la colère, l'indignation, le choc ne sont pas les seuls à pouvoir le faire : la beauté aussi, me bouleverse.
Et là, je ne suis pas sûre de t'avoir répondu...?
J'avoue que comme Clamence, le choix d'un livre dépend de mon humeur. Ce qui explique sûrement pourquoi j'en ai toujours deux ou trois en cours sur mon chevet de styles complètement différents. Je ne sais pas s'il y a des livres à éviter. J'ai la naïveté de croire que si quelqu'un a pris du temps pour écrire plusieurs centaines de pages, c'est forcément pour nous faire rêver, nous faire passer un message, nous faire réagir, mais pas seulement pour faire de l'argent (quoique les livres sur les "peoples" rentrent peut-être dans cette catégorie). Je pense que les choix se font en fonction de la sensibilité de chacun. En effet, je fais partie de ceux qui ne lisent pas le style de livre dont tu parles. Non parce qu'il ne m'intéresse pas, mais parce qu'il y a tellement d'horreur qui me font réagir au quotidien et sont déjà véhiculés par les autres médias, que pour moi un livre doit me permettre de m'évader. J'avoue qu'il y a certain classique de la littérature que tout le monde adore et qui moi m'ont contrarié. En effet, pourquoi, pour qu'une histoire soit belle faut-il qu'elle soit forcément triste ? Je pense à l'Écume des jours ou Belle du seigneur, dont l'écriture est magnifique mais m'ont laissé un sentiment de malaise. J'aime les émotions que me transmettent les livres mais j'avoue que lorsque je m'attache à des personnages pour les voir tous mourir à la fin, je suis en colère après l'auteur. J'ai parfois l'impression qu'il me pousse à la déprime. Enfin, vous m'aurez comprise, je suis pour des auteurs comme Daniel Pennac, Daniel Picouly, Didier Van Cauwelaert et autres Alexandre Jardin.
Je peux lire des livres très hard à de l'ultra léger, ça dépend du moment. Ce que je cherche c'est de l'émotion, mais pas nécessairement être choqué, la gamme des émotions est vaste.
J'ai des amis qui ne liront jamais des livres trop durs émotionnellement, mon amie lit des trucs de zombies, comme ma grand-mère ne lit que du harlequin ou du Flaubert, mais ça met égal, les gens lisent ce qu'ils veulent, ce n'est pas de mes affaires.
Pour ce qui est des témoignages, j'en ai lu plusieurs, des fois je trouve que c'est trop explicite, que ce n'était pas nécessaire pour défendre leur cause et mettre la vérité au clair.
Le coeur au beurre noir (Hilton -pas Paris-): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/20457
Des autobiographies, il y en a qui sont des oeuvres d'art:
Maus (Spiegelman): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18004
Persepolis (Satrapi): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/19587
Scènes de la vie d'un jeune garçon (Coetzee): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4496
Mais pour d'autre, on se demande si une bonne interview ou un reportage ne ferait pas l'affaire, sans vouloir diminuer ce qu'ils ont véçu.
Sophie Chiasson (Noël): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/19900
J'ai des amis qui ne liront jamais des livres trop durs émotionnellement, mon amie lit des trucs de zombies, comme ma grand-mère ne lit que du harlequin ou du Flaubert, mais ça met égal, les gens lisent ce qu'ils veulent, ce n'est pas de mes affaires.
Pour ce qui est des témoignages, j'en ai lu plusieurs, des fois je trouve que c'est trop explicite, que ce n'était pas nécessaire pour défendre leur cause et mettre la vérité au clair.
Le coeur au beurre noir (Hilton -pas Paris-): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/20457
Des autobiographies, il y en a qui sont des oeuvres d'art:
Maus (Spiegelman): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18004
Persepolis (Satrapi): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/19587
Scènes de la vie d'un jeune garçon (Coetzee): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4496
Mais pour d'autre, on se demande si une bonne interview ou un reportage ne ferait pas l'affaire, sans vouloir diminuer ce qu'ils ont véçu.
Sophie Chiasson (Noël): http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/19900
Merci pour vos réponses, j'ai été très pris pour mon travail, désolé de ne pas avoir pu vous répondre plus tôt. Dans le cas du livre que j'évoque, "Purulence", il s'agit à mon sens d'un véritable livre de littérature. D'après ce que j'ai compris, l'auteur, Amoreena Winkler, l'a écrit par nécessité physique. A la base il s'agissait pour elle, effectivement, de témoigner. Mais -je suis tombé dernièrement sur une brève interview d'elle grâce à une amie-, comme elle l'explique, il s'agissait aussi de restituer la mémoire corporelle de l'enfant grâce à l'écriture, ce qui s'il est bien mené, ce qui est le cas avec ce livre, constitue un véritable projet littéraire à mes yeux. Je suis assez content d'avoir pu en parler avec ma libraire, qui avait également de grandes réticences vis à vis de la dimension témoignage du livre et qui a vraiment été soufflé par la force de l'écriture.
Vos réactions vis à vis du genre "témoignage", m'incitent à poser une autre question : le besoin de raconter un vécu terrible est-il incompatible avec un véritable travail d'écriture ? Dans l'interview que j'ai lu, l'auteur disait qu'on lui avait dans son entourage , conseillé plutôt d'écrire de la fiction, ce à quoi elle s'est refusé.
Vos réactions vis à vis du genre "témoignage", m'incitent à poser une autre question : le besoin de raconter un vécu terrible est-il incompatible avec un véritable travail d'écriture ? Dans l'interview que j'ai lu, l'auteur disait qu'on lui avait dans son entourage , conseillé plutôt d'écrire de la fiction, ce à quoi elle s'est refusé.
Pour moi, ce n'est pas incompatible, c'est même nécessaire. C'est en voulant coucher ses sentiments sur le papier qu'on fait le plus beau travail littéraire qui soit. Je pense que c'est comme une thérapie en mieux car l'écriture oblige l'auteur à chercher le mot exact qui fera comprendre et ressentir ses émotions. D'une part celà le libère d'un poids d'autre part cela rend le livre, l'histoire, les personnages plus attachants pour le lecteur. Plus les sentiments sont humains plus on s'identifie aux personnage et s'imprègne de l'histoire qu'elle soit fictive ou réelle. Enfin, c'est mon cas :)
Je ne saurais dire mieux, et mieux dire, que meitsatsuki..
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