Bolcho
avatar 27/10/2009 @ 23:21:07
Dans les temps anciens, le pays était dirigé par des monarques se repassant l’affaire de père en fils. Suite à un processus complexe, où entraient pêle-mêle des idées généreuses et des intérêts commerciaux sordides, la population renversa le pouvoir et mit en place un gouvernement dont le principe de base était que la décision finale serait entre les mains de nombreuses personnes plutôt que d’une seule.

Pour cela, on se mit en devoir d’élire une assemblée législative appelée « Chambre des Dépités ». Pourquoi « dépités » ? Parce que c’est au sein de cette assemblée qu’on choisissait ceux qui allaient constituer l’assemblée exécutive, dont les membres se nommaient les « Egaux ».

Vint un temps où le président du Conseil des Egaux voulut faire plus que distribuer la parole autour de la table et inaugurer des monuments. Il fit modifier la Constitution de manière à y jouir de pouvoirs accrus, et surtout, il demanda à être élu directement par la population lors de cérémonies distrayantes et cocasses. C’est ainsi que ce pays en revint de fait à la monarchie. Monarchie élective tout de même (comme chez les anciens vikings) mais les pouvoirs du Président étaient tels qu’il pouvait faire élire qui il voulait à sa suite.

Les cérémonies électives étaient l’occasion de fêtes populaires très attendues, préparées de nombreux mois à l’avance. On réunissait tous les candidats dans une maison fermée et ils intervenaient tous les soirs pour essayer de se mettre en valeur auprès de la population. Chaque semaine, chacun devait pousser la chansonnette et le corps électoral votait. On éliminait celui ou celle qui avait obtenu le moins de suffrages. Ainsi de suite jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’un qui devenait le Président.

Dans cette nouvelle Constitution, les « Egaux » du gouvernement gardèrent leur nom mais on en changea l’orthographe ce qui donna le Conseil des Ego, plus court, plus moderne, plus frappant et mieux adapté. On parlait aussi de « Conseil des Sinistres » car ils ne servaient plus à grand-chose en réalité.

Les choses continuèrent ainsi de nombreuses années avec une succession de « Monarques-présidents » :

- De Gueulasse le Grand : un général (ça commençait fort) qui avait donc préféré ce système monarchique parce que le système précédent lui faisait perdre trop de temps en discussions alors qu’il avait de toute façon à chaque fois raison ;

- Pompe Hideux le Joufflu, fidèle continuateur du premier mais en version civile. Il parvint à asseoir son autorité grâce à son teint rubicond et sa bonhomie proverbiale ;

- Valéry Déteint le Raide, étrange nobliau à l’accent incompréhensible qui se rendit célèbre, au début de son règne, en jouant de l’accordéon les fesses intensément serrées ;

- Errant le Fourbe, ainsi nommé parce qu’il avait défendu toutes les idées du monde avant d’arriver à ce poste et qu’il était doté d’une redoutable habileté ;

- Cric-Crac le Jap, qui a beaucoup aimé le soleil levant et les femmes couchées mais savait se faire discret ;

- Sakropan le Petit, un mystère de même niveau que l’ « Homme au masque de fer » : on ne sait toujours pas s’il s’agissait d’un véritable être humain ou d’une poupée animée (essentiellement de tics).

Sakropan le Petit était parvenu à tenir en haleine l’ensemble de la population grâce à sa maîtrise de l’information. Tous les jours, il trouvait un nouveau sujet permettant à la foule de s’esbaudir. Il envoyait des messagers à cheval – les « lucarnes » - dans tout le pays pour y colporter la nouvelle du jour : le bonheur du Président, le divorce du Président, la montre du président, les amis très riches du Président, le jogging du Président, le mariage du Président, la femme du Président, le procès du Président etc. Dès que la population s’irritait de telle ou telle décision (toujours défavorable au plus grand nombre), Sakropan le Petit lançait ses « lucarnes » pour distraire les foules et les calmer.

Il fut ainsi élu trois fois de suite ce qui permit à son fils d’accéder au pouvoir quand il eut enfin terminé ses études, à 35 ans.

Nous sommes donc aujourd’hui, en 2022, sous le règne de Sakropan II le Joli.

Bolcho
avatar 27/10/2009 @ 23:24:44
Ce n'est rien qu'une amusette avec laquelle j'espérais faire naître un sourire au sein de ma famille. Z'ont trouvé ça confus et pas drôle. Et ils ont sans doute raison : ce n'est pas facile de faire des blagues avec des trucs tristes.

Antinea
avatar 27/10/2009 @ 23:32:33
Ce n'est rien qu'une amusette avec laquelle j'espérais faire naître un sourire au sein de ma famille. Z'ont trouvé ça confus et pas drôle. Et ils ont sans doute raison : ce n'est pas facile de faire des blagues avec des trucs tristes.


Hum... les rois maudits ? ;)

Saule

avatar 28/10/2009 @ 15:55:45
Je trouve ça super marrant, surtout les noms des présidents monarques, ça me fait bien rigoler (cric-crac le jap!!). On peut dire qu'ils sont difficiles dans ta famille!

Tistou 28/10/2009 @ 18:21:49
Amusette ? Peut-être, mais joliette alors ? Il est bon de remettre à niveau nos notions d'histoire si mal enseignées - dit-on - et si vite oubliées. Une bonne piqûre de rappel me semble-t-il, qui heureusement se trompera dans sa prospective !
Rois fainéants, rois maudits ... on ne sait plus trop, à force. Va falloir couper des têtes !
Saule a raison, ils sont difficiles dans ta famille !

Débézed

avatar 28/10/2009 @ 19:25:59
Ce n'est rien qu'une amusette avec laquelle j'espérais faire naître un sourire au sein de ma famille. Z'ont trouvé ça confus et pas drôle. Et ils ont sans doute raison : ce n'est pas facile de faire des blagues avec des trucs tristes.


Les chansonnier sont indispensables au bon fonctionnement de la démocratie surtout quand elle fonctionne mal !

TELEMAQUE 28/10/2009 @ 20:46:36
Il est vrai que ce cours d'histoire doit plus aux chansonniers qu'à Marc Bloch ou Braudel, que la charge est un peu lourde, ce qui lui enlève de l'efficacité.

Mais nous n'allons pas bouder le plaisir de voir Bolcho s'essayer à "vos écrits", en espèrant le voir plus souvent par ici.

Bolcho
avatar 30/10/2009 @ 19:53:19
Non, d’habitude, ils sont plutôt coulants avec moi dans la famille.
Je suis assez d’accord avec Télémaque : la charge est trop lourde, l’intention méchante (assumée !) trop voyante, la volonté de convaincre trop évidente, la cible trop facile et puis j’ai trop peur d’avoir raison…
Mais le pire Télémaque, c’est que je n’ai pas l’excuse du débutant parce que « voir Bolcho s’essayer à vos écrits », c’est du passé depuis longtemps.
J’avoue que mon texte n’est pas vraiment drôle, mais en échange arrêtez-moi ce cornichon en 2012…au plus tard.

Garance62
avatar 31/10/2009 @ 11:16:52
Ce n'est rien qu'une amusette avec laquelle j'espérais faire naître un sourire au sein de ma famille. Z'ont trouvé ça confus et pas drôle. Et ils ont sans doute raison : ce n'est pas facile de faire des blagues avec des trucs tristes.

Nous ne sommes jamais rois en nos pays :)))
Belles inventions Bolcho. Quant à trouver ça confus, ma foi non.
Le sarcasme est encore ce qui nous reste quand on ne se sent impuissant...et l'écrit sert aussi à se défouler non ?

Mieke Maaike
avatar 10/11/2009 @ 16:55:23
Il m'a bien fait sourire ce petit texte. Il y a un petit côté léger, guilleret, entre le troubadour et le fou du roi, très rafraîchissant. Une charge trop lourde ? Non, je ne l'ai pas ressentie. On voit venir le thème assez vite, mais je n'ai pas trouvé de méchanceté gratuite.

Et puis, ces jeux de mots en clins d'oeil qui rythme le texte, de dépités sinistres aux égos égaux, c'est très bien trouvé.

Saule

avatar 10/11/2009 @ 19:50:25
+1

Les noms des présidents, c'est trop bon (Cric-crac le jap, sagripant le petit,... )

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier