Je ne peux m'empêcher de la souligner cette magistrale critique éclair que tu as écris sur ce livre magnifique de Strindberg. Ah quel grand moment de lecture n'est-ce pas ? J'ai relu ta critique plusieurs fois et nous nous rejoignons sur plusieurs points.
La fin est hallucinante n'est-ce pas ? Du beau, du grand Strindberg !
La fin est hallucinante n'est-ce pas ? Du beau, du grand Strindberg !
Effectivement, les critiques donnent envie d'aller plus loin. J'ignorais l'existence de cet écrivain et CL m'aura donné l'envie sinon le temps de le lire.
Merci.
Oui c'est un extrêmement bon livre du début à la fin. Et oui, nous nous rejoignons sur certains points, notamment sur ce qu'il y a dans le livre, preuve qu'on a bien lu le même, mais l'interprétation qu'on en fait semble tout de même diverger. J'ai l'impression que des deux propositions que je formule à la fin de ma critique, tu choisis, toi, la première, à savoir que Borg est (plus ou moins) Strindbeg qui peste contre l'ignorance d'un monde hostile aux esprits supérieurs (dont il fait partie) contraints de s'exiler dans la solitude nécessaire à leur développement personnel. C'est parfaitement justifiable, mais je préfère, moi, la seconde, à savoir que Borg est une sorte de sociopathe et que Strindberg s'en prend autant à lui qu'au monde. Pour moi, Borg, c'est un peu l'ordinateur de "2001 : L'odyssée de l'espace".
De ce que je sais de Strindberg (et j'en sais beaucoup moins que toi), les deux solutions sont acceptables : d'un côté, il était proche du marxisme et de l'anarchisme ce qui semble assez incompatible avec le mépris du peuple affiché par Borg ; d'un autre, il abandonné le socialisme pour se tourner vers Nietzsche dont le concept de l'Ubermensch a déjà été interprété (à tort, mais tout de même) comme un des fondements du nazisme ou, à tout le moins (et cette fois à raison), comme l'émancipation de certains hommes des contraintes actuelles et qui entraîneraient dans leur sillage une nouvelle race d'êtres supérieurs et Borg pourraient très bien être un de ces Ubermensch en avance sur son temps et incapable de mener sa mission à terme à cause de l'ignorance du monde.
Donc voilà, je ne sais pas quelle est LA solution. Je dis dans ma critique pourquoi je préfère l'une à l'autre, mais tu peux tout à fait percevoir la chose de manière différente. En tout cas, ça amène à s'interroger. Encore une preuve que l'on est devant quelque chose de grand !
Oui c'est un extrêmement bon livre du début à la fin. Et oui, nous nous rejoignons sur certains points, notamment sur ce qu'il y a dans le livre, preuve qu'on a bien lu le même, mais l'interprétation qu'on en fait semble tout de même diverger. J'ai l'impression que des deux propositions que je formule à la fin de ma critique, tu choisis, toi, la première, à savoir que Borg est (plus ou moins) Strindbeg qui peste contre l'ignorance d'un monde hostile aux esprits supérieurs (dont il fait partie) contraints de s'exiler dans la solitude nécessaire à leur développement personnel. C'est parfaitement justifiable, mais je préfère, moi, la seconde, à savoir que Borg est une sorte de sociopathe et que Strindberg s'en prend autant à lui qu'au monde. Pour moi, Borg, c'est un peu l'ordinateur de "2001 : L'odyssée de l'espace".
De ce que je sais de Strindberg (et j'en sais beaucoup moins que toi), les deux solutions sont acceptables : d'un côté, il était proche du marxisme et de l'anarchisme ce qui semble assez incompatible avec le mépris du peuple affiché par Borg ; d'un autre, il abandonné le socialisme pour se tourner vers Nietzsche dont le concept de l'Ubermensch a déjà été interprété (à tort, mais tout de même) comme un des fondements du nazisme ou, à tout le moins (et cette fois à raison), comme l'émancipation de certains hommes des contraintes actuelles et qui entraîneraient dans leur sillage une nouvelle race d'êtres supérieurs et Borg pourraient très bien être un de ces Ubermensch en avance sur son temps et incapable de mener sa mission à terme à cause de l'ignorance du monde.
Donc voilà, je ne sais pas quelle est LA solution. Je dis dans ma critique pourquoi je préfère l'une à l'autre, mais tu peux tout à fait percevoir la chose de manière différente. En tout cas, ça amène à s'interroger. Encore une preuve que l'on est devant quelque chose de grand !
Il y aurait beaucoup d'interprétations à faire sur le personnage de Borg et son inhumanité. Je crois que Strindberg a beaucoup souffert du fait de sa grande intelligence et aussi de son extrême sensibilité, deux traits de caractères qui l'ont d'ailleurs mené au seuil de la folie comme on peut le lire dans "Inferno". Ah il faudrait que tu lises ce livre car on y retrouve tant de belles phrases poétiques.
Un autre personnage du même style que Borg se retrouve dans le livre "Le bouc émissaire". Ce sont des hommes supérieurs qui ne peuvent s'intégrer à leur entourage car ils sont trop lucides et intelligents donc cela les isole. Ils sont en butte à l'hostilité des autres qui ne les comprennent pas et les rejettent. Ce qui arrive d'ailleurs à Borg qui est haï par les simples pêcheurs de l'archipel. Ils deviennent des victimes et souffrent de paranoïa. Ils ont du mal à communiquer avec leurs semblables et vivent donc dans leur monde à eux. Borg est une sorte de monstre qui ne veut pas être contaminé par le contact avec des inférieurs. C'est épouvantable quand on y pense un peu. Tout miser sur le savoir et la science fait de l'être humain une espèce de machine sans âme et conduit directement à la solitude sinon à la folie. Ce genre d'homme est habituellement haï par ses semblables.
Strindberg était lui-même un être supérieurement intelligent et il souffrait beaucoup de constater l'ignorance et la bêtise autour de lui. Il considérait les femmes commes des êtres inférieurs. Sa misogynie est connue.
Tiens, je lis présentement un essai sur Matzneff et je reproduis un petit texte de lui que je trouve pertinent :
"La supériorité, quel cancer ! La différence, quelle malédiction ! comme tout serait plus simple si j'étais un médiocre ! comme tout serait plus facile si j'étais pareil aux autres."
Les deux écrivains sont semblables en bien des points : haine de la famille, refus des conventions sociales, libre pensée, conscience de leur supériorité et souffrance de la bêtise des autres, peur de la folie et mal de vivre chronique.
Un autre personnage du même style que Borg se retrouve dans le livre "Le bouc émissaire". Ce sont des hommes supérieurs qui ne peuvent s'intégrer à leur entourage car ils sont trop lucides et intelligents donc cela les isole. Ils sont en butte à l'hostilité des autres qui ne les comprennent pas et les rejettent. Ce qui arrive d'ailleurs à Borg qui est haï par les simples pêcheurs de l'archipel. Ils deviennent des victimes et souffrent de paranoïa. Ils ont du mal à communiquer avec leurs semblables et vivent donc dans leur monde à eux. Borg est une sorte de monstre qui ne veut pas être contaminé par le contact avec des inférieurs. C'est épouvantable quand on y pense un peu. Tout miser sur le savoir et la science fait de l'être humain une espèce de machine sans âme et conduit directement à la solitude sinon à la folie. Ce genre d'homme est habituellement haï par ses semblables.
Strindberg était lui-même un être supérieurement intelligent et il souffrait beaucoup de constater l'ignorance et la bêtise autour de lui. Il considérait les femmes commes des êtres inférieurs. Sa misogynie est connue.
Tiens, je lis présentement un essai sur Matzneff et je reproduis un petit texte de lui que je trouve pertinent :
"La supériorité, quel cancer ! La différence, quelle malédiction ! comme tout serait plus simple si j'étais un médiocre ! comme tout serait plus facile si j'étais pareil aux autres."
Les deux écrivains sont semblables en bien des points : haine de la famille, refus des conventions sociales, libre pensée, conscience de leur supériorité et souffrance de la bêtise des autres, peur de la folie et mal de vivre chronique.
Tiens, je lis présentement un essai sur Matzneff et je reproduis un petit texte de lui que je trouve pertinent :
"La supériorité, quel cancer ! La différence, quelle malédiction ! comme tout serait plus simple si j'étais un médiocre ! comme tout serait plus facile si j'étais pareil aux autres."
Je n'ai pas lu Strindberg et je suis donc incapable de faire un commentaire dessus, mais je connais Matzneff, et cette citation m'amuse beaucoup, parce que j'y vois ce qui m'insupporte le plus chez ce personnage, sa pédophilie mise à part, à savoir sa suffisance, et son ego sur-dimensionné. Je me demande selon quel critère il se sent supérieur, et j'ai envie de lui répondre: "Rassure-toi mon cher Gabriel, tu n'es en rien supérieur à qui que ce soit".
C'est peut-être paradoxal, mais les vrais esprits supérieurs, je pense notamment à Jiddu Krishnamurti savent qu'ils sont égaux à chacun.
Oui, moi, c'est Matzneff que je n'ai pas lu, ou presque, mais des quelques extraits que j'en ai lu et des commentaires de ceux qui l'ont lu (y compris ta critique), j'ai quand même l'impression que sa contribution à littérature n'est pas du même niveau que celle de Strindberg, Dostoïevski et autre Mishima, pour n'en citer que quelques uns, mais la liste des auteurs plus talentueux que Matzneff semble longue et je trouve presque insultant de le citer, lui, pour illustrer le mal être de Strindberg.
Pour en revenir au fond du sujet, que je trouve beaucoup plus intéressant que de lancer un nouveau débat sans fin, d'autant que ça nous permet pou une fois d'échanger des propos courtois, que Strindberg est effectivement été rejeté en raison de sa trop grande intelligence et de sa sensibilité, à l'origine de son mal être, ça ne m'étonne pas du tout. C'est un peu l'apanage des grands esprits d'être mis au ban de la société : Strindberg en parle, Dostoïevski aussi dans Le Sous-sol, la liste de grands artistes et penseurs ayant vécu une vie sordide et/ou finissant fous est presque aussi longue que leur nombre, et moi-même au quotidien... non, je déconne !
Mais la question reste entière de savoir si, dans ce livre, Strindberg, à travers Borg, chante ses propres louanges et fait un bras d'honneur au monde, ou si - ce qui me semble plus intéressant - il est conscient de sa propre incapacité à vivre parmi les siens et du danger qu'un personnage encore plus extrême que lui, une véritable machine scientifique, peut représenter pour une société qu'il ne comprend finalement pas plus qu'elle ne le comprend.
Pour en revenir au fond du sujet, que je trouve beaucoup plus intéressant que de lancer un nouveau débat sans fin, d'autant que ça nous permet pou une fois d'échanger des propos courtois, que Strindberg est effectivement été rejeté en raison de sa trop grande intelligence et de sa sensibilité, à l'origine de son mal être, ça ne m'étonne pas du tout. C'est un peu l'apanage des grands esprits d'être mis au ban de la société : Strindberg en parle, Dostoïevski aussi dans Le Sous-sol, la liste de grands artistes et penseurs ayant vécu une vie sordide et/ou finissant fous est presque aussi longue que leur nombre, et moi-même au quotidien... non, je déconne !
Mais la question reste entière de savoir si, dans ce livre, Strindberg, à travers Borg, chante ses propres louanges et fait un bras d'honneur au monde, ou si - ce qui me semble plus intéressant - il est conscient de sa propre incapacité à vivre parmi les siens et du danger qu'un personnage encore plus extrême que lui, une véritable machine scientifique, peut représenter pour une société qu'il ne comprend finalement pas plus qu'elle ne le comprend.
que Strindberg est effectivement été rejeté
AIT effectivement été rejeté, bien sûr !
J'ai cité Matzneff car je lis sur lui présentement et je suis parfois étonnée de la similitude de pensée entre lui et Strindberg. Je n'ai jamais comparé leurs oeuvres respectives et je ne le puis encore n'ayant presque rien lu de Matzneff. Cette phrase m'est venue spontanément à l'esprit et je la trouve assez révélatrice du caractère de son auteur.
Je me souviens, dans un de ses livres autobiographiques, je crois que c'est "Le fils de la servante" mais je peux me tromper, Strindberg dénonce le fait d'obliger les enfants à faire de longues études et de leur bourrer le crâne au point qu'ils deviennent de vraies encyclopédies vivantes au détriment de leur sociabilité. Il a souffert de cela et en est toujours resté amer. Borg lui sert sans doute à illustrer le résultat qu'une telle éducation peut avoir sur un être humain et le rendre incapable de joies simples et du coup, de bonheur. Borg est un être incapable de se laisser aller au bonheur. Il est torturé et trop cérébral pour pouvoir parvenir à être heureux. "La supériorité isole" comme le dit si bien Matzneff. Étonnant mais les deux écrivains ont plusieurs similitudes au niveau de la pensée sociale et aussi politique. En dépit du fait que la famille de Strindberg ait des origines aritocratiques, il se voulait le défenseur des faibles et des opprimés. On le réalise en lisant son petit catéchisme pour la classe inférieure qui est très amusant mais aussi très révélateur de la pensée politique de l'auteur, pensée qui n'avait de cesse d'évoluer cependant.
Matzneff a aussi des tendances de gauche tout en restant très aristo dans les manières et sa diététique. Il s'est d'ailleurs attiré des réactions très vives avec ses chroniques à contre-courant sur plusieurs sujets d'actualité.
Les deux écrivains se disent persécutés par leurs contemporains et ils en souffrent ou en ont souffert énormément dans le cas de Strindberg. Les deux dénoncent aussi l'hypocrisie de la société et des bien-pensants.
Je me souviens, dans un de ses livres autobiographiques, je crois que c'est "Le fils de la servante" mais je peux me tromper, Strindberg dénonce le fait d'obliger les enfants à faire de longues études et de leur bourrer le crâne au point qu'ils deviennent de vraies encyclopédies vivantes au détriment de leur sociabilité. Il a souffert de cela et en est toujours resté amer. Borg lui sert sans doute à illustrer le résultat qu'une telle éducation peut avoir sur un être humain et le rendre incapable de joies simples et du coup, de bonheur. Borg est un être incapable de se laisser aller au bonheur. Il est torturé et trop cérébral pour pouvoir parvenir à être heureux. "La supériorité isole" comme le dit si bien Matzneff. Étonnant mais les deux écrivains ont plusieurs similitudes au niveau de la pensée sociale et aussi politique. En dépit du fait que la famille de Strindberg ait des origines aritocratiques, il se voulait le défenseur des faibles et des opprimés. On le réalise en lisant son petit catéchisme pour la classe inférieure qui est très amusant mais aussi très révélateur de la pensée politique de l'auteur, pensée qui n'avait de cesse d'évoluer cependant.
Matzneff a aussi des tendances de gauche tout en restant très aristo dans les manières et sa diététique. Il s'est d'ailleurs attiré des réactions très vives avec ses chroniques à contre-courant sur plusieurs sujets d'actualité.
Les deux écrivains se disent persécutés par leurs contemporains et ils en souffrent ou en ont souffert énormément dans le cas de Strindberg. Les deux dénoncent aussi l'hypocrisie de la société et des bien-pensants.
Dire "la supériorité isole" signifie dans le chef de Matzneff "je suis seul parce que je suis supérieur". C'est une tentative d'auto-promotion assez pathétique, je trouve.
"La valeur d'un être humain se mesure à son amour de la solitude, à sa capacité de demeurer dans l'oisiveté." GM
Le Rat, moi, cela ne me dérange pas que GM se sente supérieur au reste de l'humanité. Cela me fait même sourire. Il faut étudier un écrivain avec un peu de détachement tout de même et ne pas bondir à tout les propos un peu choquant qu'il peut tenir. De toute façon, GM a la liberté de penser ce qu'il veut, nous n'avons aucun pouvoir sur cela alors pourquoi tout le temps s'offusquer ?
En te fermant et en le rejetant en bloc, tu te prives de richesses littéraires mais enfin... ce que j'en dis...
Le Rat, moi, cela ne me dérange pas que GM se sente supérieur au reste de l'humanité. Cela me fait même sourire. Il faut étudier un écrivain avec un peu de détachement tout de même et ne pas bondir à tout les propos un peu choquant qu'il peut tenir. De toute façon, GM a la liberté de penser ce qu'il veut, nous n'avons aucun pouvoir sur cela alors pourquoi tout le temps s'offusquer ?
En te fermant et en le rejetant en bloc, tu te prives de richesses littéraires mais enfin... ce que j'en dis...
En te fermant et en le rejetant en bloc, tu te prives de richesses littéraires mais enfin... ce que j'en dis...
Qu'appelles-tu une richesse littéraire, Dirlandaise? Un livre bien écrit, avec un style littéraire éblouissant? Ou quelque chose qui te transforme, qui te fait évoluer? Je ne veux pas rouvrir le débat sur Matzneff, mais enfin, je pose quand même la question, qu'apporte-t-il de neuf et d'original?
Qu'appelles-tu une richesse littéraire, Dirlandaise? Un livre bien écrit, avec un style littéraire éblouissant? Ou quelque chose qui te transforme, qui te fait évoluer?
Je comprendrais que Dirlandaise ait du mal à te répondre, parce que pour moi, je ne vois pas de réponses vraiment satisfaisantes à cette question, ni parmi parmi tes deux propositions, ni parmi celles que pour cette raison je n'irai pas chercher.
Je me suis peut-être mal exprimé, Feint. Quand j'étais à l'école, un de mes profs me disait que la vie humaine ne comptant que 2 x 10 exposant 9 secondes, il ne fallait pas perdre son temps, et il n'avait pas tort. Il y a tant de livre merveilleux à lire, tant d'œuvres d'art à admirer, en musique, en peinture, etc, qu'en une vie nous n'avons pas le temps de tout explorer. Alors autant bien choisir... Tout en étant conscient que nous passons à côté de choses magnifiques.
Mais franchement, Matzneff... Ce pervers à l'ego surdimensionné ne m'inspire que...
1. du mépris
2. du dégoût
3. de la pitié
(Biffez la mention inutile)
Mais franchement, Matzneff... Ce pervers à l'ego surdimensionné ne m'inspire que...
1. du mépris
2. du dégoût
3. de la pitié
(Biffez la mention inutile)
Je dois dire que, personnellement, l'audience de Matzneff, que j'imagine assez faible aujourd'hui (je parle des ventes), me choque moins que le succès de bien d'autres auteurs beaucoup plus surestimés.
Matzneff, ce qui m'attire chez lui, c'est sa classe, son mal de vivre, son obsession du suicide, sa liberté qu'il défend farouchement, son érudition, le regard qu'il porte sur la vie, ses angoisses, ses doutes, ses hésitations, sa sincérité, son indolence, son courage de dire... bon enfin je pourrais continuer longtemps la liste. Il a choisi la voie de l'introspection dans son oeuvre et pourquoi pas ?
Si l'homme ne m'avait pas intéressé, j'aurais laissé tomber bien vite l'écrivain mais j'avoue qu'il me fascine Matzneff. Je me délecte de ses belles phrases qui me vont droit au coeur, de sa philosophie, de son érudition. J'ai trop peu lu encore pour en parler plus mais le livre que je lis présentement est truffé de phrases et de citations tirés de ses différents livres alors, j'ai une petite idée de ce qu'il est capable d'écrire.
Richesse littéraire ne va pas nécessairement de pair avec originalité. Je lis Matzneff car il m'émeut avec des textes comme celui-ci :
"Ce qui justifie la vie, c'est d'y avoir quelqu'un dont le bruit des pas vous fasse battre le coeur plus rapidement. Sinon, autant se flinguer tout de suite.
Et la réciproque est vraie (n'en déplaise à Montherlant qui professe le contraire) : il ne suffit pas d'aimer, il faut être aimé, il faut que le bruit de vos pas fasse battre la chamade à un autre coeur. On peut être intelligent, cultivé, si l'on est pas indispensable à quelqu'un, on est rien du tout.
Je ne suis nécessaire à personne. Que j'existe ou que je cesse d'exister..."
Il a écrit cela dans la trentaine. Je trouve cela très beau pourtant c'est loin d'être original mais moi, cela m'émeut. Strindberg, dans ses récits autobiographiques avait le même pouvoir de m'émouvoir avec ses cris de coeur, son désespoir, sa souffrance.
"Cette violence irrépressible avec laquelle la joie de la destruction m'envahit parfois, a sans nul doute une source diabolique. Pourquoi suis-je ainsi fabriqué ? C'est absolument effrayant."
Tentative de se comprendre lui-même... j'aime.
Si l'homme ne m'avait pas intéressé, j'aurais laissé tomber bien vite l'écrivain mais j'avoue qu'il me fascine Matzneff. Je me délecte de ses belles phrases qui me vont droit au coeur, de sa philosophie, de son érudition. J'ai trop peu lu encore pour en parler plus mais le livre que je lis présentement est truffé de phrases et de citations tirés de ses différents livres alors, j'ai une petite idée de ce qu'il est capable d'écrire.
Richesse littéraire ne va pas nécessairement de pair avec originalité. Je lis Matzneff car il m'émeut avec des textes comme celui-ci :
"Ce qui justifie la vie, c'est d'y avoir quelqu'un dont le bruit des pas vous fasse battre le coeur plus rapidement. Sinon, autant se flinguer tout de suite.
Et la réciproque est vraie (n'en déplaise à Montherlant qui professe le contraire) : il ne suffit pas d'aimer, il faut être aimé, il faut que le bruit de vos pas fasse battre la chamade à un autre coeur. On peut être intelligent, cultivé, si l'on est pas indispensable à quelqu'un, on est rien du tout.
Je ne suis nécessaire à personne. Que j'existe ou que je cesse d'exister..."
Il a écrit cela dans la trentaine. Je trouve cela très beau pourtant c'est loin d'être original mais moi, cela m'émeut. Strindberg, dans ses récits autobiographiques avait le même pouvoir de m'émouvoir avec ses cris de coeur, son désespoir, sa souffrance.
"Cette violence irrépressible avec laquelle la joie de la destruction m'envahit parfois, a sans nul doute une source diabolique. Pourquoi suis-je ainsi fabriqué ? C'est absolument effrayant."
Tentative de se comprendre lui-même... j'aime.
Dirlandaise, que me conseilles-tu pour commencer Strindberg ?
Dirlandaise, que me conseilles-tu pour commencer Strindberg ?
Pour les romans, je dirais "Le bouc émissaire". Ensuite, je conseillerais "Le sacristain romantique de Rano" et pourquoi pas "Au bord de la vaste mer". Alors là, tu deviendra accro ! Il faut absolument aussi lire "Drapeaux noirs" mais là, c'est du lourd et je ne le conseille pas pour débuter.
Pour le théâtre, "Mademoiselle Julie" et ensuite "La sonate des spectres". "Le Songe" est très beau mais d'un symbolisme assez obscur.
Il faut lire aussi ses récits autobiographiques qui sont excellents : "Le fils de la servante" et " Inferno" qui est mon préféré.
Je n'ai pas tout lu de Strindberg, il a écrit des romans historiques dont je ne peux pas parler, ne les ayant pas lus.
Je viens de commander sur price " au bord ...", je te tiendrai au courant.
Pour en revenir au livre et à la façon de l’interpréter, je rejoindrais l’opinion de Dirlandaise.
Le personnage de Borg est, dans l’esprit de Strindberg, un génie incompris même si, pour le lecteur actuel, les constructions intellectuelles du personnage paraissent par moments ridicules et laissent penser que Strindberg ironise sur le personnage. Mais je crois qu’il n’en est rien.
Strindberg dit simplement le tragique de l’homme supérieur confronté à son humanité qui lui rend nécessaire la relation aux autres et aux femmes en particulier (un peu comme dans L’albatros de Baudelaire).
C’est vrai que Borg est ce qu’on appellerait aujourd’hui un sociopathe, comme le dit Stavroguine. Mais je crois Strindberg cherche à aborder l’aspect philosophique de condition du personnage plutôt que l’aspect psychologique.
Pour moi, Borg n’est pas qu’un homme de science. Tant que son système fonctionne (c'est-à-dire au début), il voit la nature de façon très poétique en mêlant ses connaissances scientifiques et la beauté du monde (un peu comme Lucrèce). Et les pages qui décrivent ses promenades en mer sont magnifiques. Mais, à la fin, l’absence de relations humaines coupe Borg de la nature et fait disparaître toutes les sensations qu’il éprouvait à la contempler :
« La nature avec laquelle il avait tant frayé autrefois, était maintenant morte pour lui, parce que le chaînon intermédiaire, l’homme faisait défaut »…
« le paysage monotone lui causait ce tourment qu’on dit être celui de la cellule pénitentiaire : l’absence de sensations. »
Je suis d’accord avec Dirlandaise pour dire que la fin est bouleversante. Ce passage en particulier où Borg se met à parler à quelqu’un alors qu’il est resté très longtemps isolé :
« A présent, il causait avec ivresse et son cerveau, qui n’avait travaillé que silencieusement, qui n’avait produit que par la pensée et la plume, frayait aujourd’hui un chemin à son activité à travers les écluses obstruées des organes vocaux.
Toutes ses pensées comme un torrent, jaillissaient au dehors, enfantant en chemin d’autres pensées. Et lorsqu’il pouvait parler à loisir, avec une oreille humaine pour table d’harmonie, sans être interrompu, sans qu’on lui posât une question, il avait l’impression d’être écouté par un auditeur attentif et qui le pouvait comprendre. »
C’est un personnage à l’orgueil démesuré et à la condition tragique.
Comme le fait remarquer Stavroguine, on comprend bien comment cette exaltation de la science et de l’esprit, cette vision du monde si XIXè a conduit, d’une certaine manière, aux idéologiques aux conséquences dramatiques du XXè siècle.
Merci d’avoir conseillé ce livre. J’ai retrouvé Bergman chez Strindberg (ou plutôt le contraire : -)) et ce pessimisme de la littérature nordique. Je conseillerai le Norvégien Tarjei Vesaas et son Palais de glace ou Les oiseaux et Selma Lagerlöf avec La légende de Gösta Berling ou Le banni.
Et je continue de découvrir Strindberg.
Le personnage de Borg est, dans l’esprit de Strindberg, un génie incompris même si, pour le lecteur actuel, les constructions intellectuelles du personnage paraissent par moments ridicules et laissent penser que Strindberg ironise sur le personnage. Mais je crois qu’il n’en est rien.
Strindberg dit simplement le tragique de l’homme supérieur confronté à son humanité qui lui rend nécessaire la relation aux autres et aux femmes en particulier (un peu comme dans L’albatros de Baudelaire).
C’est vrai que Borg est ce qu’on appellerait aujourd’hui un sociopathe, comme le dit Stavroguine. Mais je crois Strindberg cherche à aborder l’aspect philosophique de condition du personnage plutôt que l’aspect psychologique.
Pour moi, Borg n’est pas qu’un homme de science. Tant que son système fonctionne (c'est-à-dire au début), il voit la nature de façon très poétique en mêlant ses connaissances scientifiques et la beauté du monde (un peu comme Lucrèce). Et les pages qui décrivent ses promenades en mer sont magnifiques. Mais, à la fin, l’absence de relations humaines coupe Borg de la nature et fait disparaître toutes les sensations qu’il éprouvait à la contempler :
« La nature avec laquelle il avait tant frayé autrefois, était maintenant morte pour lui, parce que le chaînon intermédiaire, l’homme faisait défaut »…
« le paysage monotone lui causait ce tourment qu’on dit être celui de la cellule pénitentiaire : l’absence de sensations. »
Je suis d’accord avec Dirlandaise pour dire que la fin est bouleversante. Ce passage en particulier où Borg se met à parler à quelqu’un alors qu’il est resté très longtemps isolé :
« A présent, il causait avec ivresse et son cerveau, qui n’avait travaillé que silencieusement, qui n’avait produit que par la pensée et la plume, frayait aujourd’hui un chemin à son activité à travers les écluses obstruées des organes vocaux.
Toutes ses pensées comme un torrent, jaillissaient au dehors, enfantant en chemin d’autres pensées. Et lorsqu’il pouvait parler à loisir, avec une oreille humaine pour table d’harmonie, sans être interrompu, sans qu’on lui posât une question, il avait l’impression d’être écouté par un auditeur attentif et qui le pouvait comprendre. »
C’est un personnage à l’orgueil démesuré et à la condition tragique.
Comme le fait remarquer Stavroguine, on comprend bien comment cette exaltation de la science et de l’esprit, cette vision du monde si XIXè a conduit, d’une certaine manière, aux idéologiques aux conséquences dramatiques du XXè siècle.
Merci d’avoir conseillé ce livre. J’ai retrouvé Bergman chez Strindberg (ou plutôt le contraire : -)) et ce pessimisme de la littérature nordique. Je conseillerai le Norvégien Tarjei Vesaas et son Palais de glace ou Les oiseaux et Selma Lagerlöf avec La légende de Gösta Berling ou Le banni.
Et je continue de découvrir Strindberg.
Bonne idée de remonter ce fil, je met ce livre dans ma LAL. :o)
A lire les critiques j'ai l'impression qu'il y a un certain parallélisme entre ce livre et le loup des steppes de Hesse. J'en saurai plus après l'avoir lu sans doute. ;o)
A lire les critiques j'ai l'impression qu'il y a un certain parallélisme entre ce livre et le loup des steppes de Hesse. J'en saurai plus après l'avoir lu sans doute. ;o)
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre