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Bonjour,
J'ai lu Les Braises il y a un mois environ et depuis, à chaque fois que j'y repense, je suis "gêné" par mon rapport avec un personnage - et non des moindres: Conrad.
Conrad m'apparaît en effet éminemment plus sympathique que son comparse Henri. Or, Conrad est un lâche (d'après tous les autres personnages) ; il est clairement un traître ; si l'on admet - comme il l'avoue, bien que je trouve certains passages du roman contradictoires à ce sujet - qu'il a toujours haï Henri, ça en fait aussi un hypocrite, voire un profiteur ; ... Bref, ce cher Conrad semble cumuler en sa personne suffisamment de qualités pour en faire un être tout à fait exécrable. Et pourtant, j'éprouve une grande sympathie pour ce personnage tandis que j'éprouve à l'égard d'Henri une grande hostilité.
Peut-être est-ce dû à son côté artiste, à sa capacité à tout lâcher sur un coup de tête (à défaut d'un coup de fusil), son flegme devant le réquisitoire que lui assène son vieil ami ou à sa patience devant le quasi-monologue de ce dernier... Toujours est-il que malgré tous les traits de caractère négatifs cités plus hauts (surtout comparés à la droiture toute militaire du général), Conrad demeure sympathique à mes yeux. D'où ma question, partagez-vous mon point de vue et Marai a-t-il réussi l'exploit de nous rendre à tous un personnage aussi détestable attachant? Ou ce fait traduit-il une approche toute "personnelle" (et quelque peu malsaine) de l'oeuvre qui en dit long sur ma personnalité dépravée...?
Merci.
J'ai lu Les Braises il y a un mois environ et depuis, à chaque fois que j'y repense, je suis "gêné" par mon rapport avec un personnage - et non des moindres: Conrad.
Conrad m'apparaît en effet éminemment plus sympathique que son comparse Henri. Or, Conrad est un lâche (d'après tous les autres personnages) ; il est clairement un traître ; si l'on admet - comme il l'avoue, bien que je trouve certains passages du roman contradictoires à ce sujet - qu'il a toujours haï Henri, ça en fait aussi un hypocrite, voire un profiteur ; ... Bref, ce cher Conrad semble cumuler en sa personne suffisamment de qualités pour en faire un être tout à fait exécrable. Et pourtant, j'éprouve une grande sympathie pour ce personnage tandis que j'éprouve à l'égard d'Henri une grande hostilité.
Peut-être est-ce dû à son côté artiste, à sa capacité à tout lâcher sur un coup de tête (à défaut d'un coup de fusil), son flegme devant le réquisitoire que lui assène son vieil ami ou à sa patience devant le quasi-monologue de ce dernier... Toujours est-il que malgré tous les traits de caractère négatifs cités plus hauts (surtout comparés à la droiture toute militaire du général), Conrad demeure sympathique à mes yeux. D'où ma question, partagez-vous mon point de vue et Marai a-t-il réussi l'exploit de nous rendre à tous un personnage aussi détestable attachant? Ou ce fait traduit-il une approche toute "personnelle" (et quelque peu malsaine) de l'oeuvre qui en dit long sur ma personnalité dépravée...?
Merci.
j'ai adoré ce livre, puis ma mere et ma soeur ont adoré à leur tour.
en revanche, je n'avais pas l'impression qu'il y avait un bon et un gentil.
evidement il y a une tension terrible tout le long du livre, y en a un plus riche que l'autre. le moins riche semble plus 'sain' mais aussi tres jaloux.
c'est vraiment fantastique cette ambiance d'amitié-haine.
en revanche, je n'avais pas l'impression qu'il y avait un bon et un gentil.
evidement il y a une tension terrible tout le long du livre, y en a un plus riche que l'autre. le moins riche semble plus 'sain' mais aussi tres jaloux.
c'est vraiment fantastique cette ambiance d'amitié-haine.
Je ne pense pas non plus qu'il y ait à proprement parlé un bon et un mauvais, mais c'est vrai que tout au long du livre, j'ai pris fait et cause pour Conrad. Et une fois la dernière page tournée, j'ai réalisé que c'était quand même pas un personnage forcément très reluisant, mais rien n'y fait, c'est toujours de son côté que je penche tandis que le général m'insupporte...
Le vieux général est touchant. Ce n'est pas un homme mauvais, mais un homme d'un autre temps, orgueilleux et qui place le sens de l'honneur au-dessus de l'amitié. Incapable de pardonner et de communiquer, il se punit lui-même en restant emmurer dans son chateau. Conrad est plus sensible, mais pas moins intéressant. Il n'y a pas de jugement de valeur de la part de l'auteur, les deux auront souffert de leur propre faute en grande partie.
Stravoguine, grâce à toi Dosto vient de repasser en tête du classement des auteurs :-)
Stravoguine, grâce à toi Dosto vient de repasser en tête du classement des auteurs :-)
C'est peut-être bien le fin mot de l'histoire, en effet, que le général soit un vieux général et un général d'un autre âge. Peut-être que dans quelques années j'approcherai le roman d'une manière différente. Mais pour l'instant, j'aime le côté plus radical, plus sensible (mais pas vraiment au sens classique, plutôt quelque chose qui tire vers le sensuel avec son côté artiste-aventurier-romantique raté) de Conrad. Et dans sa passivité face à son ami, je lui trouve un caractère résigné, comme si, même si un sentiment étrange "d'unfinished business" l'a reconduit vers le général après 41 ans, on a l'impression qu'il considère tout ça comme assez vain quelque part. Pour lui, l'amitié, l'honneur, que le général porte si haut, semblent être de bien grands mots.
En tout cas, merci pour vos réponses, du coup ça me pousse à réfléchir encore et à finalement trouver les réponses à ma propre question.
PS: Bien content pour Dosto, mais c'est quand même un comble qu'il ait besoin de moi pour être reconnu comme le plus grand !
En tout cas, merci pour vos réponses, du coup ça me pousse à réfléchir encore et à finalement trouver les réponses à ma propre question.
PS: Bien content pour Dosto, mais c'est quand même un comble qu'il ait besoin de moi pour être reconnu comme le plus grand !
Moi aussi j'ai eu un parti pris pour Conrad. Bien sûr d'un côté, Conrad est un lâche, pas seulement en amitié, mais en amour, tout comme Henry...
Déjà dans sa façon de parler, Henry m'est antipatique. Il ne laisse jamais Conrad s'expliquer et parle à coup de vérité. Quand Conrad parle, la moitié du temps Henry n'en prend même pas compte, c'est comme parler à un mur. C'est à se demander si l'attente et la présence de Conrad était nécessaire puisque qu'apparemment il sait tout et même à la fin Conrad ne répondra pas à la question d'Henry, ce qui le satisfait pareil...
Conrad a un côté plus romantique qu'Henry et de plus, c'est Conrad qui est aimé de Christine. Aussi, inconsciemment, j'ai toujours eu l'impression que c'est Henry qui a enlevé Christine de Conrad (non le contraire) et aussi Henry ne semble jamais s'avoir vraiment soucié qui Conrad était vraiment, de ce qu'il ressentait, même du Conrad vieux puisqu'il ne le laisse jamais placer un mot.
Déjà dans sa façon de parler, Henry m'est antipatique. Il ne laisse jamais Conrad s'expliquer et parle à coup de vérité. Quand Conrad parle, la moitié du temps Henry n'en prend même pas compte, c'est comme parler à un mur. C'est à se demander si l'attente et la présence de Conrad était nécessaire puisque qu'apparemment il sait tout et même à la fin Conrad ne répondra pas à la question d'Henry, ce qui le satisfait pareil...
Conrad a un côté plus romantique qu'Henry et de plus, c'est Conrad qui est aimé de Christine. Aussi, inconsciemment, j'ai toujours eu l'impression que c'est Henry qui a enlevé Christine de Conrad (non le contraire) et aussi Henry ne semble jamais s'avoir vraiment soucié qui Conrad était vraiment, de ce qu'il ressentait, même du Conrad vieux puisqu'il ne le laisse jamais placer un mot.
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