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Je connais très mal l'œuvre de Giono — je compte bien d’ailleurs combler cette lacune — car je ne m’y suis jamais vraiment encore intéressé. Or, comme je parcourais les nouvelles critiques, le début de celle de Jules a attiré mon attention : « Giono nous dit qu’il a écrit ce livre en même temps que "Le hussard sur le toit". Selon lui, l’un le distrayait de l’autre et il trouvait son énergie dans cette différence. Il est vrai que les ambiances n’ont rien à voir l’une avec l’autre. » Il m’a immédiatement paru intéressant de faire un parallèle avec Gide qui disait en parlant de trois de ses livres : « Tous ces sujets se sont développés parallèlement, concurremment — et si j’ai écrit tel livre avant tel autre, c’est que le sujet m’en paraissait plus "at hand" comme dit l’Anglais. Si j’avais pu, c’est "ensemble" que je les aurais écrits. Je n’aurais pu écrire "l’Immoraliste", si je n’avais su que j’écrirais aussi "la Porte étroite", et j’avais besoin d’avoir écrit l’un et l’autre pour pouvoir me permettre les "Caves". » Or, comme apparemment pour Giono, ces œuvres sont très différentes les unes des autres. Enfin, Gide avouait avoir partagé son temps entre l’écriture de livres pénibles et laborieux, et celle, plus distrayante, et même amusante, d’autres livres comme le Prométhée mal enchaîné et les Caves du Vatican, pour tromper l’ennui et le découragement.
D’une manière plus générale encore, l’exemple de ces deux auteurs nous montre que l’exercice littéraire est si intense et douloureux, si exclusif et accaparant, que la dispersion (ou la diversion !) semble être le remède le plus efficace aux difficultés que pose une telle entreprise.
D’une manière plus générale encore, l’exemple de ces deux auteurs nous montre que l’exercice littéraire est si intense et douloureux, si exclusif et accaparant, que la dispersion (ou la diversion !) semble être le remède le plus efficace aux difficultés que pose une telle entreprise.
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