Attentif 17/11/2006 @ 12:39:05
Peut-être êtes-vous capable de lire un bon écrivain, voire de l'apprécier, sans tenir compte du fait qu'il était, en tant qu'homme, un fieffé coqquin.


Je suis incapable (et ceci concerne tant Chardonne que Morand, Aragon ou Céline) d'oublier leurs vilenies intimes, et la lecture de leurs meilleures pages m'incite à penser que ce sont des faiseurs.

N'est-ce pas ainsi qu'on nomme quelqu'un capable de dissimuler sous un style noble et des pages altières une bassesse d'âme incontestable ?

Jlc 17/11/2006 @ 21:03:39
"S'intéresser à un écrivain parce qu'on aime son livre, c'est comme s'intéresser aux canards parce qu'on aime le foie gras" C'est de Margaret Atwood, citée par Jonathan Littell dans une interview récente.

Plus sérieusement, j'aime beaucoup Chardonne, Morand (à un moindre degré), je considère Aragon comme un des plus grands écrivains du XXème siècle et bien sûr leurs vies ou plutôt certains aspects de ces personnages me gènent, pour être poli et en dessous de la vérité. Mais finalement est-ce que la vie d'un écrivain ce n'est pas d'abord son oeuvre? Et Il faudrait aussi aller plus loin et essayer de comprendre par exemple la fidélité d'Aragon au PC malgré tout ce qu'il savait. Alors le bonheur de la littérature l'emporte sur la faiblesse humaine (mais qui n'a pas ses propres lâchetés?) et sans vouloir en rien faire l'autruche je continuerai à lire ces grands écrivains qui méritent comme nous tous notre mansuétude. Bien évidemment je ne parle pas ici de ceux qui n'ont eu que haine au bout de la plume. Et de toutes façons ce ne sont pas de grands auteurs.

Saint Jean-Baptiste 17/11/2006 @ 22:01:51
Je pense comme Jlc qu'il faut dissocier l'artiste de son œuvre, ça me paraît évident !
La plupart d'entre nous, nous avons apprécié les ouvrages de Céline et d'Aragon bien avant de savoir qui c'était et quels étaient leurs engagements.
Maintenant qu'on connaît ces auteurs, qu'on connaît leurs engagements politiques, on a toujours autant d'admiration pour leurs œuvres.
Il me semble que ça ne pourrait pas en être autrement.

Dubrac 17/11/2006 @ 22:50:12
Ne pas s'intéresser à un écrivain parce qu'on n'aime pas son livre, c'est comme ne pas s'intéresser aux canards parce qu'on n'aime pas le foie gras.

À mon avis, il faut faire la part juste des choses, et lire un texte indépendamment même de celui qui l'a écrit et surtout (j'insiste sur le surtout) en s'abstenant de lire toute critique émise selon des intérêts et des intentions qui ont plus à voir avec le fric qu'avec la littérature.
Un hacker génial peut être un gars méprisable au vu de ses actes mais cela ne m'empêchera de dire que c'est un as de l'informatique s'agissant de l'aspect sécurité.
De même ce n'est pas parce qu'un gars ou une fille sont très humains, très gentils, des Mères Thérésa ou des Abbés Pierre que je dirais de leurs écrits qu'ils sont géniaux.

Saule

avatar 17/11/2006 @ 23:02:17
Concernant Céline, il faut lire son récit autobiographique Rigodon. Durant la débacle allemande, il fuit avec sa femme (ou son amante, je ne sais pas) et son chat à travers l'Allemagne bombardée par les alliés. Puis à Dresde il tombe sur un groupe d'orphelins dont personne ne veut, et il les prend en charge ("mes petits crétins" comme il dit). Et sous des dehors de personnage infect on voit poindre une grande humanité. Ce fait est reporté par Kenzaburo Oé dans son magnifique livre "Une existence tranquille", ca m'avait donné envie de lire le livre de Céline. D'ailleurs dans le voyage au bout de la nuit on sent aussi cette humanité si je me souviens bien.

Si j'ai bien compris ce qu'on reproche à Céline c'est son anti-sémitisme : regrettable et lamentable, mais ca n'empêche pas d'avoir des bons cotés.

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