Lincoln 01/02/2006 @ 16:19:25
Dans ce très bon livre de Clavel, Les Grands malheurs, un des protagonistes, l’instituteur M.Richardon, tient un journal dans lequel il mentionne la volonté du gouvernement de Vichy, après 1940, d’obliger tous les fonctionnaires à prêter serment à Pétain.
Nul doute que M.Richardon aurait refusé et n’aurait pas appliqué certaines instructions officielles émanant de ce gouvernement, lui qui était partisan de De Gaulle mais avant tout fervent défenseur de la paix.

De nos jours, la désobéissance (adulte) à une institution est-elle condamnable quelles que soient les circonstances?
Qu’en penser d’un point de vue sociologique? D’un point de vue moral?
Existe-t-il des critères repérables qui permettent de déterminer “le moment de désobéir”?
Si on doute quant au choix de la désobéissance, doit-on attendre d’être sûr que l’Histoire nous donnera raison de ce choix?

Qu’on ne se méprenne pas sur le débat que je soumets, je ne suis pas un chantre de la désobéissance!

Saule

avatar 01/02/2006 @ 22:32:39
Dans ce très bon livre de Clavel, Les Grands malheurs, un des protagonistes, l’instituteur M.Richardon, tient un journal dans lequel il mentionne la volonté du gouvernement de Vichy, après 1940, d’obliger tous les fonctionnaires à prêter serment à Pétain.
Nul doute que M.Richardon aurait refusé et n’aurait pas appliqué certaines instructions officielles émanant de ce gouvernement, lui qui était partisan de De Gaulle mais avant tout fervent défenseur de la paix.

De nos jours, la désobéissance (adulte) à une institution est-elle condamnable quelles que soient les circonstances?
Qu’en penser d’un point de vue sociologique? D’un point de vue moral?
Existe-t-il des critères repérables qui permettent de déterminer “le moment de désobéir”?
Si on doute quant au choix de la désobéissance, doit-on attendre d’être sûr que l’Histoire nous donnera raison de ce choix?

Qu’on ne se méprenne pas sur le débat que je soumets, je ne suis pas un chantre de la désobéissance!

La seule obéissance qui vaille c'est l'obéissance à notre conscience.

Donc pour répondre à ta question ce que notre conscience nous dicte devrait être le seul critère. Mais évidemment la désobéissance à une institution pourra être condamnable par la loi, ce qui ne veut pas dire condamnable moralement.

Un film intéressant sur le sujet (enfin vaguement en lien avec ta question en réalité, mais comme c'est mon film culte je le place) : Le pont de la rivière Kwai, avec le lieutenant anglais qui décide de construire un pont destiné à l'ennemi mais qui lui permet de conserver sa dignité.

Saule

avatar 01/02/2006 @ 22:44:05
Précision : le pont de la rivière Kwai, c'est comme ça que j'avais compris l'histoire, il y a peut-être une autre interprétation. Le plus marrant c'est dans un film avec Benoit Poelevorde (un film assez triste sur des vendeurs d'encyclopédies, j'ai oublié le titre), ou il replace une tirade du lieutenant anglais d'un air inspiré. C'est fabuleux !

Et puis il ne faut pas être naif, on est très souvent obligé de faire des compromis avec notre conscience ! Et donc finalement on reste souvent plus obéissant qu'on ne le devrait.

Lincoln 02/02/2006 @ 07:51:01
Le plus marrant c'est dans un film avec Benoit Poelevorde (un film assez triste sur des vendeurs d'encyclopédies, j'ai oublié le titre)
Le film, c’est “Les portes de la gloire” de Christian Merret-Palmair avec, entre autres B.Poelvoorde.
on est très souvent obligé de faire des compromis avec notre conscience !
Le passage de l’obéissance à la désobéissance se fait peut-être au moment du passage du compromis à la compromission…

Julius 02/02/2006 @ 13:19:55
La seule obéissance qui vaille c'est l'obéissance à notre conscience.

Donc pour répondre à ta question ce que notre conscience nous dicte devrait être le seul critère. Mais évidemment la désobéissance à une institution pourra être condamnable par la loi, ce qui ne veut pas dire condamnable moralement.


on pourrait en discuter des heures et écrire des pages mais l'essentiel est dit par Saule
allez pour la peine citons le grand Henry David Thoreau :
"La seule obligation qui m’incombe, à juste titre, consiste à agir en tout moment en conformité avec l’idée que je me fais du bien."
et qu'est-ce qu'on se sent bien quand on désobéit ! trouvez pas ? l'impression de toucher du doigt la liberté qui nous fait si peur, court mais bon ...

Tistou 03/02/2006 @ 13:56:19
Tu te rends compte combien ta question est difficile et ouvre d'horizons, Lincoln ? J'ai le vertige là.
Tout doit pouvoir in fine se ramener à notre conscience. Est-ce que respecter notre propre conscience peut constituer un cas de désobéissance ?

Julius 03/02/2006 @ 15:37:26
voici un exemple récent de désobéissance aux institutions religieuses - bravo à tous ces journalistes !

A Charlie Hedbo, l'affaire des caricatures de Mahomet a fait l'effet d'une bombe. Explications très remontées de Philippe Val, son rédacteur en chef, pour qui il faut absolument défendre "l'état de droit"


Comment a réagi la rédaction de Charlie Hebdo?
Pour une fois, il n'y a pas eu débat: par solidarité, tout le monde était d'accord pour qu'on publie l'intégralité des dessins danois, ainsi que d'autres de nos dessinateurs, qu'ils vont commenter. Et puisque les intégristes musulmans demandent à ce qu'on respecte les tabous des musulmans, nous allons faire une liste de tous les tabous de toutes les religions, pour montrer que s'il fallait en tenir compte, on n'aurait plus le droit de rien faire.

Votre sentiment personnel ?
Je me suis couché hier soir de très bonne humeur. Bien sûr, les positions des religieux, comme Barbarin [archevêque de Lyon], du grand rabbin Sitruk ou de Boubakeur [recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman], et celles des politiques sont plutôt lamentables. Mais, à part les culs bénis et ceux qui ne savent pas quoi penser comme Douste-Blazy, il y a eu un vrai élan de solidarité.

La rédaction de France Soir a fait son boulot, et le licenciement de son directeur de publication est ignoble. La radio, la télé, la presse - Le Monde, Libération et d'autres titres qui vont suivre - tout le monde s'y met. En général, les nouvelles sont plutôt plombantes. Là, dans un pays dont on commente beaucoup le déclin, qui est rongé par des idées pas sympathiques proches de l'extrême droite, ça redonne le moral. Je trouve ça formidable, cette affirmation du désir de liberté, chez nous et ailleurs. C'est une belle manifestation de l'Europe, qui en a bien besoin.

Vous ne craignez pas que cette affaire dégénère ?
Je comprends qu'il faille être prudent, notamment vis-à-vis des ressortissants français à l'étranger. Mais cela ne concerne pas les principes fondamentaux de la laïcité, de la liberté et de l'état de droit, sur lesquels il ne faut faire aucune concession. Avoir le sens politique est nécessaire, mais il y a aussi des moments où il faut savoir dire non. J'accepte la loi des tribunaux, je refuse de laisser les autorités religieuses nous dicter notre conduite. Il faut défendre nos droits avec la même fermeté que les religieux leurs dogmes.

Le lien d'où j'ai copié cette info : http://lexpress.fr/info/quotidien/…

Arundhati
avatar 03/02/2006 @ 22:37:17
Je suis bien d'accord avec Philippe Val, même si je vois assez mal le rapport avec le sujet. Il ne s'agit pas là de désobéissance, mais simplement de liberté d'expression.
Un des meilleurs exemples actuels de désobéissance me semble donné par les "faucheurs d'OGM".
On en pense ce que l'on veut, mais voilà typiquement un geste de désobéissance conscient, maîtrisé, et reposant sur des convictions citoyennes opposées à des règlements considérés comme iniques.
Une désobéissance un peu passée de mode pour certains, c'est aussi la grève. Un droit menacé et gênant le consommateur. Peut-être le seul droit de désobéir.
Droit que l'on finira par perdre si on ne le défend pas...

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