Mieke Maaike
avatar 09/12/2005 @ 13:18:51
Je reprends une nouvelle fois mon bâton de pèlerin… ;-)

Rat-des-Champs, tu dis dans ta critique éclaire des monologues du vagin, qu’il faut mettre les « vertus féminines » au pouvoir. Je comprends ce que tu veux dire et je sais que tu dis ça avec une intention tout à fait positive.

Mais je voudrais néanmoins attirer l’attention sur le fait que cette notion de « vertus féminines » vs « vertus masculines » a quelque chose de profondément sexiste. C’est exactement comme dire « les noirs ont le rythme dans la peau » en écoutant le sourire aux lèvres un vieux morceau de jazz. Si l’intention est de donner une image positive des noirs, ce genre de propos est profondément raciste parce que :
- le fait d’avoir du rythme musical n’a rien à voir avec le degré de pigmentation de la peau.
- le fait de considérer qu’avoir du rythme est « naturel », ôte toute reconnaissance du travail effectué par les musiciens noirs pour atteindre leur niveau musical
- le fait de voir les noirs avant tout comme musicien (« ils sont doués pour ça ») développe un a priori négatif sur ceux qui veulent faire autre chose que de la musique, comme par exemple devenir haut cadre dans une grande entreprise, astronaute ou chercheur en biologie moléculaire et se voient donc barrer l'accès aux fonctions prestigeuses.

Le raisonnement est identique en ce qui concerne les valeurs dites « féminines ». Le fait de posséder un vagin ne rend ni plus ni moins adhérant à certaines valeurs que le fait de posséder un pénis. Il existe (malheureusement) des femmes ayant participé activement aux génocides (voir les condamnations de religieuses rwandaises il y a quelques années), il y avait un grand nombre de femmes SS développant la même cruauté dans les camps de concentration que leurs collègues masculins et il y a de plus en plus de toreras. Inversement, il existe (heureusement) beaucoup d’hommes opposés au génocide, au nazisme et à la tauromachie. Gandhi était un homme. Lyndie England est une femme.

Les conséquences de cette forme de sexisme qui consiste à glorifier les femmes sur base des valeurs dites « féminines », sont exactement les mêmes que pour les noirs : pas de reconnaissance de l’effort et du travail effectués par les femmes dans les domaines qui leur sont attribués au nom de leur « nature » (tâches ménagères, éducation des enfants, etc) et a priori négatif sur les femmes voulant devenir haut cadre dans une grande entreprise, astronaute ou chercheuse en biologie moléculaire (« plafond de verre », discrimination à l’embauche, salaires inférieurs que les hommes pour une même fonction, etc).

Voilà pour cette petite mise au point (et j’insiste Rat-des-Champs, je ne te soupçonne pas de machisme, que du contraire. Il ne s’agit à mes yeux que d’une petite maladresse. Mais étant donné que je suis autant sensible au racisme qu’au sexisme, je me permettais de la relever).

Saint Germain 09/12/2005 @ 13:38:59
Bonjour,

Je comprends ta réaction suite à la critique eclair du Rat. Mais, doit-on pour autant effacer les differences entre hommes et femmes ? . Je ne parle nullement de l'égalité entre sexes qui est un droit fondamental et pour lequel il faut se battre. Mais vouloir indifférencier l'homme de la femme est à mon sens péjudiciable à notre bonheur commun. Nous sommes bel et bien différents physiologiquement et notre façon de penser diverge en conséquence. Voilà ce que je voulais succintement dire en réaction.

Et puis mesdames, je vous aime parce que vous êtes differents de ce que nous sommes, nous , les hommes. Sentiment qui n'empêche pas le respect et l'egalité entre individus..

Libris québécis
avatar 09/12/2005 @ 15:59:04

Et puis mesdames, je vous aime parce que vous êtes differents de ce que nous sommes, nous , les hommes. Sentiment qui n'empêche pas le respect et l'egalité entre individus..


Je ne crois pas à cette différence. Elle n'est pas intrinsèque, on la crée soi-même par l'éducation que l'on donne aux enfants. La société elle-même crée cette différence. La télévision charrie des modèles que l'on imite. Et les modèles véhiculés sont dotés d'un imaginaire spécifique qui distingue les sexes. Un petit garçon se doit d'être sportif, une petite fille se doit d'être charmante, un garçon se doit d'être fonceur, une fillette doit pratiquer la retenue. On pourrait continuer la liste indéfiniment. Au bout de la ligne, on établit des cloisons entre les sexes. Je note que dans certains milieux, on tente de restreindre les différences. Au Québec, il y a des clubs de hockey et de football pour les filles. Cette orientation est tout à fait récente. Et même dans notre langage, on pratique le sexisme suite aux images que l'on véhicule. Un homme en colère a du caractère, une femme en colère est une frustrée, un homme qui se soûle combat le stress, une femme qui boit fuit ses problèmes, un homme qui jure est virile, une femme qui jure est vulgaire. Et allez-y. Les différences ne manquent pas. Forcément tout ça impose des valeurs différentes selon le sexe auquel on appartient. Quand quelqu'un qualifie une oeuvre de masculine se fait conspuer et vice-versa pour l'oeuvre dite féminine. Pourtant on écrit avec ses tripes, et les tripes ont été faconnées pour qu'on soit fidèle à l'image caractéristique que l'on définit pour chacun des sexes. C'est ce que je vois, et je le déplore.

Provis

avatar 09/12/2005 @ 19:20:30
Je ne suis pas sûr que notre ami Le Rat te réponde de si tôt, Mieke Maaike.. :o((

Tu as vu la proportion de noirs qui arrivent en tête des courses de vitesse (depuis qu’ils bénéficient à peu près des mêmes conditions d’entraînement que les blancs) ? Il paraît que leurs fibres musculaires sont un peu plus longues que celles des blancs, mieux adaptées à la vitesse.. C’est une différence, mais ça ne fait d’eux ni des hommes supérieurs, ni des hommes inférieurs..

Et c’est vrai que souvent je trouve aux femmes un esprit plus généreux, plus raisonnable, plus responsable, moins égoïste que celui les hommes .. Par contre je trouve qu’en général les hommes ont des biceps beaucoup plus gros..
Elles sont donc un peu différentes (en moyenne, bien sûr.. !! :o)..), et je ne leur en veux pas pour ça, au contraire !!
Moi, je suis pour la différence.. Etre entouré d’hommes seulement ? Ah, non !!! :o)

Le rat des champs
avatar 26/12/2005 @ 16:53:45
Un petit coucou avec ce fuseau que je n'avais pas oublié, Mieke, après un petit moment d'indisponibilité ;o)
Je suis globalement assez d'accord avec Provis. Le fait d'admettre des différences entre les sexes ne signifie pas pour autant qu'il y ait une supériorité où que ce soit.
Bien sûr, il y a des femmes assassins, il y en eut dans la SS, mais c'est vrai que la plupart des femmes ne cherche pas à dominer par la violence. Peut-être as-tu lu "la femme solaire" de Paule Salomon? Elle y parle très bien des vertus féminines par rapport aux masculines, elle dit aussi que dans les temps anciens, quand règnait la déesse-mère, la vie était plus douce. Enfin... C'est tout un débat, et j'aimerais popuvoir t'en parler plus longuement. c'est dommage que le site ne permette pas d'échanger quelques messages entre lecteurs, pourtant avant, il y avait moyen.

Enzo 26/12/2005 @ 19:41:36
Bien sûr, il y a des femmes assassins, il y en eut dans la SS, .


Il n'y a JAMAIS eu de femmes dans les SS.

Le rat des champs
avatar 26/12/2005 @ 21:05:06
Bien sûr, il y a des femmes assassins, il y en eut dans la SS, .


Il n'y a JAMAIS eu de femmes dans les SS.

Ha... Et qui gardait les femmes à Ravensbruck alors?

Enzo 26/12/2005 @ 21:24:03
Des hommes, la Wehrmacht, la SS, la Luftwaffe, la Kriegsmarine et la Police fournissant chacune leur contingeant.

Les SS gardaient l'extérieur des camps, intervevant parfois à l'intérieur. L'intérieur des camps était généralement gardé par des kapos (politiques ou droit commun selon les années), dont, dans les camps pour femmes, parfois des femmes, essentiellement des ukrainiennes qui ainsi pouvaient assouvir leur vengeance des génocides de 1932-33 et de 1937-38...

Le rat des champs
avatar 26/12/2005 @ 22:38:29
OK, dont acte. Pas de femme SS alors, mais des kapos. Erreur de langage. Je ne sais pas si ça change grand chose, vu que certaines gardiennes de Ravensbruck étaient connues pour leur férocité. Je tiens quand même à rectifier une chose de mon côté: il n'y a pas eu de gardiennes victimes de génocide en 1932-33 ni en 1937-38.

Seuls quatre génocides ont été reconnus par des instances internationales dépendant de l'ONU, dont trois seulement au plan juridique :
le génocide des Arméniens commis par l'Empire Ottoman. « La qualification de “génocide” du peuple arménien en 1915 a été reconnue dans une résolution de la sous-commission des Droits de l'Homme de l'ONU en août 1985 (et dans une résolution du Parlement européen le 18 juin 1987) » ;
le génocide des juifs et des tziganes commis par les nazis en Allemagne, en Pologne et en France (en Alsace à Schirmeck). Ce génocide a été reconnu par la cour de Nuremberg créée par la Grande-Bretagne, la France, l'URSS et les USA en 1945, en même temps que l'on créait l'ONU. On peut dire que le génocide des Juifs a servi de référence pour définir ce qu'est un crime de génocide.
le génocide des Tutsi au Rwanda commis par les Hutu extrémistes du régime Habyarimana a été reconnu par l'ONU, dans le rapport de sa Commission des Droits de l'Homme le 28 juin 1994, puis lors de la création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (Résolution 955, adoptée par le Conseil de sécurité le 8 novembre 1994. Cette résolution confirme la résolution 935 de la même année).
Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), a qualifié, le 19 avril 2004, le massacre de 7 000 à 8 000 musulmans de Bosnie, commis par les Serbes en 1995 à Srebrenica, de génocide. (extrait de Wikipedia)
Je crois et j'espère que le débat est clos.

Mieke Maaike
avatar 27/12/2005 @ 00:54:07
Je suis totalement du même avis que Libris Québéquis :-)

Le but n'est pas de gommer les différences entre les gens, mais de ne plus les enfermer dans des catégories auxquelles on assigne des qualités/défauts/compétence/incompétences. Nous sommes tous des individus uniques à la naissance, donc aussi semblable et différent que n'importe quel autre. Puis passe le rouleau compresseur de la société pour nous faire rentrer dans un moule qui s'appelle le genre féminin ou le genre masculin: le "c'est une fille/c'est un garçon" proclamé à la naissance, puis le prénom, la couleur des vêtements, les jouets offerts, les réactions différentes des parents et de l'entourage à chaque moment (un garçon turbulent sera plus facilement toléré qu'une fille turbulente) et ainsi de suite. Puis à partir d'un certain age, le controle social se fait par les pairs: les garçons doivent manifester des signes de virilité pour être acceptés par leurs copains, les filles doivent avoir des "intérets de fille" pour avoir des amies. Arrivés à l'age adulte, après 20 ans de conditionnements en tout genre, on a l'impression que l'humanité se divise en 2 espèces de "nature" différente: les hommes et les femmes, fait pour se mettre en couple hétéro l'un avec l'autre, ça va sans dire. Mais en réalité, l'essentiel de ce qui fait un homme ou une femme, c'est d'abord une vue de l'esprit.

Il y a un petit questionnaire que j'aime bien utiliser. Ca commence par la question "qu'est-ce qu'une femme ?". Alors d'après vous, qu'est-ce qu'une femme ?

Quant aux arguments "les femmes sont ceci et les hommes sont cela mais sont néanmoins égaux", seriez vous-d'accord avec des propos du genre "les arabes sont des voleurs et les noirs sont des paresseux, mais ils sont néanmoins égaux parce qu'on applique la même loi pour eux que pour les blancs" ? Personnellement, ces propos me posent un gros problème parce qu'ils sont racistes: ils nient l'individu, enferme des gens dans des groupes auxquels on assigne des qualités ou des défauts, et ce sur base de caractéristiques physiques. Oui, la plupart des sprinters sont des noirs. Mais est-ce que tous les noirs courent plus vite que tous les blancs ? Certains hommes sont musculairement plus forts, mais est-ce que tous les hommes sont plus forts que toutes les femmes ? Les différences physiques entre les gens n'ont lieu qu'à la marge. Et quand bien même ces différences existent, en quoi la taille et le volume des fibres musculaires auraient une influence sur le caractère, l'intelligence, la capacité de raisonnement, la sensibilité, la capacité à exprimer des émotions, la douceur, etc ?

Je n'ai pas lu Paule Salomon. Par contre, j'ai lu que le mythe de la déesse-mère qui règnait sur une société matricarle pacifique et heureuse, est surtout... un mythe. Aucun historien ni anthropologue, même chez les féministes les plus sensibles à cette cause, n'a pu démontré que cette société existait (lire les travaux de Nicole-Claude Mathieu par exemple). Il y a bien sûr certaines déesses et certains cultes voués à des "éléments féminins" dans certaines sociétés, mais ces sociétés étaient néanmoins patriarcales.

Quand tu dis que la plupart des femmes ne cherchent pas à dominer pas la violence, je te réponds que la plupart des hommes ne cherchent pas à dominer par la violence non plus. Combien de chefs religieux sont grabataires? Combien de chefs d'Etat sont vieux et malades ? Inversément, combien de champions de boxe ont atteint les plus hautes sphères du pouvoir ? Les hommes qui utilisent la violence pour dominer sont des hommes qui vivent dans une culture (ou sous-culture) machiste et viriliste (par exemple dans l'armée, certains corps de police, la culture de certains pays). On parle donc bien d'éléments culturels, donc bien en rapport avec ce que les normes que la société se donne et non avec des éléments d'ordre naturels. Et il se fait que dans les sociétés qui tolèrent, voire encouragent la violence physique des hommes, les femmes sont en général empêchées de l'utiliser.

(sorry pour la longueur... :-) )

Sabyne

avatar 27/12/2005 @ 11:38:48
Long, mais intéressant. Je n'aurais su mieux dire. J'ajouterai simplement un avertissement : si l'on considère que la violence fait partie des attributs masculins, ne risque-t-on pas de dédouaner ceux qui en font usage ? "Ce n'est pas de leur faute, pauvres chéris, ce sont des hommes !"
Rappelons qu'une femme sur dix, en France, subit la violence de son conjoint et que six en meurent tous les mois. Des chiffres qui font froid dans le dos et qui posent une question : en vertu de quoi ces hommes se donnent ils le droit de maltraiter leur femme ?
Je préfère penser qu'il n'y a rien d'inné dans cela mais si les causes sont liées à l'éducation et au fonctionnenment de notre société, alors, nous sommes tous responsable.

Le rat des champs
avatar 27/12/2005 @ 11:58:20
Je crois que sur le fond on est d'accord, Sabyne et Mieke. Tu as raison, la violence est inacceptable et toute justification par des "qualités" masculines ridicule.

Sophi 29/12/2005 @ 14:48:32
Vertus masculines ?

Entendu à la radio :

Le journaliste à un homme :

-Vous êtes, on le sait, un grand amateur de vins et de femmes…

Même question à une femme ? ;-)))

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