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J'ai peut-être été un peu sévère avec Mme Yourcenar et pourtant , Jules , quand on voit , vous l'avez dit vous même , où en sont des gens comme Giono , que je tiens pour un très grand , je me pose des questions .
Au bout d'un certain nombre d'années , tout auteur passe au "purgatoire" , il n'est plus trop dans l'air du temps , son style s'est démodé etc... C'est normal , cela s'est vu à toutes les époques . Un grand auteur peut ressurgir et revenir sur le devant de la scène , cela s'est vu dans le passé . Et c'est pour cette raison que j'ai parlé de "purgatoire" . L'"enfer" des écrivains existe aussi ( je ne parle pas de celui du Vatican ) , il n'est que de voir la longue liste de tous ceux qui ne sont pas réédités et qui ne le seront peut-être plus jamais . Le pauvre lecteur doit courir les bouquinistes et les brocantes , heureusement qu'il y a Internet et quelques sites comme ceux cités sur Critiques libres . Mais quand même , il y a de quoi s'inquiéter .
Les livres ne restent guère plus d'un trimestre en librairie . On lance des écrivains comme des savonnettes ou des Staracadémiciens ... Qu'en pensez-vous ?
Au bout d'un certain nombre d'années , tout auteur passe au "purgatoire" , il n'est plus trop dans l'air du temps , son style s'est démodé etc... C'est normal , cela s'est vu à toutes les époques . Un grand auteur peut ressurgir et revenir sur le devant de la scène , cela s'est vu dans le passé . Et c'est pour cette raison que j'ai parlé de "purgatoire" . L'"enfer" des écrivains existe aussi ( je ne parle pas de celui du Vatican ) , il n'est que de voir la longue liste de tous ceux qui ne sont pas réédités et qui ne le seront peut-être plus jamais . Le pauvre lecteur doit courir les bouquinistes et les brocantes , heureusement qu'il y a Internet et quelques sites comme ceux cités sur Critiques libres . Mais quand même , il y a de quoi s'inquiéter .
Les livres ne restent guère plus d'un trimestre en librairie . On lance des écrivains comme des savonnettes ou des Staracadémiciens ... Qu'en pensez-vous ?
Je suis tout à fait d'accord avec toi (il me semble que le "tu" est plus sympas, dans un sens comme dans l'autre) quant au lancement "d'écrivains" comme des savonettes.
A la fois on nous dit que le monde de l'édition ne se porte pas très bien, mais ils continuent quand-même à publier n'importe quoi !
Je crois que cela vient, en grande partie, de l'obsession des gens aujourd'hui pour la nouveauté. Du neuf, toujours du neuf et chacun de vouloir avoir lu le dernier x ou le dernier Y et ne pas être capable de parler du "dernier" est presque une tare dans un dîner, même s'il s'agit d'une nullité totale. Et quand c'est vraiment pas terrible, mais que le bon peuple marche, si vous le dites vos paroles sont presque sacrilèges !
Je crois qu'une des caractéristiques de notre époque restera le gaspillage dans tous les domaines et l'éphémère. Du neuf !... Même au détriment de la qualité.
L'enfer des écrivains... J'avoue ne pas faire des folies de ceux que je vais citer et ce n'est donc pas un regret, mais Anatole France, Henri Bordeaux, Carco (que j'aime un peu plus) Dorgelès, Maurois et même Mauriac (il aura fallu deux ou trois ans pour trouver la première critique d'un de ses livres sur le site...) et Hervé Bazin, ne parlons pas de René et des auteurs comme Cesbron qui était fort à la mode à une époque. Qui parle d'un Clavel ? Qui se rue encore sur Sagan ? Même Sartre passe par un tunnel, comme De Beauvoir qui ne cartonne plus non plus.
Bon ! Pour le moment Gide s'en tire, Giono plutôt aussi, Yourcenar, Camus, Céline, Duras plutôt très bien, Montherlant un peu moins,
Gary pas trop mal et Pagnol non plus.
Mais il faut aussi dire que notre époque semble plus passionnée qu'avant à découvrir des auteurs Américains, Albanais, Hongrois, Sud-Américains, Espagnol, Italiens, Turcs, Indiens, Canadiens etc.
En tout cas, c'est ce que je constate en parcourant ma bibliothèque du regard. A part quelques Le Clézio, du Modiano, du Djian et Pennac j'ai assez peu d'auteurs français contemporains par rapport aux auteurs étrangers.
A la fois on nous dit que le monde de l'édition ne se porte pas très bien, mais ils continuent quand-même à publier n'importe quoi !
Je crois que cela vient, en grande partie, de l'obsession des gens aujourd'hui pour la nouveauté. Du neuf, toujours du neuf et chacun de vouloir avoir lu le dernier x ou le dernier Y et ne pas être capable de parler du "dernier" est presque une tare dans un dîner, même s'il s'agit d'une nullité totale. Et quand c'est vraiment pas terrible, mais que le bon peuple marche, si vous le dites vos paroles sont presque sacrilèges !
Je crois qu'une des caractéristiques de notre époque restera le gaspillage dans tous les domaines et l'éphémère. Du neuf !... Même au détriment de la qualité.
L'enfer des écrivains... J'avoue ne pas faire des folies de ceux que je vais citer et ce n'est donc pas un regret, mais Anatole France, Henri Bordeaux, Carco (que j'aime un peu plus) Dorgelès, Maurois et même Mauriac (il aura fallu deux ou trois ans pour trouver la première critique d'un de ses livres sur le site...) et Hervé Bazin, ne parlons pas de René et des auteurs comme Cesbron qui était fort à la mode à une époque. Qui parle d'un Clavel ? Qui se rue encore sur Sagan ? Même Sartre passe par un tunnel, comme De Beauvoir qui ne cartonne plus non plus.
Bon ! Pour le moment Gide s'en tire, Giono plutôt aussi, Yourcenar, Camus, Céline, Duras plutôt très bien, Montherlant un peu moins,
Gary pas trop mal et Pagnol non plus.
Mais il faut aussi dire que notre époque semble plus passionnée qu'avant à découvrir des auteurs Américains, Albanais, Hongrois, Sud-Américains, Espagnol, Italiens, Turcs, Indiens, Canadiens etc.
En tout cas, c'est ce que je constate en parcourant ma bibliothèque du regard. A part quelques Le Clézio, du Modiano, du Djian et Pennac j'ai assez peu d'auteurs français contemporains par rapport aux auteurs étrangers.
Merci pour TA réponse et ton point de vue si proche finalement du mien et que tu exprimes bien mieux que moi. Ca fait plaisir de se sentir moins seul .
Jusqu'où ira l'inflation littéraire ? On a parlé de 200 à 300 nouveaux romans publiés lors de la dernière rentrée littéraire . Du jamais vu . Les éditeurs semblent publier à tout va , sans aucun "tri" préalable . Et pourtant paradoxalement , il est toujours aussi difficile de percer pour un jeune auteur inconnu . Bien entendu , les lecteurs ne peuvent pas suivre d'autant plus que la durée de vie d'un livre est de plus en plus réduite . Les vrais libraires ( ceux qui lisent et sont aptes à conseiller leurs clients ) et les vrais bibliothécaires ( ceux qui n'ont pas un esprit "fonctionnaire municipal") se font rares . Et ne parlons pas des émissions littéraires réduites comme peau de chagrin , reléguées fort tard ou dénaturées par certains présentateurs prêts à tout pour faire de l'audience .
Jusqu'où ira l'inflation littéraire ? On a parlé de 200 à 300 nouveaux romans publiés lors de la dernière rentrée littéraire . Du jamais vu . Les éditeurs semblent publier à tout va , sans aucun "tri" préalable . Et pourtant paradoxalement , il est toujours aussi difficile de percer pour un jeune auteur inconnu . Bien entendu , les lecteurs ne peuvent pas suivre d'autant plus que la durée de vie d'un livre est de plus en plus réduite . Les vrais libraires ( ceux qui lisent et sont aptes à conseiller leurs clients ) et les vrais bibliothécaires ( ceux qui n'ont pas un esprit "fonctionnaire municipal") se font rares . Et ne parlons pas des émissions littéraires réduites comme peau de chagrin , reléguées fort tard ou dénaturées par certains présentateurs prêts à tout pour faire de l'audience .
Et j'oubliais les Russes, les Japonais, les Chinois...
Il y a 2 ans environ lors d'une émission de France Inter, à laquelle participait Philippe Sollers (dont je n'ai lu aucun livre, et qui est tant dénigré pour son OPA sur le monde littéraire et éditorial. Je n'aime pas trop non plus ceux qui sont partout à la fois).
Celui ci disait que le nombre monstrueux de parution à chaque rentrée littéraire avait pour but de restreindre la liberté d'expression en noyant sous la multitude les quelques romans dignes d'intérêt. Une manière comme une autre d'empêcher les gens de trouver les œuvres susceptibles d'accomplir leurs rôles d'éveil des consciences, et qui permettent d'extirper les ignares de devant leur poste de TV, qui diffusent StarAc & Co à longueur de journée.
Et là, j'ai pensé qu'il n'avait peut être pas tort le gaillard !!!
Celui ci disait que le nombre monstrueux de parution à chaque rentrée littéraire avait pour but de restreindre la liberté d'expression en noyant sous la multitude les quelques romans dignes d'intérêt. Une manière comme une autre d'empêcher les gens de trouver les œuvres susceptibles d'accomplir leurs rôles d'éveil des consciences, et qui permettent d'extirper les ignares de devant leur poste de TV, qui diffusent StarAc & Co à longueur de journée.
Et là, j'ai pensé qu'il n'avait peut être pas tort le gaillard !!!
Là je ne te suis pas très bien Heyrike. Quel serait l'intérêt du monde de l'édition dans cette affaire ?... Il y gagne quoi ?...
Que le politique y ait tout à gagné avec Starac & Co on est d'accord mais publier des paquets de bouquins qui ne se vendent pas, je ne vois pas l'intérêt. Cela coûte un pont à des sociétés privées... Abêtir pour avoir les mains libres, c'est le rôle du politique et pourtant il faut bien avouer que le niveau d'Antenne 2 et de Fr 3 est quand-même légèrement supérieur à TF1 qui vise vraiment le grand public. Cela me semble normal puisque c'est une télé privée qui doit gagner des sous ! Comme les deux autres sont contrôlées par le politique il est alors étonnant qu'elles soient moins mauvaises.
Que le politique y ait tout à gagné avec Starac & Co on est d'accord mais publier des paquets de bouquins qui ne se vendent pas, je ne vois pas l'intérêt. Cela coûte un pont à des sociétés privées... Abêtir pour avoir les mains libres, c'est le rôle du politique et pourtant il faut bien avouer que le niveau d'Antenne 2 et de Fr 3 est quand-même légèrement supérieur à TF1 qui vise vraiment le grand public. Cela me semble normal puisque c'est une télé privée qui doit gagner des sous ! Comme les deux autres sont contrôlées par le politique il est alors étonnant qu'elles soient moins mauvaises.
France 2 ;-)... Antenne 2, ça fait un bail...
Mais surtout France 5 ! J'aime beaucoup cette petite chaîne... le service public comme je l'entends.
Il y a une inflation des publications c'est vrai... Le risque de passer " à côté " d'un " grand " est immense. Et le nombre de livres inutiles ou "médiatiquement porteurs mais littérairement pauvres" d'exploser.
Nous vivons quand même dans une époque bizarre: n'importe qui passant à la télé se sentant obligé de nous infligé son autobiographie... Où les plateaux de télé servent de confessional aux perdant(e)s des émissions de télé-réalité. Et celui-ci de cracher dans la soupe dans un "livre vérité" dont il ne connait pas la contenu, et celui-là de défendre bec et ongles un système stupide de promotion du vide, du contenant avant le contenu. Le tout mis en scène par des financiers, et non plus par des créatifs ( Une des perversions du système à mon avis ).
A ce stade de mon inintéressant discours, il me prend l'envie de faire un parallèle avec le monde du disque: combien de stars académiciens "qui rapportent" étouffent de jeunes groupes "talentueux" ? A une époque où ce secteur est en crise, il faut vendre, vendre, vendre... et tant pis pour la qualité. Surtout avec la concurrence du téléchargement...
En somme on publie/produit beaucoup pour compenser... en lançant plein de lignes, il y a plus de chances de faire une touche...
Il y a des exceptions, heureusement ! Et dans les deux domaines ( La Belgique étant particulièrement bien fournies en jeunes groupes rock indépendants, talentueux mais méconnus voire snobés )... Il faut sans doute un peu plus creuser qu'autrefois pour faire surgir le singulier hors du banal... Et ne pas se laisser distraire par les sirènes de la médiatisation ;-) .
Personnellement, je suis "fâché" avec la littérature contemporaine ( surtout francophone... pouah... ) sauf certains auteurs japonais ou de SF... vous aviez remarqué ? Ah... bon...
Mais surtout France 5 ! J'aime beaucoup cette petite chaîne... le service public comme je l'entends.
Il y a une inflation des publications c'est vrai... Le risque de passer " à côté " d'un " grand " est immense. Et le nombre de livres inutiles ou "médiatiquement porteurs mais littérairement pauvres" d'exploser.
Nous vivons quand même dans une époque bizarre: n'importe qui passant à la télé se sentant obligé de nous infligé son autobiographie... Où les plateaux de télé servent de confessional aux perdant(e)s des émissions de télé-réalité. Et celui-ci de cracher dans la soupe dans un "livre vérité" dont il ne connait pas la contenu, et celui-là de défendre bec et ongles un système stupide de promotion du vide, du contenant avant le contenu. Le tout mis en scène par des financiers, et non plus par des créatifs ( Une des perversions du système à mon avis ).
A ce stade de mon inintéressant discours, il me prend l'envie de faire un parallèle avec le monde du disque: combien de stars académiciens "qui rapportent" étouffent de jeunes groupes "talentueux" ? A une époque où ce secteur est en crise, il faut vendre, vendre, vendre... et tant pis pour la qualité. Surtout avec la concurrence du téléchargement...
En somme on publie/produit beaucoup pour compenser... en lançant plein de lignes, il y a plus de chances de faire une touche...
Il y a des exceptions, heureusement ! Et dans les deux domaines ( La Belgique étant particulièrement bien fournies en jeunes groupes rock indépendants, talentueux mais méconnus voire snobés )... Il faut sans doute un peu plus creuser qu'autrefois pour faire surgir le singulier hors du banal... Et ne pas se laisser distraire par les sirènes de la médiatisation ;-) .
Personnellement, je suis "fâché" avec la littérature contemporaine ( surtout francophone... pouah... ) sauf certains auteurs japonais ou de SF... vous aviez remarqué ? Ah... bon...
Là je ne te suis pas très bien Heyrike. Quel serait l'intérêt du monde de l'édition dans cette affaire ?... Il y gagne quoi ?...
Que le politique y ait tout à gagné avec Starac & Co on est d'accord mais publier des paquets de bouquins qui ne se vendent pas, je ne vois pas l'intérêt. Cela coûte un pont à des sociétés privées... Abêtir pour avoir les mains libres, c'est le rôle du politique et pourtant il faut bien avouer que le niveau d'Antenne 2 et de Fr 3 est quand-même légèrement supérieur à TF1 qui vise vraiment le grand public. Cela me semble normal puisque c'est une télé privée qui doit gagner des sous ! Comme les deux autres sont contrôlées par le politique il est alors étonnant qu'elles soient moins mauvaises.
Réponse à Jules.
Je me suis fait la même réflexion quand j'ai entendu ça.
Mais, si je me souviens bien des propos de Sollers, l'intérêt des maisons d'éditions se joue sur le calcul purement comptable qui consiste à établir la prévisibilité des ventes de tel ou tel ouvrage, et que de toute manière la maison d'édition s'en sort sur le nombre de nouveautés mises en "rayon".
Et peu importe qu'un ouvrage ne se vende pas car de toute manière l'éditeur sait pertinemment qu'il peut se reposer sur quelques écrivains de valeur qui lui assureront suffisamment de bénéfices (prendre en compte aussi le petit cirque des prix convenus entre eux à l'avance).
Et derrière tout cela il faut bien sûr y voir l'influence de ceux qui ont intérêt à ce que "le peuple d'en bas" ne puisse pas pleinement capter, à travers le flot des bouquins pavés, la culture et l'érudition susceptible d'éveiller les consciences. Une sorte de brouillage livresque (ça me fait penser à la pratique des Alliés pendant la deuxième guerre mondiale lorsqu'ils largués des petites feuilles d'aluminium pour brouiller les radars Allemands. Oui je sais ça n'a rien à voir, mais soudain je me suis souvenu d'une ancienne lecture pendant mes heures d'études au collège sur ce sujet )
Je me suis fait la même réflexion quand j'ai entendu ça.
Mais, si je me souviens bien des propos de Sollers, l'intérêt des maisons d'éditions se joue sur le calcul purement comptable qui consiste à établir la prévisibilité des ventes de tel ou tel ouvrage, et que de toute manière la maison d'édition s'en sort sur le nombre de nouveautés mises en "rayon".
Et peu importe qu'un ouvrage ne se vende pas car de toute manière l'éditeur sait pertinemment qu'il peut se reposer sur quelques écrivains de valeur qui lui assureront suffisamment de bénéfices (prendre en compte aussi le petit cirque des prix convenus entre eux à l'avance).
Et derrière tout cela il faut bien sûr y voir l'influence de ceux qui ont intérêt à ce que "le peuple d'en bas" ne puisse pas pleinement capter, à travers le flot des bouquins pavés, la culture et l'érudition susceptible d'éveiller les consciences. Une sorte de brouillage livresque (ça me fait penser à la pratique des Alliés pendant la deuxième guerre mondiale lorsqu'ils largués des petites feuilles d'aluminium pour brouiller les radars Allemands. Oui je sais ça n'a rien à voir, mais soudain je me suis souvenu d'une ancienne lecture pendant mes heures d'études au collège sur ce sujet )
Je suis content de voir que d'autres lecteurs partagent mon opinion sur la littérature française contemporaine: moi non plus je ne possède que très peu d'auteurs français dans ma bibliothèque, du moins encore vivants... Je préfère me tenir à l'écart des modes et passions passagères qui sont souvent si trompeuses. Si je peux ajouter ma petite contribution à la discussion, je dirais qu'il nous faudra surtout attendre quelques années avant de dégager parmi le flot de nouveauté ce qui était réellement de valeur. J'ai lu quelque part (où?) qu'à toute époque les gens un petit peu plus "éveillés" que la masse (sans que cela soit péjoratif) avaient pour références principales les livres datant d'une cinquantaine d'année au moins. ce décalage me semble vrai aujourd'hui, il n'y a pas forcément de raisons de s'inquiéter de cela. La littérature, c'est ce qui fait sa valeur, a besoin de mûrir au fil des ans et de s'enrichir de différents niveaux de lecture à l'aune des évènements nouveaux. Bien malin celui qui pourrait dire aujourd'hui quels écrivains ne seront pas tombés au purgatoire (voire en enfer) dans plusieurs générations.
CCRIDER, dans sa critique, me paraît terriblement dur envers l’auteur. S’il est vrai que ce livre ne restera pas dans ses meilleurs titres, il n’en demeure pas moins qu’il est vraiment pas sans intérêt !
Yourcenar nous montre ses goûts pour l’homosexualité alors qu’elle n’aurait que dix ou douze ans ? Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela. Elle nous dit elle-même qu’elle s’était laissé entraînée par une poussée de sensualité qui peut arriver à cet âge. Etant avec une autre jeune fille dans son lit elle ne pouvait pas choisir un garçon… L’épisode fut bref et ne se reproduisit pas se sitôt. Nombreux sont les adolescents, mâles comme femelles, qui passent par un tel stade qui peut même perdurer un moment, alors qu’ils se cherchent. Moi-même, vers quatorze ans je me suis demandé ce qui arrivait à un de mes amis alors que nous dormions dans le même lit. Je ne m’en suis débarrassé que par un bon coup de poing et plus rien n’est jamais arrivé. Depuis, il n’a jamais été homosexuel, ni pédophile !
Yourcenar, dans un entretien a bien insisté sur la nécessité d’une variation des styles suivant les sujets. Il me semble évident que Hadrien ne peut pas s’exprimer comme Zénon ! L’un est empereur et l’autre est médecin philosophe ! Et ici nous sommes dans des mémoires et non dans un roman. Le ton ne peut être le même sous peine de ne pas être du tout crédible.
Les personnages ne sont pas bien étudiés ?... Michel me semble un être plein de vie, de force et de sensualité. Un homme libéral pour son époque, très joueur, cultivé et passionné. Je le trouve attachant.
Egon est plein de contradictions et terriblement torturé. Nous apprendrons à quel point ses rapports avec sa mère ont été nuls et même difficiles. Il a par la suite quasiment été renié par sa famille vu son choix pour une carrière musicale. En outre, son homosexualité a été très loin de lui simplifier la vie.
Notez au passage qu’Egon va jouer un grand rôle dans l’œuvre de Yourcenar. Il semble évident qu’Egon deviendra l’Alexis décrit dans son court premier roman « Alexis ou le traité du vain combat.
Mais son rôle ne se limitera pas à ce livre. Vers la fin, quand il part en 17 ou en 18 dans les pays baltes de sa naissance il rencontre Conrad et son frère Eric. Voilà, à mon avis, deux personnages que nous retrouverons dans « Le coup de grâce », un autre court roman qui se passe à l’époque révolutionnaire en Russie et dans les pays baltes. C’est certainement en pensant à Jeanne qu’elle y a écrit : « Pourquoi les femmes s’éprennent-elles justement des hommes qui ne leur sont pas destinés, ne leur laissant ainsi que le choix de se dénaturer ou de les haïr. »
Quant à Jeanne, Yourcenar ne nous cache pas que cette jeune femme s’avère très vite attirée par ce qui touche au sexe. Elle est cependant très loin d’être dépravée ou « facile » Elle vit tout simplement selon ses convictions et la situation dans laquelle elle se trouve. Ayant épousé un homosexuel et tenant terriblement à lui elle vit cet amour comme elle le peut tenant aussi compte de ses besoins sexuels à elle. Mais elle est très fidèle dans ses attachements.
Yourcenar nous parle aussi de ce qu’elle suppose avoir été les pulsions sexuelles de Jeanne à l’adolescence... Le fait qu’elle aurait pu avoir des contacts « particuliers » avec Fernande, la mère de Yourcenar, lors de leurs courtes vies en institution religieuse, n’est pas caché. Tous ces êtres seraient donc des homosexuels en puissance, comme beaucoup d’autres qui auraient faits de longs séjours en pension lors de l’adolescence ?... Je ne peux pas le croire !
Outre tout l’intérêt autobiographique de ce livre, il convient d’insister sur le fait qu’il ne manque pas non plus de phrases intelligentes.
Bref, vous comprendrez que je ne suis pas fort d’accord avec la critique de CCrider.
En outre, prétendre que l’œuvre de Yourcenar pourrait passer à la trappe du temps me semble très excessif et les critiques récentes mises sur « Mémoires d’Hadrien » ou « L’œuvre au noir » prouve à quel point il a tort. Elles sont peu nombreuses, c’est un fait, mais tout le monde n’est pas attiré par une œuvre qui ne peut pas être qualifiées de facile.
Ici, nous sommes loin, très loin, des Coelho, Levy et autres auteurs que nous distillent les éditeurs francophones actuellement. A chacun ses choix !
Yourcenar nous montre ses goûts pour l’homosexualité alors qu’elle n’aurait que dix ou douze ans ? Je ne suis pas tout à fait d’accord avec cela. Elle nous dit elle-même qu’elle s’était laissé entraînée par une poussée de sensualité qui peut arriver à cet âge. Etant avec une autre jeune fille dans son lit elle ne pouvait pas choisir un garçon… L’épisode fut bref et ne se reproduisit pas se sitôt. Nombreux sont les adolescents, mâles comme femelles, qui passent par un tel stade qui peut même perdurer un moment, alors qu’ils se cherchent. Moi-même, vers quatorze ans je me suis demandé ce qui arrivait à un de mes amis alors que nous dormions dans le même lit. Je ne m’en suis débarrassé que par un bon coup de poing et plus rien n’est jamais arrivé. Depuis, il n’a jamais été homosexuel, ni pédophile !
Yourcenar, dans un entretien a bien insisté sur la nécessité d’une variation des styles suivant les sujets. Il me semble évident que Hadrien ne peut pas s’exprimer comme Zénon ! L’un est empereur et l’autre est médecin philosophe ! Et ici nous sommes dans des mémoires et non dans un roman. Le ton ne peut être le même sous peine de ne pas être du tout crédible.
Les personnages ne sont pas bien étudiés ?... Michel me semble un être plein de vie, de force et de sensualité. Un homme libéral pour son époque, très joueur, cultivé et passionné. Je le trouve attachant.
Egon est plein de contradictions et terriblement torturé. Nous apprendrons à quel point ses rapports avec sa mère ont été nuls et même difficiles. Il a par la suite quasiment été renié par sa famille vu son choix pour une carrière musicale. En outre, son homosexualité a été très loin de lui simplifier la vie.
Notez au passage qu’Egon va jouer un grand rôle dans l’œuvre de Yourcenar. Il semble évident qu’Egon deviendra l’Alexis décrit dans son court premier roman « Alexis ou le traité du vain combat.
Mais son rôle ne se limitera pas à ce livre. Vers la fin, quand il part en 17 ou en 18 dans les pays baltes de sa naissance il rencontre Conrad et son frère Eric. Voilà, à mon avis, deux personnages que nous retrouverons dans « Le coup de grâce », un autre court roman qui se passe à l’époque révolutionnaire en Russie et dans les pays baltes. C’est certainement en pensant à Jeanne qu’elle y a écrit : « Pourquoi les femmes s’éprennent-elles justement des hommes qui ne leur sont pas destinés, ne leur laissant ainsi que le choix de se dénaturer ou de les haïr. »
Quant à Jeanne, Yourcenar ne nous cache pas que cette jeune femme s’avère très vite attirée par ce qui touche au sexe. Elle est cependant très loin d’être dépravée ou « facile » Elle vit tout simplement selon ses convictions et la situation dans laquelle elle se trouve. Ayant épousé un homosexuel et tenant terriblement à lui elle vit cet amour comme elle le peut tenant aussi compte de ses besoins sexuels à elle. Mais elle est très fidèle dans ses attachements.
Yourcenar nous parle aussi de ce qu’elle suppose avoir été les pulsions sexuelles de Jeanne à l’adolescence... Le fait qu’elle aurait pu avoir des contacts « particuliers » avec Fernande, la mère de Yourcenar, lors de leurs courtes vies en institution religieuse, n’est pas caché. Tous ces êtres seraient donc des homosexuels en puissance, comme beaucoup d’autres qui auraient faits de longs séjours en pension lors de l’adolescence ?... Je ne peux pas le croire !
Outre tout l’intérêt autobiographique de ce livre, il convient d’insister sur le fait qu’il ne manque pas non plus de phrases intelligentes.
Bref, vous comprendrez que je ne suis pas fort d’accord avec la critique de CCrider.
En outre, prétendre que l’œuvre de Yourcenar pourrait passer à la trappe du temps me semble très excessif et les critiques récentes mises sur « Mémoires d’Hadrien » ou « L’œuvre au noir » prouve à quel point il a tort. Elles sont peu nombreuses, c’est un fait, mais tout le monde n’est pas attiré par une œuvre qui ne peut pas être qualifiées de facile.
Ici, nous sommes loin, très loin, des Coelho, Levy et autres auteurs que nous distillent les éditeurs francophones actuellement. A chacun ses choix !
Est-ce que ce genre de cycles de popularité auprès du grand public de l'époque, du moment, importe vraiment ? J'ai tendance, de manière tout à fait instinctive, voire naïve, à penser que non : les auteurs, leurs oeuvres doivent être découverts et analysés avec un minimum d'objectivité, ce qui n'empêche absolument pas, bien évidemment, de faire état de sa subjectivité personnelle, de ses goûts, de sa hiérarchie de critères et valeurs, à conditions, autant que possible, de prendre un minimum de distance par rapport à eux, pour qu'ils puissent évoluer, apporter de la nuance, donc de la richesse, au jugement.
(Cela n'est pas, encore une fois, le fruit d'une doctrine très strictement arrêtée)
(Cela n'est pas, encore une fois, le fruit d'une doctrine très strictement arrêtée)
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