Jonjon21 01/09/2005 @ 02:03:31
*Je ne sais pas quoi faire avec ce texte. Je crois que j'ai besoin de votre opinion.*

De la lumière à la fenêtre de ta chambre à coucher. Un éclairage tamisé, un voile de clair-obscur sous lequel tes murs jaune-safran paraissent d'un violent orangé. Seul dans ma familiale, je me gare sur le bas-côté de la route, à une quinzaine de mètres de chez toi. Le moteur tourne encore. Je ne sais pas si je dois rester ou partir. J'hésite encore. J'ai envie de te voir, de frapper à ta porte, d'entendre tes pas s'approcher, je veux que tu m'ouvres bien grand, que tu souris en m'embrassant des yeux. Mais il se fait tard. Je veux toucher ton visage, glisser ma main sur ta joue de porcelaine avec la délicatesse d'un antiquaire admirant la plus précieuse pièce de sa collection. Celle qui efface les autres, tant elle chatoie merveilleusement même dans les ténèbres.
(Une tête qui dort face contre sol)
Je reste assis sur mon siège d'inconduite. Le vrombissement enterre les battements de mon coeur. Mais il ne parvient pas à faire taire ta voix. Pendant un bref instant, je me demande si tu monologues dans ma tête. Si j'imagine encore que tu t'adresses à moi. Ces derniers temps, mon coeur fait régulièrement ses vocalises. Incapable de déterminer ni l'origine ni le sens de tes mots, j'éteins le moteur. La nuti hulule et stridule si intensément, que je reste à peu près sourd. Puis tout semble se taire quand ta voix s'exclame. Le sens demeure nébuleux, mais j'ai la certitude à présent que ça provient de ta chambre.
(Un bras tendu vers la télécommande)
Je me libère de ma ceinture d'insécurité, mais je ne sors pas tout de suite. Et si je fais erreur? Incertain, je pèse les "pour" et les "contre" : pourquoi te déranger à une heure aussi tardive?
(L'autre, couché sur mes genoux)
À ta fenêtre, une ombre furtive attire mon regard. Quand j'examine avec une attention fébrile, deux, trois, quatre minutes, l'ombre réapparaît enfin. Ce n'est pas la tienne. Résolu, je descends de l'auto. J'emprunte l'allée et me rend à ta porte. Je ne frappe pas ; j'entre. Mon coeur me commande de crier ton nom, mais ma tête m'ordonne de me taire. L'effet de surprise m'avantagera sur l'intrus.
(Une jambe aux orteils pointant le plafond)
La maison est plongée dans la pénombre. D'un pas prudent, je longe le mur en prenant bien soin de ne rien faire tomber. Je contourne une table, enjambe une paire de chaussures (inconnues) et marche le plus légèrement possible. Parvenu au corridor, je regarde à gauche, à droite, devant, derrière, puis je traverse jusqu'à la cuisine. Un petit arrêt de circonstance s'impose.
(Et l'autre, inversement positionnée)
Je localise les couteaux. Après une dernière vérification de sûreté (gauche, droite, derrière), je m'étire et m'empare d'un couperet. Puis je fais brusquement volte-face en sentant une présence derrière moi. Mais il n'y a personne. J'entends un gémissement provenant de ta chambre. Sans attendre un instant de plus, je m'y rend. Plus j'avance et plus mon coeur se débat dans ma poitrine.
(Un torse dégonflé sur ton lit)
Je prend une profonde inspiration, ouvre la porte et entre. Ce que je vois me charcute l'intérieur. Vous êtes nus tous les deux, enlacés. je le reconnais, je me souviens qu'il s'appelle Antoine. Qu'il travaille avec toi aux imprimeries Papyrus. J'aperçois son phallus et ça me donne la nausée. Tu me fixes, terrorisée. Et tout ce que tu trouves à me dire, c'est:
- Qui êtes-vous?
Je veux parler, mais ma voix se brise, se fracture, s'émiette.
Et l'ustensile dans ma main tremblante.
(Je ramasse les morceaux de cadavres)
Et dans un souffle:
- Je t'aimais...

FIN

Giny 01/09/2005 @ 02:35:16
Mes impressions: bon début accrocheur, des mots volontairement remplacés par d'autres(je pense à "ceinture d'insécurité), judicieuse idée, les 2 histoires mises en paralèlle et complémentaires, encore un bon point.Un peu trop prévisible, la fin quand même, et un peu baclée, et puis le mot 'phallus' m'a profondément gênée, pas à cause de sa crudité, je ne voyais pas ce qu'il venait faire là en fait.Et puis aussi, le mot 'cadavre' qui m'a gênée, qui tranche avec la douceur, mais ça je pense que ça a du être un effet voulu?

Tistou 01/09/2005 @ 02:36:22
Un peu difficile à suivre quand même (les divers éléments anatomiques qui ponctuent les paragraphes). J'ai dû revenir plusieurs fois en arrière pour être sûr de comprendre mais, au final, ça fait une construction compliquée, sans que la complication en vaille vraiment la peine. Je crois.
Sinon une ambiance est installée, on est en phase avec la progression de l'action, ... C'est bon.
Au fait Bienvenue, je crois que c'est le premier texte de toi que je critique.

Jonjon21 01/09/2005 @ 02:45:14
En fait, j'ai eu un énorme dilemme avec les parenthèses. Je cherchais une façon plus fluide de dire ce que j'avais à dire et c'est pour cette raison que je vous ai présenté ce texte. Pour voir ce que vous aviez à proposer. Je suis dans un cul-de-sac je dirais.

Jonjon21 01/09/2005 @ 02:49:34
Ceci dit, le mot "phallus" que j'ai inséré dans le texte servait à faire comprendre que c'est l'objet sexuel mâle d'Antoine qui vient faire atteinte à la virilité ou à la "mâlitude" du personnage principal.

Killgrieg 01/09/2005 @ 05:06:54
Bonjour jonjon,
Premier texte de toi que je lis
J'irai voir les autres demain (à moins que tu ne me l'interdise après avoir lu mes commentaires)
Pour celui-là, comme il est tard, je vais faire concis et cruel :)

L'idée m'amuse
Mais ce texte mérite plus de simplicité
Tes phrases sont rythmées et entraînantes, puis,

un:
"glisser ma main sur ta joue de porcelaine avec la délicatesse d'un antiquaire admirant la plus précieuse pièce de sa collection. "
m'ennuie

un:
"La nuit hulule et stridule si intensément, que je reste à peu près sourd."
m'arrache à l'histoire

Les parenthèses sont superflues - voir pompeuses -
comme le sont, à mon goût, les images forcées (siège d'inconduite, ceinture d'insécurité...)
Je comprends l'envie de faire original et littéraire, mais là, l'effort se voit.
Et dans ce type de texte simplicité rime avec efficacité.

Je reviens sur les parenthèses - finalement je ne ferai pas concis, seulement cruel -

Je comprends l'idée, mais:

Le flash, l'image quasi subliminale - procédé cinématographique dont les réalisateurs actuels usent et abusent - est difficile à reproduire avec des mots. Dans un film, on aura tout à coup, trois images superposées aux couleurs criardes, accompagnées d'une bande-son crispante.
Là, tu ne peux user d'autre artifice que de parenthèses ou d'italiques et ce n'est pas avec ça que tu vas tordre la tête de ton lecteur.

Alors, si tu tiens vraiment à les conserver, et puisque tu demandes des propositions, voilà ce que (moi, petit trou du cul qui me mêle de ce qui ne me regarde pas et qui vais le regretter demain) j'aurais tenté de faire :

J'aurais donné plus d'ampleur à ces passages en les allongeant - cinq ou six phrases très courtes, plutôt qu'une - mais aussi peut-être en leur donnant vie - de la couleur, des connotations esthétique, voire sexuelle…

Je les aurais décalé du reste du récit en employant un passé composé…

Voilà :)), j'aurais tenté ça…

Bienvenue jonjon

Jonjon21 01/09/2005 @ 05:30:08
vlan dans les dents!
lol
Pas grave. Va lire mes autres textes, je t'y invites fortement. J'ai écrit ce texte en une soirée. J'avais l'idée, mais pas la structure. Et puis le texte est en fait inspiré d'un scénario que j'ai écrit et qui est en fait beaucoup plus développé. Mais merci pour les commentaires! Je ne t'en veux pas du tout! :)

Lucien
avatar 01/09/2005 @ 10:45:13
Tiens, Jonjon21, ton pseudo me rappelle vaguement celui d'Amiel22...

Guigomas
avatar 01/09/2005 @ 13:28:02
Jonjon, bravo!
La question de la femme à la fin m'a fait tomber de ma chaise... je ne m'y attendais pas du tout !
Mais du coup, à la relecture, les chaussures (inconnues) semblent de trop... à toi de voir.
Concernant la technique, Killgrieg a fait le plus gros, je me contenterais d'enfoncer le clou en ajoutant que je suis tout à fait d'accord avec lui.
Au plaisir de te lire à nouveau (j'ai survolé ton autre nouvelle, là je n'accroche pas du tout, je pense que c'est le sujet, un peu trop StephenKinglike qui veut ça, mais j'attends d'autres textes)

Sahkti
avatar 01/09/2005 @ 13:39:32
Kill a tout dit ou presque, pas grand chose à ajouter.

Quand j'ai eu terminé de lire ton texte, je me suis d'abord dit "je n'ai pas tout compris". J'ai donc relu, l'impression n'a pas franchement disparu et je pense que cette impression de confusion vient en partie des parenthèses qui ne sont pas très claires et crée une rupture parfois à des moments où ça n'en demande pas.
J'aime comme tu décris le déroulement lent et pesant de la scène d'attente et d'observation mais en même temps, tu n'insuffles pas assez de présence et de force à ce texte. Les choses se passent, tu en parles, mais il manque un petit quelque chose qui ferait que vraiment, c'est prenant.
Il y a des phrases longues, parfois trop, comme le coup de la porcelaine. D'autres tournures trop académiques qui cassent un peu le déroulement de l'action, qui n'en est d'ailleurs pas vraiment une.
Manque de force, voilà ce que je dirais si je devais résumer en quelques mots.

Le rat des champs
avatar 01/09/2005 @ 13:57:51
J'accroche pas trop. Peut-être un peu glauque à mon goût? Et puis, je pense, mais c'est une idée personnelle, que les textes écrits à la première personne s'accordent mal avec une personnalité psychopathique. Ca crée une sorte de malaise par identification entre le lecteur et le personnage. Il y a me semble-t-il une incohérence entre "qui êtes-vous" et "je t'aimais". Néanmoins, il y a du style et un don certain pour l'écriture.

Jonjon21 01/09/2005 @ 19:28:28
je te rappelle Amiel22? hahahahahaahaha! Oh, je devrais être terriblement insulté.... qu'est-ce qui te fais penser ça? Je en suis quand même aussi désagréable que lui, n'est-ce pas?

Mentor 01/09/2005 @ 19:43:29
Bonsoir Jonathan, je suppose que Jonjon21 et Amiel22 ne se ressemblent que par leur structure de pseudos: un mot accolé à un nom... Si ce n'est que ça!
;-)

Jonjon21 01/09/2005 @ 19:45:04
Oui... j'ai passé 6 mois de ma vie à me disputer avec lui... j'ai surtout pas envie qu'on m'associe à lui. hehehe

Totolehero 01/09/2005 @ 20:32:35
Pour ma part j'ai apprécié le premier paragraphe. Il m'a semblé prometteur. Mais j'ai été ensuite freiné par la ceinture d'insécurité (deux fois). Et freiné aussi par le choix du "tu" ou du "te" un peu trop présents, là ou un peu plus de distance m'aurait plus amusé.

La description à la première personne des hésitations du "je" me semble réussie mais contrebalancée par le contrate tu/elle que je ressens trop fort entre le personnel "À ta fenêtre" accolé à l'impersonnel "ombre furtive".

Ceci dit vu le début prometteur et le raffinage probablement rapide du premier jet, je pense que ce texte peut aboutir après gommage d'amusements perfectibles (à moins qu'il ne soient extremement volontaires, auquel cas j'aurai mal lu) tels que : "glisser ma main sur ta joue de porcelaine avec la délicatesse d'un antiquaire admirant la plus précieuse pièce de sa collection", "La nuit hulule et stridule si intensément, que je reste à peu près sourd", "Ce que je vois me charcute l'intérieur."

L'aspect rassurant ici reste néanmoins de comprendre qu'il n'est pas aisé de s'immiser dans la peau d'un psychopathe, auquel cas le mal de tête nous prendrait très certainement.

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