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Tous les jours, le même rituel, le même obscur scénario, la même existence déchue, paradis perdu. L’alcool en renfort, arroser ma peine, sortir cette bile, exploser mes entrailles.
Un avion, une coïncidence, un impact au décollage …
Noctambule, suicidaire, larmoyant, noyé dans un apitoiement d’une noirceur absolue.
Des milliards de signes pour te ramener à moi. J’ouvre le frigo pour prendre une bière, appeler l’ abbaye de Leffe à mon secours : un pamplemousse, une mousse au chocolat, du sirop d’érable … Je me souviens de ton rire quand tu m’aidais en cuisine et que je te lisais les élémentaires instructions alimentaires: « saupoudrer suffisamment de sucre glace, décorer d’une double gousse de vanille ! »
Invariablement, je me réfugie au grenier devant cette grosse malle de chêne, de chaînes … Flagellation volontaire, acupuncture sadique. Quotidiennement, je l’ouvre, je la vide, transhumance journalière de ma douleur.
Tu n’avais que douze ans ! Les paramètres du vol étaient parfaits, météo normale, soleil tropical, baromètre en hausse ! On ne pouvait pas prévoir, ont ils dit ! Et ils ont ajouté pour me convaincre : toute science a des limites, on ne peut rien contre ce genre d’inconnue, de panne imprévisible. De biens belles phrases pour se dégager de toute culpabilité.
Mon bourgeon de bonheur est parti ! Une tache sombre a envahi mon esprit, grandissant chaque heure, chaque minute. Et je vide cette malle … inlassablement … Un vieux tambour que tu martelais sans cesse quand tu savais à peine marcher, défilant sur le trottoir comme au carnaval, un « précieux » masque de pharaon, un arc et une flèche de bois que nous avions fabriqué tous les deux, une fiche de vocabulaire déchirée où est inscrit le long anticonstitutionnellement, quelques billes, un livre d’illustrations au titre idiot «l’ornithorynque, la mangouste et les trois canards » , deux autres que tu avais dérobé dans notre bibliothèque, l’un sur la relativité d’Einstein, l’autre sur la télépathie, mathématicien en devenir ou juste une volonté d’imiter l’adulte, le père, moi… curieux petit bonhomme, héros de BD incassable, invulnérable, à la sensibilité à fleur de peau.
Mais tu n’es plus là, ma vie a basculé, je suis devenu mon contraire. Maintenant, je ne dors que pour rêver d’un poignard libérateur et sanguinolent.
PS : bon, je n'ai pas 5000 signes mais tant pis, hein ! ............euh ! sinon, pas de panique, c’est pas autobiographique, hein ! je vais bien, très bien :-)
Un avion, une coïncidence, un impact au décollage …
Noctambule, suicidaire, larmoyant, noyé dans un apitoiement d’une noirceur absolue.
Des milliards de signes pour te ramener à moi. J’ouvre le frigo pour prendre une bière, appeler l’ abbaye de Leffe à mon secours : un pamplemousse, une mousse au chocolat, du sirop d’érable … Je me souviens de ton rire quand tu m’aidais en cuisine et que je te lisais les élémentaires instructions alimentaires: « saupoudrer suffisamment de sucre glace, décorer d’une double gousse de vanille ! »
Invariablement, je me réfugie au grenier devant cette grosse malle de chêne, de chaînes … Flagellation volontaire, acupuncture sadique. Quotidiennement, je l’ouvre, je la vide, transhumance journalière de ma douleur.
Tu n’avais que douze ans ! Les paramètres du vol étaient parfaits, météo normale, soleil tropical, baromètre en hausse ! On ne pouvait pas prévoir, ont ils dit ! Et ils ont ajouté pour me convaincre : toute science a des limites, on ne peut rien contre ce genre d’inconnue, de panne imprévisible. De biens belles phrases pour se dégager de toute culpabilité.
Mon bourgeon de bonheur est parti ! Une tache sombre a envahi mon esprit, grandissant chaque heure, chaque minute. Et je vide cette malle … inlassablement … Un vieux tambour que tu martelais sans cesse quand tu savais à peine marcher, défilant sur le trottoir comme au carnaval, un « précieux » masque de pharaon, un arc et une flèche de bois que nous avions fabriqué tous les deux, une fiche de vocabulaire déchirée où est inscrit le long anticonstitutionnellement, quelques billes, un livre d’illustrations au titre idiot «l’ornithorynque, la mangouste et les trois canards » , deux autres que tu avais dérobé dans notre bibliothèque, l’un sur la relativité d’Einstein, l’autre sur la télépathie, mathématicien en devenir ou juste une volonté d’imiter l’adulte, le père, moi… curieux petit bonhomme, héros de BD incassable, invulnérable, à la sensibilité à fleur de peau.
Mais tu n’es plus là, ma vie a basculé, je suis devenu mon contraire. Maintenant, je ne dors que pour rêver d’un poignard libérateur et sanguinolent.
PS : bon, je n'ai pas 5000 signes mais tant pis, hein ! ............euh ! sinon, pas de panique, c’est pas autobiographique, hein ! je vais bien, très bien :-)
J'aime beaucoup, Charles, vraiment.C'est vrai que c'est un peu court et que le texte aurait gagné à être un peu plus long, plus étoffé, plus profond.Voilà, la plupart des mots sont bien passés mais je suis un peu gênée par la dernière phrase: 'Maintenant, je ne dors que pour rêver d’un poignard libérateur et sanguinolent.'.Ca tranche avec la douceur des souvenirs que tu évoques plus haut.
"un livre d’illustrations au titre idiot «l’ornithorynque, la mangouste et les trois canards"
Ha là, on est entre connaisseurs :))))))
Pas mal pour du vite fait Charles! Tout y est, les mots se tiennent bien en place dans ton histoire. Mais y a un petit truc qui me manque ou qui fait défaut, je ne sais trop quoi, peut-être une ambiance plus longuement posée, plus de chaleur encore, quelque chose qui aurait vraiment fait vibrer tout ça. Mais qu'à cela ne tienne, tu as bien relevé le défi!
Ha là, on est entre connaisseurs :))))))
Pas mal pour du vite fait Charles! Tout y est, les mots se tiennent bien en place dans ton histoire. Mais y a un petit truc qui me manque ou qui fait défaut, je ne sais trop quoi, peut-être une ambiance plus longuement posée, plus de chaleur encore, quelque chose qui aurait vraiment fait vibrer tout ça. Mais qu'à cela ne tienne, tu as bien relevé le défi!
Et juste pour infos, le livre illustré en question:
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=8736
:)
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/?l=8736
:)
tiens, c'est bizarre, là, c'est le canard, l'ornitho... et les 3 mangoustes !
sur zazweb, c'est pas le même ordre !!!!!!
sur zazweb, c'est pas le même ordre !!!!!!
Grrrr en effet! Même pas fait attention en postant :(
Le titre est: "L'ornithorynque, la mangouste et les trois canards"
Le titre est: "L'ornithorynque, la mangouste et les trois canards"
Heureusement qu'il y a un PS Charles.
Comme Giny, j'accroche un peu sur la dernière phrase.
Mais c'est un texte très agréable, comme toujours une belle ambiance même si mélancolique, et des sentiments nés d'une liste… Là bravo.
Comme Giny, j'accroche un peu sur la dernière phrase.
Mais c'est un texte très agréable, comme toujours une belle ambiance même si mélancolique, et des sentiments nés d'une liste… Là bravo.
Très noir comme texte (on dirait presque du Spirit ;-)) peut-être trop... si bien que je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage. Sa souffrance est décrite d'une manière un peu "too much" (désolée je ne trouve pas le mot!);
Cette phrase, par exemple, est un peu assomante: "Noctambule, suicidaire, larmoyant, noyé dans un apitoiement d’une noirceur absolue."
N'empêche que ce n'était pas évident avec les contraintes imposées, les mots sont plutôt bien placés...et bravo pour "l'ornithorynque" !
Cette phrase, par exemple, est un peu assomante: "Noctambule, suicidaire, larmoyant, noyé dans un apitoiement d’une noirceur absolue."
N'empêche que ce n'était pas évident avec les contraintes imposées, les mots sont plutôt bien placés...et bravo pour "l'ornithorynque" !
Moi j'aime beaucoup sauf le passage où il vide la malle et la dernière phrase. Bon ok ça fait la moitié du texte sans doute en nombre de signes, mais ce n'est pas le plus important en contenu... l'ambiance est placée de manière directe (obligatoirement vu que le texte est court) dans le début du texte, ça me plait bien. ça donne tout de suite le ton (foncé ça c'est sûr!).
Mais le passage de la malle ça sent trop l'exercice en fait.
Mais le passage de la malle ça sent trop l'exercice en fait.
Moi je redis bravo. A Charles pour l'avoir fait en décalé (et moi ces 50 mots ça m'aurait paru rébarbatif crois-je), et "en-qui-se-tient", et à tous parce que ça fait un beau résultat d'ensemble. On peut vous confier C.L., du bon C.L.-sitting.
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