Les forums

Forums  :  Vos écrits  :  555 : Sortir ce soir

Nothingman

avatar 05/08/2005 @ 17:23:09
                           Sortir ce soir

   Çà y est! C'est l'heure du décollage, de la transhumance quotidienne entre mon appartement et la boîte dans laquelle je me prépare à sortir. Dehors il fait doux. La météo l'avait prévu. Tous les paramètres sont au beau fixe. C'est le printemps et les arbres se parent de leurs premiers bourgeons. Mais abrégeons de suite cette tentative poétique malheureuse. Car autant vous le dire directement! Je suis un noctambule invétéré. A vrai dire, mon existence ne se résume qu'en soirées arrosées, fêtes et autres rallyes,…. Je ne peux tout simplement pas concevoir ma vie sans goûter à l'ivresse d'une soirée pleine de promesses.

   Enfin, nous y sommes! "Le Paradis perdu". Je rentre dans la boîte sans problème. Que voulez-vous, je suis un habitué. Tout le monde me connaît ici. A l'intérieur, l'ambiance est déjà tropicale. Les femmes se déhanchent sur la piste au son de rythmes industriels. Les hommes n'en sont pas encore là, préférant l'ambiance douce et feutrée des canapés. Je me dirige vers le bar et aborde le serveur. "Tu saurais me mettre une mousse svp ?". J'étais déjà bien. L'après-midi, je l'avais passé en terrasse avec quelques amis. Résultat : déjà douze bières d'abbaye à mon compteur personnel! Et pourtant, je n'ai pas encore dépassé mes limites. Tout en dégustant le précieux nectar, ce sirop indispensable par lequel je sens monter la fièvre; je me retourne pour observer tous ces corps électrisés sur la piste de danse.

   C'est alors que j'aperçois une mystérieuse inconnue au milieu de la foule. Elle est là, divine, saupoudrant le lieu de toute sa grâce. Les autres, à côté d'elle, ne font que décorer, ne sont que de pâles illustrations défraîchies. Il y aurait pu avoir des milliards de personnes à cet instant précis dans cette boîte, je n'aurais vu qu'elle! Avec ses longs cheveux bruns qui voltigent, au gré de sa danse frénétique, au-dessus de son visage d'ange, et deux énormes pamplemousses en guise de poitrine. Elle est en train d'éveiller mes sens, de me piquer comme dans cette science appelée acupuncture. L'obscur objet de mon désir semble me regarder, me fixer. Je sens des signes, comme une alchimie, une étrange télépathie entre elle et moi. Mes chances seraient-elles en hausse à la Bourse de l'amour? Je me sens incassable, invincible, tel un pharaon régnant sur l'Egypte ou l'un de ces héros antiques, juste avant un terrible combat.

   J'ai suffisamment attendu. C'est l'heure de tomber les masques. La convaincre avant qu'elle ne se fasse la malle. Je me dirige alors vers elle, l'invitant pour une danse que j'espérais éternelle. Son corps contre le mien. Mû par une force irrépressible, je commence bille en tête à lui parler, lui dire qui je suis, qu'elle a transpercé mon cœur d'une flèche, que notre rencontre improbable n'est pas une coïncidence mais plutôt un signe du destin…Encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots, rien que des mots. Paroles semées au vent. Je sens soudain son visage virer au rouge, se fermer, se fâcher. Paf et repaf! Double impact! " Qu'est-ce que tu me veux, l'ornithorynque? Dégage, pauvre tache!" me lance t-elle, anticonstitutionnellement, comme un coup de poignard, avant de disparaître parmi la foule. Je suis chocolat! Comme un avion qui viendrait de se crasher. Cette réaction était contraire à tous les scénarios que je m'étais imaginé, dix minutes plus tôt, lorsque j'étais accoudé au bar. Je venais en deux secondes d'apprendre le sens de la relativité.

   Calmé par ce violent retour de flamme, je me dirige vers la sortie. Enfin l'air libre! Je vois double à présent. Je titube. Dans ma tête : les tambours du Bronx. L'alcool a fait son effet et je n'en peux plus. Relents alimentaires à l'intérieur de mon corps. Je tiens à peine debout. Et ce qui devait arriver arriva, je m'étale soudain avec fracas. Mon menton explose violemment sur le trottoir, provoquant un saignement abondant. Une tache sanguinolente se forme alors progressivement sur ma chemise. Et à l'intérieur de la boîte résonne une chanson d'Etienne Daho : Je vais encore sortir ce soir, je le regretterai sans doute…. Bien vu Etienne!

Krystelle 05/08/2005 @ 18:40:22
J'ai bien aimé la manière dont ton noctambule gagne peu à peu en lourdeur et en mufflerie sous les effets de l'alcool. J'ai beaucoup ri sur cette phrase:
"Mes chances seraient-elles en hausse à la Bourse de l'amour?"
Je crois qu'à la place de la fille, j'aurai réagi pareil :)))

Kilis 05/08/2005 @ 18:42:46
Pas mal, Nothingman car c'était pas piqué des vers comme exercice. J'ai perso pas eu le courage de le faire.
Après un démarrage un peu difficile (quelques tournures malhabiles et belgismes pas très amenés), ton texte s'améliore au fur et à mesure et j'ai trouvé les deux derniers paragraphes vraiment bons.
vécu vino vichy?

Giny 05/08/2005 @ 18:53:42
J'ai bien aimé Nothingman, mais pas trop le début par contre, mais vers le milieu l'histoire devient intéressante, et puis c'est poilant lorsque tu casses le mythe de la femme idéale.

Yali 05/08/2005 @ 18:58:03
Toujours un peu de mal à te lancer, j’aurais aimé que le “Mais abrégeons de suite cette tentative poétique malheureuse” soit vraiment une tentative poétique malheureuse et donc, qu’elle prenne son temps à l’être. Les mots placés le sont avec intelligence, enchâssés dans la narration, et c'est une belle ambiance dans laquelle j’ai volontiers plongé, et plongé aussi, avec le personnage sur le trottoir.

Lyra will 05/08/2005 @ 19:03:38
C'est trés bien écrit Nothingman.
J'ai bien aimé.
Bon le mot pamplemousse... hum hum, on ne reviendra pas dessus, pour le coup c'est pas ulrtra poétique :0)

J'ai rigolé aussi, surtout le coup du Mes chances seraient-elles en hausse à la Bourse de l'amour? parce que ça fait un peu ringard, en boîte comme ailleurs :0))

Bien placés les mots dans l'ensemble !

Bluewitch
avatar 07/08/2005 @ 17:00:26
Comme pour le précédent exo, j'ai eu du mal avec ton premier paragraphe. Trop descriptif, avec une volonté d'accorcher qui ne marche pas vraiment.
Pour la suite, ça s'améliore, il y a davantage de rythme, les images sont moins malhabiles (bon, passons sur les pamplemousses et le Pharaon d'Egypte...), ça se rapproche un peu plus du naturel, du spontané. Et pour la chute (au propre comme au figuré)... ben c'est bien fait pour lui!

Sahkti
avatar 07/08/2005 @ 20:10:04
Enlevons "pamplemousse" et "anticonstitutionnellement" que je ne trouve pas super bien utilisés dans le texte. A part ça, le reste des mots se coule bien dans l'ensemble. Comme les autres, je trouve que le début n'est pas génial, ça démarre trop lentement, tu tardes trop en plantant le décor, il faudrait plus d'action dès le départ, d'autant plus que le reste de ton texte est savoureux! J'ai bien ri! Tout cela est si cruel et si réaliste, les baffes, le menton par terre et les relents alimentaires... :)

Mentor 08/08/2005 @ 08:35:40
Comme Sahkti, les 2 mots qui achoppent je ne les répète pas.
Sinon c'est bien écrit et on suit bien l'évolution de ce pauvre gars qui termine lamentablement dans le ruisseau après s'être présenté lui-même comme une star des soirées branchées... ;-)
Toi aussi tu as placé le mot bourse non exigé, à cause du mot hausse imposé... :-)
Très correct Nothingman, pas transcendant mais très correct.
;-)

Charles 10/08/2005 @ 11:19:40
bon, moi, c'est plutôt la petite phrase sur l'acupuncture et le anticonstitu ... qui m'ont géné mais sinon, j'ai bien aimé.

Comme d'autres l'ont déjà dit, on te sent un plus spontané, libre que dans d'autres exercices. peut être l'effet des 12 bières d'abbaye ?

Tistou 22/08/2005 @ 18:01:48
Je tiens à dire que je n'ai rien contre les pamplemousses et qu'encore une fois les 50 mots ont pu faire histoire, bravo !

Page 1 de 1
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier