FéeClo
avatar 05/08/2005 @ 15:56:06
Genèse de ce texte: j'avais envie de vous partager un texte écrit lors de la lecture d'un livre. Une sorte de critique trop personnelle que pour entrer dans cette partie-là du site. C'était aussi l'occasion de vous confirmer mon départ d'ici quelques semaines, et pour une dizaine de mois ou plus, vers un village perdu dans le Parc naturel du Luberon. Et, afin de ne pas passer pour une mauviette, je l'ai agrémenté des 56 mots obligatoires pour l'exercice 555.

Dans les rayonnages de la bibliothèque publique, le titre de ce livre, ainsi que l’illustration de la couverture, ne pouvait que m’attirer. Je l’avais déjà vu dans une des librairies visitées lors de mon bref séjour de mai dans le Lubéron. Au poivre d’âne peut-être, à Pertuis ou à Manosque? Je ne sais plus, ce paramètre n’a pas eu d’impact sur ma mémoire. En tout cas ce n’était plus une coïncidence, c’était un signe!
Le précieux livre emprunté bien calé dans mon sac à provision, à côté de ma bouteille d’eau en verre incassable, je suis rentrée chez moi avec un moral en hausse. Pour une fois je n’ai pas traîné en essayant de marcher en ornithorynque (c’est plus original qu’en canard) sur le bord du trottoir de l’abbaye, ou en tentant d’intercepter par télépathie la conversation intérieure des passants. Je sais que c’est anticonstitutionnel et contraire à la protection vie privée, mais j’avoue que je ne suis de toute façon jamais arrivée à capter quoi que ce soit. Pas de temps à consacrer à mes essais, je courais comme une flèche. J’étais trop impatiente d’ouvrir «Une année en Provence». Ça allait me changer des histoires de pharaons poignardés ou autres crimes sanguinolents.
Je n’ai pas pris le temps d’arroser mon plant de basilic dont certaines feuilles ont déjà des tâches obscures ni mon orchidée en bourgeons.
Je me suis servie un verre de sirop d’orgeat saupoudré de chocolat, pour me mettre dans l’ambiance du sud. Puis je me suis confortablement installée sur une chaise, le coussin en mousse bien calé sous mes fesses, devant la table de la salle à manger.
J’ai lu la préface qui se termine par cette phrase prononcée par le héros et son épouse: «Quelle chance nous avons de vivre ici» . Et j’ai commencé le chapitre «Janvier» en page douze. Quelques doubles pages plus loin, je suis sortie du scénario. J’ai refermé le bouquin, je l’ai posé sur la table. Je me suis dégagée de ma chaise pour me lever.

Un peu perdue dans mes quelques mètres carrés. Ne sachant où aller. Là-bas, c’est là-bas que mon esprit s’envole sans limite. Je m’arrête devant la fenêtre ouverte. Je sens que j’ai un sourire aux lèvres. Plus je le sens, plus il s’élargit. Il pourrait s’agrandir jusqu’à exploser. Et il m’est impossible de nier les petites larmes qui attendent au bord de mes yeux. De minuscules petites billes d’eau salée qui me picotent le regard comme lorsque je mange un pamplemousse. Exactement la même sensation.
En ces quelques pages, l’écriture sincère, véritablement sans masque, de Peter Mayle m’a emmenée dans ce pays de rêve, ce coin de paradis : le ciel bleu même en hiver, la grande transhumance des vacanciers, le mistral et ses légendes, l’accent enjolivé, les plaisirs alimentaires élevés au rang de science locale, l’été tropical en toute relativité, rien ne manque. Je regarde dehors mais ce n’est plus un paysage brabançon que je vois. Il serait difficile de me convaincre que je suis encore dans ce plat pays. Plus réellement que dans ma vie de noctambule ou durant mes séances d’acuponcture, j’ai décollé plus vite qu’un avion vers ces terres inconnues. Je hume l’air frais et je crois sentir la lavande, sans doute les restes d’un pot-pourri suffisamment parfumé qui avait décoré mon appartement.

Une année en Provence, plus que le titre d’un livre, plus que l’expérience d’un écrivain anglais expatrié. Cette année c’est la promesse d’une existence de rêve, c’est mon avenir. Tout proche, presque palpable, mais encore irréel. Dans quelques semaines, je me fais la malle. Je vais vivre en Provence! Je vais aussi entendre le mistral crier sous ma porte, écouter le patois des gens de là-bas. Profiter d’une météo sans nuages gris. Oui, me gaver de bleu et de senteurs de pin. Et je pourrai crier aussi bruyamment qu’un tambour, seule au milieu de kilomètres de fleurs sauvages: «Quelle chance j’ai de vivre ici». De vivre une année, en Provence.

FéeClo
avatar 05/08/2005 @ 15:57:01
Pas pu mettre "anticonstitutionnellement"... les dernières lettres ne passaient pas ;o)

Kilis 05/08/2005 @ 18:13:33
C’est bien exprimé, FéeClo, on sent ton envie réelle de mener à bien ce désir. Manosque… J’espère que tu as lu Giono... pour moi, un sinon le plus grand auteur français du 20ème siècle.
Sinon, du point de vue de l’exo, les mots imposés sont assez habilement glissés.

Krystelle 05/08/2005 @ 18:14:01
C'est le premier texte que je lis et j'ignore si ça me fera pareil pour les suivants mais j'ai buté sur beaucoup de mots imposés, dans ce passage par exemple:
Je ne sais plus, ce paramètre n’a pas eu d’impact sur ma mémoire. En tout cas ce n’était plus une coïncidence, c’était un signe!
Le précieux livre emprunté bien calé dans mon sac à provision, à côté de ma bouteille d’eau en verre incassable, je suis rentrée chez moi avec un moral en hausse.


J'imagine que ces lignes ont été entièrement rajoutées pour l'exercice, non?
Je crois que j'aurais préféré lire ce texte sans les 56 mots, tel que tu l'avais écrit au départ, je pense qu'il m'aurait plus touchée.
L'ensemble se tient quand même plutôt bien et j'ai bien ri sur le placement d'"ornithorynque!"

Sahkti
avatar 06/08/2005 @ 12:15:13
Je partage un peu l'avis de Krystelle. Je distingue ce qui fait partie de l'exercice imposé et puis ce qui jaillit de ton émotion. Note que les deux se mêlent facilement, ce n'est pas vraiment maladroit mais ça donne au texte un petit côté trop travaillé, ça se ressent, comme si l'émotion ne pouvait complètement jaillir.
Sinon, c'est bien vu cette sensation personnelle déguisée en critique de livre et le voyage promet d'être beau.

Bluewitch
avatar 07/08/2005 @ 17:07:01
Une belle promesse pour toi, ce voyage, hein. :o) Après t'avoir lue, on ne peux que te souhaiter du bon.

J'en reviens au texte: le fait d'insérer les mots dans un texte existant plutôt que d'en créer un à cet effet me semble être un faux ami. Du coup, on les sent là, un peu parasites, comme des mots surgis de nulle part, qu'on entendrait en changeant de fréquence radio.
En attendant, les passages émotions sont bels et bien là, c'est le seul endroit où je m'attarderai.

Mentor 07/08/2005 @ 22:34:00
Moi je trouve que tu t'es ajouté une contrainte supplémentaire pas évidente en te forçant à glisser une cinquantaine de mots dans un texte déjà écrit. Et je trouve le résultat loin d'être nul ou même mièvre.
Oui, on sent quelques phrases ou membres de phrases un peu maladroit(e)s, mais ça n'est pas si choquant.
Et puis j'ai aussi lu 2 ou 3 Peter Mayle et j'ai ressenti le plaisir du bonhomme à vivre dans la région qu'il a découverte si différente de son Albion natale.
Alors si tu t'y rends pour plusieurs mois, je te souhaite de t'y acclimater aussi bien que lui!
As-tu lu "Une vie de chien"? Si non, trouve-le!
;-)

Nothingman

avatar 08/08/2005 @ 14:00:37
J'ai eu une sensatiion bizarre. J'ai d'abord lu ton texte sans lire ton petit préambule et le texte passait tout seul, je n'ai pas senti que les mots étaient imposés. Puis, j'ai lu ce fameux préambule dans lequel tu dis avoir ajouté les mots à un texte existant. J'ai donc relu le texte et comme les autres, alors, j'ai senti à deux ou trois moments les mots rajoutés. Mais comme je l'ai dit, sans ce prémbule je n'y ai vu que du feu. Et puis aussi, je ne peux que te souhaiter plein de bonnes choses pour cette année au pays des santons et des cigales....

Charles 10/08/2005 @ 14:20:00
Aaaah ! La Provence ! l'exercice, les mots imposés, pffou, on s'en balance, on l'oublie, et on s'évade, on s'enfuit ...

ça donne envie de faire de même, s'expatrier vers la douceur drômoise ou ardéchoise (ben oui, connais pas le lubéron :-) Surveiller les oliviers , cueillir les cerises, s'endormir au chant des cigales, s'asseoir au bord de la fontaine d'un village perché au milieu de la garrigue, grimper à un figuier comme un enfant ... en tous cas, je te souhaite tout ce bonheur !

FéeClo
avatar 19/08/2005 @ 09:00:13
Voici la version originale

Dans les rayonnages de la bibliothèque publique, le titre de ce livre ne pouvait que m’attirer. Je l’avais déjà vu dans une des librairies visitées lors de mon bref séjour de mai dans le Lubéron. Au poivre d’âne peut-être, à Pertuis ou à Manosque ? Je ne sais plus.
Le livre emprunté bien callé dans mon sac à provision, je suis rentrée chez moi. Heureuse à l’idée d’ouvrir «Une année en Provence». Je me suis installée sur une chaise devant la table de la salle à manger. J’ai lu la préface qui se termine par: «Quelle chance nous avons de vivre ici» . Et j’ai commencé le chapitre «Janvier» en page treize. Dix pages plus loin, j’ai refermé le bouquin. Je l’ai posé sur la table. Je me suis levée.
Un peu perdue dans mes quelques mètres carrés. Ne sachant où aller. Là-bas, c’est là-bas que mon esprit s’envole. Je m’arrête devant la fenêtre ouverte. Je sens que j’ai un sourire aux lèvres. Plus je le sens, plus il s’élargit. Et il m’est impossible de nier les petites larmes qui attendent au bord de mes yeux.
En ces quelques pages, l’écriture de Peter Mayle m’a emmenée dans ce pays de rêve : le ciel bleu même en hiver, le mistral et ses légendes, l’accent enjolivé, rien ne manque. Je regarde dehors mais ce n’est plus un paysage brabançon que je vois. J’hume l’air frais et je crois sentir la lavande, sans doute les restes d’un pot-pourri.
Une année en Provence, plus que le titre d’un livre ; Plus que l’expérience d’un écrivain anglais expatrié. Cette année c’est mon avenir. Tout proche, presque palpable, mais encore irréel. Je vai aussi entendre le mistral crier sous ma porte, écouter le patois des gens de là-bas. Me gaver de bleu et de senteurs de pin.
Et je pourrai crier, seule au milieu de kilomètres de fleurs sauvages : «Quelle chance j’ai de vivre ici». De vivre une année, en Provence.

Tistou 22/08/2005 @ 18:29:11
Elle arrive cette année. Elle arrive cette année FéeClo. Et il faudra qu'elle soit aussi belle que les souvenirs que tu as déja en tête. Joli texte, avec des "noeuds", comme dans les cheveux, lorsque parfois tu nous balances une brassée de mots imposés. L'essentiel n'est pas là. Il est à venir. On sera avec toi.

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