Spirit
avatar 29/07/2005 @ 17:32:04
La pluie commence à tomber et ce feu qui n’en finit pas, quand j’arriverais au magasin je serais trempé. Il a de la chance l’autre dans sa cabine téléphonique il est au moins à l’abri. Je lui demanderais bien de me faire une petite place, remarque non, il parle trop fort. J’entends même ce qu’il dit : « J’en veux deux ! Oui deux ! On se débrouilleras tu m’entends ?! »
Ca y est le feu passe au vert j’ai plus qu’à courir moi maintenant, et vlan ! Une flaque d’eau, mon pantalon est une vraie serpillière à présent. Je vais avoir l’air malin à me promener ainsi.
Mais que voulais dire le type dans la cabine tout à l’heure ? Deux quoi ? Je ne suis pas du genre curieux habituellement mais là je ne sais pas trop pour quoi je sens un truc pas net.
Peut être à cause de son ton ? Ou les mots ? En tout cas je trouve ça louche.
Ouf ! Enfin au sec, je vais directement au rayon livres. Si ça se trouve c’était un truand, ou un dealer, mais il avait pas trop l’allure. Après tout quelle tête ça a un dealer ? Ou bien c’est une histoire de cul. Oui c’est sûrement une histoire de cul : « j’en veux deux » c’est de deux filles qu’il parle. Il doit organiser des partouzes pour des gros rupins, quel dégueulasse quand même. J’imagine les filles à poil sous leurs manteaux de fourrures, les mecs dopés au gingembre ou à je ne sais quoi, avec leurs grosses montres aux bracelets en métal. Putain les riches ont la belle vie, ils font ce qu’ils veulent avec leur pognon.

Ils n’ont pas encore reçut le dernier Jaim Mc Beat, ils sont vraiment nul. La prochaine fois je commande direct sur le net, en plus ça m’évitera de prendre une douche comme aujourd’hui. Mais si je ne m’étais pas déplacé je n’aurai pas entendu la conversation de l’autre obsédé. Remarque pour ce que ça m’avance de l’avoir entendu. J’ai pas une chance de frayer avec ce milieu moi, avec l’argent que j’ai et puis il aurait fallut que je lui demande. Pourquoi je lui est pas demandé en fait, c’est vrai, je risquais pas grand chose : Qu’il m’envoie paître ? Pas bien grave, par contre j’ai loupé une super occasion de m’envoyer en l’air avec le gratin.
Je suis là depuis cinq minutes si ça ce trouve il est encore dans sa cabine en train de mettre tout en place, en me dépêchant je peux arriver avant qu’il soit parti. Merde si je ne me magne pas je suis marron, en courant un peu…
Que fait-il devant moi les bras tendus l’autre avec son costard de vigile de grande surface ?
- Pardon Monsieur pourriez vous vider votre sac s’il vous plait !
- Vider mon sac ? Mais pour quelles raisons je n’ai rien fait !
- S’il vous plait Monsieur ! Voulez-vous que nous appelions la police ?
- Mais je m’en tape que vous appeliez la police, je vous dis que j’ai rien fait.
- Dans ce cas videz votre sac et dites-moi pourquoi vous couriez dans le magasin.
- Pourquoi je courais ? Le jogging vous connaissez ? non vous c’est plutôt la gonflette
- Ne soyez pas insultent ou ça risque de mal se terminer.
- Mais bordel vous voyez pas que je suis pressé ?
- Pour quelle raison ? Videz votre sac s’il vous plait !
- Quelle raison ? Mais qu’est-ce que ça peut vous foutre la raison ? Et puis merde le voilà mon sac, tout est par terre vous êtes content maintenant ?
- Je vous remercie de votre gentillesse Monsieur, c’était une erreur. Voulez-vous que je vous aide à tout ramasser ?
- Une erreur ? M’aidez a ramasser ? Vous manquez pas d’air, vous me traitez comme un voleur, vous me retardez et vous voulez m’aider ? Vous n’êtes vraiment qu’un sale con de nègre !
- Pardon Monsieur ! Vous m’avez traité de nègre ?
- Oui et de sale con
Le voilà qui fait un signe, s’il appelle le patron je vais lui dire ce que je pense de son magasin et en plus on trouve jamais ce qu’on veut.
Un deuxième « Men in Black » se pointe c’est pas vrai, c’est foutue il sera plus dans la cabine l’autre. Et en plus il porte des lunettes de soleil, dans un magasin, je rêve.
- Tu as un problème Georges ? lance lunettes
- Oui Monsieur vient de me traiter de sale con de nègre, répond Georges
- Ah ! Et pourquoi avez vous insulté mon collègue ?
- Je l’ai pas insulté ! C’est lui qui m’emmerde…qui m’embêtes depuis dix minutes avec son control.
- Nous faisons notre boulot Monsieur, et il consiste à contrôler alors nous contrôlons. Vous travaillez aussi Monsieur ? me continue lunettes
- Non ! Enfin pas en ce moment, mais je cherche du boulot. Et qu’est-ce que ça peut vous foutre ?
- Vous aimeriez que vous l’on vous dise : Sale chômeur ? me sentence lunettes
- Non ! Mais ça n’a rien à voir ! Maintenant lâchez moi j’ai un truc important à faire.
- Je crains qu’il faille que vous nous suiviez. Monsieur, pour un simple contrôle de routine.
- Vous rigolez ? Je vous dis que j’ai un truc à faire, vous êtes tout aussi con et borné que votre copain.
Mais ils font quoi les jumeaux ?
- Lâchez moi voulez-vous !
Aie ! Ils vont me péter le bras les salauds. Je vais crier il y a bien quelqu’un qui va intervenir, trop tard ont à passer la porte. Putain ! il fait noir dans leur couloir.
- Alors c’est qui les sales nègres ? gueule lunettes après m’avoir jeté à terre
- Bon ça suffit maintenant, laissez moi partir ou je porte plainte
- Tiens prend ça ! lance Georges en me donnant un coup de pied dans le ventre
- Prends ça aussi ma crache lunettes en m’en collant un autre
Ils me traînent jusqu’à la sortie de secours et me jettent sur la porte.
- Allez casse toi et qu’on ne te revoit plus ici, gueule sans lunettes
Je détale sans attendre ils sont capables de me tuer. J’ai un putain de mal au nez.
Mon type dans la cabine il doit être parti. J’ai du mal a courir avec ce mal de ventre et l’air froid qui me gifle le nez. Non ! Ça y est il est toujours là, tout compte fait j’ai une sacré chance il me reste plus qu’à lui demander. Il sort juste de la cabine.
- Monsieur ? Monsieur ? Je voulais vous demander si je pouvais participer à la partouze. Je vous est entendu tout à l’heure et j’ai pas beaucoup d’argent, mais suffisamment sur un compte épargne. Vous faites peut être crédit ? Non sûrement pas je suis idiot…
- Mais je ne comprend pas ce que vous voulez dire, vous êtes malade !
- Mais si voyons les filles en fourrures, le gingembre, les richards avec leurs grosses montre en acier ? Vous savez bien enfin ! Je vous ai entendu !
- Monsieur l’agent ! S’il vous plait, cet homme as voulu m’agresser, il est ivre certainement.
- Bon on reste tranquille, les mains a plats contre la cabine et les jambes bien écartées. Allô ! central ? une voiture à l’angle de la rue Corperdu et Yapaméche, un type la gueule en sang qui agresse les passants....

Zou 29/07/2005 @ 17:52:15
Ça balance pas mal, Spirit ! Ca se lit d'un trait. Quelques réflexions savoureuses. Dommage pour l'ortho, surtout la deuxième partie. Et chouette titre. Toujours un peu désabusé le Spirit, même en prose ! Un bon moment encore.

Mentor 29/07/2005 @ 18:11:57
Mais qu'est-ce qu'il est bête ce mec, c'est possible d'en tenir une couche comme ça?!
:-)))
Peut-être après tout, pourquoi pas? Dans la vraie vie on voit de tout, alors celui-là ou un autre, il doit avoir des clones. En tout cas ça tombait bien pour ton histoire que tu l'aies trouvé celui-ci!!
;-)
Texte trépidant, sans ennui, quelques outrances mais humoristiques, ça passe bien.
Une narration pas si noire que d'autres de toi... enfin, sans jeu de mots hein?! :-)))

Sahkti
avatar 29/07/2005 @ 19:37:51
Hahaha Spirit! C'est pas mal du tout! Rythmé, plein de vivacité, tout se tient (sauf l'ortho... :)
Succession de péripéties pour ce pauvre gars, ça pourrait presque faire trop mais en même temps, ça colle à la réalité, la loi des séries, un souci ne vient jamais seul.
J'adore le passage quand il débarque devant la cabine et qu'il demande l'air complètement ahuri si il peut participer à la partouze! Hahaha! J'imagine la tête du type dans la cabine :)
Je préfère de loin cette prose, Spirit, à certains de tes poèmes plus tristes.

Kilis 29/07/2005 @ 20:50:29
Je trouve le récit très bien mené et vivant. et je préfère ta prose à ta poésie.
Mais, le "sale n...!" chez moi même en fiction ça a toujours un mal fou à passer. J'arrive même pas à l'écrire, c'est simple.

Giny 29/07/2005 @ 20:55:23
Je n'ai pas réussi à apprécier, c'est un peu trop agressif, je n'arrive pas à m'identifier au héros, à le suivre dans ses péripéties.

Nothingman

avatar 29/07/2005 @ 20:55:25
Spirit ou le sens du burlesque! A la lecture de ce texte, je me suis vraiment cru dans l'un de ces vieux films en noir et blanc genre Charlie Chaplin ou Lloyd, avec ce héros à qui il n'arrive que des imbroglios. Un héros un peu plus "trash" quand même. Forcément, le rire a suivi. Moi aussi , le sale n... a eu du mal à passer mais bon fiction oblige! Bravo Spirit

Spirit
avatar 29/07/2005 @ 20:58:17
J'ai déjà eu le même remarque, pour ma part et sans entamer de polémique, je pense que c'est le politiquement correct qui participe du racisme. J'ai un neveu et une niéce originaire du Rwanda et un neveu originaire d'Inde, il n'y a pas de problèmes pour moi.
Mais les "non-voyants" par exemple ça me bouffe.Le changement d'un mot par un autre ou son "non-emploie" ne change rien aux problèmes quand il y en a, c'est simplement mettre un joli couvercle dessus.Mais ce n'est point l'endroit pour ce dèbat.
Je trouve le récit très bien mené et vivant. et je préfère ta prose à ta poésie.
Mais, le "sale n...!" chez moi même en fiction ça a toujours un mal fou à passer. J'arrive même pas à l'écrire, c'est simple.

Tistou 29/07/2005 @ 22:14:36
Bien Spirit. Un brin obsédé et pas trop fûte-fûte le gars. Tu t'invites souvent à des partouzes toi ? Eh ben.
Fautes d'orthographe : évoquées.
Fond de l'histoire ; bien consistant et crédible.
Forme à la hauteur (moins les fautes). Ca donne en résultante un texte bien emballé et emballant.

Sahkti
avatar 30/07/2005 @ 22:32:24
Noyé par les rencontres, je fais remonter :)

Yali 31/07/2005 @ 12:31:22
Les dialogues sont très homogène Spirit, le personnage principal parle comme les vigiles et inversement ce qui (c'est mon avis) nuit à la crédibilité du récit. Cela dit, c'est un problème récurent en prose, pas pour autant qu'il est simple à régler. Sinon, j’aime l’extravagance du thème et sa cadence.

Lyra will 31/07/2005 @ 12:47:40
J'ai lu d'une traite, j'ai bien aimé Spirit.
Il y'a des phrases trés drôles, on suit l'homme pas trés fût fût, un peu limité même, et on rigole bien, il est pathétique en même temps.
Bien aimé le coup de la cabine, le mec sur de lui, "vous faites pas crédit", et tout le délire, j'ai passé un bon moment !!!

Krystelle 31/07/2005 @ 19:10:03
J'ai aimé la manière dont ton personnage se déconnecte totalement de la réalité à partir de la phrase de la cabine. Sacré échaffaudage!
Par contre, les maladresses et fautes nuisent quand même pas mal à la lecture.
L'emploi du vocabulaire parfois très familier ou vulgaire me choque un peu ici, sais pas trop pourquoi...

Bluewitch
avatar 31/07/2005 @ 20:01:09
Je suis un peu navrée de ne pas partager l'opinion générale, j'ai eu beaucoup de mal avec ton texte, que ce soit fond ou forme (même si j'ai apprécié le rythme du texte et l'aspect moins chagrin de ta prose). Les fautes me freinent et l'histoire en elle-même ne m'a pas accrochée vraiment. Question d'atomes crochus, sans doute. :o)

Loupbleu 03/08/2005 @ 16:32:29
J'aime assez bien apprécie ce texte. J'aime l'idée et la construction. Mais j'ai eu du mal à suivre le cheminement de la pensée du narrateur au long du récit, dans sa cohérence ou son incohérence psychologique.

Je ne comprends pas non plus la place importante de l'altercation (question d'équilibre ?) avec les vigiles, et le discours me paraît vraiment trop ambigü.

Reste que je préfère moi aussi largement ta prose. L'histoire n'est pas mal menée. Concernant le style, je me range à l'avis de Yali, notamment concernant les dialogues intérieurs/dialogue tout court.

FéeClo
avatar 04/08/2005 @ 08:55:43
Dis, il avait bu une tisane d'ortie, le mec de ton histoire?

J'ai lu avec plaisir mais en attendant la chute... j'avoue que le dernier paragraphe est excellent! Aborder un gars en lui demandant crédit pour participer à une partouze MDR

Fallait peut-être amener un peu plus tôt le caractère "original" du personnage... mais en 5000 signes c'est pas forcément évident.

Sinon c'est un bon début pour une histoire "le mec qu'à pas d'bol"... suis sûre que chez les flics, il va encore lui arriver qqchose!

Bolcho
avatar 04/08/2005 @ 14:46:34
On s'amuse. Cela dit, j'ai tout de même un peu l'impression que tout en respectant la consigne, tu nous fourgues une histoiore qui s'en éloigne pas mal (l'épisode dans le magasin prend trop de place). A mon goût, c'est un peu trop dans l'action et le dialogue. Mais il y a plein de bonne humeur et d'humour.

Fee carabine 07/08/2005 @ 00:50:21
Je suis un peu partagée devant ton texte, Spirit... Il a quelques très beaux passages (la première scène de la cabine, très bien enlevée), perdus entre d'autres qui sont moins convaincants (Le dialogue avec les vigiles). Et au final, j'ai l'impression que ce texte gagnerait à être un peu fignolé (les dialogues, et les transitions entre les différentes parties), parce que l'idée de ce personnage qui part dans son trip est vraiment bonne, mais ici il me manque un petit quelque chose pour que je puisse y croire tout à fait.

Charles 08/08/2005 @ 15:36:06
j'ai bien aimé ! ce que je prèfère dans ton texte, c'est le "contre pied", je m'explique : d'habitude sur CL, on a quasiment toujours un narrateur ou un protagoniste principal "gentil". Cette fois, c'est un gars antipathique que l'on a pas envie (en tous cas, pas moi) d'aimer.

Comme Kilis, le "sale n..." me choque mais je pense qu'il est la clé du texte. Sans lui, on en serait peut être à se dire : oui, le pauvre gars, il est pas en forme ... alors qu'en fait, c'est tout de même un sale c..

Cette expression fait basculer le texte. Bref, elle fait son effet !

Sibylline 26/08/2005 @ 19:07:22
"J'en veux deux", c'est fou le nombre de gens qui pensent que ce sont deux filles! Les autres envisagent tout naturellement un dealer. Mais dans quel monde vivons nous? M'écrié-je dans ma grande innocence qui ne craint pas de flirter avec la naïveté (ça me va au teint). Et d'ailleurs, à quoi ai-je pensé en premier, moi, quand on m'a sorti "J'en veux deux"?
A des chiots. Bon. J'ai rien dit. On n'en parle plus.
Je reviens à ton texte "J’imagine les filles à poil sous leurs manteaux de fourrures, les mecs dopés au gingembre ou à je ne sais quoi, avec leurs grosses montres aux bracelets en métal. Putain les riches ont la belle vie, ils font ce qu’ils veulent avec leur pognon." Ah, bien vu, ce sont vraiment des rêves de beauf! Ce qu'est bien ton personnage. Est ce que les riches ne font vraiment que ça avec leur pognon? Remarque, pour ce que j'en sais, c'est possible. Mais quel manque d'imagination!
La suite devient franchement marrante. Seulement, il faut bien admettre qu'on franchit largement les limites de la vraisemblance. Je pense que tu sais que des vigiles ne pourraient jamais se permettre de traiter quelqu'un comme cela. Cela leur coûterait trop cher. Mais ton histoire est amusante, pleine de rebondissements et assez vive.
Au final, on ne sait pas deux quoi... ;-))

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