Tistou 25/07/2005 @ 22:39:12
Elles sont là, toutes les quatre, dans l’entrée sombre. C’est l’après midi, on avait dit quinze heures. Tous les volets sont fermés, il fait chaud.
Il est quinze heures.
Il y a eu le coup de sonnette. La porte que j’ouvre avec ce délicieux sentiment qui vous habite quand vous allez passer de l’imaginé au réel- la porte une fois ouverte j’aurais devant moi la Kicilou et la Acie réelles.
Exit les représentations mentales d’après leurs écrits, d’après leurs attitudes et réactions dans Conv. Et Bad.. C’est pour de vrai aujourd’hui.
Elles sont donc là, toutes les quatre. Kicilou et Acie sont venues de leur villégiature savoyarde avec la soeur et l’amie. Dans la pénombre de la maison isolée du soleil brûlant, elles sont comme rangées, en face de moi. Un peu de flottement – on fait quoi ?
Elles sont jeunes, très jeunes. Et moi je me sens bien plus vieux. Moins vieux que le pensait Kicilou d’après mes écrits, plus vieux qu’après m’avoir entendu au téléphone, me dira-t-elle plus tard. Bon sang comme elles sont jeunes !
Un peu intimidés que nous sommes, tous. Kicilou se présente, présente Acie, la copine et la soeur. J’en oublie de présenter ma femme et nous finissons par nous embrasser. Un temps de retard, le flottement … Un peu de gaucherie. Si, si !
Nous resortons nous installer sur la terrasse, tant bien que mal à l’abri du soleil. Pas à l’abri de la chaleur. Et papoter devient naturel, entre C.L., la profession d’enseignant (ma femme, Kicilou et sa famille), Tistou (le vrai, câliné par Acie), la montagne, …
Ces quatre là sont bien ensemble, c’est évident, et leur complicité est réjouissante.
Je leur montre les massifs : la Chartreuse, la Belledonne, ceux qui font qu’on se sent tout petit. Tout petit mais protégé aussi. Et la Dent, la Dent de Crolles, celle qui domine mon paysage de ses 2000 mètres. Molaire d’un géant, échouée là comme un trophée à toujours conquérir.
Je leur avais dit ; « normalement ça se fait le matin tôt, pour éviter la chaleur, là on la fera tard, pour être redescendus avant la nuit ». On négocie les possibilités. Il y a genoux âbimés par le ski, il y a vertige, … mais il y a la beauté de la Dent, l’attraction Chartrousine ( ?), la conviction Tistouienne. Et à 17H nous voilà partis pour grimper là haut, par un temps dégagé et plus trop chaud, à l’envers des grimpeurs qui, à cette heure, redescendent.
Faut vous dire, ça grimpe bien pour la Dent. Mais du col accessible en voiture, il n’y a plus que 550 m de dénivellé. Ca grimpe bien et il y a des passages un tout petit peu scabreux, l’impression à peu de frais de faire autre chose qu'une simple rando. Rien de tel que souffrir ensemble, s’entraider sur les passages un peu vertigineux, conforter ceux dont ce n’est pas l’habitude, … Bref nous voilà là haut, sous la croix. Déja nous ne sommes plus 4 + 2. Nous sommes bien six. Six à admirer la vallée du Grésivaudan qui se vautre à nos pieds, six à espérer rencontrer les marmottes à la descente (raté), six à savourer la lumière déclinante du soleil qui se couche là bas (pour info, à l’ouest !) et qui éclairera les falaises à la descente d’une teinte rougeoyante. Il est 21 heures quelque chose lorsque nous arrivons aux voitures. Soulagement des chaussures qu’on retire, réconfort des dernières gorgées d’eau. Enfin quoi, on s’en fout ; on est arrivés !
La nuit s’installe lorsque nous sommes de retour. Je l’avais promis, je le fais. Toutes les filles sont dehors, il fait bon maintenant, et c’est moi qui cuisine, une de mes nombreuses spécialités ( !) et rapide, qui plus est. Dehors la discussion a changé d’âme et j’ai hâte de les rejoindre. Tistou, lui, n’a pas changé de bras, toujours ceux d’Acie.
Je retrouve des impressions mauriciennes (bon, mon plat s’en inspire un peu !) de nuit chaude, attablé sous les étoiles, un peu hors du monde et demain est un autre jour. Le temps n’existe plus. Que le plaisir de badiner et de rire. L’impression qu’on se connait, qu’on peut prévoir les réactions de l’autre. La tranquille assurance de l’une, la personnalité plus virevoltante de l’autre. Et je vous passe les sourires à fondre et les fous rires à déranger les voisins.
Certaines nuits d’été ont cette magie de nous faire perdre un peu du raisonnable qui nous corsette. C’en était une, avec des filles qui ont l’intelligence du coeur.
Il était bien tard quand elles ont pris conscience qu’elles avaient encore 1H30 de route, et moi que je devais me lever bien tôt ce lundi matin. Alors on est rentré pour prendre congé, grapiller encore un quart d'heure de plaisir à être ensemble. Les dernières questions qu’on ne s’étaient pas encore posées, pas forcément les plus anodines … Et pfuit !
Ce matin, elles se sont levées à 11H30, elles !

Lyra will 25/07/2005 @ 22:50:55
Bon, j'avais les larmes aux yeux tout du long, je ne sais pas pourquoi, c'est tout sauf triste mais bon :0)
Merci pour ce texte, j'avais l'impression d'y être, c'est... !
Un plaisir de lire ces rencontres, ça fait chaud au coeur.

Mentor 25/07/2005 @ 22:53:50
C'est bien mimi tout ça! C'est pas tout le monde qui nous ferait des petites narrations toutes simples comme ça! "Tout le monde" il veut se faire prier et garde ça pour lui... :-(
Très sympa Tistou. De nous avoir fait partager ces bons moments avec des CLiennnes et consorts, et le vrai Tistou qui en a bien profité et a pu éviter la rando!...
Oui, simple et sympa, merci.

Yali 25/07/2005 @ 23:04:57
Merci Tistou, tu sais - bien sûr que tu sais et je sais que tu sais pour en avoir eu envie aussi (je fais dans la répétition comme planque à l'émotion) - c'est ainsi que j'imaginais les choses au début de cette aventure. Dingue ce que l'humanité quand elle se réalise refourgue du beaume au cœur à tout va et donne avec, dans le même lot comme cerise sur le gateau, l'envie de partager.
Alors, ben alors encore merci, infiniment merci d'être ainsi.

Lyra will 25/07/2005 @ 23:10:54
Et là, tu te rends compte qu'on ressent tous la même chose en lisant ça :0)

Kilis 25/07/2005 @ 23:43:26
Ben, l'émotion vraie, y a qu'ça de vrai. Et vrai, j'ai tendance à me répéter aussi.
Donc: émouvant et vrai ce texte, Tistou! C'est clair!?

Killgrieg 26/07/2005 @ 06:58:17
"tout le monde", il a un peu honte de ne pas avoir fait partager ses sentiments comme tu le fais tistou.

tes récits ont la force de ceux des auteurs behavioristes américains (pour moi, c'est plus qu'un compliment), et si je n'ai pas trop accroché à l'ascension de la montagne (manque de forme physique sûrement) le reste m'a emporté vers les sommets.
Jolie rencontre, belle narration.
j'ai un devoir à faire, je crois

Mentor 26/07/2005 @ 08:10:24
Exact Kill, tu as senti un petit quelque chose dans mes remarques peut-être? Nooooon, c'est juste une idée que tu te fais.
;-)

Krystelle 26/07/2005 @ 09:30:50
Tout comme Lyra j'ai senti une vague d'émotions me submerger sans trop savoir pourquoi... Cette rencontre est vraiment joliment racontée!

Sibylline 26/07/2005 @ 09:36:21
"j'ai un devoir à faire, je crois

Disons, un devoir à remplir ;-))
Merci beaucoup Tistou de nous avoir confié tes impressions, parce que par ton intermédiaire, on peut s'imaginer un peu (sauf Grieg pour la randonnée) comment on se serait mêlé à cette rencontre et comment sont dans la "vraie vie", les amis que nous nous sommes faits ici, dans le virtuel. C'est sympa... et utile! Je suis très, très méfiante vis à vis du virtuel, vous êtes en train de m'apprivoiser peu à peu. Je commence à croire à la réalité de certains ;-)))))) Tistou par exemple (je veux dire, le chat)

Olivier Michael Kim
26/07/2005 @ 09:37:49
Chouette texte ! merci de nous avoir relaté ce moment :-)

Tistou 26/07/2005 @ 09:55:12
"tout le monde", il a un peu honte de ne pas avoir fait partager ses sentiments comme tu le fais tistou.
Non je ne pense pas en fait. Certainement parfois, il ne faut peut être pas ou alors on ne sait pas comment faire. M'avez vous entendu relater mes 2 rencontres avec Provis ? Et celle avec Fée Clo, c'est elle qui l'a racontée. J'ai simplement embrayé. Ca dépend beaucoup des circonstances et du "mood".
Tiens d'ailleurs je dépoussière le texte de Fée Clo pour que Kicilou puisse relire ses doutes sur la facilité de la chose !

Zou 26/07/2005 @ 10:23:35
Au fil de ma lecture, je sentais une petite boule là tout là bas entre le coeur et la tête. Et de me dire, ma vieille tu ramollis ! Et puis de lire vos premières critiques et de me rassurer ! Ai pas été la seule ! Alors bravo Tistou pour avoir réveillé nos émotions. J'avais vraiment l'impression d'être là parmi vous pour le repas du soir, de reprendre un verre, de caresser le Tistou (le vrai !) et de vous faire la bise avant que la porte ne se referme. Beau très beau vraiment. Et merci aussi aux muses Kicilou, Acie, Soeur et Amie d'avoir suscité ce texte émouvant.

Nothingman

avatar 26/07/2005 @ 11:03:47
Encore une belle rencontre que celle-là, remplie d'émotions partagées. Et puis les descriptions de cette montagne qui t'entoure ne peut que donner des fourmis dans les jambes... -). Oui, Tistou, certains soirs d'été sont plus beaux que d'autres! Tu en apportes une jolie confirmation!

Nothingman

avatar 26/07/2005 @ 11:06:12
Il fallait évidemment lire : ne peuvent que donner des fourmis dans les jambes sorry

Charles 27/07/2005 @ 11:00:46
il va falloir qu'on fasse un petit récap' de qui a déjà vu qui ! je suis perdu avec toutes ses rencontres, moi !

et en plus, j'ai l'impression qu'il n'y a plus que moi qui n'a vu aucun Clien ?

Enfin, trève de plaisanterie, ton texte m'a vraiment donné envie : la rencontre, l'ascension, la soirée d'été .... aaahhh (soupir !)

Saint Jean-Baptiste 27/07/2005 @ 11:38:16
Ben oui, je pense comme Charles qu'il faudra faire un premier bilan : qui a déjà vu qui ?
:o)))
Mais quelle chance vous avez de vivre dans un beau pays avec ces belles montagnes !
On devrait un jour refaire pour du vrai la promenade imaginée par Blue avec la tortue qui tombe sur la tête de Sibylline ! :o)))

Lyra will 27/07/2005 @ 12:17:01
Non non Charles, moi aussi :0)

FéeClo
avatar 29/07/2005 @ 12:20:10
[o]"Certaines nuits d’été ont cette magie de nous faire perdre un peu du raisonnable qui nous corsette"
.... heureusement il y a aussi des jours, en hiver même parfois, où l'on oublie ce raisonnable ;o)

J'ai l'impression que votre rencontre fut comme l'ascension de la montagne: du bas vers le haut, du superficiel au profond. Il faut un temps pour se découvrir, s'observer, remplir le silence pour se rassurer.. puis on n'en peut plus de rester en surface, ou au pied de la montagne, on a besoin de creuser, ou de grimper. C'est la même force nécessaire pour les deux...

Continuez à vous rencontrer, CLiens du monde entier! c'est beau... et ça fait pleurer Lyra ;o)

Kicilou 30/07/2005 @ 18:01:38
hmmm !!
Souvenirs souvenirs !
Tu as un don pour conter les choses avec toute cette poésie! c'est tellement ça, je me retrouve une semaine en arrière et tout y est !
Merci Tistou pour avoir posé de si jolis mots sur une si jolie rencontre !

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