Hlidskialf 21/06/2005 @ 23:19:14
Bonsoir, et bienvenue dans le laboratoire chimicolittérariozarbi du professeur hldidnfsialf.. - peu importe son nom; pour une expérience qui vous marquera à JAMAIS!

... Après cette introduction pathétique et pas drôle, j'aimerais vous faire part d'une expérience (sans dec!) que j'ai faite il y a quelque temps. J'ai tendance à écrire assez fastement, dans un style lyrique, recherché, etc. Eh ben! j'ai tenté un peu l'opposé : un style plus froid, concis, mais cependant profond et ambigü. Je vous rassure aucunes de ces conditions n'ont été remplies étant donnée ma nullité, mais voilà quand même ce que j'ai réussi à écrire (c'est un début) :




Seul et dans la chambre noire. C’est comme un fossé noir, c’est une chambre. Il dit : je pense. Un petit rayon clair passe sous le rideau de marbre. Le bruit de quelque chose, mais peut-être à l’intérieur, qui est tendre et plein. La nuit très là, posée, va dormir elle aussi.
Quelque part, un jour, dans la noirceur, un bref sursaut, un éclat. Le bruit d’un crayon sur un papier, une, deux, trois phrases, un soupir, c’est fini.

Aujourd’hui, M. doit passer à la fabrique où il travaille, puis chez cet éditeur, un connu. Plusieurs personnes attendent déjà, comme tristes. M. sort un livre de son petit sac de toile, lit.
Quelqu’un : Ah vous lisez Céline, c’est bien. Oui. La porte s’ouvre, et une femme, plutôt jeune, plutôt laide, fuit vers l’ascenseur. Un autre rentre, et c’est pareil. Là, c’est lui.
Un gros monsieur profondément ancré dans un fauteuil, il sourit. Lui s’assoit un peu, sourit. L’autre commence à parler, il crie : Nous avons lu votre ouvrage. Il est bien. Intéressant. Vous savez, nous autres avons beaucoup de manuscrits à parcourir. A étudier. Mais le votre est bien, vraiment. Vraiment bien.
Il se lève, sourit. L’autre aussi. Ils se serrent la main.
Lui ressort. Il ferme la porte soigneusement, laissant l’autre à l’intérieur, puis il prend l’ascenseur. D’autres sont arrivés entre temps. Ils ont l’air tristes. M. ralentit, mais ce n’est pas le bon moment. Il regagne l’ascenseur froid. Les murs sont d’or, un grand miroir sur l’un d’entre eux. M le voit, pas vraiment pareil, il a une petite tache sur le front, comme une rayure. C’est ça : il est brisé.
Un instant, les pleins feux du soleil sur ses tempes et la vue se brouille. Tout devient noir, gris, puis on revoit. Il fait chaud. L’homme rentre, il écrit. Et la journée s’achève un peu comme elle a commencé. Elle n’a pas existé. Mais la nuit, là, débute.

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Ce jour-là, c’est le jour des fruits trop rouges, des oreilles, propre à finir. M. se lève tôt, ne ressent plus la fatigue, des heures passées en-dehors. Le soleil est déjà là. En quelques minutes, il déjeune, lit tout; il sait. Il se repose un moment, quand l’église sonne huit heures.
Dans la rue, on lui parle : Excusez-moi, j’aimerais beaucoup vous parler, vous savez. Oui. Au café, c’est vrai, ils parlent. Alors comme ça vous écrivez. Oui. C’est bien – je veux dire, c’est si rare, qu’on le dise, qu’on en discute. C’est vrai. Mais là nous pouvons parler librement, comme on veut. Vous me parlerez de vous. Puis, naturellement, vous me demanderez ce que je fais. Je vous dirai. Nous nous découvrirons pareils. Ou pas. Mais tout s’ouvrira vous verrez. Jusqu’au bout, qu’il n’y aura de reste. Et vous pourrez mourir.

Tout achevé, fini, ils se quittent. Allant travailler, M. rencontre une fille, dans les transports. Elle est jolie, elle sourit. Il lui parle, ils font l’amour, tout cela très vite. Ou peut-être vont-ils ensemble dans un jardin, s’asseoir, en silence, ou louer une chambre quelque part où il fait beau, je ne sais plus.

Quoi qu’il en soit, tout achevé, fini, ils se quittent. Quand il marche, M. voit ces personnages profonds, en lesquels un bout d’or vous attire, toujours plus bas, en jamais finir. Il les perce aisément, il les sait, d’un coup d’œil. Pourquoi cette vieille femme grimace. Pourquoi cette jeune étudiante, heureuse. Tout pénétré de lui, sans recoin d’ombre ou de mort.

(...)


Ca finit brusquement - désolé!
A vous de voir.

Tistou 22/06/2005 @ 10:09:45
Rebienvenue, Hlidskialf. Cette fois ci rayon prose.
Interloqué je suis. Il y a quelque chose dans ton texte qui maintient l'attention, qui fait qu'on a envie de lire, mais question décousu !
Ton texte ? Tes textes peut être devrais-je dire ? J'ai en effet beaucoup de mal à relier les 2 grosses parties.
La première me parait la mieux rendue. On sent bien la tension en salle d'attente, les rêves qui s'envolent passée la porte.
La seconde ? Plus de mal, plus banale, comme si tu l'avais rajoutée pour "faire plus long".
Mais tu as, à mon avis, et la joie d'écrire et des dispositions. D'où réitération du Bienvenue initial.
Les gens de bonne compagnie se trouvent bien généralement ici.

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