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Forums  :  Vos écrits  :  Pincefroidure

Gudel 10/03/2005 @ 10:24:52
Pincefroidure.
Un temps où les vêtements de laine gardent à cœur les odeurs friture.

Côté pneu, on glisse vers l'inéluctable sous les yeux agacés des gros pleins de super.
Aux rives des rocades, des camions morts gisent sur le flanc droit. Ils ont le dessous gris-graisseux et les phares un peu vitreux, mon neveu.

Plus loin, extra muros pour ainsi dire, une haie d'arbres piètres ont à force de banlieue perdu leurs feuilles, leur nom latin et jusqu'à leur raison d'être des arbres.

Au fond du décor - c'est toujours la même histoire dans ce genre d'histoire- un remblai voie ferrée, des corbeaux morne plaine comme s'il en neigeait, une cabane en wagons de réforme.
Au premier plan, un landau tordu donne à l'ensemble une touche Potemkine.

Là, dans un hangar approximatif et sur ordre du maire, on abrite les sans-abri.

Il règne là-dedans une lumière fétide vingt-cinq watts.

Sauf dans un coin où la torche halogène d'une caméra de télévision, flagorne la laine peignée, pur anthracite-légion d'honneur du premier magistrat de la ville.

Au fond, un pochtron sémantique dit à son voisin de canette qu'à titre personnel il préfère le terme de bourgmestre à celui de maire. Ca fait plus gras - explique-t-il.

A peine un peu plus tard, dans une silence cérémoniel, une journaliste-femme du monde demande à l'élu du peuple français son opinion sur la pauvreté.

Il est contre.

Killgrieg 10/03/2005 @ 10:40:41
oh! un OLNI!
c'est sympa, agréable à lire, intelligent, original, pleins de trouvailles, je ne pense pas pouvoir lire un ouvrage entier sur ce ton mais là c'était un vrai plaisir... Bienvenue et merci pour le texte... Je suis POUR.

Tistou 10/03/2005 @ 10:41:52
Bonjour et bienvenue Gudel.
Texte lugubre. Non. Sujet lugubre. Traité avec originalité. Dans le lugubre style pour coller avec le reste. Lugubre style? Non style flash, à base d'images pour bien fixer les idées. C'est plutôt réussi. Les idées sont fixées lugubres!
(Tiens, j'aime bien cet adjectif!)
J'espère que tu auras beaucoup d'autres critiques. Si tu critiques les textes des autres, ça facilitera les choses, et si tu aimes écrire va voir là :
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
et là :
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
N'hésite pas à intervenir ou envoyer d'autres choses.

Killgrieg 10/03/2005 @ 10:53:40
j'ai relu... et en fait, si! je pourrais lire un roman sur ce ton presque célinien

Tistou 10/03/2005 @ 10:57:39
OLNI pour Objet Lugubre Non Identifié?

Gudel 10/03/2005 @ 11:01:33
merci de vos avis qui me sont fort utiles, même si parfois inattendus...
Je suis effectivement nouveau sur ce forum (mon côté OLNI...) mais j'ai bien l'intention de mtrre mon grain de sel (ou de sable) à propos de ce que j'y lis...

Killgrieg 10/03/2005 @ 11:04:40
Lu, Littéraire, Laconique, Lalalère, Lestvraimentparticulier...

Killgrieg 10/03/2005 @ 11:05:39
merci de vos avis qui me sont fort utiles, même si parfois inattendus...
Je suis effectivement nouveau sur ce forum (mon côté OLNI...) mais j'ai bien l'intention de mtrre mon grain de sel (ou de sable) à propos de ce que j'y lis...

Pourquoi inattendus??

Lyra will 10/03/2005 @ 11:16:30
Oui j'ai bien aimé aussi, même si j'ai du lire de fois pour bien comprendre (je sais, suis lente).

Très visuel, je trouve, avec un ton qui me plait bien, l'air de dénoncer, l'air de rien.

Un livre entier ? peut-être mais je mettrai de temps pour bien tout saisir.

D'ailleurs, deux mots m'empêchent de tout comprendre " Potemkine" et "bourgmestre" quelqu'un peut m'expliquer (désolée) ?


Et, bienvenue :0)

Yali 10/03/2005 @ 11:29:13
Pour Potemkime Lyra, t'es trop jeune, ça fait référence à une scene du "Potemkime" de Eisenstein (si mes souvenirs sont bons ?!), quant au bourgmestre, c'est un maire Alsacien ou Alemand, amateur de choucroute donc.
Un bon texte, suis curieux de lire autre chose.
Bienvenue à toi

Sahkti
avatar 10/03/2005 @ 11:38:26
un bourgmestre, c'est belge aussi yali! Pas de maire dans le plat pays mais des bourgmestres.
Amateurs de choucroute, c'est même pas sûr! :)

Sahkti
avatar 10/03/2005 @ 11:40:00
Je n'ai pas du tout accroché, j'aurais même décroché. Cela ne remet en rien en cause la qualité du texte, c'est simplement que les tournures de langage un peu alambiquées et les jeux de mots, quels qu'ils soient, j'ai beaucoup de mal, ça m'agace assez vite et je zappe. Donc voilà, je ne me prononcerai pas sur le contenu ou la forme, je suis trop subjective.

Lyra will 10/03/2005 @ 11:40:14
Merci :0)

Bolcho
avatar 10/03/2005 @ 13:04:14
Moi, j'aime bien ce style (cet "écart par rapport à la norme" donc) et j'aime bien le propos.
Comme souvent lorsqu'on adhère à la manière, on a un peu envie d'y mettre les pattes, sans doute parce qu'on se sent un peu "chez soi"...
Moi, par exemple, je n'aurais pas mis "mon neveu" en bout de phrase. C'est amusant pourtant notamment parce que ça vient en contrepoint du tableau - soulignant avec autodérision la "rime interne graisseux/vitreux" -, mais ça fait aussi procédé facile pour extorquer un sourire (je sais, j'en use aussi à l'excès).
Au paragraphe suivant, j'aime beaucoup la "haie d'arbres piètres" (qui entraîne pourtant un accord limite: la haie ? les arbres ?) et je regrette presque (on a de ces contradictions !) une facilité que je me serais peut-être permise, celle de dire que les arbres avaient aussi perdu leur raison d'hêtre. Comment ? C'eut été tomber bien bas ?
Suis curieux de lire autre chose à l'occasion.
Et la bienvenue !

Thomasdesmond
avatar 10/03/2005 @ 13:54:41
Comme à dit Kilgrieg, un OLNI !!! Mes yeux ont eu du mal à suivre (cassoulet de ce midi ?) et je n'ai pas tout compris... Mais ça a lé mérite d'être original. Perso, au bout de trois pages, je décroche...

Gudel 10/03/2005 @ 14:21:04
Moi, j'aime bien ce style (cet "écart par rapport à la norme" donc) et j'aime bien le propos.
Comme souvent lorsqu'on adhère à la manière, on a un peu envie d'y mettre les pattes, sans doute parce qu'on se sent un peu "chez soi"...
Moi, par exemple, je n'aurais pas mis "mon neveu" en bout de phrase. C'est amusant pourtant notamment parce que ça vient en contrepoint du tableau - soulignant avec autodérision la "rime interne graisseux/vitreux" -, mais ça fait aussi procédé facile pour extorquer un sourire (je sais, j'en use aussi à l'excès).
Au paragraphe suivant, j'aime beaucoup la "haie d'arbres piètres" (qui entraîne pourtant un accord limite: la haie ? les arbres ?) et je regrette presque (on a de ces contradictions !) une facilité que je me serais peut-être permise, celle de dire que les arbres avaient aussi perdu leur raison d'hêtre. Comment ? C'eut été tomber bien bas ?
Suis curieux de lire autre chose à l'occasion.
Et la bienvenue !

je n'avais pas pensé à l'hêtre (ou ne pas....), sinon, je pense que je n'aurais pas résisté. Les calembours, disait un certain Victor H..., sont les pets de l'esprit. Et cette pétomanie-là est bien tentante...
Merci en tous cas de tes remarques.

Gudel 10/03/2005 @ 14:24:40
merci de vos avis qui me sont fort utiles, même si parfois inattendus...
Je suis effectivement nouveau sur ce forum (mon côté OLNI...) mais j'ai bien l'intention de mtrre mon grain de sel (ou de sable) à propos de ce que j'y lis...

Pourquoi inattendus??


inattendus parce que je suis peu habitué au regard d'autrui sur ma production... J'a&i (encore) cette timidité-là... De ce fait, l'évocation, pour le moins flatteuse de Louis Ferdinand que je révère, ne saurait me laisser indifférent.

Krystelle 10/03/2005 @ 17:12:05
"ont à force de banlieue perdu leurs feuilles, leur nom latin et jusqu'à leur raison d'être des arbres. "

"des corbeaux morne plaine comme s'il en neigeait, une cabane en wagons de réforme. "

"Au fond, un pochtron sémantique dit à son voisin de canette "



J'aime beaucoup cette manière de rendre poétique le langage parlé, d'une manière générale et dans ce texte en particulier.

Killgrieg 10/03/2005 @ 17:37:35
Vigny-sur-seine se présente entre deux écluses, entre ses deux coteaux dépouillés de verdure, c’est un village qui mue dans sa banlieue. Paris va le prendre.
Il perd un jardin par mois. La publicité, dès l’entrée le bariole en ballet russe. La fille de l’huissier sait faire des cocktails. Il n’y a que le tramway qui tienne a devenir historique, il ne s’en ira pas sans révolution. Les gens sont inquiets, les enfants n’ont déjà plus le même accent que leurs parents. On se trouve comme gêné quand on y pense d’être encore en Seine-et-oise. Le miracle est en train de s’accomplir. La dernière boule de jardin a disparu avec l’arrivée de Laval aux affaires et les femmes de ménage ont augmenté leur prix de vingt centimes de l’heure depuis les vacances. Un bookmaker est signalé. La receveuse des postes achète des romans pédérastiques et elle en imagine de bien plus réalistes encore. Le curé dit merde quand on veut et donne des conseils de bourse à ceux qui sont bien sages. La seine a tué ses poissons et s’américanise entre une rangée double de verseurs-tracteurs-pousseurs qui lui forment au ras des rives un terrible râtelier de pourriture et de ferrailles. Trois lotisseurs viennent d’entrer en prison.
On s’organise.

Voyage au bout de la nuit. Céline

Voilà ce à quoi ton texte m’a fait penser. Tu vois pourquoi ?… non ?… remarque même moi j’ai un doute :-))

Gudel 10/03/2005 @ 17:45:20
Le côté désespéré des banlieues, ces espaces où on ne s'arrête plus que quand on n'a pas le choix... panne moteur, crevaison, misère noire...
On s'organise... oui !

Vigny-sur-seine se présente entre deux écluses, entre ses deux coteaux dépouillés de verdure, c’est un village qui mue dans sa banlieue. Paris va le prendre.
Il perd un jardin par mois. La publicité, dès l’entrée le bariole en ballet russe. La fille de l’huissier sait faire des cocktails. Il n’y a que le tramway qui tienne a devenir historique, il ne s’en ira pas sans révolution. Les gens sont inquiets, les enfants n’ont déjà plus le même accent que leurs parents. On se trouve comme gêné quand on y pense d’être encore en Seine-et-oise. Le miracle est en train de s’accomplir. La dernière boule de jardin a disparu avec l’arrivée de Laval aux affaires et les femmes de ménage ont augmenté leur prix de vingt centimes de l’heure depuis les vacances. Un bookmaker est signalé. La receveuse des postes achète des romans pédérastiques et elle en imagine de bien plus réalistes encore. Le curé dit merde quand on veut et donne des conseils de bourse à ceux qui sont bien sages. La seine a tué ses poissons et s’américanise entre une rangée double de verseurs-tracteurs-pousseurs qui lui forment au ras des rives un terrible râtelier de pourriture et de ferrailles. Trois lotisseurs viennent d’entrer en prison.
On s’organise.

Voyage au bout de la nuit. Céline

Voilà ce à quoi ton texte m’a fait penser. Tu vois pourquoi ?… non ?… remarque même moi j’ai un doute :-))

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