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Après les livres de Catherine Allégret, Benjamin Castaldi et Jean-Claude Brialy, on croit avoir tout entendu sur Montand ces derniers temps. Violeur, homosexuel refoulé, pauvre con, j'en passe et des meilleures, on peut dire ce qu'on veut, IL EST MORT, il peut pas répondre, pratique, hein ?... Maintenant c'est Céline qui dérouille, ce qui arrange bien l'auteur puisque ce bon Ferdinand n'est plus là pour lui répondre !... Quand aux écrits antisémites, je suis totalement d'accord avec Gide quand il dit que tout cela est tellement gros, tellement primaire, que ca ne peut qu'être faux...On savait bien que ce n'était pas le plus bon des hommes, mais de là à l'accabler de misanthropie, de paranoïa, il y a un pas que certains journalistes merdeux aiment à franchir... Eh, oui, c'est facile de se faire de l'argent sur le dos de morts en faisant de semi-révélations injurieuses. Mais, bordel, laissez-les reposer en paix !... De toute facon, les blaireaux journaleux, people, s'envolent, mais les génies restent... Hein, Céline et Montand !
(Mon coup de gueule de la soirée)
(Mon coup de gueule de la soirée)
Trouvé ca sur un site très intéressant : http://www.lfceline.fr.st
Pamphlets
À l'exception de Mea Culpa, les pamphlets écrits par Céline entre 1937 et 1941 n'ont jamais été réédités. Cet état de faits est compréhensible. De son vivant, Céline s'y est toujours opposé et, depuis 1961, ses ayant-droits respectent cette volonté.
Mea Culpa, publié en 1936, est un texte court dans lequel Céline évoque le régime communiste, à partir de sa propre expérience, à la suite du voyage qu'il a effectué en URSS en août et septembre 1936. Bagatelles pour un massacre, en revanche, laisse éclater l'antisémitisme violent de l'écrivain. Qu'importent les trois ballets "glissés" dans l'ouvrage, ce pamphlet frappe d'abord par la haine et le fiel développés à l'encontre des juifs. Céline s'en expliquera et justifiera ses positions antisémites par souci d'éviter la guerre, par volonté de pacifisme. En 1957, un entretien avec Albert Zbinden, montre comment Céline se défend d'avoir adopté une idéologie aussi extrême :
"Albert Zbinden : "Disons le mot, vous avez été antisémite."
Céline : "Exactement. Dans la mesure où je supposais que les sémites nous poussaient dans la guerre. Sans ça je n'ai évidemment rien - je ne me trouve nulle part en conflit avec les sémites ; il n'y a pas de raison. Mais autant qu'ils constituaient une secte, comme les Templiers, ou les Jansénistes, j'étais aussi formel que Louis XIV. Il avait des raisons pour révoquer l'édit de Nantes, et Louis XV pour chasser les Jésuites... Alors voilà, n'est-ce pas : je me suis pris pour Louis XV ou pour Louis XIV, c'est évidemment une erreur profonde. Alors que je n'avais qu'à rester ce que je suis et tout simplement me taire. Là j'ai péché par orgueil, je l'avoue, par vanité, par bêtise. Je n'avais qu'à me taire... Ce sont des problèmes qui me dépassaient beaucoup. Je suis né à l'époque où on parlait encore de l'affaire Dreyfus. Tout ça c'est une vraie bêtise dont je fais les frais." (Entretien avec Albert Zbinden, 1957) D'autres raisons peuvent être avancées.
Durant son enfance, l'écrivain baignait dans le climat d'une France divisée par l'affaire Dreyfus, encore très présente dans les esprits. Les discours antisémites du père de Céline, Fernand Destouches, n'ont pu qu'influencer le futur auteur de Bagatelles pour un massacre. En attribuant l'origine des ennuis financiers de la famille aux juifs (les parents de Céline étaient de petits commerçants parisiens), Fernand Destouches a vraisemblablement contribué à faire naître l'antisémitisme de son fils. De plus, Céline sort à peine, à l'époque de Bagatelles pour un massacre, de l'échec de sa carrière à la Société des Nations, qu'il attribue à Rajchman (voir L'Église), d'un avancement compromis au dispensaire de Clichy à cause du docteur Ichok et surtout de la fuite d'Elisabeth Craig avec, semble-t-il, un américain d'origine juive. En clair, Céline se sent persécuté parce que non juif. Tous ces événements le touchent au plus profond, contribuant à cultiver son antisémitisme. Et puis, le contexte historique d'avant-guerre favorise l'antisémitisme en France. Le gouvernement du Front Populaire, avec Léon Blum à sa tête, ne fait pas l'unanimité en matière de relation diplomatique avec l'Allemagne. Blum est accusé de vouloir pousser la France vers la guerre contre l'Allemagne d'Adolf Hitler. Le sentiment pacifique de Céline se dresse contre les positions adoptées par ce gouvernement et l'écrivain propose une alliance avec l'Allemagne pour éviter le pire. Pour terminer, on pourra s'étonner de la rapidité avec laquelle ont été écrits les pamphlets. Ces textes ont été rédigés dans l'urgence, comme si Céline avait eu besoin de percer un abcès depuis longtemps douloureux. Les mots sortent comme d'un geyser et les hallucinations de Céline sont de plus en plus violentes, extrêmes et démentielles.
Il faut préciser que l'antisémitisme de Céline est toujours resté "littéraire" et verbal. Céline n'a ni collaboré avec le régime nazi (qui avait du reste interdit certains de ses ouvrages) ni soutenu le régime de Vichy. Les témoignages de ses proches l'attestent. De plus, les pamphlets ne sont pas seulement des textes antisémites. Le régime soviétique, l'actualité, la guerre, le système éducatif, les Etats-Unis, voici pêle-mêle différents sujets que Céline passe à la moulinette, avec haine, rage, et sans aucune mesure...
Pamphlets
À l'exception de Mea Culpa, les pamphlets écrits par Céline entre 1937 et 1941 n'ont jamais été réédités. Cet état de faits est compréhensible. De son vivant, Céline s'y est toujours opposé et, depuis 1961, ses ayant-droits respectent cette volonté.
Mea Culpa, publié en 1936, est un texte court dans lequel Céline évoque le régime communiste, à partir de sa propre expérience, à la suite du voyage qu'il a effectué en URSS en août et septembre 1936. Bagatelles pour un massacre, en revanche, laisse éclater l'antisémitisme violent de l'écrivain. Qu'importent les trois ballets "glissés" dans l'ouvrage, ce pamphlet frappe d'abord par la haine et le fiel développés à l'encontre des juifs. Céline s'en expliquera et justifiera ses positions antisémites par souci d'éviter la guerre, par volonté de pacifisme. En 1957, un entretien avec Albert Zbinden, montre comment Céline se défend d'avoir adopté une idéologie aussi extrême :
"Albert Zbinden : "Disons le mot, vous avez été antisémite."
Céline : "Exactement. Dans la mesure où je supposais que les sémites nous poussaient dans la guerre. Sans ça je n'ai évidemment rien - je ne me trouve nulle part en conflit avec les sémites ; il n'y a pas de raison. Mais autant qu'ils constituaient une secte, comme les Templiers, ou les Jansénistes, j'étais aussi formel que Louis XIV. Il avait des raisons pour révoquer l'édit de Nantes, et Louis XV pour chasser les Jésuites... Alors voilà, n'est-ce pas : je me suis pris pour Louis XV ou pour Louis XIV, c'est évidemment une erreur profonde. Alors que je n'avais qu'à rester ce que je suis et tout simplement me taire. Là j'ai péché par orgueil, je l'avoue, par vanité, par bêtise. Je n'avais qu'à me taire... Ce sont des problèmes qui me dépassaient beaucoup. Je suis né à l'époque où on parlait encore de l'affaire Dreyfus. Tout ça c'est une vraie bêtise dont je fais les frais." (Entretien avec Albert Zbinden, 1957) D'autres raisons peuvent être avancées.
Durant son enfance, l'écrivain baignait dans le climat d'une France divisée par l'affaire Dreyfus, encore très présente dans les esprits. Les discours antisémites du père de Céline, Fernand Destouches, n'ont pu qu'influencer le futur auteur de Bagatelles pour un massacre. En attribuant l'origine des ennuis financiers de la famille aux juifs (les parents de Céline étaient de petits commerçants parisiens), Fernand Destouches a vraisemblablement contribué à faire naître l'antisémitisme de son fils. De plus, Céline sort à peine, à l'époque de Bagatelles pour un massacre, de l'échec de sa carrière à la Société des Nations, qu'il attribue à Rajchman (voir L'Église), d'un avancement compromis au dispensaire de Clichy à cause du docteur Ichok et surtout de la fuite d'Elisabeth Craig avec, semble-t-il, un américain d'origine juive. En clair, Céline se sent persécuté parce que non juif. Tous ces événements le touchent au plus profond, contribuant à cultiver son antisémitisme. Et puis, le contexte historique d'avant-guerre favorise l'antisémitisme en France. Le gouvernement du Front Populaire, avec Léon Blum à sa tête, ne fait pas l'unanimité en matière de relation diplomatique avec l'Allemagne. Blum est accusé de vouloir pousser la France vers la guerre contre l'Allemagne d'Adolf Hitler. Le sentiment pacifique de Céline se dresse contre les positions adoptées par ce gouvernement et l'écrivain propose une alliance avec l'Allemagne pour éviter le pire. Pour terminer, on pourra s'étonner de la rapidité avec laquelle ont été écrits les pamphlets. Ces textes ont été rédigés dans l'urgence, comme si Céline avait eu besoin de percer un abcès depuis longtemps douloureux. Les mots sortent comme d'un geyser et les hallucinations de Céline sont de plus en plus violentes, extrêmes et démentielles.
Il faut préciser que l'antisémitisme de Céline est toujours resté "littéraire" et verbal. Céline n'a ni collaboré avec le régime nazi (qui avait du reste interdit certains de ses ouvrages) ni soutenu le régime de Vichy. Les témoignages de ses proches l'attestent. De plus, les pamphlets ne sont pas seulement des textes antisémites. Le régime soviétique, l'actualité, la guerre, le système éducatif, les Etats-Unis, voici pêle-mêle différents sujets que Céline passe à la moulinette, avec haine, rage, et sans aucune mesure...
Dieu sait que je suis pro-Céline quand nous parlons de l'écrivain ! Avant que de poursuivre la polémique,j'attends d'interviewer la semaine prochaine, très exactement le 10 décembre) Philippe Alméras qui a publié le "Dictionnaire Céline" que j'ai critiqué il y a quelques jours. Il est d'ailleurs souvent évoqué par Rossel-Kirschen (qui est parfois d'accord avec lui et souvent pas)
J'espère qu'il me donnera le temps d'aborder ce problème avec lui et je transmettrai ses opinions sur le Forum dès l'interview faite.
J'espère qu'il me donnera le temps d'aborder ce problème avec lui et je transmettrai ses opinions sur le Forum dès l'interview faite.
Juste en passant...
Merci pour cette critique, Jules... J'apprécie et partage ton point de vue...
Merci pour cette critique, Jules... J'apprécie et partage ton point de vue...
Merci à Manu55 qui m'a envoyé ce gentil message.
Tout le monde ici sait à quel point j'apprécie l'oeuvre de Céline et je crois l'avoir assez approfondie.
Peut-être ais-je eu tort de vouloir approfondir le personnage lui-même, mais maintenant que j'ai commencé il me faut continuer... Beaucoup d'avis différents et beaucoup de questions qui restent ouvertes. D'autant plus dommage que ceux qui l'ont bien connu ne sont plus là pour en parler.
Et puis, comme le disait Antonio Lobo Antunès dans ses "Chroniques", "Il ne faudrait pas faire parler les écrivains" disant qu'ils n'étaient pas là pour cela et que l'auteur n'était bien souvent pas, personnellement, à la hauteur des espérances de son public. C'est un homme comme les autres et pas nécessairement un "intellectuel" comme il disait. Il racontait aussi qu'à part écrire et regarder du sport à la TV il n'y avait pas grand chose qui l'intéressait et que ses filles trouvaient qu'il était fort limité et un père totalement indisponible... "Indisponible" n'est ce pas un des grands défauts que l'on pourrait reprocher à beaucoup de grands artistes ou de génies dans leur domaine ?... Être grand artiste (mais un grand chirurgien l'est aussi) ne supposerait pas une forme de déséquilibre par rapport à la vie normale ?...
Dans l'affaire Céline il y a beaucoup d'ombres et celles-ci attirent d'autant plus que la personne intéresse pas mal de gens et qu'écrire un livre sur lui devrait se vendre. Je n'accuse personne, mais cela me paraît une simple évidence !
Pour reprendre l'argument de KVO rien n'aurait été écrit sur Montand s'il n'avait pas été ce qu'il était et donc aussi porteur d'espérances pour ceux qui écrivent sur lui.
Mais c'est le lot de la célébrité et ces gens font en quelque sorte partie du patrimoine commun.
Comme pour Céline "auteur" mon opinion ne changera pas sur Montand "acteur ou chanteur"
J'ai toujours eu énormément de sympathie pour l'homme aussi et seule celle-là pourrait m'être enlevée et, bien sûr, je reverrais mon jugement s'il le fallait mais avec beaucoup de regrets...
Tout le monde ici sait à quel point j'apprécie l'oeuvre de Céline et je crois l'avoir assez approfondie.
Peut-être ais-je eu tort de vouloir approfondir le personnage lui-même, mais maintenant que j'ai commencé il me faut continuer... Beaucoup d'avis différents et beaucoup de questions qui restent ouvertes. D'autant plus dommage que ceux qui l'ont bien connu ne sont plus là pour en parler.
Et puis, comme le disait Antonio Lobo Antunès dans ses "Chroniques", "Il ne faudrait pas faire parler les écrivains" disant qu'ils n'étaient pas là pour cela et que l'auteur n'était bien souvent pas, personnellement, à la hauteur des espérances de son public. C'est un homme comme les autres et pas nécessairement un "intellectuel" comme il disait. Il racontait aussi qu'à part écrire et regarder du sport à la TV il n'y avait pas grand chose qui l'intéressait et que ses filles trouvaient qu'il était fort limité et un père totalement indisponible... "Indisponible" n'est ce pas un des grands défauts que l'on pourrait reprocher à beaucoup de grands artistes ou de génies dans leur domaine ?... Être grand artiste (mais un grand chirurgien l'est aussi) ne supposerait pas une forme de déséquilibre par rapport à la vie normale ?...
Dans l'affaire Céline il y a beaucoup d'ombres et celles-ci attirent d'autant plus que la personne intéresse pas mal de gens et qu'écrire un livre sur lui devrait se vendre. Je n'accuse personne, mais cela me paraît une simple évidence !
Pour reprendre l'argument de KVO rien n'aurait été écrit sur Montand s'il n'avait pas été ce qu'il était et donc aussi porteur d'espérances pour ceux qui écrivent sur lui.
Mais c'est le lot de la célébrité et ces gens font en quelque sorte partie du patrimoine commun.
Comme pour Céline "auteur" mon opinion ne changera pas sur Montand "acteur ou chanteur"
J'ai toujours eu énormément de sympathie pour l'homme aussi et seule celle-là pourrait m'être enlevée et, bien sûr, je reverrais mon jugement s'il le fallait mais avec beaucoup de regrets...
Je voudrais vous citer un passage de l'excellent "Contretemps" de Fabrice Lardreau (2004), dont j'ai fait la critique depuis dèjà quelques semaines. (Le contexte, c'est que Albert, le héros, va publier le Voyage avant Céline, et donc une présentation s'impose) :
Avez-vous entendu parler de Louis-Ferdinand Céline ? Certains vont pousser des cris d'indignation, crise d'urticaire, état de choc ; d'autre, ignorants, indifférents ou conquis d'avance, tourneront le dos, bêleront placidement. Je dois donc vous livrer quelque information.
Louis-Ferdinand Destouches (1894-1961) dit Céline, était un type doué en littérature quoique antipathique. Diplômé de la Faculté de médecine, Louis-Ferdinand, "Ferdine" pour les intimes, exerça cette discipline sa vie durant. Après la rédaction d'une thèse sur Sammelweis (médecin hongrois pour la petite histoire) il pratiqua un genre artistique nommé littérature. Autant le dire carrément, il a tout explosé ! le roman n'était plus le même qu'avant, complète déflagration ! "Voyage au bout de la nuit", "Mort à crédit", "Guignol's band', "Féérie pour une autre fois", que des hymnes au talent, chefs-d'oeuvre en série. Quel est l'apport de Ferdine ? me demanderez-vous, qu'a-t-il réellement donné à la littérature ? Je répondrai la langue, le souci de la langue, enfin d'une certaine langue, celle qui ne s'embarrasse pas de minauderies, ne joue pas les pucelles vertueuses, pas question d'écrire comme un marquis, homme de lettres au lexique bien choisi, petites touches élégantes à la française, stylisées, Ferdine restitue la rue, le quotidien, il appelle un chat un chat, Bébert de préférence, se ressource à la fontaine Rabelais, puise chez Villon pour donner une chair aux mots, il veut que les phrases nous disent le monde, il malawe, malaxe, et nous fait entendre l'amour/la vie/la haine, traverse le théâtre des opérations sans scaphandrier. Que raconte cette belle odyssée ? une journée à Courbevoie ? un passage dans les bordels de Pigalle ? en quoi va-t-on se métamorphoser cette fois ? coq orgueuilleux ? cochon de lait gueulard ? Va-t-on bouffer de la tête de veau accompagné de café noir ? Ferdine est bien mieux que ça. Il nous fait traverser le siècle dans sa tête, dans son corps, il nous promène depuis la guerre de 14-18 jusqu'à celle de 39-45, les bombes éclatent, les avions partent en piqué, on atterit en Afrique, on découvre New York, détour par l'Allemagne, bref séjour au Danemark, caniculefroidtempêtes, tout y est ! Joli programme, n'est-ce pas ? horreur de la guerre, injustice du colonialisme, désarroi des pauvres, hantise de la mort, pratiquement le sans-faute. A un "détail" près. Le chromo pur patronage que je viens de vous dresser comporte une faille, quelque chose qui fait tâche et fout l'édifice en l'air. Ferdine avait besoin d'un coupable, voyez-vous, il croyait que les péchés du monde venaient toujours d'une même personne, elle chuchotait dans votre dos, prenait le pouvoir, ourdissait un complot pour vous étouffer. Oui, antisémite Ferdine, pamphlétaire à la petite semaine qui met son talent au service de l'invective, de la dénonciation aveugle. A compter des années trente, le sieur Destouches a donc lancé un feuilleton bilieux : "L'Ecole des cadavres", "Les beaux draps", "Mea culpa", "Bagatelles pour un massacre".
Questionnaire tarte à la crème pour soirée
littéraire :
Q 1 : Un génie peut-il être un salaud ? Oui.
Q 2 : Peut-on aimer l'oeuvre de ce salaud ? Oui.
Q 3 : Qu'en pense le petit gros [Albert, héros du livre, NDLPKVQ] ? Le débat sur la morale, l'esthétique - une oeuvre doit-elle être belle ET juste ? -, je le fuis comme la peste, je flaire la piège à dix mille bornes, l'attrape-critique bourbier frictionnel. [...]
--------------------------------------------------------------------------
Voilà, juste, non ?
Avez-vous entendu parler de Louis-Ferdinand Céline ? Certains vont pousser des cris d'indignation, crise d'urticaire, état de choc ; d'autre, ignorants, indifférents ou conquis d'avance, tourneront le dos, bêleront placidement. Je dois donc vous livrer quelque information.
Louis-Ferdinand Destouches (1894-1961) dit Céline, était un type doué en littérature quoique antipathique. Diplômé de la Faculté de médecine, Louis-Ferdinand, "Ferdine" pour les intimes, exerça cette discipline sa vie durant. Après la rédaction d'une thèse sur Sammelweis (médecin hongrois pour la petite histoire) il pratiqua un genre artistique nommé littérature. Autant le dire carrément, il a tout explosé ! le roman n'était plus le même qu'avant, complète déflagration ! "Voyage au bout de la nuit", "Mort à crédit", "Guignol's band', "Féérie pour une autre fois", que des hymnes au talent, chefs-d'oeuvre en série. Quel est l'apport de Ferdine ? me demanderez-vous, qu'a-t-il réellement donné à la littérature ? Je répondrai la langue, le souci de la langue, enfin d'une certaine langue, celle qui ne s'embarrasse pas de minauderies, ne joue pas les pucelles vertueuses, pas question d'écrire comme un marquis, homme de lettres au lexique bien choisi, petites touches élégantes à la française, stylisées, Ferdine restitue la rue, le quotidien, il appelle un chat un chat, Bébert de préférence, se ressource à la fontaine Rabelais, puise chez Villon pour donner une chair aux mots, il veut que les phrases nous disent le monde, il malawe, malaxe, et nous fait entendre l'amour/la vie/la haine, traverse le théâtre des opérations sans scaphandrier. Que raconte cette belle odyssée ? une journée à Courbevoie ? un passage dans les bordels de Pigalle ? en quoi va-t-on se métamorphoser cette fois ? coq orgueuilleux ? cochon de lait gueulard ? Va-t-on bouffer de la tête de veau accompagné de café noir ? Ferdine est bien mieux que ça. Il nous fait traverser le siècle dans sa tête, dans son corps, il nous promène depuis la guerre de 14-18 jusqu'à celle de 39-45, les bombes éclatent, les avions partent en piqué, on atterit en Afrique, on découvre New York, détour par l'Allemagne, bref séjour au Danemark, caniculefroidtempêtes, tout y est ! Joli programme, n'est-ce pas ? horreur de la guerre, injustice du colonialisme, désarroi des pauvres, hantise de la mort, pratiquement le sans-faute. A un "détail" près. Le chromo pur patronage que je viens de vous dresser comporte une faille, quelque chose qui fait tâche et fout l'édifice en l'air. Ferdine avait besoin d'un coupable, voyez-vous, il croyait que les péchés du monde venaient toujours d'une même personne, elle chuchotait dans votre dos, prenait le pouvoir, ourdissait un complot pour vous étouffer. Oui, antisémite Ferdine, pamphlétaire à la petite semaine qui met son talent au service de l'invective, de la dénonciation aveugle. A compter des années trente, le sieur Destouches a donc lancé un feuilleton bilieux : "L'Ecole des cadavres", "Les beaux draps", "Mea culpa", "Bagatelles pour un massacre".
Questionnaire tarte à la crème pour soirée
littéraire :
Q 1 : Un génie peut-il être un salaud ? Oui.
Q 2 : Peut-on aimer l'oeuvre de ce salaud ? Oui.
Q 3 : Qu'en pense le petit gros [Albert, héros du livre, NDLPKVQ] ? Le débat sur la morale, l'esthétique - une oeuvre doit-elle être belle ET juste ? -, je le fuis comme la peste, je flaire la piège à dix mille bornes, l'attrape-critique bourbier frictionnel. [...]
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Voilà, juste, non ?
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