LouiseBe 11/10/2004 @ 20:45:12
Il était une fois, dans une vieille et p’tite p’tite p’tite maison, dans un vieux et p’tit p’tit p’tit p’tit village, dans une vieille et p’tite p’tite p’tite région, dans un vieux et p’tit p’tit p’tit tout p’tit pays, il était une fois, donc, une p’tite p’tite p’tite fille assise sur le bord de son p’tit p’tit p’tit p’tit tout p’tit lit. Qui soupirait, la frange trop longue de ses cheveux noirs comme l’ébène dans ses yeux verts comme les épluchures de concombres.. (Message privé qui n’à rien à faire là, quoique : Le premier qui me compare à Balamento, je m’offusque en trouvant là une injure pour ce bonhomme Bala.)

Elle soupirait.
-J’sais pas quoi faire ? Qu’est ce que j’peux faire ?

Il pleuvait ce soir là, sur les toits des p’tites p’tites p’tites et vieilles maisons du p’tit p’tit p’tit et vieux village de la p’tite p’tite p’tite p’tite et vieille région de la.. Oui, bon, vous avez compris le principe idiot de répétion. Passons.

Il pleuvait, donc. Et les soupirs de la p’tite fille s’entendaient jusqu’à l’orée du bois et inquiétait les p’tits et moins p’tits animaux, sans compter la flore (flore : voir lexique). C'est-à-dire, jusqu’à quelques deux kilomètre et demi. La p’tite fille avait du souffle. Bref.

La p’tite fille portait le doux prénom de Gwendoline. Et ce n’était pas peu dire que de dire que ce prénom lui pesait depuis ses 6 ans. Elle en avait entendu, des médisances, et des jeux de mots tordus. Merci papa, merci maman. Depuis dix ans, donc, car Gwendoline était certes p’tite, mais néanmoins au bord du gouffre, taraudée entre problèmes acnéiques, les premières menstruations (voir lexique pour en apprendre plus sur ce mot inconnu à tout les petits enfants digne de ce nom, en espérant qu’il en reste encore), les premiers bisous avec ou sans la langue, sept fois dans la bouche ou bien juste tourner dans le même sens ? les problèmes d’orientation dans les études et les copines avec qui on est obligé de faire des pactes crado avec du sang et des bougies parfumées à la vanille.

Donc, oui, je m’égare, Gwendoline n’aimait pas son prénom, mais à vrai dire, là n’est pas l’idée de cette histoire. Pas de morale à ça. On a un prénom à chier, on a un prénom à chier, on assume, point.

Comment ça je deviens vulgaire ? Pas du tout.

Bien..

La p’tite Gwendoline soupirait, si fort, si fort ! Qu’elle s’en émouvait elle-même.
Et pensait donc, en regardant dans les yeux en plastique de son p’tit bisounours rose. « Mais, si je soupire si fort, c’est que je m’ennuie vraiment, ma vie est nulle, ma famille est nulle, mon village est nul, Christian c’est un gros nul, je suis incomprise, un jour je partirai pour vivre ma vraie vie que je mérite, et tout le monde pleurera, et tout le monde me regrettera, et Christian se rendra compte qu’il est fou amoureux d’moi ahan »

Pensant ces mots terribles, Gwendoline bascula gracieusement sur le coté et enfoui sa p’tite tête de p’tite fille dans les coussins, en versant les larmes du désespoir le plus profond, bavant sur les poils synthétiques du bisounours rose, reniflant bruyamment, ce qui rajouta à son émotion. « Si je renifle autant, c’est que je suis vraiment désespérée et vraiment trop sensible, j’ai un charme fou là, j’le sens ».

Songea t elle.

C’est alors que quelqu’un vint frapper à la porte de sa chambre ! Suspens.

De l’autre coté, Une brute épaisse attendait. Guettait le moindre bruit. Faisant lui-même attention à sa respiration pour ne pas le déconcentrer de trop.

Silence presque parfait donc, hormis quelques respirations bruyantes et quelques gras reniflements.

La brute se fit entendre plus clairement, de sa voix grave et tabagique.

-Gwen ?

La réponse ne se fit pas attendre, un grand cri aigu repoussa d’un pas la bête velue.

-Ahannnnpapaaaa ! Je t’ai déjà dis dix milliards de fois qu’le prochain qui m’appelait Gwen j’le tuais ! Tu veux y passer l’premier ?!!

La brute épaisse prit le temps de peser le pour et le contre. Le silence en profita.

Puis on frappa de nouveau à la porte de la chambre de la p’tite fille, cette fois ci plus violement.

-Non mais dit donc, tu parles à ton père là je te le signales au cas où tu n’aurais pas reconnu sa voix, la mienne, qui plus est puisque nous sommes bel et bien la même personne, et parfois, ma fille, je peux te dire que cela me navre, je n’ai plus honte de le dire, je suis en analyse depuis trois mois !

Silence. Cette fois ci complet. La brute poilue avait donné de la voix. Ca pouvait écraser n’importe quel esprit rebelle. Gwendoline pesa à son tour le pour et le contre en se redressant et en cachant sous le lit le pot de yaourt en verre La laitière parfum vanille lui faisant office de cendrier.

-Gwendoline, ouvre !

La p’tite fille ravala une dernière larme en cherchant légèrement paniquée, dans les draps en boule, le paquet de cigarette de dix qu’elle avait acheté hier avec Sabine. Maligne, elle tenta de gagner du temps face à la bête immonde.

-Ouaiiiis, c’est boooon, j’arrive ça va j’ai entendu j’suis pas sourde !

L’animal enragé joua de la poignée, en vain, puisque la porte était fermée à clef.
C’est à ce moment précis, en sursautant face à cette tentative d’intrusion dans sa vie privée que la p’tite Gwendoline retrouva le paquet de cigarette posé bien en vue sur la pile de magazines dédiés aux esprits de son âge. Elle envoya valdinguer le paquet bleu sous un oreiller avant de se rajuster la coiffure et le pantalon noir et de se diriger vers la porte.

Tourner la clef, ouvrir. S’attendre au pire. Garder son calme, montrer qui est le plus fort, remake de La Belle et la Bête, regard sombre et joues rougies, Gwendoline apparut devant le monstre sans nom.

Le couloir était plongé dans la pénombre. La brute épaisse envahissait l’espace. Immense, noir, esprit pervers. Gwendoline ne se laisserait pas faire.

-Oui ?

L’homme poilu soupira. Un souffle plus puissant encore que celui de la p’tite fille. Des cernes sous les yeux, une cravate autour du coup. Signe distinctif du chacal, pensa la p’tite fille en regardant ailleurs.

-On mange. Dépêches toi.

(Top ! Je me vois dans l’obligation de ne pas donner suite à cette histoire (tant mieux, allez vous dire) les quatre minutes trente étant passée, et étant écrit en temps réel, je me retrouve coincée. . (Respirez, ouvrez les yeux, ça va aller, c’était juste un mauvais moment à passer))

Felixlechat

avatar 11/10/2004 @ 22:36:40
Quelle étrange histoire! La brute qui vient n'est pas celle que j'attendais. Ce n'est ni un diablotin ni une force maligne. J'attendais un loup et c'est un âne. L'histoire me plait néanmoins. A la prochaine.

Tistou 12/10/2004 @ 08:31:18
Tu parviens à faire passer un grand souffle d'étrangeté sur tout ça. Le démarrage en conte, qui prend des allures de fiction contemporaine pour continuer en horreur improbable et finir en cauchemard banal d'enfant, bof! aller manger, et de la soupe certainement ...!
Etrange donc. Et très agréable, on s'y laisse bien prendre.
Quatre minutes trente en temps réel pour l'écrire! Bravo LouiseBe, la Lucky Luke des Ecrits!

Balamento 12/10/2004 @ 13:44:52
Il y a bien dû y avoir par le passé des tentatives d'écritures sous hypnose, à califourchon sur cheval d'arçon et en temps minuté, mais les trois à la fois, là, chapeau bas!

(ceci dit, pour le bonhomme perché entre parenthèses et au sommet de la pile d'ouvrages qui a pu lui tomber sous la main depuis sa tendre enfance (ce qui ne m'oblige pas encore à me courber pour éviter le plafond), ceci dit, ces quatre minutes trentes ne m'évoquent absolument rien de connu ni de comparable, une surprise donc très réjouissante ;-)).

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