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Forums  :  Vos écrits  :  un nez ne se trompe pas

Drclic 11/10/2004 @ 14:35:41
Je croquais dans mon sandwich grec tout en estimant le nombre de calories que cela représentait. D’un calcul mental rapide, j’informais mon organisme de la rentrée prochaine de 1100 calories environ. Ma tête prenait soin d’avertir mon corps.

J’avais un ami qui en aurait été incapable. Il se disait inapte à mâcher un chewing-gum et à faire du vélo simultanément. Il faisait rire tout le monde avec ça d’autant plus qu’on savait tous que c’était vrai !
Il se dévaluait souvent et les gens riaient. De lui, mais aussi avec lui. Sa dérision lui attira la sympathie et le regard attendri de jolies courtisanes. Son culte de l’échec devint un succès.
Je ne l’ai pas pris en exemple. Moi, comme Napoléon auparavant, je réalisais plusieurs choses à la fois. Je mangeais, je marchais, je réfléchissais et j’observais.

J’observais notamment un jeune homme. Sa bouche était accrochée à son téléphone portable. Il chuchotait. Il était dans une discussion très personnelle, probablement une conversation amoureuse car son visage s’adoucissait, il retrouvait ses traits d’enfant. Il avait tombé le masque. Il était honnête.

Cette après-midi, il était en RTT.

Ce même homme une heure auparavant était déjà au téléphone. De son banal bureau de St Ouen, il discutait avec un agent économique mineur, qu’il n’avait jamais rencontré, mais qui était crédité du sobriquet de « bon client » marqué en gras dans sa base Excel.
Le contrat numéro 45-161 concernant le rachat définitif d’une machine à café en leasing depuis 24 mois était en suspend, et il ne pouvait le supporter. Il grimaçait de douleur. Il tentait de convaincre son interlocuteur.
Il luttait.
Il sentait déjà le souffle de son patron sur son visage. Pour lui, son boss se résumait à sa mauvaise haleine. Il avait aussi un bureau à l’étage supérieur, plus grand et plus confortable, mais ça, il s’en foutait. Il y convoquait régulièrement ses employés, tous fraîchement diplômés et les questionnait sur l’avancement des affaires. Chaque retard ou chaque échec avoué lors de l’énumération de ses subordonnés lui arrachait un grand soupir. C’est précisément là que son souffle nauséabond atteignait les narines de notre jeune cadre dynamique.
C’est là qu’il se rendait compte qu’il détestait son responsable et à travers lui sa société. Il n’aimait pas son travail.
Il se détestait aussi et il haïssait aussi son nez.
Il ne pouvait plus se sentir.

La machine à café, il ne l’a pas vendue. C’était fréquent, mais il ne s’y habituait pas. Cet échec rongeait son orgueil et lui révélait aussi que sa réussite sociale était laborieuse.
Ce détail ridicule le mettait dans une profonde angoisse. Malheureusement pour lui, son esprit était formaté pour donner de l’importance à ce genre de détails plus qu’à l’essentiel.
Il sortait d’école de commerce.

Maintenant il était là, dans mon quartier, et il respirait de bon cœur les odeurs pourtant âpres que ne manque pas d’offrir une ville comme Paris.
Il n’était plus dans la vie, il était dans sa vie. Tout était perçu différemment.
Le contenant influençait le contenu.
J’augmentais mon allure en le dépassant, je ne voulais pas qu’il se sente épié ni qu’il puisse flairer mon haleine de mouton grillé.
Ne pas perturber un être en pleine reconstruction olfactive.









C'est un extrait (sorit de son contexte) d'une nouvelle trop longue pour etre postée ... Critiques bienvenues.

Tistou 11/10/2004 @ 14:48:14
Décousu, c'est ce qui me vient à l'esprit. C'est étonnant car le style est clair. Le vocabulaire est précis, pas de fautes pour troubler la lecture mais ... J'ai du mal à remettre qui est qui, de quoi l'on parle. C'est dommage car des impressions subliminales passent, mais dans le flou. C'est curieux.

Kilis 11/10/2004 @ 18:46:24
Je trouve ça pas mal du tout. Une observation et une réflexion originales captées d'un point de vue inattendu, celui d'un narrateur qui aurait la faculté de traverser le temps, l'espace, la matière et de zoomer dans le cerveau des gens.
Cela donne une impression bizarre mais très agréable.

Drclic 12/10/2004 @ 16:35:11
Merci a vous deux.

Je me rend compte que le passage du chef et de son haleine, n'est effectivement pas si clair que cela.
Sinon, c'est un extrait d'une nouvelle donc le sujet est dilué mais il me semble quand meme evident : s'interroger sur la grande comédie de la vie.
Impression et description d'un quotidien, de la vie courante.

Bon je suis sans doute pas super doué ... je tatonne.
A+
Stf.

Benoit
avatar 12/10/2004 @ 16:45:04
Ah non, t'as quand même réussi!!! Le style est clair, sans fioriture, on accroche bien. Les différents va-et-vient donnent du ryhtme au récit. Quant au message que tu voulais faire passer, ça passe! Ce jeune cadre fraîchement sorti déjà désillusionné (ça n'existe pas, je sais) par la vie professionelle... Heureusement, il y a sa chère et tendre mais pour combien de temps?

Drclic 12/10/2004 @ 23:17:21
Merci Benoit.

Je publierai peut-etre d'autres tranches de vie. :-)

Comment c'est Atlanta ?

Yali 13/10/2004 @ 14:35:24
Trop court pour se faire une idée, il y a bien quelques pistes, intéressantes, mais, ou qu’il est passé le guide ? Hein ??

Balamento 14/10/2004 @ 21:28:21
critique sèche : le sujet, la forme et la construction n'ont pas retenu mon intérêt. Pourquoi ? Sur la forme certainement une histoire de goût, sur le fond l'exposé m'a paru banal, aucune ironie, humour, pertinence de l'observation (et pourtant je n'ai pas fait la guerre et si loin d'avoir tout vu, tout vécu), ou émotions diverses ne sont venues frappées à ma porte. L'extrait est-il sélectionné dans le meilleur, le neutre ou le raté de la nouvelle ?

En bref, ça manque un tantinet de poésie tout ça, comme si s'extirper du réel, pour créer du rêve, de l'imaginaire, des envolements par le texte échappaient complètement à ce texte.

Hum... je doit pouvoir faire plus sec, mais là je risque l'insulte ou le rejet total de ce que je viens de dire, hum... non ?

Drclic 15/10/2004 @ 11:01:53
Non, non, je ne prend jamais rien mal. Tu peux y aller Balamento.
L'orgueil est le plus vilain des defauts (d'autant plus lorsqu'on debute).
Je ne trouve pas encore mes lecteurs, c'est normal je n''ai pas encore trouvé mon style .;-)

L'humour et l'ironie. Ca v'est vrai, je pourrai sans doute en usé plus. Merci de la remarque.
Je vais essayer de garder cela à l'esprit.
Pertinence de l'observation, c'est un peu flou mais je vois ce que tu veux dire. (Rien de neuf, pas de regard nouveau ?)

Pour la poésie, c'est presque le max que je puisse faire. :-) ... Je n'y trouve pas d'intêret.
Le texte est sans reelle importance pour moi, la situation et la reflexion qu'elle entraine, c'est ca que je voudrai faire passer. (Kundera, j'adore).
Ce qui explique mon style plutot froid et simple qui est a peine travaillé. Je suis reflechi donc pas très passionné.

Merci Balamento.
Au plaisir de te lire.

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