Page 1 de 1
Steve regarde son micro bêtement, comme si l’exclamation inquiétante de Tom en était sortie alors que le haut-parleur du tableau de bord, lui, s’est brusquement tu.
- Allô ?! Tom ?! Réponds ! Tu m’entends ?…
- …
- Rien ! Mais qu’est-ce qui arrive encore ? Ah, c’est vraiment la poisse en c’moment ! Entre ma femme qui s’tire avec un gigolo en m’laissant la marmotte, ma mère qu’arrête pas de m’dire qu’elle avait raison, que c’était pas la femme qu’y m’fallait, la Jane qui s’fait buter avant que j’aie eu l’temps d’la baiser, et maintenant ce con de Tom qui a dû se foutre dans l’pétrin !.. Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?! Manqu’rait plus qu’un ongle incarné !
Sur ces fortes paroles, Steve pousse sur un autre bouton de sa radio :
- Allô patrouille ? Vous me recevez ?
Un grésillement, un ploc, une voix métallique :
- Oui Chef, fort et clair.
- Tom a un problème mais je sais pas lequel. Vous en êtes où ?
- On est sur la Mercedes, Chef, pas beau à voir le cadavre, vaut mieux pas que vous vous arrêtiez par ici.
- J’imagine… Vous avez bien deux voitures ? Alors fissa : deux hommes foncent pour rattraper Tom, moi j’en ai encore pour une demi-heure avant d’arriver avec cette purée de pois. Essayez d’savoir ce qui lui est arrivé, y devait pas être très loin de la camionnette, y paraît que c’t un tas de ferraille qu’avance pas. Allez ! Au galop !
Steve n’attend pas la réponse et appuie à nouveau sur sa pédale d’accélérateur sans se soucier du danger que représente cette averse de neige incessante sur une route déjà verglacée. Il s’en veut de plus en plus d’avoir envoyé Tom seul pour cette reconnaissance. Ça risque encore de lui retomber dessus cette initiative malheureuse.
« Le chat et l’enfant », ou encore « La fillette au chat », on pourrait trouver de multiples titres à l’adorable tableau impressionniste de ces deux êtres sans défense endormis et pelotonnés l’un contre l’autre au centre de la banquette du camion. Lolita et Tistou ne font plus qu’un, échangeant leurs chaleurs dans la cabine glaciale. Le léger nuage de vapeur de leurs respirations régulières se dissout doucement dans l’air froid. Jim conduit, le buste raide et penché sur le volant, les phalanges de ses doigts sont blanchâtres de l’effort fourni pour maintenir la trajectoire. Son regard est fixé droit sur le faisceau des phares que le brouillard et la neige renvoient comme si un mur blanc avançait devant eux à la même vitesse que le véhicule. Moineau, tassé près de la portière droite, est toujours méconnaissable mais a décidé avec philosophie d’éviter jusqu’à nouvel ordre tout miroir ou tout rétroviseur, trop fidèles indicateurs de sa provisoire déchéance. À l’immense soulagement de Jim, il a également pris le parti de se taire. Non par grandeur d’âme vis à vis de son mentor mais plutôt par délicatesse pour l’enfant et sa mascotte. Contraint et forcé d’ailleurs, car l’expérience lui a appris que dans ces circonstances particulières, les seuls sons que serait capable de produire son larynx ne ressembleraient qu’à de piteux borborygmes à peine dignes d’un éléphanteau né prématuré… La camionnette trace sa route.
.../...
- Allô ?! Tom ?! Réponds ! Tu m’entends ?…
- …
- Rien ! Mais qu’est-ce qui arrive encore ? Ah, c’est vraiment la poisse en c’moment ! Entre ma femme qui s’tire avec un gigolo en m’laissant la marmotte, ma mère qu’arrête pas de m’dire qu’elle avait raison, que c’était pas la femme qu’y m’fallait, la Jane qui s’fait buter avant que j’aie eu l’temps d’la baiser, et maintenant ce con de Tom qui a dû se foutre dans l’pétrin !.. Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu ?! Manqu’rait plus qu’un ongle incarné !
Sur ces fortes paroles, Steve pousse sur un autre bouton de sa radio :
- Allô patrouille ? Vous me recevez ?
Un grésillement, un ploc, une voix métallique :
- Oui Chef, fort et clair.
- Tom a un problème mais je sais pas lequel. Vous en êtes où ?
- On est sur la Mercedes, Chef, pas beau à voir le cadavre, vaut mieux pas que vous vous arrêtiez par ici.
- J’imagine… Vous avez bien deux voitures ? Alors fissa : deux hommes foncent pour rattraper Tom, moi j’en ai encore pour une demi-heure avant d’arriver avec cette purée de pois. Essayez d’savoir ce qui lui est arrivé, y devait pas être très loin de la camionnette, y paraît que c’t un tas de ferraille qu’avance pas. Allez ! Au galop !
Steve n’attend pas la réponse et appuie à nouveau sur sa pédale d’accélérateur sans se soucier du danger que représente cette averse de neige incessante sur une route déjà verglacée. Il s’en veut de plus en plus d’avoir envoyé Tom seul pour cette reconnaissance. Ça risque encore de lui retomber dessus cette initiative malheureuse.
« Le chat et l’enfant », ou encore « La fillette au chat », on pourrait trouver de multiples titres à l’adorable tableau impressionniste de ces deux êtres sans défense endormis et pelotonnés l’un contre l’autre au centre de la banquette du camion. Lolita et Tistou ne font plus qu’un, échangeant leurs chaleurs dans la cabine glaciale. Le léger nuage de vapeur de leurs respirations régulières se dissout doucement dans l’air froid. Jim conduit, le buste raide et penché sur le volant, les phalanges de ses doigts sont blanchâtres de l’effort fourni pour maintenir la trajectoire. Son regard est fixé droit sur le faisceau des phares que le brouillard et la neige renvoient comme si un mur blanc avançait devant eux à la même vitesse que le véhicule. Moineau, tassé près de la portière droite, est toujours méconnaissable mais a décidé avec philosophie d’éviter jusqu’à nouvel ordre tout miroir ou tout rétroviseur, trop fidèles indicateurs de sa provisoire déchéance. À l’immense soulagement de Jim, il a également pris le parti de se taire. Non par grandeur d’âme vis à vis de son mentor mais plutôt par délicatesse pour l’enfant et sa mascotte. Contraint et forcé d’ailleurs, car l’expérience lui a appris que dans ces circonstances particulières, les seuls sons que serait capable de produire son larynx ne ressembleraient qu’à de piteux borborygmes à peine dignes d’un éléphanteau né prématuré… La camionnette trace sa route.
.../...
La camionnette trace sa route... On va finir par s'arracher les cheveux. J'aime bien ce Steve. Faussement bourru. Un peu comme Jim.
On relance les pistes et le mystère reste entier. Bien suivi, ça coule, ça roule.
On relance les pistes et le mystère reste entier. Bien suivi, ça coule, ça roule.
Y'a deux gros mots, ce qui pour Mo est un exploit ;-) Ça roule, ça roule, oui, itou pour les dialogues…
Le n°11 en 2 phases. Continuation de la phase action avec heurts et malheurs de la vie active d'un policier en butte aux vicissitudes de la vraie vie. Et petite douceur de petits moments d'intimité et d'affection.
Monique, tu as voulu souffler le froid et le chaud. Tu y es parvenue!
J'ai mieux aimé la seconde partie. Faut dire, pelotonné contre Lolita ...
Monique, tu as voulu souffler le froid et le chaud. Tu y es parvenue!
J'ai mieux aimé la seconde partie. Faut dire, pelotonné contre Lolita ...
Calendrier à jour il est là :
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
OMK, c'est à toi, date butoir le 06/10.
http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…
OMK, c'est à toi, date butoir le 06/10.
Sympa ce texte en deux parties, douceur contre noirceur (malgré la neige). Deux ambiances distinctes. J'ai bien l'impression qu'on va continué comme ça jusqu'à ce que quelqu'un ose faire se rejoindre ces deux points de vues de l'histoire...
J'ai beaucoup aimé la description dans la camionette. Un peu de repos pour nos deux larrons.
Je ne vais pas innover, comme tout les autres j'aime beaucoup ces deux tableaux totalements différent. J'adore l'image de Lolita et de son chat, joli très joli ! Comme d'hab, j'ai aimé.
Sortons l’artillerie… Non, je plaisante ! ;-)
Tu aimes les critiques détaillées ? Je vais essayer de m’appliquer.
J’ai bien aimé le discours de Steve sur ses déboires. Il y a quelques décalages intéressants : « la Jane qui s'fait buter avant que j'aie eu l'temps d'la baiser » et « Manqu'rait plus qu'un ongle incarné ! ».
Comme décalage j’ai aussi aimé : « piteux borborygmes à peine dignes d'un éléphanteau né prématuré ». C’est un peu lourd, mais très drôle.
A mon avis le mot « impressionniste » est de trop. Je ne ressens pas, avec les descriptions que tu nous fais, la touche impressionniste. Tu aurais peut-être pu utiliser des termes liés à la peinture, comme « touche », « couleur », « traits »… Enfin…
La partie descriptive est en effet une pause très appréciable dans cette action incessante.
Remarque : Pourquoi avoir écrit un épisode au passé et un au présent ? Est-ce un exercice de ta part ?
C’est très bien. Merci pour cet épisode et merci de m’avoir laisser le champ libre.
Tu aimes les critiques détaillées ? Je vais essayer de m’appliquer.
J’ai bien aimé le discours de Steve sur ses déboires. Il y a quelques décalages intéressants : « la Jane qui s'fait buter avant que j'aie eu l'temps d'la baiser » et « Manqu'rait plus qu'un ongle incarné ! ».
Comme décalage j’ai aussi aimé : « piteux borborygmes à peine dignes d'un éléphanteau né prématuré ». C’est un peu lourd, mais très drôle.
A mon avis le mot « impressionniste » est de trop. Je ne ressens pas, avec les descriptions que tu nous fais, la touche impressionniste. Tu aurais peut-être pu utiliser des termes liés à la peinture, comme « touche », « couleur », « traits »… Enfin…
La partie descriptive est en effet une pause très appréciable dans cette action incessante.
Remarque : Pourquoi avoir écrit un épisode au passé et un au présent ? Est-ce un exercice de ta part ?
C’est très bien. Merci pour cet épisode et merci de m’avoir laisser le champ libre.
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre