Magicite
avatar 04/10/2025 @ 01:27:42
Méfaits de fées

Décembre.
Tous ont mangé des gâteaux gras, des pâtés et foies cuits, des mandarines et des litchis, des marrons glacés et ceux autour d’un chapon dans sa sauce marron.
Un peu après Noël.
Les guirlandes sont toujours allumées, leurs fanfreluches dorées et le fil collé au mur.
Dehors il fait froid, sec. À l’intérieur il fait chaud des réunions joyeuses et arrosées.
L’intimité est comme un joyau.
Deux amoureux s’embrassent pour la première fois.
Un instant plus tard ils se relèvent dans la chaleur de la couette et des draps bousculés, un sourire divisant leur visage en deux à tous deux.
Janvier.
Les chardons sont secs depuis longtemps. Des fées et lutenins, les lieutenants des fées, s’envolent de leurs tiges et fleurs piquantes. Ils essaiment l’horizon à la recherche d’humains à butiner. Leur nectar préféré c’est l’espoir et l’envie.
Dans un restaurant aux lumières rougeâtres et décors de pacotille deux amoureux ébahis de leurs assiettes se regardent avec mignardises et gourmandises. Les plats festifs, bouchées vapeurs et nouilles en sauce, sont vidés entre des sourires complices et mots échangés.
Ils sortent dans la rue, se collant l’un à l’autre en se réchauffant et rassurant leurs sentiments. Une patrouille vrombissant invisible dans la demi-clarté de la ville fond sur eux attiré par leur goule-amour qu’ils sentent à des lieues à la ronde et puis font font les petites fées mesquines.
L’une pique le gars dans la fesse gauche. Deux autres traversent la tête de la fille de leurs méchante aiguilles.
Février.
La saint Valentin est horrible. Chacun ses choix, chacun chez soi. Pas un appel. Mais des pensées.
Mars.
Ils se retrouvent s’étreignent et s’étreignent encore. Sans savoir que les fées minuscules aux ailes libellules assises sur des lutenins les observent dans l’intimité. Se frottant les mains et les babines de se régaler encore de goule-amour. Elles le voient gonfler comme un pus débordant.
Lui donne son cœur fera tout pour elle, même des centaines de kilomètres, se ruiner en cadeau et efforts.
Elle dans sa tête tourne plus rond les émotions. Tantôt en pleurs tantôt en joie. Elle le veux, elle le jette et regretter l’un comme l’autre.
Chancre le lutenin récoltes leurs larmes pour en faire de la confiture.
Avril.
Des disputes. Tout le temps.
Dans sa cuisse gauche enfle l’envie d’être un prince charmant, un gentleman, le meilleur des amants.
Dans sa tête tempête ses angoisses, ses regrets, son envie d’être dominé comme une jument rétive qui n’a plus de clan. Elle se demande si elle est à la hauteur. Alors elle joue, le teste pour voir s’il se brise sous ses cabrages.
Capucine, fée majorette, se régale de leurs humeurs.
Mai.
À force de l’appeler en pleurs parce qu’il lui manque il n’est plus partit. Même quand elle l’a jeté, lancé les casseroles et arrêté de faire la vaisselle.
Juin.
Il commencent à faire chaud. Leur corps sont toujours collés et bouillants. Ils trempent les draps dans l’eau pour dormir la nuit. Chériepute, fée événementielle, grignote leurs pensées secrètes tenant en laisse deux lutenins, Chancre et Papiloma.
Décembre.
Ils ont tout dépensé en drogue même l’argent du loyer. Ils volent des magrets au Casino et des bières dégueulasse mais forte. C’est la fête pour Alupéte la fée aérophagie qui se nourrit d’eux pendant leur repas et ébats.

L’année suivante est semblable en plus intense. Ses fées se gavent de goule-amour. Ils sont exsangues, vidés de tout sauf d’émotions. Lui sort passer des nuits dehors sans dormir. Elle invite tout les clochards pour qu’ils lui paient du vin. Drague le voisin mais se ravise parce qu’elle aime son copain. Chaque retrouvaille, réconciliation, réconfort est toujours plus fort.

L’année suivante le goule-amour continue, mois après mois les piqûres enflent.
Leur besoin d’être aimé les consument, les transforment en coquilles vides, sucés à fond par les fées qui excitent leurs sentiments.
Les engueulades sont tout le temps. Plus violentes. Les insultes toujours plus horribles. Et les réconciliations dans l’étreinte continuent. Les sourires sont des masques figés plus réflexes que sincères.
Mais le gueule-amour continue. L’enflement de la piqûre. Il est le chevalier qui sauve sa princesse même d’elle même.
Elle est la capricieuse précieuse qui doit le mériter.
Mais même les fées les plus cruelles peuvent se lasser.
Repue, infatué et grosse d’autant de goule-amour picoré au fil des jours…
Fin Décembre.
Elle lui dit encore de partir, de ne plus revenir.
Il le fait.
Elle appelle en pleur.
Il ne répond plus.
Malade d’aimer il est devenu sourd, aveugle et muet.
Janvier.
Elle part avec le voisin qui l’abandonne quand il voit quelle folle c’est.
Elle part prier à Lourdes pour se soigner.
Meurt l’année suivante, suicidée à Tarbes car le loyer y est moins cher.
Les fées reviennent encore butiner leurs cadavres comme les mouches noires de la passion trépassée.

Le lutin finit d’écrire le constat. Il n’est pas vraiment fier des actions de son peuple mais pour les monstres les plus nuisibles il a gagné en respect.
Les feuillets de la chronique s’enroulent devant le pupitre.
Tous attendent. Le nominé à rejoindre le club sera t’il le prochain cité ici ?

Magicite
avatar 04/10/2025 @ 18:24:16
entrée n°7 j'ai mal compté, la 6 est horreur à la fête foraine que j'avais pas numéroté volontairement.
Ce n'est pas l'idée de texte que je voulais écrire sur les fées mais ça ira comme ça parce qu'après plusieurs essais où j'avançais pas au delà d'un chapitre sur plusieurs mois il me fallait avancer. Bon il me reste un loup garou gentleman et autres aberrations en stock...pour quand l'envie viendra.

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