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Dans les saisons cachées
Charlie avait gagné un billet doré, Alice suivit le froufrou d’un derrière de lapin, Niels fut changé par un lutin, Bastien utilisa un grimoire magique, Harry embarqua à bord d’un train magique. Pour Atu ce fut différent.
Une arrivée inattendue
I.
Le petit garçon a un teint pâle olivâtre, cuivré comme le butoir métallique usé d’une porte. Terne sans éclat son visage arbore des cheveux irrémédiablement en épis désordonnés. Quoiqu’il fut fait par peignes et gels, ou en une occasion mémorable pour ses camarades d’école à la purée de la cantine, ceux-ci restaient ostensiblement un défi aux lois physiques dans leur formes et arrangements. Ils semblaient évoquer des courbes fractales de formules mathématiques impossibles à imaginer. En guise de cheveux c’est proche de la parure d’un porc-épic bien que plus disgracieux et dont les parties dressées disparates permettaient de manière improbable des mèches tombantes en barre sur une moitié de son front. À cause de ces particularités les gens ne le regardaient pas longtemps en face, préférant l’oublier comme on se détourne vite d’un tableau peint par un daltonien atteint de la maladie de Parkinson sous peine d’être pris de nausée.
Hors ce jour là le bus dans lequel il monta n’était pas le bon. Le chauffeur l’aurait peut être remarqué s’endormir à l’arrière s’il avait fait attention à lui. Toujours est-il qu’il se gara ce soir là au terminus et réveilla l’enfant sèchement afin qu’il descende et puisse fermer à clé le véhicule jusqu’au trajet le lendemain. Le petit garçon descendit groggy, regardant la lueur grise du crépuscule tombant sur une banlieue déserte et inconnue. Le sol était froid et ses pieds aussi, il tapa trois fois ses talons pour tenter de chasser l’engourdissement à l’extrémité de ses membres. Puis fit gigoter ses mains en tendant ses avant-bras pour la même raison.
Une voix de girouette rouillée se fit entendre dans le couvert de l’ombre des murs.
_« Tiens nous avons un danseur en représentation Monsieur Kruche.»
Où la voix d’un des personnages masqués dans la pénombre avait le grinçant de la girouette non graissée celle de l’autre répondant sans doute au nom de Mr. Kruche a la sonorité d’un vent s’engouffrant de force sous le tissu par bourrasques épaisses et languides et exprima ceci:
_« C’est un enfant! Je le reconnaît à cause de sa taille. Que fait-il ici alors que c’est bientôt minuit qui va sonner ? les lumières sont rares et le froid un vilain compagnon pour un petit d’homme seul dans la nuit de la rue.».
_«Enfant, danseur, il peut être les deux à la fois Mr. Kruche! Il à l’air perdu aussi; enfant danseur et perdu!» chevrota la voix de ferraille haché du premier interlocuteur.
Atu intrigué, apeuré, frissonnant de froid et échauffé par les paroles moqueuses d’ inconnus cachés à la vue dans la rue s’avance sur le trottoir en faisant claquer les souliers sous ses pas et rétorque:
_« Je danse pas je suis congelé et je cherche le bus pour la ville.» Ce faisant il s’approche du poteau où une affiche indique des horaires de la ligne de bus est fixée.
Sautillant pour essayer de bien voir les inscriptions situées à hauteur d’adulte, plus haut que sa tête, il essaya de lire. Vainement.
Un large et trapu énergumène sort du couvert de l’ombre d’un mur, son comparse le rejoignit tantôt.
_ «Il n’y en a pas. Oh pauvre petit tu ne sait pas ce que tu risque ici nous sommes proches de la zone périphérique -une pause- où traversent d’étranges êtres. » asséna la voix de basse en planant comme une note prolongée dans l’air.
L’autre devança son compagnon et trotta autour du petit garçon en un cercle évoquant ainsi un petit chien devant une joyeuse découverte. Grand et maigre contrastant autant que par la voix que par la stature avec Mr. Kruche.
_ « La vile, la vile… il faut t’emmener à l’épure! C’est le parlement qui débute ce soir. On va engraisser comme des poulets, les héros seront sauvés, tout ce que vous aimez. Mais avant Monsieur Kruche va te donner de quoi te réchauffer, de quoi traverser la soirée.» dit l’autre en chuintant les derniers mots à l’oreille du garçonnet.
_ « Vraiment Monsieur Hoche, le pendre avec nous! En êtes vous certain? »
L’autre répondant au nom de Mr. Hoche opina du chef, étrange pantomime ondulant entièrement son corps dégingandé comme un serpent prit de hoquet. Puis appuyant son regard sur Mr. Kruche tendit la main vers le petit humain.
Le petit garçon ne se sentait pas un ‘pauvre petit’ et toisa les visages des deux grands bravement.
Le petit gros couvert de plus de couches de vêtements qu’il n’est possible de le dire se résigna et sortit de l’espace entre des épaisseurs une bouteille en verre de taille moyenne. Il la tendit à l’enfant perdu.
Comme Atu hésitait, et on peut le comprendre, le grassouillet déboucha la flasque d’un pouce alerte et montra l’exemple en buvant une gorgée suavement.
_« Prends une rasade, ça éloigne le froid puisque Mr. Hoche veut que tu viennes avec nous on va pas te laisser geler à un arrêt de bus isolé! ».
Bien que circonspect l’enfant finit par s’abreuver à la bouteille. En effet cela le réchauffa, lui brûla la gorge même tandis que sa figure devenait cramoisie et qu’il se retint de toutes ses forces pour ne pas tousser quand la liqueur pénétra son corps. Le mélange avait un goût d’herbes broyées qui agitait l’intérieur avant de faire frémir les membres comme une soudaine averse tiède sur la peau.
Mr Hoche toujours agité comme une cloche de porte en train de tintinnabuler passa dans le dos du garçonnet pour lui lancer une claque dans le dos et dans presque le même mouvement se positionna glissant face à lui et baissant sa tête à sa hauteur s’écria:
«Île des nôtres!»
Bien qu’une énergie comme une brume le parcourut l’enfant ne ressentait effectivement plus la morsure du froid.
« Allons maintenant si nous voulons arriver au souper de la Reine Poilue et à l’heure, la soif n’est pas tout et peut dessécher vite corps et âme si nous oublions de nous empiffrer, l’effet de l’eau des fées ne va plus tarder.»
Au ricanement qui suivit la voix de crécelle rouillée le nommé Mr. Kruche haussa les épaules réprobateur:
_ « Vraiment vous voulez prendre des risques ce soir Hoche! La Reine à moustache il ne risque rien mais sa cour! Pensez vous parfois.»
L’autre manœuvra gentiment Atu par les épaules pour le mettre en route s’éloignant des faiblardes lumières artificielles, marmonnant des choses au sujet de nourritures exquises et de tables de banquets immenses.
Ils marchèrent chacun d’un côté de l’enfant, le ceignant comme une garde rapprochée de ministre en visite d’ouvriers en grève. Ici en périphérie les lumières étaient moins fréquentes et les zones d’ombres aussi nombreuses que celles baignées par les lampes municipales. Tandis qu’ils bifurquèrent de la route principale par laquelle le bus fut venu, ils passent par des zones où l’herbe dispute le sol au bitume et des rues flanquées de maisons basses et silencieuses. Atu n’eut rapidement plus aucun repère. Comme il était déjà perdu dans une banlieue inconnue déserte par une nuit gibbeuse formant une trinité curieuse avec des individus louches cela semblait une amélioration de sa situation initiale en se faisant mettre dehors du bus sans égards. Bien qu’il se demandât quand même où sa première nuit seul allait le mener.
Seuls passants passant devant les rares immeubles, quéques rares vitrines à la lumière blafarde et des départs de ruelles étroites noires où les chats perdus n’osent s’aventurer les deux hommes encadrant l’enfant entre eux de leur démarche titubante arrivèrent au Koin Derue.
Marbre blanc poli par les passages au sol, albâtre de piliers en colonnes creusées de sillons paralléles, large parvis d’entrée et porte en verre large et cadenassées. Levant les yeux vers l’applique néon il lu ‘Crédit Sociétal’. Avec ses fauteuils rouges dans le hall d’entrée et ses distributeurs alignés, tables et stylos chaînés à leur bloc support pour chéquer des signes cela semblait une banque à Atu.
‘’Vous avez une carte monsieur Hoche ?’’
Celui ci hocha négativement.
‘’Ai je une carte monsieur Hoche ? ‘’
L’autre écarta ses mains vides en dénégation.
‘’Alors nous n’en avons pas besoin, après vous.’’
Le dénommé monsieur Hoche poussa la porte de verre. Qui s’ouvrit sans difficulté et à la surprise d’Atu sans déclencher d’alarme ni de chien robot policier.
Mon sieur Kruche passa quand l’entrebâillement est assez grand pour sa corpulence.
Les deux compères, Hoche tenant la porte comme un groom d’hôtel, attendirent qu’Atu les rejoint.
Un hall vide de banque éclairé de nuit est solitaire et s’y trouver singulier.
Ils marchèrent un peu mais ce qui les intéressait n’était ni les guichets, ni les boxes de contreplaqués vernis pour les rendez-vous des banquiers. C’était un placard à la porte anodine. Peinte en rouge cramoisie de la même couleur que les murs elle n’avait rien de particulier si ce n’est qu’elle s’ouvrait vers un espace contenant des balais, seaux et autres équipements ménagers.
Il était un peu plat ce placard, dans le sens peu profond et les affaires rudement tassées. Mais ce qui était vraiment plus extraordinaire qu’un placard de garde robe c’était qu’en poussant le mur de béton gris sombre celui ci reculait. C’est ce que faisait Kruche en maintenant les balais de côté pour pas qu’ils tombent.
‘’C’est caché ici car personne ne pense à rentrer dans une banque ouverte la nuit et encore moins aux balais. ‘’ dit le couinement de voix de Hoche.
Un étroit escalier déroulait ses marches, le long de la paroi des témoins lumineux disséminés à intervalles et une rampe métallique visée.
‘’Passe devant’’ venta Kruche.
Bien que toujours intimidé par ses compagnons de fortune Atu avança. Attendant quelques mètres de distance Kruche le suivit. Puis encore quelques mètres et ce fut au tour de Hoche. Ainsi la lumière diffuse projetait des ombres qui ne gênait pas la vision ni ne se chevauchait. Celle d’Atu la plus petite et mobile devant. Kruche large et faisant comme une tache ovale. Celle de Hoche haute en hauteur derrière les autres. Tic toc. Hop hip. Faisait par intermittences saccadées les pas d’un peu tous.
Enfin quand ils arrivèrent en bas après une longue décente précautionneuse ils avisèrent un long couloir bien éclairé au mur et sol dallés de carrelage comme ceux d’une vieille station de métro.
Hoche et Kruche reprirent la tête de la marche d’un pas pressant. Cela avait tout l’air d’un boyau de métro rame en moins et celle fermée pour travaux indéfiniment tant la poussière et la vacuité s’y était accumulée. Des escaliers fusaient par endroits, des embranchements certains montants et d’autres descendants. Au détour d’un tournant Atu aperçut une large et haute porte vermoulue ouverte. Dedans des rangées de livres sur des étégères solennelle et une fenêtre ouvrant sur la Lune. De nombreux manteaux et atours disparates étaient pendus dans un vestibule. Hoche tira prestement le bras du garçon.
‘’Bibliothèque de l’Invisible , ils ont une réunion saicréte ou quéque cose comme ssa. Ça dure un peu trop et ils vont finir un jour ! Faut pas rester là, une ssalopérie dé monstres.’’ sa voix altérée par la panique des histoires qui s’y passent ou pas finies d’être écrites.
Ils continuèrent plus loin jusqu’au chapitre 2.
Charlie avait gagné un billet doré, Alice suivit le froufrou d’un derrière de lapin, Niels fut changé par un lutin, Bastien utilisa un grimoire magique, Harry embarqua à bord d’un train magique. Pour Atu ce fut différent.
Une arrivée inattendue
I.
Le petit garçon a un teint pâle olivâtre, cuivré comme le butoir métallique usé d’une porte. Terne sans éclat son visage arbore des cheveux irrémédiablement en épis désordonnés. Quoiqu’il fut fait par peignes et gels, ou en une occasion mémorable pour ses camarades d’école à la purée de la cantine, ceux-ci restaient ostensiblement un défi aux lois physiques dans leur formes et arrangements. Ils semblaient évoquer des courbes fractales de formules mathématiques impossibles à imaginer. En guise de cheveux c’est proche de la parure d’un porc-épic bien que plus disgracieux et dont les parties dressées disparates permettaient de manière improbable des mèches tombantes en barre sur une moitié de son front. À cause de ces particularités les gens ne le regardaient pas longtemps en face, préférant l’oublier comme on se détourne vite d’un tableau peint par un daltonien atteint de la maladie de Parkinson sous peine d’être pris de nausée.
Hors ce jour là le bus dans lequel il monta n’était pas le bon. Le chauffeur l’aurait peut être remarqué s’endormir à l’arrière s’il avait fait attention à lui. Toujours est-il qu’il se gara ce soir là au terminus et réveilla l’enfant sèchement afin qu’il descende et puisse fermer à clé le véhicule jusqu’au trajet le lendemain. Le petit garçon descendit groggy, regardant la lueur grise du crépuscule tombant sur une banlieue déserte et inconnue. Le sol était froid et ses pieds aussi, il tapa trois fois ses talons pour tenter de chasser l’engourdissement à l’extrémité de ses membres. Puis fit gigoter ses mains en tendant ses avant-bras pour la même raison.
Une voix de girouette rouillée se fit entendre dans le couvert de l’ombre des murs.
_« Tiens nous avons un danseur en représentation Monsieur Kruche.»
Où la voix d’un des personnages masqués dans la pénombre avait le grinçant de la girouette non graissée celle de l’autre répondant sans doute au nom de Mr. Kruche a la sonorité d’un vent s’engouffrant de force sous le tissu par bourrasques épaisses et languides et exprima ceci:
_« C’est un enfant! Je le reconnaît à cause de sa taille. Que fait-il ici alors que c’est bientôt minuit qui va sonner ? les lumières sont rares et le froid un vilain compagnon pour un petit d’homme seul dans la nuit de la rue.».
_«Enfant, danseur, il peut être les deux à la fois Mr. Kruche! Il à l’air perdu aussi; enfant danseur et perdu!» chevrota la voix de ferraille haché du premier interlocuteur.
Atu intrigué, apeuré, frissonnant de froid et échauffé par les paroles moqueuses d’ inconnus cachés à la vue dans la rue s’avance sur le trottoir en faisant claquer les souliers sous ses pas et rétorque:
_« Je danse pas je suis congelé et je cherche le bus pour la ville.» Ce faisant il s’approche du poteau où une affiche indique des horaires de la ligne de bus est fixée.
Sautillant pour essayer de bien voir les inscriptions situées à hauteur d’adulte, plus haut que sa tête, il essaya de lire. Vainement.
Un large et trapu énergumène sort du couvert de l’ombre d’un mur, son comparse le rejoignit tantôt.
_ «Il n’y en a pas. Oh pauvre petit tu ne sait pas ce que tu risque ici nous sommes proches de la zone périphérique -une pause- où traversent d’étranges êtres. » asséna la voix de basse en planant comme une note prolongée dans l’air.
L’autre devança son compagnon et trotta autour du petit garçon en un cercle évoquant ainsi un petit chien devant une joyeuse découverte. Grand et maigre contrastant autant que par la voix que par la stature avec Mr. Kruche.
_ « La vile, la vile… il faut t’emmener à l’épure! C’est le parlement qui débute ce soir. On va engraisser comme des poulets, les héros seront sauvés, tout ce que vous aimez. Mais avant Monsieur Kruche va te donner de quoi te réchauffer, de quoi traverser la soirée.» dit l’autre en chuintant les derniers mots à l’oreille du garçonnet.
_ « Vraiment Monsieur Hoche, le pendre avec nous! En êtes vous certain? »
L’autre répondant au nom de Mr. Hoche opina du chef, étrange pantomime ondulant entièrement son corps dégingandé comme un serpent prit de hoquet. Puis appuyant son regard sur Mr. Kruche tendit la main vers le petit humain.
Le petit garçon ne se sentait pas un ‘pauvre petit’ et toisa les visages des deux grands bravement.
Le petit gros couvert de plus de couches de vêtements qu’il n’est possible de le dire se résigna et sortit de l’espace entre des épaisseurs une bouteille en verre de taille moyenne. Il la tendit à l’enfant perdu.
Comme Atu hésitait, et on peut le comprendre, le grassouillet déboucha la flasque d’un pouce alerte et montra l’exemple en buvant une gorgée suavement.
_« Prends une rasade, ça éloigne le froid puisque Mr. Hoche veut que tu viennes avec nous on va pas te laisser geler à un arrêt de bus isolé! ».
Bien que circonspect l’enfant finit par s’abreuver à la bouteille. En effet cela le réchauffa, lui brûla la gorge même tandis que sa figure devenait cramoisie et qu’il se retint de toutes ses forces pour ne pas tousser quand la liqueur pénétra son corps. Le mélange avait un goût d’herbes broyées qui agitait l’intérieur avant de faire frémir les membres comme une soudaine averse tiède sur la peau.
Mr Hoche toujours agité comme une cloche de porte en train de tintinnabuler passa dans le dos du garçonnet pour lui lancer une claque dans le dos et dans presque le même mouvement se positionna glissant face à lui et baissant sa tête à sa hauteur s’écria:
«Île des nôtres!»
Bien qu’une énergie comme une brume le parcourut l’enfant ne ressentait effectivement plus la morsure du froid.
« Allons maintenant si nous voulons arriver au souper de la Reine Poilue et à l’heure, la soif n’est pas tout et peut dessécher vite corps et âme si nous oublions de nous empiffrer, l’effet de l’eau des fées ne va plus tarder.»
Au ricanement qui suivit la voix de crécelle rouillée le nommé Mr. Kruche haussa les épaules réprobateur:
_ « Vraiment vous voulez prendre des risques ce soir Hoche! La Reine à moustache il ne risque rien mais sa cour! Pensez vous parfois.»
L’autre manœuvra gentiment Atu par les épaules pour le mettre en route s’éloignant des faiblardes lumières artificielles, marmonnant des choses au sujet de nourritures exquises et de tables de banquets immenses.
Ils marchèrent chacun d’un côté de l’enfant, le ceignant comme une garde rapprochée de ministre en visite d’ouvriers en grève. Ici en périphérie les lumières étaient moins fréquentes et les zones d’ombres aussi nombreuses que celles baignées par les lampes municipales. Tandis qu’ils bifurquèrent de la route principale par laquelle le bus fut venu, ils passent par des zones où l’herbe dispute le sol au bitume et des rues flanquées de maisons basses et silencieuses. Atu n’eut rapidement plus aucun repère. Comme il était déjà perdu dans une banlieue inconnue déserte par une nuit gibbeuse formant une trinité curieuse avec des individus louches cela semblait une amélioration de sa situation initiale en se faisant mettre dehors du bus sans égards. Bien qu’il se demandât quand même où sa première nuit seul allait le mener.
Seuls passants passant devant les rares immeubles, quéques rares vitrines à la lumière blafarde et des départs de ruelles étroites noires où les chats perdus n’osent s’aventurer les deux hommes encadrant l’enfant entre eux de leur démarche titubante arrivèrent au Koin Derue.
Marbre blanc poli par les passages au sol, albâtre de piliers en colonnes creusées de sillons paralléles, large parvis d’entrée et porte en verre large et cadenassées. Levant les yeux vers l’applique néon il lu ‘Crédit Sociétal’. Avec ses fauteuils rouges dans le hall d’entrée et ses distributeurs alignés, tables et stylos chaînés à leur bloc support pour chéquer des signes cela semblait une banque à Atu.
‘’Vous avez une carte monsieur Hoche ?’’
Celui ci hocha négativement.
‘’Ai je une carte monsieur Hoche ? ‘’
L’autre écarta ses mains vides en dénégation.
‘’Alors nous n’en avons pas besoin, après vous.’’
Le dénommé monsieur Hoche poussa la porte de verre. Qui s’ouvrit sans difficulté et à la surprise d’Atu sans déclencher d’alarme ni de chien robot policier.
Mon sieur Kruche passa quand l’entrebâillement est assez grand pour sa corpulence.
Les deux compères, Hoche tenant la porte comme un groom d’hôtel, attendirent qu’Atu les rejoint.
Un hall vide de banque éclairé de nuit est solitaire et s’y trouver singulier.
Ils marchèrent un peu mais ce qui les intéressait n’était ni les guichets, ni les boxes de contreplaqués vernis pour les rendez-vous des banquiers. C’était un placard à la porte anodine. Peinte en rouge cramoisie de la même couleur que les murs elle n’avait rien de particulier si ce n’est qu’elle s’ouvrait vers un espace contenant des balais, seaux et autres équipements ménagers.
Il était un peu plat ce placard, dans le sens peu profond et les affaires rudement tassées. Mais ce qui était vraiment plus extraordinaire qu’un placard de garde robe c’était qu’en poussant le mur de béton gris sombre celui ci reculait. C’est ce que faisait Kruche en maintenant les balais de côté pour pas qu’ils tombent.
‘’C’est caché ici car personne ne pense à rentrer dans une banque ouverte la nuit et encore moins aux balais. ‘’ dit le couinement de voix de Hoche.
Un étroit escalier déroulait ses marches, le long de la paroi des témoins lumineux disséminés à intervalles et une rampe métallique visée.
‘’Passe devant’’ venta Kruche.
Bien que toujours intimidé par ses compagnons de fortune Atu avança. Attendant quelques mètres de distance Kruche le suivit. Puis encore quelques mètres et ce fut au tour de Hoche. Ainsi la lumière diffuse projetait des ombres qui ne gênait pas la vision ni ne se chevauchait. Celle d’Atu la plus petite et mobile devant. Kruche large et faisant comme une tache ovale. Celle de Hoche haute en hauteur derrière les autres. Tic toc. Hop hip. Faisait par intermittences saccadées les pas d’un peu tous.
Enfin quand ils arrivèrent en bas après une longue décente précautionneuse ils avisèrent un long couloir bien éclairé au mur et sol dallés de carrelage comme ceux d’une vieille station de métro.
Hoche et Kruche reprirent la tête de la marche d’un pas pressant. Cela avait tout l’air d’un boyau de métro rame en moins et celle fermée pour travaux indéfiniment tant la poussière et la vacuité s’y était accumulée. Des escaliers fusaient par endroits, des embranchements certains montants et d’autres descendants. Au détour d’un tournant Atu aperçut une large et haute porte vermoulue ouverte. Dedans des rangées de livres sur des étégères solennelle et une fenêtre ouvrant sur la Lune. De nombreux manteaux et atours disparates étaient pendus dans un vestibule. Hoche tira prestement le bras du garçon.
‘’Bibliothèque de l’Invisible , ils ont une réunion saicréte ou quéque cose comme ssa. Ça dure un peu trop et ils vont finir un jour ! Faut pas rester là, une ssalopérie dé monstres.’’ sa voix altérée par la panique des histoires qui s’y passent ou pas finies d’être écrites.
Ils continuèrent plus loin jusqu’au chapitre 2.
Mais quelle belle imagination, tellement imagée qu'on y assiste comme si tout était projeté sur un écran ou bien tout simplement dans notre propre imagination....d'enfant ,bien cachée derrière les années....Merci pour ce joli moment et vivement la suite...
Merci de ta lecture Pieronnelle. En fait j'ai depuis un bail une série de textes donc j'avais que le titre comme idée de départ. Il me manquait de savoir où aller pour continuer. Voilà une suite mais c'est toujours trop long pour où je veux aller.
L’inconvénient quand on est plus moche qu’attirant, quand on est si insignifiant que les autres préfèrent vous ignorer c’est que les autres vous ignorent.
L’apparence est une dimension, pas celle d’Atu. Les dimensions s’empilent dans des espaces euclidiens et non euclidiens. Ainsi les choses petites peuvent contenir des choses beaucoup plus grandes. Certains vous parleront de beauté extérieure mais ils vous mentent ou se trompent. Quand la beauté n’est qu’intérieure il arrive souvent de se noyer dans un lac en contemplant son reflet…
Ce qu’il y a vraiment derrière l’apparence des choses ce sont des dimensions qui contiennent d’autres dimensions ainsi la taille petite ou grande, le tour de taille large ou fin, l’apparence belle ou moche contiennent tout un tas d’autres choses beaucoup plus grandes à l’intérieur des dimensions. Même les saisons cachent bien leur jeu et les souris y dansent.
Chapitre 2.1
Faute de mieux pour décrire le lieu les trois compères parvinrent dans cette galerie de ‘couloirs de métros désaffectés’ à un quai. Une arche sorte de porte de lumière à la place où une rame de métro aurait eu des voies.
Monsieur Hoche tendit la main à monsieur Kruche qui farfouilla dans son veston pour en sortir la bouteille contenant l’eau des fées. Dans un curieux échanges de gestes de bras grandement exagérés les deux hommes se passèrent la flasque, Hoche bu tandis que Kruche fait tournoyer mains et poignets, ils se saluèrent ensuite d’un bras vers le front comme des capitaines au long cours partant en mission, l’un tendit la main en signe de demande l’autre retourna le récipient et chacun brassa l’air comme un moulin sous le vent. L’un remettant l’objet dans ses vêtements, l’autre comme un hélicoptère horizontal. Notez que les hélicoptères horizontaux ne sont pas communs car très dangereux, ne montez jamais dedans sauf si vous êtes en train de sauter dans un ascenseur.
Tous parés ils franchirent le seuil, arche détourée de carrelage, entraînant Atu avec eux.
Automne caché
Le vent bouscule les feuilles brunies et sèches qui tintent comme sous l’orage, pleurent et hurlent une mélodie syncopée et bruyante. Quelques branches s’entrechoquent en tambours irréguliers.
L’enfant se serre dans son manteau, il se rétrécit dans ses habits comme pour conserver la chaleur à l’intérieur. Une poire de la taille d’un bœuf passe dans le vent qui turbule. Il est sur un parvis bordé d’arbres inconnus aux écorces brun clairs et feuilles d’or jaune à marron châtaigne.
Le ciel nuageux prophétise l’orage. Un chariot ouvert dévale devant lui, à son bord des cuisseaux et pâtés immenses. Atu prends la route dans la direction où il disparaît.
Caché dans l’automne :
Quand il parvient au bout en évitant d’étranges et gigantesques aliments qui passent autour en excès de vitesse il arrive à un bâtiment. Son ventre est pesant, ses épaules aussi et ses jambes lasses comme après une longue course. Il est plus grand, plus vieux, plus fatigué et ses pensées dures.
Il pose un manteau gris sur la chaise prend sa place à un pupitre dans une grande salle ou d’autres employés comme lui sont à d’autres pupitres alignés en lignes et rangées. La sombritude de la pièce est trouée du halo pisseux de lampes à chaque à abat-jours de carton sur chaque bureau.
Une pile de feuilles et des stylos devant chaque employé. Des surveillants, dans un uniforme gris plus sombre, marchent entre les rangées sans que quiconque sachent ce qu’ils surveillent.
Le festin caché d’automne :
En suivant les victuailles géantes l’enfant arrive devant un trou de souris. Sans hésiter et grâce à l’effet de l’eau de fées il s’engouffre dans l’ouverture et y rapetisse pour déboucher dans une large salle faiblement éclairé.
Hoche et Kruche sont déjà là, secoués aussi de leur passage bien que récupérant plus vite que l’enfant. Devant eux des longues tables de banquets extraordinaires. Sur chaque table d’immenses assiettes remplies de victuailles chapardées avec ceci d’extraordinaire qu’elles ont des tailles démesurément grandes. Encore plus extraordinaire les convives attablés sont des rats, mulots, souris et autres rongeurs au poils et yeux divers.
_’Le festin d’automne ! C’est pour les souris et autres surmulots l’occasion de faire bombance et des réserves de gras pour l’hiver.’ déclare Hoche.
_’Ce qui est pratique c’est qu’on rapetisse tout en y arrivant sauf la nourriture qui reste grande.’ abonde Kruche en frottant sa panse rebondie.
_’Méfions nous des chiourmes et des garde-chiourmes ’ susurre l’un d’eux à l’oreille d’Atu.
À travers une fumée grasse de grillades et épaisseurs de fritures la salle est une caverne voûtée qui s’étend à perte de vue. En son sein une estrade surélevée et des tables et tabourets plus petits mais nombreux sont arrangés en cercles concentriques.
Quelqu’un le pousse dans le dos, Hoche retient Atu par l’épaule. Le malotru est un rat blanc et noir aux yeux mesquins et sournois.
‘Zzzavé rien à faire issi zhumains !’
D’autres se sont retournés et remarquent les bipèdes, nombreux le font avec consternation.
Une louche se brandit et catapulte une pomme de terre de la taille d’une tête vers eux. Kruche plus prestement que sa carrure le laisserai deviner attrape la boule au vol les deux mains en l’air comme un gardien de but.
Des murmures se font entendre tandis que des mains et des couteaux occupés à la bombance sont pointé dans leur direction.
Hoche : _‘Allons on va pas déranger, il y a assez à manger. On va juste s’asseoir et sans déranger personne’.
Quelqu’un : _’Vzous parlerzz bizzare zhumains, ze veux pas de vouss zici.’
Quelqu’un d’autre : _’C’est qui perzonne le dérangzé ? ’
Un chœur de rats d’égouts : _’ratattta tarraattta ratratra ! Z’on va vous fzaire la peau, boire votre zang et ronzer vos zos. ’
La situation semble mal engagée.
Kruche en profita pour porter sa pomme de terre énorme à la bouche et croqua un grand morceau.
_’Krompch Krompch ...bien grillée mais ssa manque de sauce’ s’exclame t’il les lèvres enfarinées.
Des rires fusèrent et la plupart de l’assemblée sembla se calmer. Les plus haineux seuls restaient en tapinois les dents acérées et les pattes prêtes à les faire bondir.
Un demi-meute de rat poliziers s’avancèrent au centre de l’attention qui finirent par calmer leur velléités malsaines.
Mr. Hoche murmura à l’oreille d’Atu : ‘Fais attention, si tu te perds retrouves nous à la sortie.’.
Celui ci eu juste le temps de jeter un regard avec incompréhension au visage sec du grand bonhomme avant que des pattes le saisirent et le soulevèrent du sol.
Kruche vient d’asséner une grosse patate sur la tronche d’un rat en brassard et bottes polies et impose sa stature dans une mêlée confuse.
Hoche s’esquiva prestement dans les rangées du buffet.
‘mais…’ s’étrangla Atu avant qu’un appendice en fourrure lui couvrit les yeux et la bouche.
Les souris attablées comme les rats poliziers y allèrent tous de leurs commentaires, quolibets et invectives. Cela veux dire cris de joie ou de rage, noms impropres et autres lazzis et provocations.
La Reine à Moustache
‘Zzsilenze !’ tonna une voix forte tandis que les quatre pattes de celle qui le disait raclait avec force et bruits le bois de son estrade.
Amenez les moi.
Caché dans le bureau d’autonomie contradictoire :
Arthur Turtor lisait les lignes des pages, manuel de quelque chose. Son boulot, rayer, raturer et éliminer le superflu. S’il y a des manuels il faut bien des correcteurs de manuels. Sauf que ces manuels étaient aussi obscurs qu’importants. Régis par des lois ils concernent les lois mêmes de l’univers. Le problème, outre que devoir se prononcer sur un sujet dont il n’avais aucune idée c’était qu’il y avais des règles à suivre et des appendices à lire qui amenaient eux-même à d’autres chapitres. Certains des préceptes les plus importants étaient affichés sur des panneaux sur les murs de la salle. En lettres capitales noires.
PAS D’EXCEPTIONS SAUF POUR LES EXCEPTIONS.
Lisait on sur l’un.
NI D’INTERPRÉTATIONS DE LA LETTRE OU DES MOTS
Ailleurs.
LE MANUEL DOIT ÊTRE COMPLET MÊME SI L’UTILISATEUR NE LE COMPRENDRAS JAMAIS.
Où celui ci.
LA VIE EST UN MANUEL INCOMPLET QUI N’EST PAS COMPRIS, PRIORITÉ AU MANUEL.
Mais pourquoi sa seule pensée aujourd’hui était elle ‘FROMAGE’ ?
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